lundi 15 septembre 2025

LA GEOPOLITIQUE ET LA GEOSTRATEGIE

SOUS LE JOUG DES SUPERPUISSANCES   




PREFACE

Le terme géopolitique suscite trois interrogations. La fréquence de son usage public est souvent proportionnel à l'absence de précision de sa définition. La récurrence à travers les siècles, des cartes mentales implicites qu'il véhicule, jusque dans les cercles de la décision, ne laisse pas d'étonner. Enfin, la tension entre une fonction d'analyse méthodique et objective de l'état du monde et une autre fonction de production ou de réserve d'argumentaires pour la décision dans les matières internationales devrait inciter lecteurs et auteurs à une attitude plus critique. 

Malgré les relents de déterminisme que présente encore bien des dictionnaires spécialisés et des raisonnements fréquents ( la géopolitique y est présentée, à tort, comme l'influence des milieux, de la " géographie", sur les jeux politiques), des progrès ont été accomplis dans la définition de cette notion, notamment sous l'effet des travaux de géographes considérant que les questions politiques et internationales relevaient de leur champ d'investigation. La démarche géopolitique vise essentiellement à élucider les interactions entre les configurations spatiales et ce qui relève du politique. Un Etat, c'est d'abord un territoire, fondement de la puissance, même si ce constat pourrait être de plus en plus nuancé à l'heure de la globalisation et de la montée en force d'acteurs transnationaux non étatiques. Les gouvernements et les régimes passent mais les constantes géographiques demeurent, ainsi que leur représentation dans l'imaginaire des sociétés et dans les choix de leurs dirigeants. En cela, la carte précède souvent le territoire autant qu'elle en procède. La géopolitique et ses fondamentaux nous ont rattrapés afin de voir le monde tel qu'il est, dans la réalité crue de sa violence et des rapports de force. Face à ce défi constant, nous essayant de clarifier à nos lecteurs les amères réalités de notre monde où seule compte l'hégémonie du plus fort. 



La notion de géopolitique fut forgée par le géographe allemand " Friedrich Ratzel 1844-1904. Et aprés, c'est " Rudolf Kjellén" qui crée le mot en 1905. Il définit la géopolitique comme " la science de l'Etat en tant qu'organisme géographique, tel qu'il se manifeste dans l'espace". La géopolitique de notre époque est une géopolitique politique, une tentative d'explorer la capacité de la géographie, jusqu'là discipline essentiellement descriptive, à devenir un outil d'analyse et de compréhension. Avec comme objectif de déterminer les enjeux d'Etats conçus comme des êtres vivants. Le terme  géopolitique a connu certes un certain déclin Durand une période longue, laissant la place à une approche en termes de relations internationales appuyée sur des modèles sociologiques. Néanmoins, la discipline a su rebondir, et elle est de retour au premier plan, car comprendre le monde qui arrive implique de comprendre d'où il vient. 


ANALYSER LA COMPLEXITE DE L'ETAT DU MONDE 

La diffusion du concept de géopolitique dans le dernier quart du XX siècle répondait à la la nécessité d'analyser la complexité de l'état du monde, dont chacun apercevait qu'elle n'était plus entièrement contenue dans une grille de lecture bipolaire, exprimée par une représentation Est Ouest. L'échec politique américain dans la guerre du Vietnam, en 1975, les deux chocs pétroliers de 1973 et 1979, crise pour les pays producteurs, les guerres israélo-arabes, les guerres afghanes à partir de 1973, la force de contestation de l'islamisme radical, la première guerre du Golfe ( Iran- Irak ), les colonisations violentes en Afrique lusophone ( Angola, Mozambique surtout), et bien d'autres crises très localisées, ont rappelé, notamment en raison de leur impact sur les sociétés développées, le besoin impératif de penser les crises et les intérêts d'Etat de manière plus spatialisées. Les transitions difficiles et les conflits ouverts dans l'est de l'Europe aprés 1989 ( guerres yougoslaves, Kosovo notamment ) ont confirmé cette utilité, argumentaires cartographiques à l'appui. L'analyse géopolitique ne se limite pas à l'étude des rivalités territoriales et de leurs répercussions sur l'opinion. Ce n'est pas une conflictogène, qui aurait pour prémisses que les représentations territoriales contradictoires et antagonistes. Ce dualisme limite l'objet à l'étude des rivalités de pouvoir sur les territoires. La connaissance des conflits les plus contemporains montre que cette  qui sont à l'ordre de 120 conflits dans le monde, montre que cette analyse est réductrice et sous-estime le jeu des dynamiques sociales, politiques, économiques. Elle n'est d'ailleurs pas très éloignée de certaines théories élaborées à la fin du siècle précédent selon lesquelles, sous l'effet du déterminisme scientifique ambiant et du poids des luttes nationales, l'Etats était assimilé à un organe cherchant à fixer, à l'intérieur de frontières favorables pour un seul, un espace décrit comme vital - Friedrich Ratzel ( 1844-1904), Karl Haushofer ( 1869-1946 ). Il est certes indispensable de rendre compte des conflits les plus actuels qui intègrent des dimensions territoriales, mais il convient d'éviter de généraliser, à partir de ces types particulier de conflits, une démarche scientifique globale. 

PENSEES DE LA CONTENTION ET DU REFOULEMENT


Une autre forme de récurrence des représentations géopolitiques à travers le siècle a trait à une lecture d'un monde structuré en puissance soit " maritimes " soit " continentales " à la suite de Halford Mackinder ( 1861-1947 ), de Nicolas Spykman ( 1893-1943 ) mais aussi de George Kennan ( 1904 ) et de Zbigniew Brezinski. Les puissances dites " maritimes", étaient assimilées à des répliques d'Athènes démocratiques par opposition, en rivalité avec des Etats continentaux voués au despotisme. Dans ce schéma explicatif, l'enjeu central de l'hégémonie mondiale était présenté comme celui du contrôle de l'Eurasie, par la contention/ endiguement, qui a justifié l'absurde guerre du Vietnam, l'installation de bases navales et aériennes sous contrôle américain de la Norvège aux iles Aléoutiennes, en passant par la Méditerranée, le golfe Arabo-Persique, les iles de l'océan occidental, la Corée du Sud et le Japon, avec ses répliques plus continentales chez l'adversaire soviétique. A la fin du siècle, l'avancée des structures de sécurité, présentées comme "euro atlantique", en direction de la mer Baltique, de la mer Noire, de la mer caspienne a coïncidé avec un projet de refoulement de l'influence russe, selon une logique du ( grand échiquier), tel que décrit par Brezinski, qui fonde sa stratégie sur la notion d'une " lutte géopolitique pour l'Eurasie "On trouve une référence stratégique comparable chez " Henry Kissinger" lorsqu'il écrivait dans son ouvrage "Diplomatie": Sans l'Europe, l'Amérique risquerait de devenir une ile au large de l'Eurasie. "De ces représentations géopolitiques à vocation globale se déduisent des stratégies plus concrètes d'expansion de l'OTAN vers le centre et l'est du continent européen et des tentatives d'instrumentalisation de l'élargissement de l'Union européenne. 

LE SIMPLISME DES THESES CIVILISATIONNISTES


Une récurrence est plus surprenante à l'heure des réseaux globalisés, à savoir l'écho, et souvent le succès, des thèses civilisationnistes. Au début du siècle, le discours dominant sur le vaste monde opposait la supériorité de la civilisation occidentale aux espaces et aux sociétés à coloniser. Les termes d'" Europe "et d' "Occident" connotaient sans ambiguïté cette mission civilisatrice. Dans la dernière décennie du siècle, une carte mentale simplifiée tend à s'imposer, selon laquelle un bloc solidaire incluant l'Amérique du Nord, l'Europe et la Russie devrait se constituer face aux menaces issues des autres mondes, définis selon des critères univoques d'origine religieuse : mondes musulman, hindouiste, confucéen. Cette vision simpliste, défendue par l'Américain "Samuel Huntington", sert de support à deux attitudes contrastées : soit une posture défensive, puisque le monde globalisé fait peur à ceux qui, pourtant, en sont les premiers promoteurs et les grands bénéficiaires, soit, à l'inverse, une volonté d'ingérence où des organisations non gouvernementales ( ONG ) et certains Etats se comportant parfois, non sans arrogance, comme des missionnaires laïcs, dans un esprit guère différent sur le fond de celui qui anima les entreprises coloniales à la fin du XIX et au début du XX siècle. 


DISCOURS DE LA METHODE ET AIDE A LA DECISION


Il n'est pas surprenant que la globalisation/ mondialisation induise de nouvelles grilles de lecture simplificatrices, destinées à répondre aux inquiétudes qu'engendrent la méconnaissance de l'Autre avec qui on entre en relation, ne serait-ce que pour des raisons commerciales ou par le truchement des images des médias, et l'insuffisance des mécanismes de dialogues et de régulation. C'est pourtant dans l'explication de la complexité, de la diversité du monde réel que la démarche d'analyse géopolitique trouve sa raison d'être. Elle apparait partagée entre deux exigences : celle de fournir des grilles de lecture pertinentes, objectives, critiques de l'état du monde, sans pouvoir s'abstraire complétement du contexte sociopolitique singulier dans laquelle elle s'énonce; celle de son articulation avec les cercles opérationnels. L'analyse géopolitique a ainsi une fonction pédagogique essentielle :  elle est un discours de la méthode sur le monde en tant que tel unifié et diversifié; elle décrit le rôle des facteurs et des acteurs structurant dans des situations localisées et concrètes. Elle peut aussi contribuer à éclairer opérateurs et décideurs en leur fournissant analyses et gamme d'options. En tout état de cause, sa fonction doit être de présenter les éléments objectifs du débat démocratique sur les grands enjeux planétaires qui ont des impacts sur les sociétés nationales et les modes de gestion de leur territoires. Dans le cas particulier de l'Europe, des enjeux aussi divers que l'élargissement géographique de l'Union européenne, la nature des relations politiques entre nations singuliers et institutions supranationales, la promotion d'un ordre multipolaire de type coopératif et régulé, et la mise en place des facteurs d'une mondialisation civilisée sont des champs de réflexion majeurs. La tache civique des spécialistes de l'analyse géopolitique est alors d'en éclairer les termes aux yeux des opinions et de diffuser les données objectives des débats, préalables aux décisions collectives. Une géopolitique ainsi conçue devient une pédagogie pour l'action, une praxéologie et à tout le moins pour le débat public, fondement d'une citoyenneté renouvelée devenant capable d'un rapport constructif de notre monde. 


LA GEOPOLITIQUE FRANCAISE : NAISSANCE ET EXPANSION


La géographie a constitué en France au XIX siècle, comme dans les autres pays européens, un des éléments centraux de la conscience nationale, forgeant les représentations de l'espace et les rapports entre l'homme et cet espace. Ce n'est qu'auprès le choc de la défaite de 1871 que l'enseignement de la géographie entra véritablement à l'université française, trente ans aprés la Prusse, avec la création en 1873 d'une chaire à l'université de Nancy qu'occupa ( Paul Vidal de la Blanche 1845-1918. ) Une réponse à l'Allemagne, qui venait de créer dans Strasbourg occupée une chaire de géopolitique. Vieille nation qui fut longtemps la plus puissante d'Europe, la France avait découvert sa fragilité. D'entrée de jeu, la géopolitique française a marqué sa différence, refusant ce qu'elle jugeait être le déterminisme excessif de l'école ratzelienne. Le précurseur fut incontestablement ( Elisée Reclus 1830-1905 ), immense et prolifique géographe, auteur notamment d'une " nouvelle géographie universelle " en dix-neuf gros volumes publiés entre 1872-1895, mais aussi figure de proue de l'anarchisme, ami de Bakounine et de Kropotkine. Cette proximité avec les révolutionnaires russes explique sa marginalisation par le monde universitaire. Il fut pourtant, comme le souligne Yves Lacoste, le père intellectuel d'une géopolitique à la française selon laquelle  

" la géographie n'est que l'histoire dans l'espace de même que l'histoire est la géographie dans le temps". Elisée Reclus reste inclassable et son œuvre tomba dans un injuste oubli malgré de fortes intuitions, y compris sur l'écologie. Paul Vidal de la Blanche, le fondateur de l'école géographique française, est en revanche consubstantiel aux institutions de la III République et à la vision du monde positiviste qu'elle portait. Il fut notamment l'auteur en 1903 du ( tableau de la géographie de la France ,tom I de l'Histoires de France d'Ernest Lavisse, œuvre pilier du roman national républicain." Ses principaux disciples dont " Camille Vallaux 1870-1945" et surtout Jaques Ancel ( 1882-1943 ) vont reprendre ce drapeau d'une géopolitique "possibiliste", selon le mot de l'historien Lucien Febvre, fondateur de l'école des Annales. A la différence des géopoliticiens allemands ou même anglo-saxons, Jacques Ancel s'intéresse moins à la puissance qu'aux hommes qui peuplent les territoires et à leurs représentations.  " La civilisation est la lutte contre les obstacles que la nature a semés sous les pas de l'homme", notait- il en 1936 dans " La géopolitique", premier ouvrage en France à porter un tel titre. Lucidement, il fut l'un des premiers à dénoncer les dangers d'une Geopolitik allemande qui fournissait les armes intellectuelles du nazisme. Chassé de l'université en 1940 parce que juif, interné au camp de Royallieu à Compiègne, il meurt des suites des privations alors subies, laissant son œuvre inachevée. L'influence de l'école française de géopolitique a été notable, imprégnant le débat intellectuel bien au-delà du monde universitaire. Dans son " Introduction à la géopolitique", Philippe Moreau Defarges relève ainsi que " l'originalité de De Gaulle dans son mode de raisonnement spontanément géopolitique". Cela était vrai dès l'appel du 18 juin 1940 où il fondait son refus de la capitulation par le fait que la France n'était pas seule dans une guerre mondiale. Ou plus tard, une fois au pouvoir, par ses références constantes à l'espace, au temps et à la permanence des nations, même si elles restent fragiles comme toutes les œuvres humaines. Il parlait toujours de Russie, et pas d'Union soviétique.  


LES TERRITOIRES DEMEURENT ENCORE LE PIVOT DE L'HEGEMONIE ?

" Il n'y a pas de géopolitique sans prise en compte de l'espace".

La biogéographie conçoit l'Etat comme forme d'extension de la vie à la surface de la terre, écrivait ( Friedrich Ratzel 1844-1904) dans sa Géographie politique en 1897. Pour la géopolitique classique de la fin du XIX siècle et du début du XX siècle, l'ampleur du territoire que contrôle un Etat est le fondement même de sa puissance. Il cherche à l'étendre par la guerre avec les voisins, les conquêtes coloniales ou l'exploration de terres encore vierges ( la Sibérie pour les Russes ou la conquête de l'Ouest pour les Américains avec son assortiment de génocide; sans oublier le racisme colonial et la stérilisation forcée du Danemark contre les minorités du Groenland 130 000 femmes "1960-1970" et le même scenario en Amérique Latine par la CIA). En outre, les territoires n'ont pas tous la même valeur, qui dépend de leur situation, de leur accessibilité, de leur richesses naturelles et humaines. "Depuis, la donne a changé. Les grandes constructions impériales sont mortes. L'espace terrestre étant divisé en près de deux cents Etats, la puissance s'identifie-t-elle encore au sol ? Ne se définit elle pas plutôt par la manipulation et le contrôle des flux de biens, d'argent, de personnes, d'image"? s'interroge le politologue Philipe Moreau Defarges. Dans l'histoire, aussi bien en Europe qu'en Asie, en Afrique ou dans l'Amérique précolombienne, les puissances ont presque toujours été des empires; leur étendue assurait leur force et leur force permettait leur extension. Les analystes discutent néanmoins aujourd'hui de l'ampleur des profits qu'ont réellement tirée de leurs colonies la Grande-Bretagne ou la France si l'on tient compte des coûts de mise en valeur et de défense de ces territoires. " Comme si, pris d'une folie des grandeurs impériales, Paris et Londres démesurément vastes", note Florian Louis. La domination américaine sur le monde aprés la Seconde Guerre prendra ainsi d'autres formes. Mais nombre de gnomes pays, en termes de superficie, peuvent avoir par leur richesse, comme le Qatar ou les Emirats, par leur longue expérience de médiation comme la Suisse, leur autorité morale comme le Vatican ou leur capacité militaire comme Israël, un poids significatif sur la scène internationale. Les flux immatériels accentuent encore un peu plus la déterritorialisation de la puissance, mais celle-ci conserve cependant son ancrage. C'est vrai pour les GAFAM, prospérant sur les immenses capacités de cherche et d'innovation américaine qui attirent des chercheurs du monde entier. L'internet est toujours plus étroitement contrôlé sur leurs territoires par les régimes autoritaires qui disposent ainsi de nouveaux moyens de puissance, de surveillance et de manipulation. La mondialisation et l'immatériel rendent la géopolitique plus complexe; ils ne l'abolissent pas, comme est venue nous le rappeler l'agression russe en Ukraine qui se déroule autant dans le cyberespace, l'espace extra-atmosphérique que dans les tranchées du Donbass. 


LES ETATS-NATIONS ET LA SOUVERAINETE ETATIQUE

La nation, c'est un peuple libre et souverain et une société fondée sur le contrat social cher à " Jean-Jacques Rousseau. La République incarne l'accomplissement d'un Etat-nation déjà en gestation dans les royaumes tels celui de France ou l'Angleterre. Deux siècles plus tôt, le vieux Continent était morcelé entre duchés, principautés, cités États, mais aussi empires : en tout, quelque 200 entités étatiques à l'orée du XVI siècle. En 1815, lors du congrès de Vienne, qui aprés l'aventure napoléonienne posait les bases d'un concert européen, il n'y en avait déjà guère plus d'une vingtaine autour de la table. L'Etat national s'est avéré plus apte que les autres à mobiliser la force militaire, faire la guerre et la gagner tout en satisfaisant les intérêts de sa base de pouvoir, les classes moyennes et marchandes. Le terme même d'Etat est tardif. Il ne commence à être défini clairement qu'au XVI siècle sous la plume de juristes et philosophes comme Nicolas Machiavel, Jean Bodin, Thomas Hobbes, dont les écrits fondent l'idée du pouvoir politique souverain hors de toute considération ( morale ou religieuse.) L'Etat-nation s'est étendu à tout le Vieux Continent au XIX siècle avec l'unification allemande menée par la Prusse et italienne par le Piémont. Des peuples unis par une même langue et une même culture se constituaient en un Etat commun. Après 1918, ce modèle politique triompha aussi à l'est du continent sur les décombres des empires centraux, alors que se dessinait une nouvelle carte de l'Europe avec le traité de " Versailles" et ses annexes ( Sèvres, Saint-Germain, Trianon". Ces nouveaux Etats englobaient nombre de minorités ethniques et autant de conflits latents. L'après Seconde Guerre mondiale paracheva le processus d'homogénéisation nationale, surtout dans les pays sous domination soviétique. Une décennie plus tard, les Etats nés de la décolonisation ont repris ce modèle bien que leurs frontières   tracées par les ex puissances coloniales soient en très large part arbitraires. Si les Etat-nation reste le sujet central du système international, il recoupe des réalités très différentes, notamment pour la définition de la nation. Héritée de la révolution et des Lumières, la vision française est ouverte. En opposition à l'universalisme des Lumières. Les différences ont longtemps perduré notamment pour l'acquisition de la nationalité, la France privilégiant le droit du sol alors que l'Allemagne, L'Italie et tant d'autres faisaient primer celui du sang. Quand a la souveraineté étatique, parfois elle commence par " l'Etat, c'est moi" :  la célèbre formule attribuée à Louis XIV est probablement apocryphe mais n'en résume pas moins la volonté de pouvoir absolu du monarque dépositaire de la souveraineté. Ce modèle de souveraineté reste toujours vivace notamment au sein des monarchies arabes comme l'Arabie Saoudite, les Emirats, le Sultanat d'Oman, le Bahreïn, le Koweït, L'Egypte, le Maroc, la Tunisie, la Libye, l'Iran, Israël, de Hafftar, le Qatar, la Chine, la Russie, la Corée du Nord et dans certains dictatures à travers le monde.  La République, elle, se fonde sur la souveraineté du " peuple". Les formes de l'Etats peuvent être très différentes : de nature monarchique, oligarchique, théocratique, dictatoriale, républicain, démocratique, etc. Il peut être unitaire et centralisé, ou fédéral. Un Etat, quel que soit son régime, c'est d'abord un territoire délimité par des frontières, des institutions propres et une population. L'Etat fait la loi, juge, lève l'impôt, maintient l'ordre, décide de la guerre et de la paix. Il est celui qui fixe les règles garantissant la paix civile, laquelle permet de ne plus vivre dans l'état de nature et dans la pusillanimité. ( En vertu du pouvoir que lui a conféré chaque individu singulier, dispose de tant de puissance et de force rassemblées en lui que la terreur qu'elles inspirent lui permet de modeler les volontés de tous les hommes afin de pacifier l'intérieur et de s'entraider face aux ennemis de l'extérieur", écrit Thomas Hobbes ( 1588-1679). En revanche, le monde des relations internationales est resté celui de la guerre de tous contre tous, faute d'une autorité commune unanimement reconnue. Les Etats, quelle qu'en soit leur forme, se sont façonnés par la conquête élargissant leurs territoires et dépeçant leurs rivaux. Depuis que la race humaine est sur la terre, Ils se font la guerre, mais c'est surtout la guerre qui les fait. " Proclamer l'injustice intrinsèque de la force, c'est décréter l'injustice originelle de toutes les normes juridiques inconcevablement en dehors des Etats, notait Raymond Aron, "dans paix et guerre entre les nations". Paradoxalement, les rêves d'un multilatéralisme et d'un ordre international qui ne serait plus celui de la force pure mais du contrat entre les nations comme entre les citoyens ont commencé à prendre forme avec le Lumières. Les tragédies du XX siècle ont incrustés cette réflexion. Ce sont les Etats du Vieux Continent, jadis berceau du monde, qui en préparent le dépassement. La Communauté économique européenne puis l'Union européenne ont inventé une souveraineté partagée. Les Etats membres renoncent volontairement à une partie de ce qui constituait leurs prérogatives exclusives, comme la monnaie avec l'euro ou les frontières avec l'espace Schengen. Durant des siècles, la souveraineté fut l'aiguillon de la modernité et de la liberté des peuples. Elle ne l'est plus. selon certains analystes. 


PUISSANCE/ SUPERPUISSANCE ET LA FORCE MILITAIRE


Au sein de l'assemblée générale des Nations-Unies, les Etats membres disposent chacun d'une voix, mais certains sont plus égaux que les autres. Les épreuves de l'échec de la Société des Nations dans l'entre-deux-guerres, l'ONU a créé un Conseil de sécurité qui en est l'organe suprême, composé de cinq membres permanents  qui sont les alliés vainqueurs du nazisme, depuis tous dotés de l'arme nucléaire et disposant du droit de veto. Se sont les grandes puissances avec un évident primat des Etats-Unis, suivie par la Chine, puis loin derrière par la France, le Royaume-Uni et une Russie qui revient en force. Mais ce statut au sein de l'ONU ne suffit pas à définir ce qu'est une grande puissance, d'autant qu'il est de plus en plus contesté par les puissances émergentes. Le système international a toujours été oligarchique, ou hégémonique : quelques acteurs, appelés grandes puissances, ont dominé la scène et fixé les règles non écrites de la compétition, relevait "Raymond Aron ( 1905-1983). Ce rôle découlait du volume de leurs ressources comme de leur force militaire. L'exemple le plus achevé d'un tel condominium des puissances fût le " concert européen" tel qu'il fut mis sur pied par le congrès de Vienne en 1815 aprés la débâcle de l'aventure napoléonienne, réunissant les vainqueurs : l'Angleterre, la Prusse, l'Autriche, la Russie, mais aussi la France vaincue. C'est aussi à cette époque que la notion de grande puissance apparaît. ( Un Etats obtient ce statut non seulement parce qu'il dispose de ressources militaires et économiques supérieures à celles des autres mais aussi parce que les autres Etats reconnaissent qu'il possède un statut supérieur dans la société internationale), écrit Fabrice Argounés dans "  Théories de la puissance". Etre coopté dans le club des grands conférait certains droits : aucune affaire d'importance ne devait être traitée à l'intérieur du système sans que toutes les puissances fussent consultées. D'où tout au long du XIX siècle, la longue série de conférences internationales et les traités pour se partager l'Afrique ou réguler les agitations balkaniques. Chaque avantage gagné par l'un des grands acteurs impliquait que les autres obtiennent des compensations. La première Guerre mondiale balaya ce système. Le grand rêve de rendre la guerre impossible lors de la conférence de paix de Versailles créa la Société des Nations, fondée sur l'égalité entre ses membres. Une ébauche de démocratie mondiale qui fut un échec. Après le second conflit mondial s'est constitué un monde bipolaire, dotées de l'arme nucléaire. Chacune domine son système d'alliances :  L'OTAN pour les Occidentaux, le pacte de Varsovie à l'est avec les démocraties populaires de fait occupées par la Russie. Les tiraillements au sein de chacun des deux blocs sont réels. A l'ouest, la superpuissance américaine est relativisée par l'idée gaullienne de grandeur et par la puissance économique acquise par l'Allemagne et le Japon. A l'est, la prééminence soviétique est contestée par la Yougoslavie de Tito et par la Chine de Mao. Avec la chute du mur de Berlin en 1989, puis l'effondrement de l'URSS deux ans plus tard, surgit le mot d'Hubert Védrine, une "hyperpuissance", avec l'hubris qui en découle et ses inévitables échecs. Meme s'ils ne sont plus la seule superpuissance avec la montée en force de la Chine, les Etats-Unis restent loin la premières, et notamment sur le plan militaire, concentrant à eux seuls quelque 40% des dépenses d'armement dans le monde. 

POLARITE: MULTIPOLAIRE/ PIPOLAIRE/UNIPOLAIRE

Le système international est construit sur l'idée Wilsonienne que les Etats sont égaux entre eux. Dans les faits, le système international s'est toujours caractérisé par la situation dominante de quelques Etats sur tous les autres. La théorie des relations internationales, voulant prévoir et éviter les conflits, trouve dans cet état de fait un élément stabilisateur, le système international manquant d'une autorité supérieure pour fonctionner. Il apparait donc souhaitable qu'une telle autorité se dégage. Mais combien tête doit-elle avoir? L'histoire montre que les relations internationales ont été tantôt multipolaires, tantôt bipolaires. Depuis la fin de la guerre froide et l'affirmation de la superpuissance américaine se pose la question d'un monde unipolaire. Quelle combinaison est la meilleure pour garantir la paix? Les tenants de la multipolarité montrent que, dans le cas d'un puissance globale répartie entre plusieurs acteurs, aucun d'entre eux ne peut avoir la certitude du comportement des autres et que cela les dissuade de risquer une guerre dans laquelle ils pourraient se trouver opposés à plusieurs de leurs concurrents. Néanmoins, les détracteurs de la multipolarité insistent sur l'incertitude entrainant une multiplication des opportunités de conflit. " La bipolarité" a ses partisans qui rappellent que la guerre froide, situation bipolaire par excellence, n'a pas abouti à un conflit généralisé du fait de l'équilibre des puissances. Mais encore faut-il que ces deux puissances soient suffisamment équilibrées. De plus, une guerre se déclenchant dans cette situation est pire en termes de destructions que dans une situation de déséquilibre des moyens. Les partisans de " l'unipolarité" voient dans l'avènement d'une seule superpuissance l'occasion de faire cesser la compétition, et donc les conflits. La puissance dominante devient régulatrice. On comprend dés lors le discours sur le rôle de " gendarme du monde" des Etats-Unis aprés la guerre froide. La " théorie de la polarité" permet de lire les relations internationales dans la cadre d'une théorie des jeux plus ou moins complexe. Cependant elle présente des failles. "Aucun des modèles ne garantit la paix." La multipolarité est instable, l'équilibre entre les différents pôles se modifiant sans cesse. La bipolarité est moins à l'origine de la paix depuis 1945 que des arsenaux nucléaires. La disproportion des moyens dans une situation d'unipolarité ne met pas de frein à l'usage de la force par la superpuissance, même si le discours officiel le cache sous l'expression ( opération de police internationale).  

EQUILIBRE STRATEGIQUE / LE DOCTE ET L'ATONE

( situation dans laquelle aucun Etat ne dispose d'un avantage décisif certain sur ses rivaux.)


Un équilibre peut exciter par l'existence de moyens équivalents dans deux camps opposés, mais être aussi en théorie induit par le territoire, lorsqu'aucun des deux adversaire ne peut espérer vaincre sur le terrain de l'autre. En matière stratégique, le concept d'équilibre a connu son heure de gloire du temps de la guerre froide, sous la présidence de ( Dwight D. Eisenhower.) Il posait comme principe que les Etats-Unis devaient à tout prix maintenir une parité des moyens, notamment nucléaires, avec les Soviétiques. C'est un concept central de la notion de la dissuasion. Le maintien de cet équilibre est difficile dans la mesure où il n'est pas seulement quantitatif, mais aussi influencé par les évolutions techniques. Par ailleurs, il est abscons de déterminer les conditions d'un équilibre globale, car les moyens et ressources des deux camps sont rarement équivalents, les conceptions stratégiques différentes et les conditions de l'affrontement variables. Il est embroussailler aussi par l'ignorance des moyens exacts de l'adversaire. Cela a valu à la course aux armements la qualification de " stratégie névrotique" dans la théorie des relations internationales. D'autres parlent d'impuissance de la puissance, chacun devant assumer des dépenses militaires considérables sans perspective de se servir des arsenaux. La supériorité militaire sans équivalent des Etats-Unis depuis la fin de la guerre froide a conduit à une remise en cause de la stratégie de l'équilibre : ils cherchent au contraire à accentuer le déséquilibre en leur faveur afin de prévenir l'émergence d'une puissance concurrente ( la Chine ). La notion d'équilibre est mise à mal par la stratégie de la guerre asymétrique et le terrorisme. 

L'ARCHETYPE DE L'HEGEMONIE


le concept de l'hégémonie s'apparente à la servitude volontaire. C'est la manifestation la plus extrême de la puissance puisqu'elle n'a pas besoin d'exercer sa force. Dans un empire, la métropole opère un contrôle direct sur la partie subordonnée qui est absorbée ou vassalisée. L'hégémonie se fonde, elle, sur des représentations et des valeurs communes. ( Le soft power) y est aussi important que le ( hard power). Le concept d'hégémonie a a été mis en avant notamment aprés 1945 pour caractériser la politique des Etats-Unis qui, tout au long de la guerre froide, dirigeaient la coalition des démocraties face au totalitarisme soviétique. L'administration de Joe Biden l'a remise au goût du jour, réunissant par deux fois dans la capitale américaine un sommet des démocraties face à la guerre russe en Ukraine et à la menace chinoise sur Taiwan. L'hégémonie américaine se veut une domination souhaitée, idéalisée et mythifiée, et un empire par invitation. Première puissance mondiale aussi bien militaire qu'économique, puissance "amphibie", contrôlant les mers mais aussi le ciel et la terre, Washington se voit comme la nouvelle Athènes. Mais les tentatives hégémoniques du passé ont souvent échoué. Charles Quint n'a pas réussi à emporter l'adhésion des monarchies européennes contre les Turcs. Les guerres de Louis XIV, visant à s'assurer sa domination sur le continent, ont fini par un total isolement de la France. Le rêve napoléonien d'une Europe conquise et réinventée sur le modèle Français a fini en une lamentable déroute. Dans un monde globalisé où se sont multipliés les acteurs, la domination fondée sur l'adhésion volontaire est à la peine. Au fil du temps, ont a compris que la mondialisation n'est pas compatible avec l'hégémonie, c'est-à-dire la capacité d'un seul à être le conducteur, c'est ce que veut dire hégémonie, et à se placer aussi en situation d'être désiré, suivi, et à organiser l'ordre mondial, pointe le professeur de sciences politiques " Bertrand Badie".  Les alliances anciennes laissent place à des alliances de circonstances et à une diplomatie transactionnelle, c'est-à-dire qui se positionne au coup par coup selon les sujets dans un monde apolaire sans véritable centre. Le retour de la guerre conventionnelle sur fond de rivalité croissante entre puissances pourrait cependant changer à nouveau la donne. Ainsi, L'OTAN, seule alliance militaire et politique structurée et pérenne aujourd'hui dans le monde, a retrouvé toute sa raison d'être, et elle est plus que jamais dominée par l'hégémon américain? 

LE HARD POWER ET LA FORCE MILITAIRE 

Dans le chaos du monde, les rapports entre Etats se déroulent à l'ombre de la guerre et les conflits. Les acteurs du système international, malgré la tentative de régulation ébauchée après 1945 par les Nation unies, sont souvent en rivalité, voire en conflit, qu'en harmonie. Le retour de la guerre en Europe avec l'agression russe de l'Ukraine, premier conflit interétatique de haute intensité sur ce continent depuis 1945, est venu nous le rappeler. La guerre n'est plus ce qu'elle était. Les deux conflits mondiaux et la possession de l'arme atomique en ont radicalement changé la face. La menace de l'embrasement généralisé a conduit à une dispersion des armes et des formes d'affrontement. En effet, si de nos jours l'affrontement entre puissances passe encore par le recours à la violence, il est également le fait de pression, d'influences, de déduction. En outre, l'usage de la force n'est plus l'unique apanage des Etats;  au-delà du cadre national, il tend à se mondialiser sous d'autres formes. 

HARD ET SOFT POWER ET LA FACE FUNESTE DU HARD POWER

Les deux "faces du pouvoir", selon ( Joseph Nye), le hard power représente la forme la plus traditionnelle du pouvoir : selon Nye, il est synonyme de contrainte et suit un gradient qui mène du commerce, le pouvoir d'acheter jusqu'à la guerre en passant par les pressions politiques ou encore le potentiel démographique, militaire, géographique d'un Etat. C'est ce pouvoir que l'on retrouve sur le champ de bataille, lors d'un blocus commercial ou encore dans les rapports de force qui régissent les grands organismes internationaux. En somme, puissance et hard power se sont confondus durant des siècles. Le soft power serait une nouvelle forme de la puissance lorsque les règles du jeu changent. Cet autre aspect du pouvoir "consiste à obtenir des autres qu'ils veuillent la même chose que vous". La séduction, la persuasion deviennent ses vecteurs privilégiés. Le soft power est ainsi associé à des ressources de puissance intangibles telles que la culture, l'idéologie et les institutions, tout ce qui, en somme, permet à un acteur de faire adopter aux autres les choix qui lui conviennent. En cela, le soft power, loin de s'opposer au hard power, le complète : " Le pouvoir de cooptation par la douceur a autant d'importance que le pouvoir autoritaire. Si un Etat est capable de légitimer son pouvoir aux yeux des autres, il rencontrera moins de résistance pour les faire plier à ses vœux". Par ailleurs, la face noire du hard power, est une guerre qui mobilise toutes les armes militaires, mais aussi économiques et idéologiques. L'expression apparait en 1935 sous la plume de " Ludendorff, ancien général en chef de l'armée allemande pendant la Première Guerre mondiale. Tournant le dos à Clausewitz pour qui la guerre devait être subordonnée au politique, Ludendorff affirme que, " dés qu'un pays a décidé de faire la guerre, il met les fronces armés, l'économie du pays et le peuple lui-même à la disposition du chef qui aura à conduire cette guerre". La guerre totale implique une mobilisation sans pareille des hommes, de l'appareil productif et des finances. Bien souvent, d'ailleurs, l'ampleur de la mobilisation a induit un renforcement de l'Etat au terme du conflit; ainsi, l'interventionnisme des années 1930 est indissociable du dirigisme expérimenté entre ( 1914 et 1918.) Cette guerre se gagne autant sur les champs de bataille que dans les esprits par la propagande. En ce sens, elle ne se limite pas aux deux conflits mondiaux qui en sont l'archétype : Les guerres de Sécession et du Paraguay au XIX siècle ou, plus récemment, le conflit Irak Iran en sont d'autres manifestations. Rarement planifiée, la guerre totale n'est bien souvent qu'une conséquence désastreuse de l'enlisement des conflits et de la "montée aux extrêmes " ( Clausewitz 2006 ) qui en résulte. Depuis l'aprés-1945, l'arme nucléaire devient le principale obstacle à la guerre totale qui aurait alors signifié l'embrasement généralisé.

DISSUASION  / LA PAIX PAR LA PUSILLANIMITE

celui qui veut la paix prépare la guerre". Dans la logique de dissuasion, il s'agit avant tout de préserver la paix en montrant à l'adversaire qu'un conflit serait sinon perdu d'avance, du moins cataclysmique. La détention d'un arsenal performant, la recherche permanente de la supériorité technologique mais aussi la propagande, les négociations, voire les pressions et les menaces sont au cœur de la dissuasion. La dissuasion a fait ses preuves, de la diplomatie au bord du chantoir avec la Chine à celle des SS20 en Europe en passant par la crise des fusées à Cuba. Néanmoins, elle a montré ses limites face à la prolifération nucléaire ( Israël, Inde, Pakistan, Chine, France, Russie ….), tandis que la rivalité permanente entre les deux Grands a sans cesse accentué le risque du recours au consomption nucléaire. Dés lors, la condition de survie de la dissuasion a résidé en un désarmement négocié. C'est  à ce prix que les grandes puissances ont conservé leur privilège militaire tout en réduisant les risques d'une belligérance. Dans un monde complexe où chaque puissance régionale réclame son droit à l'atome, la dissuasion est à la fois nécessaire pour la paix mondiale et infiniment délicate à instaurer .

L'ALECHEMENT DE LA PUISSANCE / OU L'IMPERIALISME

"L'impérialisme est la doctrine qui considère que leur puissance autorise certains Etats à étendre leur influence, voire leur domination, en dehors de leurs frontières." 

Le colonialisme européen qui a débuté au XVI siècle et a connu son apogée à la vielle de la Première Guerre mondiale. Le monde était alors divisé en vastes empires dont le plus plastronneur était l'Empire britannique. L'impérialisme, alors à la fois moteur et expression de la puissance européenne, devient le prisme à partir duquel la diplomatie, le commerce, la guerre mais aussi la société sont pensés. l'impérialisme suscite résistantes ( sous le forme de guerres ou de guérillas ), rejet par les populations, une fois dominées et critiques souvent au sein même des pays impérialistes. Ses plus violents dénonciateurs ont été les marxistes, en particulier Lénine. Le père de la révolution de 1917 estimait que l'impérialisme découlait de la nécessité pour le capitalisme de s'exporter dans de nouveaux pays où il pourrait restaurer ses profits, en baisse dans les vieux pays industriels. Paradoxe encore, depuis la fin des empires européens qui a suivi La Seconde Guerre mondiale et l'écroulement de l'URSS, l'impérialisme demeure, bien que renouvelé. Les Etats-Unis ont succédé à l'Europe comme puissance impérial; jouant du hard mais surtout du soft power. Washington place ses pions à son avantage sur l'échiquier mondial, notamment en Afrique et en Asie qui sont les zones clés de demain. Dans un autre registre, on voit subsister des zones d'influences qui sont autant de formes rémanentes d'empires passés. En témoigne la France Afrique que ses critiques taxent de néocolonialisme. Enfin, preuve que l'impérialisme n'est pas mort, la Chine, anciennement dominée, se lance elle aussi, dans une nouvelle " course au clocher en Afrique".  


ISOLASTIONNISME / UNE DOCTRINE AMERICAINE ENCORE VIVACE 

L'isolationnisme est une doctrine politique, essentiellement américaine, qui proclame la nécessité pour les Etats-Unis de contingenter leurs relations avec le monde. Texte fondateur de l'isolationnisme, le message d'adieu de G. Washington ( 1796 ) appelle les Américains à ne pas signer aucun accord politique ni militaire permanent. Le conseil concerne surtout l'Europe par caponnerie de se voir entrainés dans ses querelles et, par consécution, dans des guerres que le peuple américain n'aurait pas décidées. Cette doctrine est réaffirmée en 1823 par le président Monroe. L'isolationnisme américain, le sentiment que les Etats-Unis construisent un pays radicalement différent de l'Europe et, pour tout dire," archimandrite".  historiquement, l'isolationnisme atteint son apogée aprés la Première Guerre mondiale, quand les américains refusent de ratifier le "traité de Versailles" et de participer à la SDN. Il souffre cependant de nombreuses limites et se double d'un impérialisme dirigé d'abord vers l'Amérique Latine qui donne lieu à une formulation théorique avec le corollaire Roosevelt de la doctrine Monroe en 1904. La motion Vandenberg ( 1948 ), qui autorise la création de l'OTAN, marque un tournant, puisque les américains participent à la première alliance durable de leur histoire. L'isolationnisme n'a pourtant pas tout à fait disparu. Ainsi, le maccarthysme à l'entrée en guerre froide. Quand au conflit vietnamien ou la récente guerre d'Irak, ils ont rapidement suscité dans l'opinion publique des réactions isolationniste. Conséquences, ils ont étaient contraint de se replier sur soi ?

DROIT D'INGERENCE   

Invoqué depuis les débuts de la colonisation, ( la mission civilisatrice), conçue alors comme un devoir des races supérieures de civiliser les races inférieures, a servi de justification, de subterfuge et de moteur à l'ingérence européenne dans les affaires du monde. Plus récemment, l'idée d'ingérence est apparue en Occident sous la plume non plus d'hommes politiques, mais d'acteurs de la société civile. Différents dans les principes de sa version colonialiste, la nouvelle doctrine procède de l'idée d'une communauté mondiale unis par des valeurs universelles ( Droits de l'Homme ), supérieures au droit national. Les tenants du " droit d'ingérence "réclament une intervention quand ces valeurs semblent bafouées dans un pays. Le principe du devoir d'ingérence pose, par sa nature même, une série de problèmes. IL est difficilement compatible avec le principe de non-ingérence soutenu officiellement par l'ONU. En outre, il est parfois taxé de néocolonialisme ( intervention en Irak en 2003 ). Enfin, il est versatile et soumis à l'empire des médias occidentaux ( une indignation chassant l'autre, comme en 2008 le Tibet occulte le Darfour ). 

SOUVERAINETE ET INGERENCE 

La vision de Pascal Boniface, sur cette analyse, souveraineté et ingérence sont deux principes antagonistes. Ils sont tous deux évoqués comme des principes protecteurs, des Etats plus faibles contre les appétits des grandes puissances pour le premier, des peuples contre les tyrans pour le second. Le débat n'est pas dépourvu d'arrière-pensées stratégiques. En somme, le débat sur l'ingérence qualifiée également d'ingérence humanitaire, de droit d'ingérence ou de devoir d'ingérence, est une question majeure de la vie internationale. L'ingérence suscite des réactions à la fois passionnées et contradictoires, au Nord comme au Sud, dans les opinions et les gouvernements. La montée en puissance de ce thème est un effet secondaire de la mondialisation. Elle est le produit conjugué du rôle croissant des ONG sur la scène internationale, de l'importance grandissante du poids des médias et de l'opinion public sur la conduite des politiques extérieures et de l'effacement des situations et des possibilités accrues d'intervention. L'ingérence enfin est évidement, et par construction, consubstantielle au phénomène d'effacement des frontières. L'émergence des puissances du Sud va modifier les termes du débat sur l'ingérence. La Charte de l'ONU en réaction aux violations de souveraineté commise par les puissances de l'Axe ayant conduit à la Seconde Guerre mondiale avait condamné l'ingérence en lui opposant le principe de souveraineté. Le paragraphe 1 de l'article 7 de la Charte des Nations unies énonce que ( l'organisation est fondée sur le principe de l'égalité souveraine de tous ses membres.) Le paragraphe 4 du même article dispose que " les membre de l'organisation s'abstiennent, dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à l'emploi de la force, soit contre l'intégrité territoriale ou l'indépendance politique de tout Etat, soit de toute autre manière incompatible avec les buts des Nations unies. Ces dispositions viennent en fait compléter le paragraphe 3 selon lequel les membres de l'organisation règlent leurs différends internationaux par des moyens pacifiques. L'article 2, paragraphe 7, interdit quant à lui à l'ONU de se mêler des affaires intérieures des Etats, stipulant qu'"aucune disposition de la présente charte n'autorise les Nations unies à intervenir dans les affaires qui relèvent essentiellement de la compétence national d'un Etat. L'ingérence vient donc prendre le contre-pied de ces principes. En 1948, les partisans du concept d'ingérence en font remonter l'origine à l'adoption par l'Assemblée générale des N-U de la déclaration universelle des droits de l'homme. René Cassin, le juriste Français qui en était l'initiateur, avait écrit dés 1947 : " Il faut en tous cas que le droit de regard de l'humanité sur le rapport de l'Etat et de l'individu soit affirmé. "L'URSS, les démocraties populaires et les pays musulmans n'ont pas voté ce texte. Le représentant de Staline, est même sorti sur les marches du palais de Chaillot pour déclare " Nous refusons ce texte qui est porteur d'ingérence dans les affaires intérieures des Nations. "Cassin rappelait qu'en 1913, la Société des nations avait entendu un Juif de Silésie. M.Bernheim, dénoncer les pratiques barbares des Nazis à l'égard de leurs propres compatriotes. Le président de séance avait alors donné la parole au représentants de l'Allemagne, qui n'était autre que Joseph Goebbels. Ce dernier avait répondu " Monsieur, charbonnier est maitre chez soi. Nous sommes un Etat souverain. Tout ce qu'a dit cet individu ne vous regarde pas. Nous faisons ce que nous voulons de nos socialistes, de nos pacifistes, de nos Juifs et nous n'avons pas à subir de contrôle ni de l'humanité, ni de la SDN." Partisans de la souveraineté et avocats de l'ingérence s'appuient donc tous deux sur la condamnation du nazisme pour justifier leur choix. La souveraineté pour protéger les Etats faibles des appétits d'agresseurs plus puissants, l'ingérence pour empêcher de graves violation des droits de l'homme. Politiquement, c'est la création du mouvement ( sans frontières ), né durant la guerre du "Biafra" ( 1967-1970), qui est à l'origine de l'ingérence humanitaire moderne. A la suite de la proclamation d'indépendance vis- a -vis du Nigeria de la région pétrolifère peuplée de chrétiens Ibos, une guerre civile éclate. L'ONU ne veut alors pas reconnaitre le droit de sécession dans les ex colonies afin d'éviter les manœuvres de division des ex puissances coloniales qui auraient peu, en provoquant une sécession, continuer à contrôler les territoires les plus riches ou les plus utiles de leurs ex colonies. Le blocus conduit le Biafra à la famine et les images retransmises à la télévision créent un choc psychologique hyperbolique. Cette farce a suscité l'irruption des ONG humanitaires sur la scène internationale. Elles reprochent aux Etats leur inaction du fait de la non ingérence et à la Croix-Rouge une neutralité qui ne leur parait ni équilibrée ni justifiée devant la vastité des massacres. Se crée alors l'ONG Médecins sans frontières, le terme de " sans frontières" étant à la fois une référence au champ international de l'action mais également, et surtout, au fait que l'association entendait s'affranchir des limites territoriales qui délimitaient l'activité internationale traditionnelle en protégeant la souveraineté. Le tout au nom d'une morale de l'extrême urgence : on ne laisse pas les gens claboter. Bien éloigné de l'esprit, et même de la lettre de la Charte de l'ONU, un droit d'ingérence a été proposé, à partir de 1988 ( résolution 43/131), comme le revers actif d'un ( devoir humanitaire ) qui s'exprimerait face à des violations massives des droits de l'homme ou des droits des minorités au sein d'un Etat. On en a oublié que bien des actions de sécurité collective demeuraient possibles, ne constituant pas des actes d'ingérence, mais seulement l'application de la Charte. En réalité, le désordre des discours sur l'ingérence a pour origine le fait que la population mondiale ne s'est pas approprié le double mécanisme qui fonde le droit international : maintien de la souveraineté des Etats limitée par l'interdiction du recours à la force et le respect des droits de l'homme, mais mise sur pied de la sécurité collective en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d'actes d'agression. Cela nécessite des moyens qui ne peuvent être fournis que par les Etats, mais doivent ensuite s'affranchir de la tutelle de ceux-ci pour être contrôlés collectivement. C'est précisément ce passage qui échoue a devenir depuis que la Charte a été rédigée en 1945, le discours sur l'ingérence n'étant que le pendant de cet échec. Les pratiques de conditionnalité dans les relations économiques ( intégrales ) entre Etats sont fréquemment dénoncées comme des ( ingérences). Pa railleurs, la résolution 688 est exceptionnelle, tout comme étaient exceptionnelles les circonstances de son adoption. Cette résolution a effectivement été prise contre la volonté de l'Irak pour protéger les populations. Elle a d'ailleurs été menée au profit des Kurdes irakiens en laissant à leur sort les chiites qui, au sud de l'Irak, subissaient également la répression du régime de Saddam. Mais l'Irak, qui avait défié la communauté internationale, avait été vaincu par celle-ci. Il était diabolisé politiquement pour s'être lancé dans deux guerres contre l'Iran de 1980 à 1988 et encore le Koweït, envahi et annexé en 1990. Saddam Hussein qui avait pourtant longtemps bénéficié de la bienveillance des puissances occidentaux, passait pour l'archétype du dictateur, qui plus est pernicieux pour le monde extérieur. La vérité est que la résolution avait été adoptée sur fond de mauvaise conscience occidentale. N'était ce pas le président Bush qui avait appelé les Kurdes à la révolte ? Pouvait-on intervenir pour le Koweït et son pétrole et ne rein faire pour les Kurdes ? la résolution 688 est donc une exception et ne fonde pas un précédent. Mais au-delà du débat juridique, le débat sur l'ingérence reste avant tout politique lié  a la puissance de la prééminence. Donald Trump est le meilleur exemple dans ces discisions internationales portés toujours sur le droit d'ingérence, ce qui va lui couter très chère à moyen ou à long terme. A l'évidence, droit, et même devoir, qu'a un pays d'intervenir dans les affaires intérieures d'un autre pour y préserver les Droits de l'homme, inflige un autre soft power colonialiste laissant que désolation et pillage des intérêts économique. C'est le nouveau statut de l'ingérence, et du nouvel ordre mondial. 

 SECURITE COLLECTIVE / LE SCRUPULE DE L'OMNIPOTENCE 

Intrinsèquement, l'architecture internationale dans laquelle les Etats participants s'engagent à intervenir contre tout pays, l'un deux, le cas échéant, dont la politique mettrait en péril leur intégrité, voire leur pléthore. Historiquement, la Société des Nations a été la première institution moderne qui se voit voulue garante de la sécurité collective, mais elle ne disposait pas de forces armées en propre. Son échec face aux fascismes a scellé le visage de l'ONU fondée en 1945 afin de préserver la paix ( art.2) Dotée de troupes, la nouvelle organisation dispose avec le Conseil de sécurité d'un organe capable d'engager des sanctions politiques et économiques, voire une action armée à l'encontre d'un Etat violant la Charte des Nations-Unies. La guerre d'Irak  (1990) ou encore les sanctions à l'encontre de l'Irak dont le programme nucléaire inquiète en constituent des exemples récents. Cependant, les rivalités permanentes au sein du Conseil obèrent depuis toujours son fonctionnement. Dans ces conditions, les préservations de la sécurité collective repose en grande partie sur les Etats-Unis au travers d'une OTAN dégagée de son cadre atlantique. Au risque d'être taxée d'impérialiste, la diplomatie américaine agit en permanence au nom de la sécurisé collective, confondue avec leurs intérêts nationaux; pression sur certains pays ( Corée du Nord, Iran, Canada, Venezuela, Colombie, l'Afrique du Sud, le Yémen, etc...), sans pour autant intervenir sur les massacres des soldats russes au mali,  dont le répressions des Azawed est devenu un véritable génocide silencieux , avec la complexité de la junte militaire Malienne. A l'instar de l'époque romaine, il semble bien que la sécurité collective soit devenue l'affaire de la prééminence américaine. 

REFORMER L'ONU ET LE CONSEIL DE SECURITE 

Réinventer le multilatéralisme : La formule est rituellement martelée lors de l'assemblée générale annuelle des Nations unies à New York, aussi bien que par les dirigeants des pays occidentaux que par ceux du ( Sud globale). L'urgence est là. La mise en œuvre d'un tel projet ne peut se limiter aux seuls Etats. Il implique aussi bien le rattrapage politique de la mondialisation économique, avec une prise en compte des nouvelles réalités du monde, qu'une démocratisation des institutions transnationales actuelles et en premier lieu de l'ONU, afin de prendre en compte les exigences d'égalité et de justice portées par cette autre partie de l'humanité que sont les émergeants. Ainsi, les BRICS ne disposent que de 15% des votes à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international. La réforme la plus importante et la plus abscons reste celle du Conseil de sécurité, organe suprême du systeme onusiens qui, seul, peut décider du recours à la force, au titre du chapitre VII de la Charte, pour " le maintien ou le rétablissement de la paix ou de la sécurité internationale.  Son blogage est l'expression la plus évidente de la crise de l'organisation, et il est le fait des cinq membres permanents l'organisation, et il est le fait des cinq membres permanents et non des dix autres élus qui sont renouvelés tous les deux ans des dix autres élus qui sont renouvelés tous les deux ans. Les débats sur les reformes du Conseil sont aussi récurrente qu'assez vains, parce qu'elle ne pourrait advenir qu'à l'initiative du Conseil lui-même, avec l'accord des cinq membres permanant dotés du véto. Elle n'en pas moins néoécossais à la fois de la nouvelle distribution de la puissance dans le monde, et pur lui donner plus d'efficacité en limitant ou en conditionnant l'usage du véto. Lun et l'autre relancer la légitimité de l'ONU, en étant plus représentatif de la nouvelle distribution de la puissance dans le monde, et pour lui donna e  d'efficacité en limitant ou reconditionnant l'usage du véto. L'un et l'autre tiennent de la tiennent de la gageure. Les cinq membres permanents du Conseil sont les Alliés vainqueurs du Nazismes  (Etats-Unis, Royaume-Unis ,France, Russie, Chine.)  

LES FONDEMENTS DE LA PUISSANCE AMERICAINE/  EGEMONIE ET DECLIN 

Au cours du XX siècle, les Etats-Unis ont triomphé des deux totalitarisme, le Nazisme puis le communisme, se posant ainsi en ultimes garants de la sécurité du système international. Après 1945, les grandes priorités des Alliés vainqueurs, et en premier lieu des Etats-Unis, portaient sur l'ouverture économique et la liberté des mers comme du commerce international, l'instauration d'institutions multilatérales autour des Nations-Unies, la construction d'alliances de sécurité, dont l'OTAN et la solidarité démocratiques. Les américains ont été tout au long de la guerre froide la première puissance mondiale en rivalité avec l'URSS et assumant pleinement leur prééminence de ( république impériale ), donc une hyperpuissance. Les attaques terroristes du 11 septembre 2001, la montée en puissance des BRICS à commencer par la Chine, le revanchisme agressif de la Russie ont mis fin à ( ce monde unipolaire. ) Les Etats-Unis n'en demeurent pas moins la première puissance mondiale, y compris grâce à leur démographie. Ils disposent de deux façades océaniques et exercent leur domination à travers la maitrise des espaces communs, haute mer, espace aérien, espace atmosphérique et  datasphère. Au fil du temps, c'est par leur conception globale du monde qu'ils ont assis leur supériorité sur les autres puissances. Le pouvoir des américains sur la scène internationale s'exerce au travers de vecteurs tels que les alliances, le droit, les plateformes numériques, mais aussi le soft power, avec l'attractivité de la culture américaine et un mode de vie qui fascine aussi les classes moyennes des émergents. La puissance militaire américaine est une évidence, concentrant entre 40 et 50 % du total mondial des dépenses militaires. L'appareil militaire est l'unique à même de mener des opérations d'envergures et sur la durée, partout dans le monde. Ses ressources en termes d'équipement dépassent de Loin celles de tous ses potentiels rivaux, sauf pour le nucléaire où la Russie dispose d'un peu plus d'ogives, et pour la flotte où la Chine peut déployer autant de navires de guerre, même si de moindre tonnage. Mais si l'action militaire reste la colonne vertébrale du leadership américain, elle ne peut être la seule ?  para ailleurs, le dynamisme de l'économie est l'autre des grands atouts. Avec leurs 326 millions d'habitants, les américains bénéficient d'un très vaste marché intérieur, d'une autonomie énergétique grandissante aussi bien pour le fossile que pour le renouvelable et d'une forte capacité de recherche et d'innovation. Ils demeurent la première économie mondiale tant en valeur nominale, avec un PIB de 25 440 milliards de dollars en 2022, qu'en volume. Pour le moment, le dollar reste la principale monnaie mondiale tant par son rôle dans les échanges internationaux que dans la composition des réserves des banques centrales. A cela s'ajoute l'arme de son droit. Toute transaction en dollar ou impliquant un ressortissant américains peut faire l'objet d'une poursuite par la justice américaine. Cette conception extensive de la législation altère quelque peu la relation transatlantique mais elle demeure un redoutable levier, notamment pour la mise en œuvre de sanctions économiques que Washington veut punir. L'avance technologique est également une composante fondamentale surtout pour le secteur des semi-conducteurs, essentiels aussi bien pour l'informatique ou l'automobile que l'industrie de défense. 

 VERS LE CREPUSCULE D'UNE HPERPUISSANCE 




















 



 







































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