lundi 30 décembre 2019

GÉOPOLITIQUE/ LES RICHESSES AU SAHEL, UNE SOURCE DE CONFLIT?


Dés son arrivée au pouvoir, Emanuel Macron souhaite mettre fin aux opérations militaires françaises unilatérales au Sahel et promeut la résolution des conflits par une approche multilatérale.  L’urgence de la crise Malienne a montré que cette stratégie diplomatique de résolution des conflits par l’ONU ou les organisations régionales Africaines « la CEDEAO en Afrique de l’Ouest, ou la CCAC en Afrique centrale,  l’Union Africaine » était un échec. Néanmoins,  on ne peut se contenter de considérer les ressources extractives pour comprendre les tensions et les dynamiques conflictuelles au Sahel. Il est nécessaire d'intégrer d'autres enjeux économiques parfois extrêmement localisés. 

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Lors de ces crises, les pays de la région, aux intérêts divergents, soutenant ou non le régime en place, ploquaient toute décision d’intervention. C’est ainsi que pour résoudre la crise Malienne, une mission militaire africaine sous commandement africain avait été prévue pour être déployée dans le meilleur des cas. Le président Macron, se retrouva pris dans un dilemme insurmontable : soit il décidait d’une intervention militaire qui renouait avec la politique d’ingérence et donnait l’image d’une politique néocolonialiste, soit il refusait toute ingérence et la France se verrait accusée de coupable indifférence. Le ministère de la défense a su suppléer aux carences de la diplomatie Française, Jean Yves le Drain s’est transformé en un véritable proconsul de l’Afrique francophone, avec la double casquette d’expert militaire et de diplomatie chargé des affaires africaines.  Les ambassadeurs civils des pays en crise ont été remplacés par des ambassadeurs ayant eu une carrière militaire (Mali, Centrafrique, Burkina Faso). Les relations bilatérales privilégiées avec le Tchad, le Niger, la Mauritanie, le Niger, et L’Algérie ont permis à la France de trouver des Etats prêts à s’engager dans les combats. Dans la phase de stabilisation, la France a fait en premier temps appel au Conseil de sécurité de l’ONU, qui a permis à l’armée Française de se redéployer dans la bande sahélo-saharienne pour s’adapter aux nouvelles menaces. La France est consciente qu’à long terme, faute d’effectifs et de moyens, elle ne peut agir seule. Le talon d’Achille de cette politique européenne de défense est de trouver des effectifs parmi les Vingt Huit pour impliquer ses partenaires européens.  L’Eurocorps voit finalement le jour, un corps d’armée d’environ 60 000 hommes constitués de contingents Allemands, Français, Belges, espagnoles, Luxembourgeois et de Polonais.

LE SAHEL / ZONE GRISE ET CARREFOUR DES INTÉRÊTS
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Située entre l’océan Atlantique et lac Tchad, entre le Sahara et les fleuves Niger et Sénégal, le Sahel est désormais qualifié de zone grise, autrement dit, zone de non-droit et placé sur l’agenda international au gré de la hausse de la contrebandes, des trafics de drogues, d’armes et de migrants, de la résurgence des rébellions armées Touarègues au Mali et au Niger. Revendiqués par des islamistes et mises en place par les services secrets des pays de la région, la branche maghrébine AL Qaïda s’est formée en 2007. Au fil du temps, le chef des Azawad « Touaregs », concentrés à Kidal et qui représentent que 6% de la population a était envoyer en Arabie-Saoudite comme consul du Mali. A son retour, il crée la branche islamiste d’Ansar-El-Dine,  instrumentalisé par les services Saoudiens. Les Mauritaniens, contrôlent également la branche islamiste du Djihad et Taouhid, afin d’empêché l’influence du GSPC basé en Algérie, et qui a décidé d’internationaliser ses activités djihadistes et de se fondre dans la nébuleuse terroriste. Le Maroc, encadre sa branche islamiste, sous le nom de fils du Sahara pour la justice islamique, financé conjointement par le Maroc et l’Arabie saoudite. En dehors des monarchies du CCG, le Maroc a eu toujours le privilège et les financements nécessaires de ses activités dans les conflits régionaux même en Libye, le maréchal Khalifa Haftar, allié de la CIA contrôle le pays avec des islamistes dépêchés par la monarchie du Golfe ( Emirats-Arabes-Unies, les Saoudiens et des milices Tchadiens recrutés par un ex-agent du Mossad dépassant les 4000 soldats sans oublier les milices Soudanais et ÉgyptiensLa région est en proie à des rivalités ethniques tenaces, à des différents Étatiques parfois latents, à des rébellions internes plus au moins larvées et à de la criminalité transnationale bien organisée. Souvent, il existe une imbrication opérationnelle ou financière entre mafieux et terroristes, citant a l’occasion les chiites Libanais et Iraniens qui sont étroitement liés aux groupes mafieux afin de financés les milices chiites en Syrie, en Irak et au Yémen. Cette poudrière Malienne, défient la puissance publique dans ses prérogatives, de plus la région est le lieu d’une lutte d’influence entre le Maroc, l’Algérie, la France et ses alliés qui voient le Sahel comme une zone stratégique, et rivalisent pour s’assurer l’exploitation des ressources de son sous-sol. Les Etats Sahéliens qui sont en première ligne, sont la Mauritanie, le Mali, le Niger, le Sénégal, le Burkina Faso sont les pays les plus concernés par les menaces. A l’exception du Nigeria, riche Etat pétrolier mais fortement clivé. Ces nations appartiennent à la catégorie des pays les moins avancés qui, selon une définition des ONU, n’ont pas les moyens de fournir les services de base à leur population, comme l’accès à la santé, l’éducation et surtout à la sécurité. Avec une superficie proche de 1 million de km, dont la moitié Nord est formée de désert, ces Etats ne peuvent contrôler et administrer efficacement l’ensemble du territoire. Délaissés par leur gouvernement totalitaire et corrompus, les habitants ont peu de raison de coopérer avec l’Etat central et n’hésitent pas à tirer profit des opportunités qui se présentent, fussent-elles criminelles. Les pays Sahéliens ont en effet sollicités l’aide de leur partenaire Occidentaux, et tout particulièrement celle de la France, ancienne puissance coloniale de la région et avec laquelle certains de ces Etats ont signés des accords bilatéraux de défense. Une approche européenne  a été développée par la France, associant l’Espagne, l’Allemagne, mais elle ne saurait être confondue avec une approche coordonnée de l’UE.  Dans cette région formant la périphérie immédiate de l’Europe, ont un impact direct sur la sécurité de l’UE et ses Etats membres. De même, les Etats-Unis ont mis sur pied « le Trans-Sahara Counter Terrorism Partnership TSCTP avec les Etats de la région et récemment un centre de fusionnement des renseignements basé en Tunisie. Il ne s’agit ni de conflits inter- étatique, ni de guerre civiles, et ces Etats ils font face à des insurrections à caractère politico-mafieux, et les menaces à la stabilité des pays sont internes, comme les tentatives de coup d’Etat en Mauritanie et au Mali, ou de coup de force constitutionnel au Niger. Si l’Europe et les Etats-Unis demeurent les principaux pôles commerciaux du monde, l’Asie, dans son ensemble, occupe une place de plus en plus importante dans les échanges mondiaux.  Première puissance commerciale du monde, l’Europe doit en partie sa position à l’intensité de ses échanges interrégionaux. Sous l’effet de la montée en puissance des autres pays émergents comme la Chine, l’Inde, le Mexique, le Brésil, la Malaisie, et l’Indonésie comme moteurs du commerce régional et mondial, la France et ses partenaires Européens se tournent alors vers les énergies et les intérêts commerciaux de continent Africain. L’intervention Française au Mali fait resurgir des interrogations sur les motivations de l’envoi de troupes armées ? . Les motivations sont avant tout économiques et Macron défendrait ainsi l’exploitation des ressources minières (pétrole, Gaz, Uranium, Diamant, Coltan).  Décidément le Mali dispose de ressources du sol gigantesques, lesquelles pourraient conduire encore une fois de plus à une malédiction des richesses. Alors que les pays intéressent fortement les majors pétroliers tels que Total pour les immenses ressources énergétiques du basin de Taoudéni, situé à cheval sur les territoires du Mali et de l’Algérie. Ce sont également des réserves de gaz situées à la proximité de la capitale Bamako et ses mines d’or qui pourraient attirer les convoitises. 

COURSE AUX ARMEMENTS ET UN CONTINENT EN PROIE DE GUERRE 


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Depuis la fin des guerres d'indépendance dans les années 1960-
1970, l'Afrique reste soumise à de nombreux conflits régionaux déstabilisateurs à long terme. C'est le cas de la Libye, la Centrafrique et le Nigéria ou les situations politiques ont des conséquences directes pour les pays voisins, les obligeants à moderniser leurs armements. Deux acteurs se détachent, l'Algérie et le Tchad, déterminés à apparaître comme des puissances régionales. Tandis-que l'Algérie a les plus importantes dépenses du continent ( 10,4 milliards en 2017), destinées aussi bien à assurer l'ordre intérieur qu'à surveiller l'environnement régionale. De l'autre coté, le Tchad accueille le quartier général de la force multinationale mixte, décidée en 2015 et forte de 8700 militaires du ( Bénin, du Cameroun, du Niger, du Nigéria et du Tchad). Outre l'enjeu régional, la hausse des dépenses militaires s'explique par la volonté de protéger des sites stratégiques, notamment pétroliers. C'est le cas du Ghana et de l'Angola qui ont enregistré les plus fortes hausses entre 2013 et 2014, 129% et 37% respectivement. La piraterie en Afrique est généralement associée à la cote nord-Est du continent, le Golfe de Guinée, sur les rives occidentales, est devenu une zone active pour cette pratique. Le nombre d'attaques dans la région a augmenter à partir de 2017,  principalement au Nigéria, d'ou sont originaires la majorité des pirates. Actifs dans le trafic du pétrole, ils ont pénétré dans des zones maritimes jusqu'alors peu inverties par les Etats côtiers. Cette situation a créé un déficit de gouvernance, laissant en suspens des conflits locaux comme la péninsule de Bakassi entre le Cameroun et le Nigéria, et un terrain favorable au développement de la piraterie tant en haute mer que sur les littoraux. L'impact économique direct de la piraterie en Afrique de l'Ouest est ainsi estimé entre 764 millions et 934 millions de dollars de pertes. La lutte contre ce phénomène est d'abord passée par des accords militaires bilatéraux avec la France et les Etats-Unis. L'UE a lancé un programme "routes maritimes critiques du Golfe de Guinée", afin de sécurisé le transport, toutefois, le problème reste une coopération régionale qui a tardé à se mettre en place. Toujours en Afrique, les richesses énergétiques en Libye vont transformé toute la région en une véritable poudrière, alimentant l'insécurité dans les pays voisins comme l'Algérie, la Tunisie, la Mauritanie, le Tchad, le Mali, le Niger et le Nigéria. Depuis l'intervention de la Turquie, la Russie, l'Italie, la France, la Jordanie, l'Egypte, le Tchad, les Émirat et l'Arabie-Saoudite dans le conflit Libyen, ces derniers s'affrontent directement ou indirectement, pour satisfaire géographiquement des visées territoriales, terre, mer, espace, impérialistes, hégémoniques, ou expansionnistes; pour sécuriser leurs approvisionnement vitaux en énergie, et les voies stratégiques; pour renforcer leurs avancées technologiques. Des héritages empoisonnés de la colonisation, de la décolonisation et de l’effondrement des empires entretiennent et enveniment ces conflits et ces tensions. Les dépenses d'armement sont à cet égard autant l'expression et la conséquence des tensions que la cause des conflits. 
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Après avoir dominé le monde pendant prés de quarte siècles, l’Occident voit aujourd’hui son hégémonie politique remise en question. Au cours de cette période, il aura réussi à imposer son modèle politique de mondialisation, ses valeurs et nombres de ses pratiques à l’ensemble du monde. Les Etats-Unis et l’Europe observent presque avec étonnement l’émergence de nouvelles puissance concurrentes. A l’heure du nouvel ordre mondial, la puissance a changé de forme et de géographie. En ce début de XXI siècle, le monde est devenu multipolaire et très agressif, d’où seuls les intérêts priment.

MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA






2 commentaires:

  1. En dépit des croyances Occidentales sur le dépassement des Etats par le marché et la société civile, les premiers acteurs des relations internationales et donc aussi des conflits restent.S'ils se meuvent dans un cadre multipolaire et multilatéral, au milieu d'un champ de forces également marqué par l'action concurrente des entreprises globales, des médiats globaux et d'une multitude d'acteurs atypiques, sans omettre l'économie illégale, mondialisée depuis longtemps, ni les acteurs infra-étatiques dont l'action vise tout les Etats. Néanmoins, les causes des conflits entre Etats, et celles des conflits intraétatiques ne sont pas de même nature et déclenchent des processus différents.

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  2. Concernant l'Algérie, la polarisation du conflit Libyen est exacerbée par l'offensive militaire mené par les deux antagonistes ( Haftar et el- Sarraj) accusés d’être des pions au service des puissances. La survie politique du général Haftar a favoriser l'emballement des violences, opérant dans les coulisses, il a systématiquement entrepris de faire échouer le processus de transition et de saper son rival potentiel (el-Sarraj). Soutenus par plusieurs pays étrangers, il a réussi à étendre son influence territoriale et à gagner le contrôle d'une grande partie de l'appareil militaire, excluant catégoriquement le piétinement du processus et l'ingérence de la communauté internationale. Depuis l'intensité des violences, le conflit s'est enlisé sur plusieurs fronts et peut s'exporter au pays voisins. La diplomatie algérienne, qui a connu une longue léthargie sous Bouteflika, ce réveil actuellement avec une schizophrénie diplomatique face a un pays plongé dans une guerre civile meurtrière. A mon avis, le pouvoir Algériens doit jouer la carte de non ingérence afin qu'il puisse être immunisé contre la contagion Libyenne. d’ailleurs, ni Ben-Bella, ni Boumédiane, ni Chadli, ni Zarouel, n'ont pu résoudre la question de la bande frontalière situé au Nord de la Libye, restant toujours un point de fixation imposé par Kadhafi. Les autorités Algériennes, sont conscients que cette carte de frontière doit refaire surface un jour quelque soit le régime en Libye.

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