lundi 21 décembre 2015

GEOPOLITIQUE : LA CPI, le conseil de sécurité et le Moyen-Orient


Chargée de juger les personnes accusées de crime contre l’humanité, la Cour pénale internationale (CPI) de la Haye reste soumise aux directives des Etats membres du Conseil de sécurité.



Depuis sa création en 2002, le CPI ne serait qu’une émanation néocolonialiste s’attaquant de manière sélective à des dirigeants gênants pour les chancelleries occidentales. Les critiques avaient également été nombreuses sur l’Afghanistan, le Honduras, le Géorgie, la Russie, le Colombie, le Corée du nord, l’Algérie, est actuellement la Syrie et l’Irak. Le cas du président du Kenya qui a qualifié l’institution de raciste et impérialiste, il a demandé à la CPI un report de leur procès afin d’assurer leur mandat. La cour refusa, en traînant une véritable crise diplomatique. Après un long bras de fer entre les Etats membres du conseil de sécurité, notamment la Chine et la Russie d’un côté, la France et les Etats-Unis de l’autre, les charges ont été abandonnées fin 2014. En coulisse, la Russie et la Chine ont propulsés les frustrations de l’Union africaine, et de certains Etats au-devant de la scène internationale, qui ont soumis au conseil de sécurité une résolution préconisant l’ajournement des procès. L’UA a catalysé les reproches à l’encontre de la CPI, alors jugée « afro-centrée. Depuis, les dix enquêtes menées début 2002 n’ont abouti qu’à une seule condamnation, celle du chef de la milice congolaise, Thomas Lubanga. En 2009, lorsque la CPI lança un mandat d’arrêt contre le président soudanais Omar –El- Bachir, ce dernier a refusé de coopérer, selon la Russie et la Chine, les chefs d’Etats doivent bénéficier d’une immunité spéciale, car leur absence constituent une menace géopolitique et géostratégique pour la stabilité de toute la région. Autrement dit, les régimes autoritaires utilisent la crainte du retour à la guerre civile, comme principale argument ; d’autres jouent la carte de la montée des mouvements djihadistes. Une concession qui, sans la nommer, semble taillée sur mesure pour le cas du président Tunisien, Ben-ALI protégé par l’Arabie-Saoudite, également pour le président Égyptien El- Sissi, le président Irakien, et surtout le criminelle Bachar-El- Assad, que l’histoire retiendra son génocide contre son propre peuple. La diplomatie Française, ainsi que celle des Américains pourrait désamorcer le bras de fer entre la CPI et ses criminelles sans foi ni Loi, mais la Russie et la Chine s’opposent contre toute tentative de condamnation contre le président Syrien.

LES LOBBYS DES MULTIPOLARITES RÉGIONALES


Le Moyen –Orient a été le théâtre de profonds bouleversements qui ont changés l’équilibre des forces et les enjeux d’influences. L’Arabie Saoudite se présente comme leader du monde Arabe en plus d’être déjà le leader autoproclamé du monde musulman. D’un autre côté, l’Iran est vu comme pragmatique et réaliste, à même de contribuer à une multipolarité régionale avec Israël et d’autres pays qui permettraient aux Etats-Unis de se désengager de la région au profit de l’Asie. En revanche, l’Etat dont la puissance est la plus stable dans la région est l’Etat hébreu. Dotés d’économies fortes, de forces armées modernes et efficaces, Israël reste à l’abri de la poudrière du Moyen-Orient, et défend ses intérêts en grâce au soutien des Etats-Unis. Le gendarme du monde joue un double jeu, tout se passe comme si la CIA désirait créer une tripolarité : soutien indéfectible à Israël, poursuite de l’alliance avec l’Arabie Saoudite pour maintenir l’ordre dans le monde sunnite-chiite. La réintégration de l’Iran dans le concert régional, pourrait à terme devenir un partenaire important des Etats-Unis  pour maintenir l’équilibre dans la région, ce qui affaiblira inéluctablement l’influence de l’Arabie-Saoudite. L’Etat islamique et les djihadistes contestent la légitimité du régime monarchique, et l’EI reprend à son compte le discours de l’union d’un guide spirituel et temporel de l’Oumma. L’organisation s’attaque aux populations chiites afin de forcer le royaume à réagir : soit il protège ses chiites au risque de contredire son idéologie Wahhabite qui considèrent les chiites comme des hérétiques ; soit il lutte contre l’expansion des mouvements chiites frappés par l’EI, comme les Houthis, et renforce ainsi son antagonisme avec l’Iran. La Syrie et l’Irak, Etats autoritaires fondés sur la prédominance d’une partie de la population sur les autres (chiites-sunnites), ont incité les arabes sunnites à encourager la longévité de l’EI. Le déploiement d’une large coalition au sol, la déchéance de Bachar-El-Assad du pouvoir semble une stratégie faible de sortie de conflit en Syrie. Si le conseil de sécurité reste divisé sur le sort de Bachar, l’EI s’est indubitablement imposé comme un acteur incontournable.


Les régimes arabes sunnites sont vus comme des corrompus et des despotiques, les forces chiites, Iran, Syrie, Irak, Hezbollah comme hérétiques, et les Etats-Unis et Israël sont perçus comme des oppresseurs des musulmans et les ennemis de l’islam. Et même la coalition occidentale et celle menée par l’Arabie Saoudite, anéantissent l’EI et après quelles seront les conséquences au Moyen-Orient ?

MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA              


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