Chargée de juger les personnes
accusées de crime contre l’humanité, la Cour pénale internationale (CPI) de la
Haye reste soumise aux directives des Etats membres du Conseil de sécurité.
Depuis sa création en 2002, le CPI ne
serait qu’une émanation néocolonialiste s’attaquant de manière sélective à des
dirigeants gênants pour les chancelleries occidentales. Les critiques avaient
également été nombreuses sur l’Afghanistan, le Honduras, le Géorgie, la Russie,
le Colombie, le Corée du nord, l’Algérie, est actuellement la Syrie et l’Irak.
Le cas du président du Kenya qui a qualifié l’institution de raciste et
impérialiste, il a demandé à la CPI un report de leur procès afin d’assurer
leur mandat. La cour refusa, en traînant une véritable crise diplomatique.
Après un long bras de fer entre les Etats membres du conseil de sécurité,
notamment la Chine et la Russie d’un côté, la France et les Etats-Unis de
l’autre, les charges ont été abandonnées fin 2014. En coulisse, la Russie et la
Chine ont propulsés les frustrations de l’Union africaine, et de certains Etats
au-devant de la scène internationale, qui ont soumis au conseil de sécurité une
résolution préconisant l’ajournement des procès. L’UA a catalysé les reproches
à l’encontre de la CPI, alors jugée « afro-centrée. Depuis, les dix
enquêtes menées début 2002 n’ont abouti qu’à une seule condamnation, celle du
chef de la milice congolaise, Thomas Lubanga. En 2009, lorsque la CPI lança un
mandat d’arrêt contre le président soudanais Omar –El- Bachir, ce dernier a
refusé de coopérer, selon la Russie et la Chine, les chefs d’Etats doivent
bénéficier d’une immunité spéciale, car leur absence constituent une menace
géopolitique et géostratégique pour la stabilité de toute la région. Autrement
dit, les régimes autoritaires utilisent la crainte du retour à la guerre
civile, comme principale argument ; d’autres jouent la carte de la montée
des mouvements djihadistes. Une concession qui, sans la nommer, semble taillée
sur mesure pour le cas du président Tunisien, Ben-ALI protégé par
l’Arabie-Saoudite, également pour le président Égyptien El- Sissi, le président
Irakien, et surtout le criminelle Bachar-El- Assad, que l’histoire retiendra
son génocide contre son propre peuple. La diplomatie Française, ainsi que celle
des Américains pourrait désamorcer le bras de fer entre la CPI et ses
criminelles sans foi ni Loi, mais la Russie et la Chine s’opposent contre toute
tentative de condamnation contre le président Syrien.
LES LOBBYS DES MULTIPOLARITES RÉGIONALES
Le Moyen –Orient a été le théâtre de
profonds bouleversements qui ont changés l’équilibre des forces et les enjeux
d’influences. L’Arabie Saoudite se présente comme leader du monde Arabe en plus
d’être déjà le leader autoproclamé du monde musulman. D’un autre côté, l’Iran
est vu comme pragmatique et réaliste, à même de contribuer à une multipolarité
régionale avec Israël et d’autres pays qui permettraient aux Etats-Unis de se
désengager de la région au profit de l’Asie. En revanche, l’Etat dont la
puissance est la plus stable dans la région est l’Etat hébreu. Dotés
d’économies fortes, de forces armées modernes et efficaces, Israël reste à
l’abri de la poudrière du Moyen-Orient, et défend ses intérêts en grâce au soutien
des Etats-Unis. Le gendarme du monde joue un double jeu, tout se passe comme si
la CIA désirait créer une tripolarité : soutien indéfectible à Israël,
poursuite de l’alliance avec l’Arabie Saoudite pour maintenir l’ordre dans le
monde sunnite-chiite. La réintégration de l’Iran dans le concert régional,
pourrait à terme devenir un partenaire important des Etats-Unis pour maintenir l’équilibre dans la région, ce
qui affaiblira inéluctablement l’influence de l’Arabie-Saoudite. L’Etat
islamique et les djihadistes contestent la légitimité du régime monarchique, et
l’EI reprend à son compte le discours de l’union d’un guide spirituel et
temporel de l’Oumma. L’organisation s’attaque aux populations chiites afin de
forcer le royaume à réagir : soit il protège ses chiites au risque de
contredire son idéologie Wahhabite qui considèrent les chiites comme des
hérétiques ; soit il lutte contre l’expansion des mouvements chiites
frappés par l’EI, comme les Houthis, et renforce ainsi son antagonisme avec
l’Iran. La Syrie et l’Irak, Etats autoritaires fondés sur la prédominance d’une
partie de la population sur les autres (chiites-sunnites), ont incité les
arabes sunnites à encourager la longévité de l’EI. Le déploiement d’une large
coalition au sol, la déchéance de Bachar-El-Assad du pouvoir semble une
stratégie faible de sortie de conflit en Syrie. Si le conseil de sécurité reste
divisé sur le sort de Bachar, l’EI s’est indubitablement imposé comme un acteur
incontournable.
Les régimes arabes sunnites sont vus
comme des corrompus et des despotiques, les forces chiites, Iran, Syrie, Irak,
Hezbollah comme hérétiques, et les Etats-Unis et Israël sont perçus comme des
oppresseurs des musulmans et les ennemis de l’islam. Et même la coalition
occidentale et celle menée par l’Arabie Saoudite, anéantissent l’EI et après
quelles seront les conséquences au Moyen-Orient ?
MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA
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