La pensée
conspirationniste possède trois traits caractéristiques :
« l’hypercritique, la révélation d’une autre réalité et finalement la dénonciation
d’un complot. La place croissante des idées conspirationnistes dans le monde
Arabo-Musulman conduit à s’interroger sur ce phénomène. Il convient donc de se
pencher sur les caractéristiques de la pensée conspirationniste, sur ses
protagonistes, leurs motivations et surtout les conspirateurs désignés.
Cette
théorie est vielle comme le monde, elle affirme l’existence d’un méga-complot
émanant d’un groupe dont le but est d’être le maître du monde. L’histoire retient dans ses archives les « Illuminati » qui ont préparé la voie
à un gouvernement mondial unique, responsable depuis le XVIII siècle de tous les
maux du monde : la guerre d’indépendance Américaine, la révolution Bolchevique, les deux guerres mondiales, les attentats du 11 septembre, Sous
couvert de régulation de la population mondiale et l’élimination de certaines
races jugées néfastes. Les complots existent et ont toujours existé, ils sont
attestés par les historiens à toutes les époques et dans tous les pays, des
imposteurs qui répètent le conspirationnisme à des fins multidimensionnelles
fortement organisés agissant dans l’ombre.
Depuis le 11 septembre, la montée des discours sur l’existence de
conspiration mettent des doutes sur ce qu’ils appellent la vérité officielle.
Ses forces obscures, jettent des braises sur le monde Arabo-musulman et
viellent jusqu’à son anéantissement. Empêtré dans des crises successives, le
monde Arabo- musulman peine à sortir de l’ornière. Les logiques
conspirationnistes, nourries par les complots des dernières décennies et
entretenues par le radicalisme religieux et des régimes autoritaires et
despotiques prouvent qu’un complot dévastateur existe. Aux yeux du public
arabe, ce ne sont pas des griefs socio-économiques et les dérives des
autocrates qui étaient parmi les causes des bouleversements historiques du
printemps arabe. Ce ne sont pas non plus l’érosion des structures étatiques en
Syrie et en Irak et des conflits confessionnelles « sunnite-chiite »
qui ont propulsé l’Etat islamique sur le devant de la scène internationale,
l’objectif est l’incitation à l’islamophobie. Les raisons pour ses événements
secrètes cible la déstabilisation de certains Etats au Maghreb « Algérie,
Libye », et au levant ainsi que la prolifération de l’Islam radicale. Ce
complot des forces obscures et le fruit d’une stratégie ficelée par les
Etats-Unis, la Russie, et leurs alliés croisés et sionistes, leurs services de
renseignement respectifs et, bien entendu, les multinationales. Leurs objectifs
ultimes, soumettre les musulmans et les peuples arabes et s’adjuger l’accès à
leurs marchés et leurs richesses pétrolières, par les coups- d’Etat, et la
force. Le phénomène conspirationniste est lion d’être éradiqué aux pays du
monde musulman, ces théories réductrices fleurissent et gagnent en ampleur,
compte tenu des bouleversements politiques et sociaux du climat d’insécurité
nourri par la guerre civile en Libye, en Syrie, en Irak, au Yémen, le Mali, et
le Nigéria. Dans l’histoire coloniale et post coloniale, le monde arabe à été
pendant plus d’un siècle victime de complots et de division. Les lobbys d’influences et les intérêts géoéconomiques et géostratégiques de pouvoirs
étrangers, « Etats-Unis, Royaume- Unis, et l’Union soviétique ont eu un
impact majeur et prolongé sur la mémoire collective des pays arabes, notamment
sur la délimitation de frontières artificielles et surtout la création de
l’Etat d’Israël. Si on remonte dans les abysses troubles de l’histoire, tout a commencé par des promesses et des attentes. De 1915 à 1916,
le haut-commissariat Britannique au Caire, était favorable à l’indépendance des
Etats arabes en échange de leur soutien armé contre les Ottomans, mais la
question sur la Palestine restait incertaine. En 1916, les accords secrets
entre les Britanniques et la France marquent leurs zones d’influences au
Moyen-Orient et obtiennent lors de la conférence de San Remo en 1920, la
tutelle administrative sur la Syrie, l’Irak le Liban, la Transjordanie et la
Palestine, un projet plus au moins répréhensible d’une action menée en commun
et secrètement. Dans ça déclaration de 1917, Arthur Balfour, assure aux juifs
que le gouvernement de sa majesté fera en sorte que le peuple juif puisse y
établir son foyer national, le projet prend forme avec le partage de 1947 des
territoires Palestiniens et ensuite la création d’Israël en 1948. L’une des
aventure coloniales, la crise du canal de suez, déclenchée en 1956, bien que
motivés par des intentions différentes, le Royaume-Unis, la France et Israël
s’étaient secrètement entendus, dans les protocoles de Sèvres, sur l’attaque de
l’Egypte. Suite aux expériences de l’ère coloniale, répondus au Moyen-Orient,
les conspirationnistes s’enrichissent de nouvelles collusions réelles durant la
guerre froide. Les américains s’installent comme nouvel acteur puissant dans la
région, le pétrole s’établit comme une ressource stratégique et globale et le
conflit israélo-palestinien prend des proportions alarmantes. Le soutien
accordé à Israël par les américains lors de la guerre de six jours en1967, et
de Kippour en 1973, est interprété comme l’œuvre du lobby sioniste à Washington.
C’est également dans ce contexte que les services de la CIA et le Mossad,
montent l’opération « AJAX », afin de faire chuter le premier ministre
Iranien Mossadegh en 1953, une force hégémonique de la CIA qui montre qu’elle
était capable d’inversé le sort de tout un pays. Ce complot était conçu et
préparait d’avance afin de sauvegarder les intérêts stratégiques américains, et
explique les raisons des interventions militaires des Etats-Unis dans la région,
notamment en Irak en 1990- 1991, et en 2003. Ses intentions secrètes qui
tournent autour de la politique américaine, d’autres complots ciblent les
représentants des régimes sur place. Ainsi lors des accords de paix de Camp
David avec Israël « 1978 », Anouar el-Sadate « 1970-1978)
cède à la tentation financière américaine et aurait par la suite vendu son pays
à l’Ouest, se scénario se répète actuellement avec le président El-Sissi, mais
sous d’autres théories. De telle tentation s’avèrerait toujours suicidaire, l’exemple
de Saddam reste marqué dans les annales de l’histoire, lorsque la diplomatie
américaine lui aurait d’abord donné son accord implicite pour envahir le Koweït,
puis cela leur aurait fourni le prétexte pour attaquer l’Irak afin de le
neutraliser en tant que puissance régional. Ainsi les théories du complot s’introduisent
comme un moyen de critique pour cibler des souverains autoritaires, des
monarques, des chefs d’Etats, ou encore les mollahs Iraniens.
Les théories des
complots constituent un arsenal puisant, facile à modifier et à adapter, pour s’opposer
à un appareil étatique souvent perçue comme répressif. Les groupements
politiques divers ont recours à des armes rhétoriques que sont les enjeux du conspirationnisme.
Le nouvel ordre mondial, orchestré par les américains, a donné naissance à des
récits conspirationnistes qui germent face à des menaces externes, réelles ou perçues.
Ils dominent également un rôle décisif au sein du jeu politique dans les pays
et sont ancrés dans les relations entre la société et le pouvoir étatique.
MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA
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