Malgré la mainmise du président
Bouteflika sur l’institution militaire et le déclin des généraux qui ont gérés
le pays depuis 1962 jusqu’à 2004 avec une main de fer, l’unité du pays n’est
pas encore réalisée et l’héritage du passé entrave la longue marche vers la
voie de l’apaisement. Ce constat révèle le profond fossé séparant le pouvoir
d’une population asservie.
Avec plus de 97% de ses exportations
issues des hydrocarbures, l’Algérie est très dépendante de ses ressources
naturelles. Alors que 70% du budget de l’Etat provient de cette rente et que
les réserves de changes dépassent les 190 milliards de dollars, le pays affiche
un lourd déficit d’infrastructures et ses industries. Le chômage atteint 11% de
la population et le PIB par habitant est de 7300 dollars. Pour pallier ça
balance économique, elle a signé un accord d’association avec l’UE, le texte prévoyait
un abaissement progressif des droits de douane jusqu’en 2017, avec ce partenariat,
elle emboîtait la pas à ses voisins maghrébins. Afin d’atteindre ces objectifs,
l’UE a signé plusieurs accords prévoyant une coopération dans le domaine
politique, économique, financier, culturel et social. Les deux partenaires se
sont entendus pour ajourner à 2020 la mise en place de la zone de
libre-échange, soufrant par la faiblisse de ses PME, Alger a obtenu le gel des
taux de droits de douane pour 11000 lignes tarifaires dans les filières
agricoles et ses débouchés. Exclu de l’OMC, le pays découvre les revers de la
libéralisation de son marché. Le revirement algérien est soumis à une forte
pression extérieure, avec un bénéfice de
sa balance commerciale de 9,17 milliards d’euros avec l’UE, auxquelles vient
s’ajouter une conjoncture politique défavorable. Certes la tyrannie des généraux
est complètement déclinée du paysage politique et financier algérien, mais on
assiste à une montée dévastatrice d’une mafia politico-financière d’homme
d’affaires qui défient même l’équilibre de l’Etat. Pour cette année, les
révélations sur le blanchiment d’argent au sein des banques étrangères, s’élèvent
à 1 milliards d’euros, sans oublier d’autres milliards dans les banques de HSBC
et les banques suisses. Ses sommes détournés sont le fruit des rentes
pétrolières de 2000 à 2010 qui avoisinent plus de 900 milliards. Malgré
l’installation des attachés commerciaux aux seins des ambassades afin de mieux
contrôler ce phénomène, l’impunité reste de mise. L’Ambassadeur en poste à
Paris n’est accessible que par les hommes d’affaires, la diaspora algérienne
exige un bilan moral et financier sur l’ensemble des ambassadeurs et les consules
qui échappent à tout contrôle. Le ministère des affaires étrangères chapeauté
par « Lamamra », est soumis au clientélisme, au favoritisme, laissant
aux calandres grecques les compétences des élites qui sont aptes pour gérer la
tumultueuse diplomatie algérienne.
LES SCÉNARIOS DU PIRE POUR L’ALGERIE
Le pouvoir central essaye d’intégrer
la population Touaregs et anticiper les conséquences de la guerre en Libye,
mais l’équilibre des forces reste fragile. La préoccupation primordial de
l’Algérie demeure dans la cohésion de son territoire peuplé par les Touaregs
qui revendiquent un Etat autonome. Depuis 1992, l’Algérie a fait de la
non-ingérence militaire sur son territoire un principe constitutionnel.
L’intervention militaire Française au Mali n’était guère admise dans la
stratégie Algérienne ses derniers, ont tenté de s’y opposer en mettant en avant
à l’ONU et sur la scène diplomatique internationale un scénario qui,
privilégiait une solution politique négociée. Partenaire de tous les accords de
fin de conflit entre les Touaregs et le Mali depuis 1991, Alger mène séparément
des pourparlers avec les protagonistes, quitte à s’entretenir avec le groupe
Ansar-Eddine, allié à Al-Qaïda au Maghreb et au Mujao. Le but recherché est la
division ce qui a abouti à mieux contrôlé la nébuleuse islamiste dans la région.
Le président Bouteflika est encore considéré comme l’homme providentiel qui a
rétabli la stabilité après les années noires au fait, il s’agit d’une
réconciliation à la « Chilienne » afin d’apaisé les tensions sociales,
mais le mécontentement du peuple est toujours palpable. La classe d’hommes d’affaires
qui profite encore du développement économique, est entachée de corruption et d’énormes
scandales, touchant toutes les institutions de l’Etat notamment la Sonatrach et
la chaîne judiciaire. La libération politique demeure une façade, et les
alternatives du FLN seront limitées après Bouteflika ainsi que la faiblisse des
partis d’oppositions, absence d’infrastructures et d’emploi, police et justice
faible et corrompue.
Les disparités régionales sont très importantes,
notamment dans le secteur de la santé et l’éducation. A tous cela s’ajoute la
menace terroriste qui frappe aux portes des frontières du pays. L’Algérie de
demain aura de nombreux défis, voire un printemps arabe dévastateur,cette mafia politico-financière
émergente imposera ça propre dictature économique, sociale et culturelle.
MOHAMMED CHÉRIF BOUHOUIA
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