La détérioration du climat
sécuritaire au sein du CCG, offre un prétexte idéal à l’Arabie saoudite pour
renforcer la solidarité entre les monarchies face au Qatar. Durant cette année
une crise diplomatique a secoué les pétromonarchies, avec le retrait des ambassadeurs
de Bahreïn, les Emirats, et de l’Arabie saoudite en poste au Qatar.
LES MONARCHIES, LES FRERES MUSULMANS
ET LE QATAR
Historiquement, les monarchies ont
donné refuge à la confrérie suite aux vagues de répressions menée par Nasser,
Sadate, et Moubarak. Seulement leurs discours appelant les fidèles à participer
à la scène politique, les ont transformés en une menace pour ses régimes qui
redoutent un souffle de révolte déstabilisateur. Sachant éventuellement que les
frères musulmans ne reconnaissent pas la monarchie au sien de l’islam
politique. La confrérie est la hantise des pétromonarchies, car elle est perçue
comme une menace à la pérennité des dynasties au pouvoir. Avec la montée en
puissance de l’islam sunnite dans le monde, en quête de leadership, l’Arabie
saoudite, marquée par le vieillissement de la famille régnante, les frères
représentent un enjeu crédible sur l’échiquier islamique. Sur le plan
géopolitique, le Qatar se sent coincé entre deux défis, l’Iran et les Al-Saoud.
Depuis les soulèvements du printemps arabes, le Qatar a bien réussi à instrumentaliser
les djihadistes, et surtout se dresser contre la gérontocratie saoudienne
incapable de réformer sa règle successorale. Le souci majeur de cette minuscule
émirat, repose avant tout sur la sécurité et la stabilité par- rapport a ses
voisins, des lors on comprend mieux que Hamad, qui tire les ficelles dans
l’ombre, a du mal à lâché la carte les frères musulmans et les djihadistes.
Voulant être le leadership de l’islam sunnite dans le monde, pour des raisons
géopolitiques et géostratégiques dans la région, le coup d’Etat illégitime de
la junte militaire en Egypte contre Morsi, et les condamnations à mort contre
des milliers de la confrérie, plus les assassinats arbitraires, viennent de
changer la donne. L’aide financière prodiguée par les pays du CCG, ainsi que
les armes fournis par la maison blanche, au général Sissi, a fait changer
totalement la stratégie du Qatar. Le souverain a déployé des gestes forts,
comme l’interdiction des prêches du prédicateur (Youssef al-Qaradawi) et
l’expulsion des frères musulmans vers le Soudan et la Turquie. Taxé comme
organisation terroriste par la junte Egyptienne, la majorité des pays arabes,
et nom arabes reconnaissent les frères musulmans comme un parti politique qui
tolère la non-violence depuis 1928.
Le Qatar a réussi à se construire une
stabilité dans la région, à l’abri des velléités hégémoniques de ses voisins.
Cette protection est due à l’appui des Américains qui possèdent deux sites
militaires, la France est aussi un allié fort dans la politique étrangère du
Qatar. Considérer comme un acteur intermédiaire entre les mouvances islamiques
et l’Occident, cette position de leader régional et remise en question. Le Qatar a des
atouts qui peuvent devenir sources de chute et d’instabilité.
MOHAMED CHERIF BOUHOUIA
LE PARADOXE GEOPOLITIQUE DANS LE GOLFE EST-IL POSSIBLE SANS L'IRREMEDIABLE DEPENDANCE DU CCG ENVERS LES AMERICAINS?
RépondreSupprimer