mardi 16 juillet 2013

L’EGYPTE : L’ARMEE ET LES FRERES MUSULMANS

Protectrices des ordres dictatoriaux au Moyen-Orient, les forces armées arabes ont néanmoins soutenus les révolutions de 2011, toutefois, le rôle de l’ETAT profond, comme on désigne le poids des militaires dans les affaires publiques, ne devrait pas fondamentalement être remis en cause par les processus de transition.




Après le départ de Moubarek, le plus grand mouvement populaire de protestation qu’ait connu l’Egypte contemporaine donna naissance à la montée en puissance des frères musulmans et à un bras de fer entre ces derniers, l’opposition libérale et les militaires. L’armée Égyptienne a tout au long de son existence conservée le contrôle de son budget et ses intérêts économiques, ce qui a abouti au coup d’Etat de Morsi. Les militaires égyptiens, tenaient déjà les rennes du pays depuis le 13 juillet 1952, lorsque les officiers libres ont renversé la monarchie du roi Farouk. Depuis, et de façon ininterrompue durant soixante ans, ce sont toujours ses chefs militaires qui se sont succédé aux commandes. Nasser et ses compagnons (membres du comité du mouvement des officiers libres)  ont tous milité outre leur formation militaire, dans diverses formations politiques de droite ou de gauche, y compris celle  des frères musulmans. L’un des moyens ingénieux utilisés par l’armée pour garder son prestige fût de renforcer le corps de la police aux ordres d’un général. Cette force va surtout être pour les « maîtres » comme un paravent, attirant les éventuels ressentiments de la population comme un maintien de l’ordre non seulement musclé, mais très répressif et surtout une justice expéditive. Au fil du temps l’armée devient l’âme du régime, où elle détient jusqu’à  à 55% de l’économie du pays et que ça domination sur tous les secteurs et quasi absolue (industrie de la pèche, tourisme, l’immobilier, l’agriculture et autres). Après la chute de Moubarek, le régime militaire prit les habits neufs de l’éventuel recours face au désordre. Ainsi, l’armée continua à consolider son avenir politique, tout en œuvrant pour empêcher la chute totale de l’ordre ancien. Les généraux se sont donné du temps de se maintenir au pouvoir, en montant leurs adversaires les uns contre les autres et surtout en se rapprochant des frères musulmans, qui n’avaient rejoint que tardivement le mouvement protestataire. Le maréchal Tantawi et ses sbires ont aussi misé, tout comme l’ont fait par le passé El-Sadate et Moubarek, sur la vieille stratégie de soutenir secrètement les islamistes pour les présenter comme une menace et après la révolution, une vitrine démocratique afin de sauvegarder leur influence, et surtout l’aide financière de l’occident.



PUTSCH ET TRANSITION A MARCHE FORCÉE

Au lendemain du coup d’Etat orchestrés par les membres du CSFA (le conseil suprême des forces armées) contre MORSI et les frères, le générale Al-Sisi ancien chef du renseignement militaire formé aux États-Unis a pu remplir sa mission dictée par ses maîtres du CSFA avec une main de fer dans un gant de velours. Les services secrets Égyptiens ont basculé le nouveau régime tout en manipulant El- Baradei, prix Nobel de la paix et la bête  noire des musulmans (la charia ne nourrit pas le peuple),  Munir Abdel nour, leader du parti Wafd (parti laïc) et ancien ministre du tourisme, et Ahmed said, président du très populaire parti des Égyptiens libres, sans oublier l’homme des coulisses et des militaires, Amro Moussa. Les condamnations, les moqueries et même les insultes les plus crues composaient la majeure partie des slogans adressés à Morsi et à son mouvement (nous leur avons montré que nous étions des Égyptiens  des coptes, des athées, et que les frères musulmans ne sont qu’un cauchemar dont nous venons de nous réveiller). Au sein de l’armée le CSFA n’a jamais été éloigner du jeu politique, ironie du sort, c’est Morsi lui-même qui, en août 2012, avait choisi Sissi pour remplacer Tantawi, au lendemain d’une attaque visant des gardes-frontières dans la péninsule du Sinaï. On pensait que l’ancien patron des services proche des frères musulmans et pourtant dans une allocution télévisée, le 3 Juillet, Sissi venait d’achever le complot de l’histoire, les frères savaient qu’ils vivaient la dernière bataille d’une longue guerre entamée il y a quatre-vingts ans. Aujourd’hui  l’avenir de la confrérie est plus qu’incertain, la chasse aux sorcières est ouverte, près de 800 mandats d’arrêt ont été émis à l’encontre de dirigeants du mouvement. Au moment où Sissi s’exprimait devant des millions d’Egyptiens, les forces de sécurité interpellaient les propriétaires de plus d’une quarantaine de chaines islamistes, qui ont vu la diffusion de leurs programmes interrompue. Certes les frères musulmans vivent la plus grave crise politique de leur histoire, y compris la trahison des monarques du Golf (Arabie Saoudite, Koweït, Émirat Arabe) qui ont fait couler des millions de dollars à la junte, afin d’empêcher la contagion des frères  qui ne reconnaissent pas la monarchie au sien de l'Islam politique  mais il serait prématuré de croire qu’ils vont quitter la scène politique. Nasser,Sadate, et Moubarek ont voulu chacun à son tour et par des actes inhumains ( assassinat  torture,disparition physique, perpétuité etc...), pour se débarrasser de ces derniers, aucun d'eux n'y est parvenu. Il a fallu attendre le vent du printemps Arabes pour que les maîtres de l'ombre donnent le coup de grâce.




L'UE et les Etats-UNIS évoque la monopolisation du pouvoir par les frères musulmans, ce qui a favoriser le putsch  Néanmoins la part de l'ombre est que cette tentative va pousser les salafistes à commencer par l'Algérie, la Tunisie, la Libye, la Somalie, le Sahel, la Jordanie, la Syrie, l'Irak, le Yémen, le Pakistan et aussi le Bangladesh  à mettre sur pieds  leurs  idéologie sur le devant de la scène internationale. En somme l'avenir ne sera pas un chemin de rose, mais le monde connaîtra une spirale internationale des salafistes. 
  
MOHAMED CHERIF BOUHOUIA

1 commentaire:

  1. LE COUP D'ÉTAT EN EGYPTE ENTRAÎNERA INDÉNIABLEMENT, L'INTERNATIONALISATION DES SALAFISTES. LES PETRO-MONARCHIES ET LES DICTATURES ARABES AINSI QUE L'OCCIDENT, SERONT IMPLIQUÉES DANS CE CONFLIT DÉVASTATEUR.

    RépondreSupprimer