samedi 8 septembre 2012

Les états saheliens:quel contrôle pour le commerce des armes?



Située entre l’océan Atlantique et le lac Tchad , le Sahara le fleuve Niger et le Sénégal, le Sahel est désormais qualifié de nouvelle zone grise, est placé sur l'agenda international au gré de la hausse de la contrebande, des trafics de drogues, d'armes :c'est un terreau propice qui échappe à tout contrôle et constitue un enjeu de taille sur le plan géopolitique et géostratégique dans l’ensemble de la région.


La Mauritanie, le Mali, le Niger, le Sénégal, le Burkina Faso sont les pays les plus directement concernés par ces menaces. Selon une définition des Nations-Unies , ces nations appartiennent à la catégorie des pays les moins avancés, autrement dit ,ceux qui n'ont pas les moyens de fournir les services de base à leur population, comme l’accès à la santé ,à l’éducation, et surtout à la sécurité. Avec des superficies proches de 1million de KM carré , dont la moitié nord est formée de désert, ces États ne peuvent administrer efficacement l'ensemble du territoire, créant ainsi des « ZONES » dans lesquelles les rebelles, trafiquants d' armes et mouvance islamiste peuvent opérer commodément . Ces troubles suscitent diverses réactions parmi les acteurs tiers, comme l'UE et les États-Unis. Les pays sahéliens ont en effet sollicité la France , comme puissance coloniale de la région , et avec laquelle certains de ces États ont signé des accords bilatéraux de défense. Une approche euro sahélienne a été développée par la France , associant l' Espagne et l'Allemagne, cependant elle ne saurait être confondue avec une approche coordonnée de l'union européenne. Dans cette région formant la périphérie immédiate de l’ Europe , les activités illégales qui s'y développent ( trafics d’armes , migrations, traite négrière, terrorisme, ont pourtant un impact direct sur la stabilité « sécurité » de l'UE et ses États membres. A travers ce conflit morbide les États Unis qui se considèrent comme le gendarme du monde ont mis sur pied ( le TRANS- SAHRA) avec les États de la région. Cependant, l’Algérie qui considère les partenaires occidentaux comme illégitimes «  non ingérence » . Face à ces tensions , il est donc difficile de coordonner les réponses à cette insécurité régionale. Paradoxalement les Nations-Unies , la banque mondiale et l'agence française de développement considèrent les menaces que fait peser l'organisation terroriste ne semblent pas suffisamment alarmant pour susciter la constitution d'un front uni des États pour les contrer. Selon leur logique , il ne s'agit ni de conflit inter-étatique , ni de guerres civiles, et ces États font face à des insurrections à caractère politico-mafieux , et les menaces à la stabilité de ces pays sont internes.

origine du trafic d'armes dans le Sahel

Les pillages d’entrepôts militaires ,et l'armement de la population , encouragé par Kadhafi dans le but de brouiller les cartes, ont en effet permis l'apparition de nombreux circuits parallèles. Ceux-ci se sont peu à peu étendus à tout le Sahel , sans pour autant négliger
l'implication des mercenaires étrangers, encouragées par les victoires successives du « CNT »qui ont constitué un vecteur capital de cette expansion. Le colonel Mohamed AG NAJIM responsable d'une unité d'élite de l'armée libyenne détachée dans la ville de Sebha
a déserté à la fin 2011 après avoir puisé dans les entrepôts du régime . Il a ensuite gagné le Nord du Mali , dont il était originaire, avec le soutien de ses lieutenants déserteurs de l'armée Malienne et de clans touaregs , il en est désormais le chef d'état-major depuis janvier 2012. Un terreau propice et très lucratif pour ce petit colonel qui a soutenu avec ses armes « AQMI » et Ancar Dine dans la lutte conjointe contre le régime de Bamako. Selon les analystes de la question une énorme quantité a circulé vers le Sud , le Mali , le Nigeria, le Front Polisario ,et également l’Algérie , sachant que lors de ce trafics d'armes dans cette région d'autres « mercenaires » étrangers ont saisi cette opportunité . L’évaluation du nombre d'armes en circulation est faramineux, les observateurs internationaux évoquent à (1 million d' armes légères , de 20 000 missiles sol-air , ainsi que d'importants stocks de fusils et de pistolets, sans oublier les armes distribuées par L'OTAN , la ligue arabe , l’Arabie Saoudite , le Qatar et les Émirats arabes unis , l'estimation est à hauteur de plus de 40 tonnes cet arsenal engendre des fusils d'assaut, des missiles antichars et surtout des mitrailleuses destinées aux berbères du DJEBEL NAFOUSA au sud de Tripoli « on comprend mieux l'acheminement des armes aux rébellions touaregs » . A moyen terme si le bourbier du Sahel progresse encore il est fort probable que les risques s’étendent en Syrie, la région du Sinaï, la Somalie et même au Moyen- Orient. La Trans-Saharan , initiée en 2004 par les Américains dans le but de soutenir la formation des armées régionales contre le terrorisme et qui implique ( l’Algérie , la Tunisie, le Maroc, la Mauritanie,le Sénégal, le Mali, le Nigeria, et le Tchad) ainsi que la stratégie européenne pour la sécurité et le développement du Sahel ,adopté en 2011, et le comité d’État-major opérationnel conjoint (CEMOC) ou l'unité de fusion et liaison ( UFL) basée en Algérie afin de combiner les activités de renseignements restent pratiquement inertes par rapport aux dimensions économiques , et aux enjeux géopolitiques qu'elle engendre ( risque d'ingérence(1) , guerre civile , méfiance des interventions directes de L'UE ) .Les ambiguïtés obscures qui planent encore sur la situation du Sahel , nécessitent une véritable expertise, des moyens financiers et surtout la coordination de tous les acteurs potentiels pour stabiliser la région ; cependant les avis divergent et le fléau ne cesse de gagner de jour en jour du terrain.


Dans le cadre d’États répressifs, totalitaires, ou autoritaires, les conflits naissent le plus souvent de la réaction de minorités et de groupes variés qui s'estiment persécutés ou réprimés et luttent pour obtenir la reconnaissance de leurs droits religieux , culturels , politiques, et civiques , voire l'autonomie , ce sont le cas des pays du Sahel.


MOHAMED-CHERIF BOUHOUIA

(1) : devoir d'ingérence :

Ce concept moral et caritatif a été juridiquement transposé , très encadré, au sein des Nations Unies , sous le nom de « responsabilité de protéger ». Cependant , le problème reste posé : comment ce principe est-il mis en œuvre ? Et par qui? Ce qui soulève à chaque occasion un triple problème de légitimité, d'opportunité, et d’efficacité, sauf quand il s'agit du Conseil de sécurité lui-même qui décide unanimement ; mais ceci reste une utopie .

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