jeudi 19 janvier 2023

 LE QATARGATE/ LE MAROCGATE ET LA COMMISSION EUROPÉENNE

Créée par le traité de Rome le 25 mars 1957, les Communautés européennes, la Commission représente l’institution la plus original de l’organisation. Elle est en effet composée de membres désignés d’un commun accord par les gouvernements, mais qui une fois nommés exercent leurs fonctions en pleine indépendance, dans l’intérêt générale des Communautés. Ayant un rôle d’initiative et d’exécution des décisions adoptées par le Conseil, cette institution supranationale dispose d’un pouvoir important, dans un nombre croissant de domaines. Elle est notamment chargée de la réalisation complète de l’Union économique et monétaire.


Ce nouveau centre de pouvoir est critiqué en raison de son opacité bureaucratique. Les vingt commissaires qui le composent sont assisté d’une administration composée de 15000 agents, répartis entre un secrétariat, 23 directions générales et différentes services d’exécution. La proposition d’un DG peut être adoptés sans débats dés lors qu’elle fait l’objet d’un accord entre chefs de cabinet. Elle est alors transmise au Conseil pour être parfois formellement approuvée, sans vote, si le groupe de travail qui l’étudie estime que la proposition ne fait l’objet d’aucun désaccord. Cette procédure logique, mais ignorée de tous, est en partie contestée, faute d’une communication politique. Exécutant un budget communautaire qui s’élève à plus de 97 milliards d’euros, la commission réalise un travail important de gestion quotidienne des affaires. En 1998 sont révélés des détournements de fonds communautaires, destinés aux pays méditerranéens ( programme MED), puis à la Bosnie et au Rwanda ( ECHO), visant la rémunération d’emplois irréguliers. Plusieurs commissaires sont convaincus de favoritisme. Le développement de la fraude et de la corruption au sein de la Commission provoque une crise institutionnelle et politique sans précédent qui conduit le Président Jacques Santer à présenter la démission collective de la Commission le 16 mars 1999. La nomination de la nouvelle Commission, présidée par Romano Prodi, est approuvée le 16 septembre 1999. La crise a joué, dans le cadre du triangle institutionnel, en faveur du Parlement européen, charge du contrôle politique des institutions européennes. Au moment où les crises balkaniques donnent à l’Union européenne une dimension diplomatique et militaire, la Commission se doit d’intégrer les règles de communication dont, en système démocratique, aucun pouvoir ne saurait être exempt. La poursuite et le succès de la construction européenne sont à ce prix.

LE QATAR, LE MAROC ET LES JEUX D’INFLUENCE AU PARLEMENT EUROPÉEN


L’enquête pour corruption au cœur du Parlement européen s’élargit, et, après le Qatar, c’est désormais un autre pays est pointé du doigt, le Maroc. Des membres des services de renseignement extérieurs du royaume auraient rencontré à plusieurs reprises des personnes visées par les investigations de la justice belge. L’enquête sur le Qatargate a déjà mentionné les dons que Panzeri a reçu du Maroc par l’intermédiaire d’Abderrahim Atmoun, l’ambassadeur du Maroc à Varsovie. L’espion «M118 » des services marocains infiltré au Parlement européen aurait mis les deux hommes en relation. Cet espion marocain agissant sous le pseudonyme de Mohamed Belahrech, déjà connu des services Français depuis longtemps,  était l’architecte des tentatives de corruption au sein du Parlement. M118 était ciblé des services de renseignements européens et pour cause, il avait été déjà impliqué dans une affaire de corruption lorsqu’en 2016, des documents très sensibles contenant des informations sur des individus radicalisés avaient été volés par un policier à l’aéroport parisien d’Orly pour être livrés au Maroc. Le vol de ces documents était accompagné de voyage tous frais payés ainsi que des pots-de-vin allant jusqu’à 17 000 euros. Selon les investigations européennes, les enquêtes des services secrets européens remontent à cinq mois, au moins. Paradoxalement, le Qatar, affirme qu’il n’a pas agi en premier lieu, ce seraient les agents des services Marocains qui auraient tissé des relations avec des hommes politiques et le personnel du Parlement de Bruxelles. Le scandale est appelé à s’étendre à plus de soixante députés européens qui pourraient être impliqués. Sachant que l’ex-parlementaire italien apparaît comme le personnage central de l’affaire Qatargate qui agite le Parlement. Selon nos sources, il aurait été approché en 2017, par l’ancien ministre du travail du Qatar, Ali Ben Samikh Al Marri, pour mener un lobbying au sein du Parlement européen. D’après les informations qui ont fuité dans officines occultes, il aurait également perçu des fonds du Maroc pour appuyer ses intérêts auprès des parlementaires. Les ONG ( Fight Impunity ), qui partage ses locaux avec 11 ONG dont ( No Peace Without Justice), qui ont étaient présidé entre 2017 et 2019 par Panzeri, ont reçus des financements direct de la part du Maroc et le Qatar. Plus étonnant encore, parmi les membres honoraires du conseil d’administration de Fight Impunity, qui figurent encore sur le site Web de l’ONG, on retrouve Emma Bonino ainsi que d’autres personnalités comme l’ancien premier ministre francais Bernard Cazeneuve, le Prix Nobel de la paix congolais Denis Mukwege, ou encore l’ex-commissaire européen grec Dimitris Avramopoulos. Ce dernier a récemment déclaré qu’il avait reçu 60 000 euros de Fight Impunity, tout en reconnaissant n’avoir effectué aucune activité exécutive pour pour le compte de l’ONG. L’ensemble de ses membres a démissionné depuis que l’affaire a été rendue publique. Néanmoins, une question de taille qui interroge encore le Parlement, et les tentatives de corruption, de lobbying, pression et tentative de corruption pour les intérêts marocain à travers l’Afrique, notamment en matière d’investissements et d’exploitations des richesses.

MAROCGATE ET LE SAHARA OCCIDENTAL



S’agissant de la question sahraouie, le lobbying marocain intervient non seulement dans l’UE mais aussi auprès des Nations unies, car au niveau Onusien, le conflit du Sahara occidental est considéré comme une question de décolonisation inachevé. Grace à ces efforts de lobbying et l’appui de membres influents du Conseil de sécurité, les monarchies arabes, comme l’Arabie-Saoudite, les Émirats , Israël, les États-Unis et l’Espagne, que le Maroc a toujours réussi à empêcher l’ONU de faire respecter son obligation d’organiser un référendum d’autodétermination au Sahara occidental. Il s’agit d’un réseau qui fonctionne au Parlement européen, depuis longtemps et qui est, mis sur pied par le Maroc. Panzeri, fondateur de cette ONG destinée à couvrir ce réseaux de corruption ont été arrêtés car ils étaient au courant et qu’ils bénéficiaient, depuis longtemps, d’argent envoyé par le Maroc. Ont constate donc à l’existence, à l’intérieur de l’institution, d’un réseau qui essaie de passer outre les discours mettant en avant les arguments du droit international et des droits de l’homme, et aussi même l’aspect sécuritaire du conflit du Sahara occidental.

VULNERABILITE DES RÉGIMES MONARCHIQUES



Malgré les accords d’Abraham entre Israël et les monarchies du Golfe, le Maroc et la Jordanie sont considérer à part entière comme des membres du CCG ( Conseil de coopération du Golfe, incluant l’Arabie-Saoudite, Oman, le Koweït, les Émirats, et le Qatar). Le but des accords d’Abraham avec Israël et de réduire l’influence de l’Iran face aux monarques, et de l’autre coté de la méditerranée, soutenir le Maroc militairement contre toute invasion de la part des armées Algériens, concernant toujours le problème du Sahara occidental. Bien que les régimes monarchiques du CCG, le Maroc et la Jordanie aient fait preuve de résistance, ils présentent d’importantes faiblesses structurelles:  une corruption généralisée, une dépendance excessive à l’égard des matières premières et des monarques personnalistes. Les manifestations publiques font peser des menaces croissantes sur les monarchies, renversant 10 régimes entre 2010 et 2017; 19 autres régimes ont été destitués lors d’élections, souvent organisées en réponse à des protestations de masse. La corruption était l’une des principales motivations de nombreuses manifestations, et les régimes monarchiques ont tendance à être plus corrompus que les démocraties. Ceux qui dépendent des matières premières pour financer leurs réseaux de mécènes et alimenter leur économie seront vulnérable aux fluctuation des prix, surtout si les transitions énergétiques font baisser le prix du pétrole. Les régimes monarchiques personnalistes dans lesquels le pouvoir est concentré sur une seule personne ou une famille, ont tendance à être les plus corrompus et les plus erratiques dans la prise de décision, les moins aptes à planifier leur succession, et les plus enclins à déclencher des guerres par procuration et à intensifier les conflits. Aujourd’hui, la forme la plus courante de régime autoritaire est personnaliste, passant de 23% des dictateurs en 1988 à 40% en 2016. Et d’autre régimes notamment en Chine et les pétromonarchies, évoluent dans cette direction. Pour tenter d’étouffer, de résister ou de répondre au mécontentement de la population, les régimes autoritaires utilisent des formes nouvelles et traditionnelles de coercition, de coopération et de légitimation. Outre la répression, les régimes s’appuieront sur la cooptation pour convaincre des alliés essentiels de rester fidèles. De nombreux gouvernements autoritaires chercheront à asseoir la légitimité populaire par des performances gouvernementales efficaces et des idéologies convaincantes.


A défaut d’une nouvelle idéologie, de nouvelles approches ou même des combinaisons de système inédites, apparaîtront, de la gouvernance centralisée à la gouvernance localisée, d’un rôle étatique fort à un rôle non étatique fort, de la démocratie à l’autoritarisme, de la laïcité à la religion, ou du nationalisme à l’internationalisme. Ces changements ou transformations entraîneront une contestation indéniable entre les groupes conservateurs et les groupes innovateurs.

MOHAMMED CHÉRIF BOUHOUYA


N.B/


Il faut noter que la nature de ces changements, transformations ou nouveaux modèles est incertaine et difficile à prévoir. Parmi les résultats possibles, on peut citer : l’émergence des villes ou des régions infranationales au cœur de la gouvernance si les populations considèrent que les gouvernements locaux sont d’avantages dignes de confiance et capables de résoudre les problèmes que les gouvernements nationaux; le secteur privé et d’autres acteurs non étatiques supplanteront et remplaceront les gouvernements dans les domaines de l’assistance sociale et de la sécurité ; la renaissance de la démocratie, si elle s’adapte aux défis mondiaux à venir ; ou la tentation de la vague autoritaire, partiellement inspirée du modèle de capitalisme autoritaire chinois fondé sur la technologie. En outre, de nouveaux modèles ou idéologies de gouvernance, qui n’ont pas encore été envisagés ou identifiés, pourraient émerger et s’imposer par la force.











































































1 commentaire:

  1. Les monarchies du CCG plus le Maroc et la Jordanie, se soutiennent massivement notamment sur l'échiquier géopolitique ou géostratégique. La corruption notoire ne date pas d'aujourd'hui, ils craignent les changements idéologiques profonds dans les moments de crise, à la suite d'une guerre majeure ou d'un effondrement économique, car les populations sont alors disposés à adopter des changements systématiques audacieux pour résoudre des problèmes globaux. D'autres facteurs de stress, tels qu'une nouvelle pandémie ou une catastrophe majeure, souligneront les lacunes des gouvernements et produiront des conditions propices à l'émergence de nouveaux modèles ou de modèles alternatifs si les dysfonctionnements se maintiennent.

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