GÉOPOLITIQUE DES ARMES/ L’EMPIRE DE LA NRA
En 2021, son budget était de 1,6 milliards de dollars, comparativement au FBI qui disposait de prés de 10,5 milliards. L’ATF ( organisme responsable de l’encadrement du commerce et de la possession des AAF) reste le parent pauvre des institutions policières fédérales. En 1977, la NRA est critiquée par l’ATF, elle réclame l’abolition de l’ATF puis, par peur que le contrôle des AAF ne passe aux services secrets, elle change son approche et obtient du président Ronald Reagan le Firearm Owner’s Protection Act en 1986. Cette loi affaiblit les contrôles, en ce qui concerne le commerce des AAF et les pouvoirs de l’ATF. De plus, elle diminue les sanctions imposées aux commerçants et rend plus difficiles les poursuites judiciaires. Pire encore, le loi interdit la création d’une base de données contenant des informations sur les AAF ( vendeur original, propriétaire, numéro de série, etc. .) Ces informations, toutes compilées sur le formulaire 4473 rempli lors du premier achat d’une arme à feu, restent sur du papier une fois la vérification effectuée. Les formulaires sont gardés dans des conteneurs qui doivent être explorés à la main pour répondre aux demandes des autorités policières. Pour la seul année 2108, il y eut 453 000 demandes. La loi limite le transfert d’information vers les institutions publiques, les experts et même les médias. Cette procédure d’interdiction est renforcée en 2003, par (l’Amendement Thiart), qui stipule qu’un transfert n’est possible que dans le cadre d’une enquête criminelle. Il est donc difficile de contrôler les AAF pour les autorités. La puissance du lobby des AAF e du Congrès sur l’ATF affecte son rendement. Le bureau reste conciliant avec les contrevenants : 81% des 35 500 infractions distribuées de 2012 à 2019 n’ont eu de suite autre qu’un avertissement. Si les infractions sont liées à de la documentation mal remplie, le transfert d’armes à des mafieux, des ventes massives à des individus, la falsification de documents et bien d’autres infractions comme la corruption restent impunies. Ce phénomène s’explique par le manque d’information, mais aussi par le souci de l’ATF d’éviter d’attirer l’attention de la NRA, du Congrès et des médias. La pression est si forte par la NRA que le bureau de l’ATF n’a pas de responsable depuis 2015. Il est paradoxal de noter que d’un coté, le lobby pro-AAF dénonce sans cesse la puissance de l’ATF et réclame son abolition. D’ailleurs, l’industrie de la NRA est protéger de toute poursuite liée à l’utilisation dangereuse de ses produits par l’adoption du ( Protection in Lawful Commerce Act ) en 2025 par G.W. Bush, une loi qui encadre parfaitement la NRA; et protège les producteurs et détaillants de poursuite judiciaires. L’industrie n’a donc aucun compte à rendre en ce qui concerne la mise sur le marché et l’utilisation de sa production et ce, même si elle sait qu’elle est détournée vers le marché noir et les pays voisins. Le Président Joe Biden qui cherche a en finir avec la NRA ce trouve confronter directement aux Républicains et les mouvances de l’extrême droite américaine. Un dilemme qui risquerait de plonger le pays dans une guerre civil et le déclin de la puissance américaine. Les États-Unis sont à l’origine du trafic d’AAF en Amérique, parce que l’offre est pratiquement inépuisable. Selon le Small Arms Survey, les Américains possédaient plus de 394 millions d’AFF en 2017. Stimulées par la pandémie, les ventes se sont établies à 22 millions d’AFF en 2020. Peu réglementé, ce stock peut facilement se retrouver sur le marché noir. La hausse de 30% du taux d’homicides américain en 2020 s’explique en partie par cette explosion des ventes. En effet, une forte proportion des AFF vendues depuis le début de la pandémie s’est retrouvée en peu de temps sur une scène de crime. Sans un renforcement des démocrates et peines liés au trafic des AFF et à l’utilisation de celles-ci, il y a peu de chance que la situation change. Principal source de contrebande d’armes à feu en Amérique, les armes franchissent les frontières vers le nord et le sud afin d’y nourrir toutes les criminalités. Du Mexique, au Guatemala, en Colombie, au Nicaragua, en passant par les Caraïbes, qui sont approvisionnées depuis la Floride, les armes de contrebande équipent narcotrafiquants et rebelles qui déstabilisent les États. Cette militarisation du trafic d’armes suit celle de la mise sur le marché des armes à feu par l’industrie américaine dans les années 1980. Depuis 2010, ont compte plus 250 000 armes à feu ont traversé la frontière vers le Mexique. Selon un rapport du gouvernement Mexicains, la main mise de l’industrie américaines est en grande partie responsable de la violence meurtrière au pays. Ces accusations sont confirmées par Tabacco and Firearm Bureau ( ATF): environ 70% des armes saisies sur des scènes de crime au Mexique proviennent des Etats-Unis. Au Canada, de 2015 à 2020, plus de 5000 armes ont été saisies à la frontière. Les autorités canadiennes sont loin de juguler le trafic d’AAF en provenance des Etats-Unis. Si 754 armes ont été saisies à la frontière pour la période 2018-2019, l’ATF avait confirmé la saisie de 7294 armes en provenance du pays voisin, soit 85% proviennent du sud de la frontière. L’ATF est loin de pouvoir identifier toutes les armes envoyées et dont plusieurs ne sont jamais retrouvées.
ORIGINE DU TRAFIC ET APPROVISIONNEMENT
En premier lieu, ont trouve la production illicite. La quantité d’armes faites maison est en pleine expansion. Souvent qualifiées d’armes fantômes car elles ne portent pas de numéros de série, et elles sont prisées par des mafieux pour l’anonymité qu’elles conférent. Ces armes sont soit usinées, soit imprimées en plastique, soit moulées puis vendues sans être complètement fonctionnelles. Concernant le marché légal, les armes sont achetées par des individus n’ayant pas d’antécédents judiciaires ou psychiatriques connus. Aucune loi fédérale n’encadre les transactions privées dans ce domaine. En fin, le vol approvisionne aussi le marché noir en AFF. Les hommes de paille et les détaillants d’AFF sont aussi la cible des voleurs; de 2013 à 2017, l’ATF estime que 32000 armes ont été volées dans des magasins d’armes. Sachant également que le détournement d’AFF appartenant aux forces de l’ordre et à l’armée est aussi une source importante pour le marché noir ( le trafic affecte le Mexique, où la police est mal payée, comme le montre les statistiques de 2019.) Le trafic d’AAF suit les grands axes routiers cachées dans les voitures, camions, et trains. Les armes partent du Sud de la Géorgie, l’Alabama, Texas et l’Arizona vers New York, la Californie et bien entendu, le Mexique et le Canada. Pour le Mexique, la route est qualifiée de rivière vue la quantité d’armes exportées. Le flot représentait 2,2% de toutes les armes vendues aux USA, rapportant autour de 128 millions de dollars. Face au lobby de la NRA, la question des frontières se pose avec acuité. Les frontières sont certes plus perméables, elle ne sont plus des barrières infranchissables, mais elles continuent d’exister et d’être un facteur clé des relations internationales, au nom desquelles des tensions et des conflits peuvent surgir, notamment les pays frontaliers des États-Unis.
MOHAMMED CHÉRIF BOUHOUYA
N.B / Certains historiens américains et autres, considèrent la que les origines de la NRA remonte à l’empire diabolique du Ku Klux Klan. Né de l’imagination de quelques officiers sudistes désœuvrés, le sinistre K.K.K, longtemps toléré, incarne les démons raciste et meurtriers de l’Amérique blanche et puritaine. En 1871, le sénat vote une anti- Ku-Klux-Klan qui pousse le général Nahan B. Forrest, ancien marchant d’esclave, à proclamer la dissolution de sa diabolique organisation. Une première page de l’histoire du K.K.K est tournée; elle laisse dans son sillage les ramifications de l’empire de la NRA.
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