samedi 5 mars 2016

DEUX AMBASSADEURS ALGÉRIENS DANS LE COLLIMATEUR DE LA JUSTICE FRANÇAISE




Au cours de l’audience du tribunal d’appel de Paris consacrée à l’examen de la demande d’extradition présentée par l’Algérie et concernant trois collaborateurs de Moumène Khalifa, des révélations importantes ont été faites par ces derniers à propos de l’implication du clan Bouteflika dans le scandale.



Selon le quotidien arabophone El Nahar, les ex-collaborateurs menacés d’extradition n’auraient, en effet, pas hésité à citer les noms de personnalités algériennes qui auraient bénéficié des largesses de Abdelmoumène Khalifa en échange de facilitations et de protections. Parmi ces noms, figure celui de Abdelghani Bouteflika, frère du président, avocat de profession, qui aurait bénéficié d’un appartement sur l’un des plus grands boulevards de Paris. La confirmation par M. Ghazi Kebbache de l’existence de cet appartement et du nom de son propriétaire constitue une première dans la mesure où jusqu’à maintenant, ces informations ont été considérées comme une tentative visant à affaiblir l’entourage du président. Selon El Khabar, M. Kebbache aurait également cité le nom de M. Rachid Maârif, ex-chargé du protocole à la Présidence et actuel ambassadeur d’Algérie à Rome, qui aurait également bénéficié d’une habitation à Paris, avenue de la Grande Armée. Le témoignage de l’oncle de Moumen Khalifa fait ressortir, par ailleurs, le nom de la fille de M. Larbi Belkheïr, actuel ambassadrice d’Algérie à Rabat.Dans un contexte d'escalade d'accusation de corruption a grande échelle, aucune commission parlementaire a voté contre le renvoi des ambassadeurs inculpés devant la justice Algérienne. Toutes les accusations restent actuellement concentrées sur " le boy milliardaire", qui purge une peine de prison de 18 ans. Selon les observateurs de l'énigme Khalifa,le véritable arbitre reste le clan de Bouteflika et les nouveaux oligarques qui dirige le pays par procuration. Quant a l’Ambassadrice en poste au Maroc, son père le feu Larbi Belkhir était non seulement l'homme fort des généraux, mais également le stratège machiavélique du sérail. A travers ses malversations rocambolesques, le clan du président opte encore pour l'impunité de son entourage. 
LA SAGA  DES NABOTS

Il y a une vingtaine d’années, il n’y avait pas un seul milliardaire en Russie. Aujourd’hui, la Russie est une pépinière de richissimes hommes d’affaires. Ces personnages sont, pour la plupart, d’anciens oligarques qui ont amassé leur fortune durant la période de la Perestroïka des années 1990, lorsque Boris Eltsine bradait les biens de l’Etat , notamment les actifs de l’industrie pétrolière russe. A cette époque, nos décideurs corrompus , peu nombreux , se contentaient de rétrocommissions sur les grands marchés du secteur public et de dividendes versés par leurs protégés du secteur privé. On se souvient du scandale du gazoduc Transmed qui avait défrayé la chronique durant l’été 1993, mettant en cause des personnalités politiques italiennes et algériennes au sommet de l’Etat ( (scandale-gazoduc)
La mafia algérienne se renforce progressivement à la faveur de la privatisation du secteur public initiée par le gouvernement de Chadli. Ses membres les plus influents, les faiseurs de rois comme le cardinal de Frenda, lorgnent du côté de la dénationalisation du secteur pétrolier qui a profité aux oligarques russes. Certains se voient déjà actionnaires de Sonatrach, un moyen de s’enrichir rapidement et légalement sans avoir à blanchir l’argent sale amassé par la corruption.

Le défi était de taille car Il fallait trouver les conditions idoines (comme en Russie sous Boris) permettant de brader le pays sans que la société civile ne réagisse. La prison, les menaces de mort, la terreur des bombes et l’assassinat de ceux qui parlent vrai sont venus à bout de cette fierté des hommes du devoir qui gênent l’accomplissement de desseins mafieux. Lorsque Boudiaf adresse des commissions rogatoires à des Etats étrangers pour identifier les fortunes illégales de certains décideurs en 1992, la mafia passe à l’action en le faisant assassiner de manière théâtrale, avec retransmission en direct à la télévision. C’est à partir de cet événement tragique qu’on peut dire que la communication transcendantale des décideurs de l’ombre va marquer et même modeler la forme de pensée du citoyen lambda algérien, déjà pré-conditionnée par l’école,  et la terreur.  L’Algérie meurtrie par des années de souffrance devient le pays des paradoxes où tout devient possible, même l’inimaginable. La mafia a atteint son objectif : le peuple algérien hier fier et rebelle accepte aujourd’hui comme une fatalité tout ce que des moins-que-rien lui dictent. En 1994, la mafia des décideurs de l’ombre fixe son choix sur Bouteflika qu’elle sollicite pour assumer les fonctions de Président de la République. Bouteflika refuse une première fois avant d’accepter l’offre en 1999. La mafia pensait atteindre ses objectifs à travers cet homme politique aux idées libérales, épinglé par la Cour des Comptes en 1983, qui a failli être condamné pour détournement de fonds publics. Mais, c’est mal connaître le personnage et surtout ceux à qui il rend compte. Durant ses mandats, il met en œuvre un plan diabolique pour détruire progressivement l’économie du pays et détourner des milliards de dollars qui vont alimenter les comptes à l’étranger de la mafia algérienne. Pour arriver à ses fins, il s’entoure de responsables civils et militaires peu recommandables mais dévoués à sa cause, souvent des hommes de sa tribu. Il crée tout un vivier de ministres, sénateurs et autres qu’il renouvelle fréquemment en fonction de leur niveau d’allégeance. Il promulgue la dissolution de toutes les structures de contrôle, de réflexion et de planification dans les domaines politiques, économiques et militaires et s’assure du contrôle total de la communication de masse Avec l’effacement des institutions, Il instaure une économie de bazar et transforme l’Algérie en un véritable souk alimenté par des milliers de conteneurs qui, pour la plupart, transitent par les pays du golfe pour être exemptés de taxes douanières. Pour le support technique, il fait appel à une expertise internationale panachée en kamis et col blanc qu’il injecte dans les circuits d’importation, au niveau des terminaux à conteneurs et des circuits financiers. Des centaines de sociétés privées étrangères vont apporter leur appui logistique et faciliter le transfert illicite de devises à l’étranger, notamment par le biais de la surfacturation. Les porteurs de valise avec couvert diplomatique, les transferts électroniques de fonds et les sociétés écrans remplacent les sacs poubelles de Khalifa Bank. Un seul bémol, il manque un port en eau profonde près d’Alger pour réceptionner les gros porte-containers qui vont booster les importations en provenance d’Asie. La rente générée par une hausse inespérée des prix du pétrole lui donne les moyens d’arroser toutes les classes de la société algérienne et de nourrir au biberon des subventions un peuple qu’il a plongé dans une profonde misère. Il attribue des salaires mirobolants aux ministres, généraux, sénateurs, députés et fait élire un voleur notoire à la tête du parti majoritaire pour légiférer à sa guise, à coup de décrets, sous le regard approbateur des décideurs de l’ombre. Il veille à nommer lui-même des personnes dévouées aux postes clefs des entreprises importantes et des institutions. Il déplafonne leurs salaires, une façon d’entretenir leur allégeance. Pour les autres, tout le monde y trouve son compte, l’administration qui organise la prise en charge des pèlerinages pour la nomenklatura et la répartition de la corruption, les responsables des syndicats qui détournent les fonds des œuvres sociales des travailleurs sans oublier le secteur privé qu’on invite à payer le bakchich pour éviter l’impôt. Il ne faut pas oublier le football, sport roi en Algérie. Qu’à cela ne tienne, on autorise le recrutement de footballeurs et entraîneurs étrangers avec des salaires mensuels de plusieurs millions de dinars transférables en devises et on demande aux sociétés nationales de payer des rémunérations «hors échelle» à certains joueurs. L’Algérie n’est plus un Etat de droit, il n’y a aucune forme de démocratie car Bouteflika a su inscrire aux abonnés absents l’opposition de façade et embarquer toutes les institutions dans un train pour l’enfer. Lancée sur une voie sans issue, sa gouvernance est jalonnée d’actes de trahison envers l’Algérie qui n’ont pas été révélés au grand public, mais tout le monde connait au moins l’épopée de la loi sur les hydrocarbures qui devait consacrer le retour au système des concessions et permettre à certains membres du cabinet qui l’ont coopté de devenir légalement riches et de sortir de l’ombre. Il en fait une priorité durant son premier mandat et réussit à imposer ce fameux projet de loi sur les hydrocarbures, conçu et rédigé à Washington, destiné à priver le peuple algérien de ses ressources non renouvelables. Les rares membres du régime qui se sont opposés (notamment Noureddine Yazid Zerhouni) n’ont pas réussi à empêcher le vote de cette loi en 2005 qui allait privatiser le secteur national des hydrocarbures et constituer un grave précédent au sein de la communauté des pays exportateurs de pétrole. L’Algérie doit son salut à l’exorciste Hugo Chavez, Président du Venezuela (Membre fondateur de l’OPEP), qui s’est déplacé à Alger pour dénoncer cette loi démoniaque votée par un parlement envoûté. Un autre fait avéré, c’est son soutien au plan de destruction du système éducatif initié par ses prédécesseurs qui obéissaient au même cabinet noir. Les oligarques qui voient d’un bon œil le programme de Bouteflika observent une trêve depuis son arrivée au pouvoir. En échange, ils sont pleinement associés aux marchés de l’import-import formels et informels où ils excellent grâce à leurs réseaux internationaux. Ils espèrent un jour hériter des ruines de la société algérienne qui commence à être façonnée dans le respect de leur idéologie capitaliste.

Quel est le bilan du système éducatif ? En 2016,  L'école est sinistrée à tel point qu’il faudrait une révolution et des décades de réformes pour la remettre sur les rails du XXIe siècle. Un analyste  a avancé la curieuse théorie selon laquelle la suppression des langues étrangères dans l’enseignement des sciences a pour but de prémunir nos enfants contre la dépravation du monde occidental. L'Algérie bascule actuellement entre paranoïa et extrémisme politique fortement imposé. Ceci permettent aux Algériens désorientés de donner du sens aux événements, de les rendre lisibles, et d’échapper ainsi au spectacle terrifiant d'un pays chaotique. 
MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA        


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