Une nation en suspens et un peuple en
sursis, les grandes manœuvres ont commencés pour un avenir incertain. Le
gouvernement s’emploie à dépenser les milliards, en le qualifiant inopportunément
d’investissement, au grand bonheur d’une oligarchie, seule véritable
réalisation des quatre mandats de Bouteflika.
Au- delà de l’approche réductrice,
c’est l’absence de projet de société qui caractérise son règne.
Ses partisans
rappellent la réconciliation nationale en omettant de préciser qu’elle a été
initiée par son prédécesseur, Liamine Zeroual. Ils peuvent aussi mentionner ses
réalisations phares, en oubliant qu’elles sont entachées de corruption, le
régime en place applique à la lettre dépensé plus pour produire moins. Cet
amalgame explique l’émergence des oligarques qui ont fait fortune sur le dos du
peuple avec la complicité du sérail. La confusion caractérise aussi les
politiques pour qui multipartisme signifie démocratie, alors que, en réalité
les partis uniques pullulent. Le régime soutient les opposants dépourvus de
toute représentativité significative mais qui entretiennent l’illusion d’un
pluralisme. Certains prêtent leur leader pour faire de la configuration, le
temps très court d’une présidentielle, en réalité il n’y a jamais eu de second
tour ! Créer un parti c’est normal, à condition de ne pas menacer les
institutions acquises. De nouveaux partis sont apparus pour soutenir le
candidat sortant, ils sont comparables à l’élevage des poules aux hormones. Le
gouvernement avec ses ministres dirigent ces coalitions, encore plus nombreux
sont les responsables qui ne font aucun effort pour rester à l’écart de la
manne financière. L’Algérie certes et un pays riche mais non prospère à cause
des détournements de milliards des dirigeants, la chute des cours du pétrole et
l’achat systématique de la paix sociale présentent de grands défis au régime
dont la devise est dépenser au lieu de penser. La société civile se structure,
des citoyens se mobilisent, quand les caisses étaient pleines, les Algériens
avaient le ventre vide, que pourrait-on dire maintenant ? Des signes et
des événements planent pour un embrassement social, dont le régime est
incapable de canaliser la voix du peuple. La contestation anti-gaz de schiste a
montré une telle mobilisation que les autorités en sont restées sans voix, le
pays fait face actuellement a l’émergence d’un véritable contre-pouvoir à
travers une opposition vraiment représentative.
SUCCESSION : MONARCHIE OU RÉPUBLIQUE ?
Le pays fait très peu parler de lui
et continue d’échapper aux radars des médias internationaux. Dans un monde
arabe en proie à l’ébullition et aux violences, le régime cultive ainsi sa
différence et se veut, du moins au plan officiel, un havre de stabilité. Le
désenchantement postérieur aux révoltes de 2011 ainsi que la conviction marquée
que le monde arabe a été victime d’un complot « Américano-Israélien »
contribuent du coup à rendre peu audible toute réflexion publique quant à un changement
de pouvoir. Le clan de Bouteflika n’a pas besoin de démocratie, ce n’est pas le
moment de tenter le diable avec une nouvelle expérience d’ouverture. Les
opposants acharnées, sont taxés de suppôts de l’étranger, se soulever ? Le
pays se retrouve dans la situation de l’Egypte avec des militaires qui exercent
une répression Stalinienne contre l’opposition et surtout les islamistes. Temporisé
… Ainsi s’explique la spécificité algérienne en ces temps troublés aux enjeux
géopolitiques dramatiques Syrien, Irakien et Libyen, s’ajoute une raison majeur
résumé de l’après Bouteflika ? Toutes les grandes décisions passeraient
par le frère du président « Saïd Bouteflika », qui jouerait le rôle
de régent de fait, le Rais est très affaibli, il ne peut être sur tous les
dossiers. Son frère le supplée tandis que le premier ministre Sellel gère les
affaires courantes avec un bilan catastrophique, vu son incompétence et ses affaires
scabreuses de corruptions avec les mafias de l’import- export. Les algériens
sont de ce fait persuadés que « Saïd Bouteflika » sera le prochain
monarque. L’homme cultive la discrétion, y compris dans les milieux d’affaires
ou il est très actif. Il tisse sa toile avec machiavélisme, il noue des
alliances, se crée une cour d’obligés, une clientèle, autant de rat de garde sur
lesquels il pourrait compter lorsqu’interviendra la succession de son frère.
Toute la mafia politico-financière lui sont acquis, mais c’est lion d’être le
cas chez les militaires et le FLN. La vie politique algérienne est rarement
exempte de surprise et les retours en force d’outsiders sont toujours
possibles. L’ancien premier ministre, Ahmed Ouyahia vient de reprendre les
manettes de ce parti pivot de la
majorité présidentiel et cela après la démission forcée de son président
Bensallah. Durant la junte des généraux, Ouyahia déclarait que ceux qui ne se
conforment pas à la règle, sont des traîtres de la nation, qui pouvaient
facilement être manipulés qu’un chien pouvait être dressé à saliver au son
d’une cloche. Le décryptage de ce retour plutôt inattendu est le soutien de Saïd
Bouteflika et non comme prétendent certains analystes comme étant un
rééquilibrage décidé par le système afin de ne pas laisser le champ libre à ce dernier.
Et l’armée dans tout cela, ou plutôt
les « services », l’idée reçue est qu’il s’opposerait à la
candidature du frère de l’actuel président. Si la réticence des militaires à
favoriser l’accession au pouvoir d’une personnalité qui n’a aucune légitimité
historique, l’armée entend d’abord jouer son rôle d’arbitre et donc de faiseur
de roi. Bouteflika a imposé son talent manœuvrier car il vient d’une famille
révolutionnaire et que l’armée respecte cette légitimité, pour son frère ce
sera différent, car l’Algérie ne sera jamais une monarchie, mais un Etat nation
libre et indépendant bâti sur le sang
des martyres.
MOHAMMED CHERIF BOUHOUIA
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire