dimanche 14 juin 2015

GEOPOLITIQUE/ALGERIE : MONSIEUR BOUTEFLIKA, L’ALGERIE NE SERA JAMAIS UNE MONARCHIE


Une nation en suspens et un peuple en sursis, les grandes manœuvres ont commencés pour un avenir incertain. Le gouvernement s’emploie à dépenser les milliards, en le qualifiant inopportunément d’investissement, au grand bonheur d’une oligarchie, seule véritable réalisation des quatre mandats de Bouteflika.
Au- delà de l’approche réductrice, c’est l’absence de projet de société qui caractérise son règne. 





Ses partisans rappellent la réconciliation nationale en omettant de préciser qu’elle a été initiée par son prédécesseur, Liamine Zeroual. Ils peuvent aussi mentionner ses réalisations phares, en oubliant qu’elles sont entachées de corruption, le régime en place applique à la lettre dépensé plus pour produire moins. Cet amalgame explique l’émergence des oligarques qui ont fait fortune sur le dos du peuple avec la complicité du sérail. La confusion caractérise aussi les politiques pour qui multipartisme signifie démocratie, alors que, en réalité les partis uniques pullulent. Le régime soutient les opposants dépourvus de toute représentativité significative mais qui entretiennent l’illusion d’un pluralisme. Certains prêtent leur leader pour faire de la configuration, le temps très court d’une présidentielle, en réalité il n’y a jamais eu de second tour ! Créer un parti c’est normal, à condition de ne pas menacer les institutions acquises. De nouveaux partis sont apparus pour soutenir le candidat sortant, ils sont comparables à l’élevage des poules aux hormones. Le gouvernement avec ses ministres dirigent ces coalitions, encore plus nombreux sont les responsables qui ne font aucun effort pour rester à l’écart de la manne financière. L’Algérie certes et un pays riche mais non prospère à cause des détournements de milliards des dirigeants, la chute des cours du pétrole et l’achat systématique de la paix sociale présentent de grands défis au régime dont la devise est dépenser au lieu de penser. La société civile se structure, des citoyens se mobilisent, quand les caisses étaient pleines, les Algériens avaient le ventre vide, que pourrait-on dire maintenant ? Des signes et des événements planent pour un embrassement social, dont le régime est incapable de canaliser la voix du peuple. La contestation anti-gaz de schiste a montré une telle mobilisation que les autorités en sont restées sans voix, le pays fait face actuellement a l’émergence d’un véritable contre-pouvoir à travers une opposition vraiment représentative.

SUCCESSION : MONARCHIE OU RÉPUBLIQUE ?

Le pays fait très peu parler de lui et continue d’échapper aux radars des médias internationaux. Dans un monde arabe en proie à l’ébullition et aux violences, le régime cultive ainsi sa différence et se veut, du moins au plan officiel, un havre de stabilité. Le désenchantement postérieur aux révoltes de 2011 ainsi que la conviction marquée que le monde arabe a été victime d’un complot « Américano-Israélien » contribuent du coup à rendre peu audible toute réflexion publique quant à un changement de pouvoir. Le clan de Bouteflika n’a pas besoin de démocratie, ce n’est pas le moment de tenter le diable avec une nouvelle expérience d’ouverture. Les opposants acharnées, sont taxés de suppôts de l’étranger, se soulever ? Le pays se retrouve dans la situation de l’Egypte avec des militaires qui exercent une répression Stalinienne contre l’opposition et surtout les islamistes. Temporisé … Ainsi s’explique la spécificité algérienne en ces temps troublés aux enjeux géopolitiques dramatiques Syrien, Irakien et Libyen, s’ajoute une raison majeur résumé de l’après Bouteflika ? Toutes les grandes décisions passeraient par le frère du président « Saïd Bouteflika », qui jouerait le rôle de régent de fait, le Rais est très affaibli, il ne peut être sur tous les dossiers. Son frère le supplée tandis que le premier ministre Sellel gère les affaires courantes avec un bilan catastrophique, vu son incompétence et ses affaires scabreuses de corruptions avec les mafias de l’import- export. Les algériens sont de ce fait persuadés que « Saïd Bouteflika » sera le prochain monarque. L’homme cultive la discrétion, y compris dans les milieux d’affaires ou il est très actif. Il tisse sa toile avec machiavélisme, il noue des alliances, se crée une cour d’obligés, une clientèle, autant de rat de garde sur lesquels il pourrait compter lorsqu’interviendra la succession de son frère. Toute la mafia politico-financière lui sont acquis, mais c’est lion d’être le cas chez les militaires et le FLN. La vie politique algérienne est rarement exempte de surprise et les retours en force d’outsiders sont toujours possibles. L’ancien premier ministre, Ahmed Ouyahia vient de reprendre les manettes de ce  parti pivot de la majorité présidentiel et cela après la démission forcée de son président Bensallah. Durant la junte des généraux, Ouyahia déclarait que ceux qui ne se conforment pas à la règle, sont des traîtres de la nation, qui pouvaient facilement être manipulés qu’un chien pouvait être dressé à saliver au son d’une cloche. Le décryptage de ce retour plutôt inattendu est le soutien de Saïd Bouteflika et non comme prétendent certains analystes comme étant un rééquilibrage décidé par le système afin de ne pas laisser le champ libre à ce dernier.



Et l’armée dans tout cela, ou plutôt les «  services », l’idée reçue est qu’il s’opposerait à la candidature du frère de l’actuel président. Si la réticence des militaires à favoriser l’accession au pouvoir d’une personnalité qui n’a aucune légitimité historique, l’armée entend d’abord jouer son rôle d’arbitre et donc de faiseur de roi. Bouteflika a imposé son talent manœuvrier car il vient d’une famille révolutionnaire et que l’armée respecte cette légitimité, pour son frère ce sera différent, car l’Algérie ne sera jamais une monarchie, mais un Etat nation libre et indépendant  bâti sur le sang des martyres.

MOHAMMED CHERIF BOUHOUIA
          


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