lundi 18 mars 2013

ALGERIE: LES MILITAIRES ET LES CHEFS D'ETAT



L' armée algérienne constitue aux côtés des forces de sécurité ce qu'il est convenu d'appeler « L'ETAT PROFOND » . Cette expression évoque un pouvoir occulte, parallèle et coercitif , et dans le même temps , une garantie de la pérennité de l’état . En 2004 Bouteflika avait procédé à une mise à l'écart des décideurs de l' ANP réputés « intouchables » depuis leur prise de contrôle de l'appareil d’état à la faveur de la guerre civile ( 1991- 2002) ; cet événement qui a scellé le retrait des militaires de la gestion des affaires politiques , n' a toutefois pu se faire qu'en concertation avec le « DRS » .


L'histoire de l' armée algérienne est une histoire d'influences . Sa relation avec le pouvoir étatique , a donné lieu en son sein à des luttes intestines entre clans, menées par la génération de la guerre d' indépendance, celle qui a créé, porté et perpétué une certaine idée de l’état et du rôle de l’armée. Les algériens qui en 2014 , devront choisir un nouveau président , dénoncent le fléau de la corruption , la faiblesse des institutions notamment la chaîne judiciaire et les difficultés galopantes économiques. Malgré l'onde de choc des révolutions arabes , ces dernières n' ont pu ébranler les fondements du pouvoir , mais lui imposent des exigences de transparence , de représentativité et de responsabilité.

L'EVOLUTION DE L'ARMEE ET SES SERVICES DEPUIS 1962


Pendant la guerre contre la France , le congrès de la Soummam qui avait créé le FLN ,a consacré la primauté du pouvoir politique sur le militaire dans le futur état indépendant.L'armée n'est alors pas un bloc monolithique uni, différents clans s'affrontent notamment les maquisards de l'intérieur et les forces des frontières, dont l’état-major est basé au Maroc et en Tunisie. Les membres de ceux-ci sont surnommés « D A F déserteurs de l'armée française » ou ( le clan d 'OUJDA ) . Un régime à forte domination militaire se met en place avec à sa tête Ben Bella soutenu par Boumédiéne et son armée des frontières. Celui-cioccupe le poste de ministre de la défense et chapeaute « la Sécurité militaire » avec une main de fer. Cette dernière est puissante , fortement centralisée, et établit un contrôle répressif sur la société. Après le coup d’État , Boumédiéne personnalité charismatique et populiste , lance le pays sur la voie du socialisme nationaliste , tout en accroissant l'influence de L'ANP au détriment du pouvoir civil. A la mort de ce dernier, les militaires choisissent un successeur le colonel Bendjedid , en 1988 les émeutes que l'armée réprime violemment , précipitent le processus de réforme et une nouvelle constitution est promulguée , autorisant le multipartisme. Au sein de l'institution militaire les clans s'affrontent, ceux d'Oujda prennent le pas sur leurs adversaires. Nessar est nommé chef d’état -major puis ministre de la défense. Le processus électoral de 1991, qui annonçait une victoire écrasante du « FIS » est interrompu par les militaires , et Bendjedid est forcé à dissoudre le parlement et à démissionner. L'armée nomme Boudiaf à la tête du haut comité d’état , considéré comme le père de la révolution, ce dernier est assassiné dans des circonstances troubles . L'état d'urgence est instauré , les violences prennent une dimension alarmante entre le « GIA » et l'armée qui qualifie alors son rôle de protection de l'ordre constitutionnel. Zéroual est élu en 1995 démissionne en 1999 par rapport aux visions qui s'affrontent entre partisans du dialogue avec les islamistes et les plus intransigeants. Bouteflika qui a connu la traversée du désert durant deux décennies , les militaires lui proposent de se porter candidat . Il est élu avec 80% des voix et occupe toujours le poste en 2012 après avoir été reconduit en 2004, puis en 2009 .

BOUTEFLIFA ET L'ETAT PROFOND


Après la décennie noire durant laquelle le pays est sous l'influence des généraux,Bouteflika et sa politique de réconciliation nationale , entreprend de changer les personnalités aux postes clés , notamment les chefs d’état-major, et s'attribue le porte-feuille de ministre de la défense tout en assurant l'autorité du politique sur le militaire. Les généraux se sont retirés dans la plus « grande impunité » , et sur la scène et les coulisses du pouvoir ne subsiste que « l'homme énigme le général TOUFIK » .Le DRS malgré son retrait de l'espace public et la vie politique , il demeure influent,néanmoins il est concurrencé par la sûreté nationale ce qui explique l'accroissement  du pouvoir civil sur le militaire. L'ANP après une décennie sous embargo , recentre ses moyens autour du développement économique et technologique dans un souci d'indépendance. Avec les révolutions arabes , la situation sécuritaire en Algérie s'est aggravée et L'ANP doit faire face à la prolifération des armes au sien du pays ,la question du Mali , et surtout l'enjeu du Sahara occidental avec le Maroc.Après les années 1990 on assiste à un nouveau pôle de gouvernance distinct de l'autorité militaire et des services, l'armée est confinée dans les cercles de l'élite politique de l’état ne jouissant plus du même statut ni de la même liberté d'action .Avec un budget qui dépasse les « 8 milliards de dollars » l'armée algérienne formeses cadres dans les filières de très haut niveau , tout en s'associant avec des laboratoires de recherches étrangères , et des échanges avec des académies militaires performantes. Concernant le DRS il s'est perfectionné au fil du temps et des événements qui ont secoué le pays , et il est devenu comme tous les services de renseignements du monde ciblant son champ d'action dans l'espionnage et le contre espionnage ainsi que le renseignement militaire. Placé au quatrième rang africain en matière d'effectifs, L'ANP s’impose comme une puissance régionale .


Les élections présidentielle de 2014 s’avèrent cruciales pour les algériens vu le népotisme , le chômage , la corruption, le crime organisé , et les injustices au sein des institutions de l’état. Certes, Bouteflika a donné un brin d’espoir durant ses mandats , mais il a favorisé l'impunité vis-à vis de son entourage et des charognards qui se sont enrichis sur la misère du peuple . Ces fléaux qui gangrènent le pays favorisent à moyen terme un printemps arabe dont les répercussions seront catastrophiques.

MOHAMMED CHERIF BOUHOUIA













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