Alors que les manifestations se multiplient , le monde politique sur la scène internationale cherche à éviter un embrasement général et la question qui se pose est: jusqu’où ira la colère des musulmans? Peut on envisager un choc de civilisations entre Orient et Occident ? Afin de mieux cerner les enjeux , il faut plonger dans les ramifications de l’histoire, et retourner aux sources du monothéisme.
C'est
d’abord la Bible qui a donné le ton , au cœur de cette forteresse
cananéenne , les israéliens ont construit le temple, saint des
saints de leur religion pour adorer un Dieu unique, plusieurs fois
envahie, Jérusalem a su résister à l'hellénisation et à la
romanisation , jusqu'à la destruction du Temple par Titus en 70 et
celle de la ville décidée par Hadrien qui , en 135, l'interdit aux
Juifs , sauf un jour par an. Jérusalem est aussi la ville où Jésus
est né,elle
ne devient toutefois ville Sainte pour les chrétiens qu'à partir de
la conversion au IV siècle de l’empereur Constantin et de sa mère
Hélène pour des raisons politiques pour lesquelles on doit l'
invention de la « CROIX » , sur laquelle est construite
le Saint-Sépulcre. Les califes musulmans qui la prennent en
638, font surgir le Dôme du rocher en souvenir de l’ascension du
prophète de l'islam vers le monde céleste. Le choc a lieu lorsqu'en
1095 le Pape , se posant en chef de la chrétienté au dessus des
rois catholiques , décide de la croisade , en 1099, Godefroi de
Bouillon devient roi de Jérusalem. La reprise de cette dernière par
Saladin en 1187 ouvre une nouvelle ère pour la ville , qui soumise
aux mamelouks puis aux ottomans , devient pour plus de 700 ans une
ville islamique à la fois par sa population et par ses institutions,
sachant que les juifs et chrétiens avaient leur droit de culte (les
démis) .
L'occident
et les enjeux d'une géographie sacrée
Ce
sont les rivalités politiques des puissances qui vont faire de
Jérusalem un élément de la question d'Orient. Après la première
guerre mondiale et l'anéantissement de l'empire Ottoman, la question
des lieux saints s’efface. L'essor du sionisme , la naissance d'un
foyer juif , la réplique d'un nationalisme palestinien et arabe ,
sont l'origine du basculement.Il
n'est plus question du Saint-Sépulcre , mais « le mur du
temple contre le Dôme du Rocher » . Dans cette nébuleuse
inachevée, les enjeux religieux auront été longtemps des alibis
pour accentuer les conflits politiques , la montée en puissance
symétrique des intégristes juifs et musulmans constituent un
conflit sans fin. En 1947, les experts de l'ONU qui
tracèrent les frontières de deux États en Palestine , avaient
prévu pour Jérusalem un statut
particulier ou les trois religions monothéistes se côtoieraient
dans la grande tolérance depuis,
la guerre en a décidé autrement , les frères ennemis se déchirent
et après 60 ans de
sang , de douleurs et de mépris aucune tutelle internationale n'a pu
ramener la paix au sein des sanctuaires sur cette géographie sacrée.
L'empire
britannique et le plan de partage
En
1941 les ottomans avant même leur entrée en guerre aux côtés des
allemands, suppriment l'ensemble des privilèges dont disposent les
européens. La réaction des franco-britaniques au début de la
guerre mondiale n'a pas tardé non seulement à rétablir ces
privilèges confisqués mais encore à envisager à partir de 1915
le grand partage de l' Empire Ottoman agonisant . La France exige la
totalité de la Syrie, Palestine comprise
, exigence rejetée par les britanniques par rapport à la sécurité
de l’Égypte qu'ils occupent depuis 1882. L'accord de 1916 « SYKES-PICOT» prévoit le partage du levant entre zones
d'influence anglaise au sud et française au nord . La Palestine
quant à elle doit passer sous une administration internationale
comprenant des représentants de la France, de la Russie, de
l'Italie, de la Grande-Bretagne et des pays musulmans. Le Sinaï
conquis en 1917, la Palestine occupée également est mise sous la
loi martiale. Si on se réfère à l’histoire de l'Empire
britannique il a au fil des siècles développé un rapport de force
« rouge comme le sang et noir comme la mort » en réalité
ils ont remis en cause leurs engagements comme le prouve la
déclaration BALFOUR de 1917 ce qui a poussé les deux antagonistes
français et britannique tout au long de l'année 1918 à une
bataille juridique autour des lieux Sains et des honneurs liturgiques
accordés aux consuls par les Églises chrétiennes. En1920 le mur
des lamentations devient un sujet de contestation , les juifs n'en
ont qu'un droit d'usage et non de propriété , Jérusalem devenue la
capitale du mandat britannique les tensions entre les Moines
chrétiens , juifs et musulmans ne cessent de s'amplifier , le grand
mufti Hadj Amin al-husseini (1) , nommé par les britanniques en 1922
défend Jérusalem comme palestinienne et mobilise à sa cause tous
les arabes voire tous les musulmans du monde. En
1936, suite à la grève générale des arabes contre l'immigration
massive des juifs,les britanniques se tournent vers un plan de
partage , qui préconise un transfert forcé de la population arabe
hors de la zone juive, conséquence la révolte arabe en 1937 s’étend
à toute la Palestine. Les britanniques prévoient un État
indépendant de Jérusalem qui sera abandonné en 1944. Le président
Roosevelt a souhaité mettre la Palestine sous tutelle de
la future ONU avec une commission internationale composée de
chrétiens , de juifs et
de musulmans, chargée de la superviser , à sa mort en 1945 il
emportera ce projet avec
lui dans sa tombe. Les britanniques en 1947 transmettent à l'ONU le
plan entre deux États juif et palestinien , et la constitution de la
région Jérusalem-Bethléem ; le plan est voté par l'ONU dans
la même année . Le 14 mai 1948 après le départ du dernier soldat
britannique Ben GOURION lit à Tel-Aviv la déclaration
d'indépendance de l’État d’Israël , les troupes sionistes se
lancent à l'assaut de la partie arabe . Sans pour autant aller trop
loin dans l'histoire , le statut des lieux Saints est loin d’être
réunifié et accessible aux croyants monothéistes . La géopolitique
de Jérusalem se définit par trois enjeux :
- l'identification de l’importance religieuse des lieux Saints
- l'éternelle querelle entre chrétiens instrumentalisée par les grandes puissances
- le conflit israélo-palestinien
Pour
comprendre le berceau, l'origine et le principe des religions , on
doit d'abord voyager dans
les abysses du temps. L’histoire fondamentale de l'Orient, c'est
avant tout l'évolution des religions écloses dans cette partie
exceptionnelle de la planète. L'islam s'est développé sur la terre
qui avait déjà donné naissance au judaïsme et au christianisme .
Ainsi , les trois grandes religions monothéistes destinées aux
hommes ont fleuri successivement sur le même sol inhospitalier.
Quelques jours de marche seulement séparent Jérusalem du Mont
Sinaï, et de cette montagne sacrée jusqu'à la Mecque, à Jérusalem
les vestiges sacrés se confondent. A quelques pas du Saint-Sépulcre
, sur les propres fondations du temple de Salomon, se dresse la
moquée d'Omar . C'est là que Marie donna naissance miraculeusement
à Jésus, et de cette même pierre Mohammed s’élança pour son
voyage dans le royaume céleste. Ainsi, les plus grands souvenirs de
l'histoire des hommes se situent sur quelques kilomètres carrés
comme le confirme le Coran d'une manière extraordinaire dans (la
sourate 95: le Figuier; v 1 , 2, 3 )
« Par
le figuier et l'olivierEt par le Mont Sinaï
Et par cette cité sûre »
(Le figuier et l'olivier : terre d' Israël , est la source de la révélation divine pour l’ensemble des prophètes ,"naissance de Jésus", le Mont Sinaï la montagne sacrée où Moise a eu les dix commandements et enfin la Cité sûre , la Mecque berceau de l'islam ).En Islam , tout le monde sait que la doctrine musulmane affirme avec fermeté le Dieu unique et transcendant , c'est le dogme de l'unicité ou plutôt l'unicité de ALLAH l'unique sans associé .Tout ce qui peut porter ombrage à cette unicité est déclaré polythéiste, idolâtre
et associationnisme. Cette transcendance divine est mise en toute particulière clarté ; tout ce qui paraît l’atteindre est éliminé . Sa toute puissance est inculquée avec la dernière énergie le maître absolu de la création fait ce qu'il veut et décide ce qui lui plaît, son savoir ce qui dépasse notre entendement et sa sagesse domine toute sa création .En vertu de cette conception , l'Islam officiel comme il a été révélé à Mohammed nous rejette dans la phase préparatoire de l'Ancien Testament, en durcissant son esprit et en exagérant l'accent qu'il met sur la transcendance divine en clair , il se réfère nommément lui même à la révélation de la transcendance divine telle qu'Abraham et les prophètes d'Israël l'ont reçue . Et de ce chef , la foi musulmane est un témoignage qui vaut d'avantage que le
monothéisme des anciens philosophes ou des théodicées syncrétistes. Mais la paternité divine en Islam est rejetée comme entachée d' anthropomorphisme.Le musulman correct , est ordinairement offusqué lorsqu'on applique à ALLAH le nom de père , car il évoque une notion charnelle qui, nécessairement , souille l'unicité .( pour le lecteur , il faut savoir qu'en Islam il existe des confréries sophistes qui prétendent être en relation directe avec ALLAH , et par conséquent ils possèdent des pouvoirs sur-humains, ces derniers se référent sur un personnage cité dans le Coran « EL KHIDER »
occulter par IBN ARABI , et jusqu'à nos jours ces confréries propagent ce venin dans le monde musulman , sachant que ces pratiques sont totalement rejetées par l'Islam )Pour ceux , qui sont atteints d'une certaine myopie intellectuelle, il faut savoir , que dans la recherche de l'absolu , l'Islam par souci de l'unicité rejeta le dogme de la trinité, s' éloignant en cela du christianisme qu'il accusait d'un certain polythéisme en la conception d'une divinité en trois personnes. Mais avec une loyauté rare dans l'histoire des religions l'Islam reconnaissait aussi que les écritures hébraïques et chrétiennes étaient révélées et acceptait les récits de la Bible judéo-chrétienne. Comme une preuve de sa mission divine le prophète de l'Islam allègue même la concordance qui existe entre la Bible et le Coran.Pour revenir au film qui a déchaîné toute la colère du monde , la manipulation vise en premier lieu les minorités chrétiennes qui vivent dans le monde musulman , le but est d’enflammer les tensions entre les deux communautés. Après le printemps arabe les manipulateurs ont saisi cette occasion pour faire croire que les pays concernés allaient appliquer la Charia et donc toutes les autres minorités religieuses seraient indésirables conséquence un clash des civilisations , et des enjeux géopolitiques qui peuvent prendre des proportions alarmantes. Quant aux insultes , et les calomnies à l'encontre du prophète de l'Islam ceci n'est pas nouveau , dès son apparition en tant que messager , prêchant la révélation divine , il a subit tous les affres de l’humiliation ( sorcier, possédé,fou,idolâtre,compilateur, sanguinaire , despote et autres ) alors que le peuple arabe pendant cette période était les esclaves des Perses et des Romains et vivait dans les ténèbres obscurs de l’ignorance. Au fil du temps certains le considèrent comme étant un cardinal mettant à dos l’église chrétienne , fondant sa propre religion . Martin Luther 1483-1564 disait qu'il était le diable et le premier fils du Satan , ce qui a inspiré un certain écrivain en 1719 intitulant son livre « Le prophète du déluge » . Théodore Khori d'origine libanaise a défendu ces idées morbides à travers son livre « La raison et la violence dans l'Islam » s’appuyant sur des réflexions moyenâgeuses qui préconisent « que celui qui croit à l'Islam ne peut être un acteur pour le dialogue des civilisations » .
On
peut parler certes de l'Islam des lumières qui est fondé sur le
savoir, la tolérance et sa
civilisation qui a brillé sur l'occident .Cependant, les empires
coloniaux qui ont dévasté ces pays laissant derrière eux des
peuples anéantis, plus le joug des dictateurs totalitaires et des
monarques absolutistes qui ont transformé leurs semblables en
troupeaux de bêtes semant du blé et mangeant de l'argile, cultivant
le coton et condamnés à la nudité, le monde de l'Islam reste
coincé entre un passé prestigieux et un avenir sombre .
MOHAMED-CHERIF BOUHOUIA
- LE GRAND MUFTI ET LES BRITANIQUES:Nommé grand Mufti de Jérusalem en 1922par les autorités britanniques,Hadj Amin al-Husseiniappartient à la plus grande famille de notablesde Jérusalem. Cet ancien ancien partisan d'unroyaume arabe a accepté de s'associer avec lesbritanniques tout en se présentant comme ledéfenseur des arabes de Palestine. La périodedu mandat a en effet vu la maturation de l'identitéet du nationalisme palestiniens. La menace dusionisme est l'élément essentiel de l'affirmationidentitaire. Mais en 1936-1937, Al-Husseinisoutient les soulèvements contre les anglais.Chassé de Palestine, il trouve refuge pendantla guerre dans l'Allemagne nazie. Il proposealors à Hitler une collaboration arabe contreles Alliés. Sans succès. Il meurt au Liban en 1974.
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