C’est à
Dublin qu’éclatait l’insurrection républicaine de Pâques « 1916 »,
qui échouait mais augurait la guerre d’indépendance Irlandaise. En 1969, la
crise gagnait le Royaume- Unis, ou commençait réellement le conflit
Nord-Irlandais : Les troubles, initiés par la révolte du secteur
catholique du Bogside de « London Derry, Free Derry ou Derry Libre »
ou s’est déroulé le tragique Bloody Sunday, lorsque, le 30 janvier 1972, l’armée
Britannique dispersa un cortège de militants des droits civiques en faisant 14
morts. L’IRA riposta le 12 juillet suivant « Bloody Friday », menant
une série d’attaques dans Belfast. Le 10 avril 1998, la médiation américaine
aboutissait à l’accord du « Vendredi Saint », qui marquait la fin de
trente années d’une guerre civile fratricide.
Le Sinn
Féin, soutenu par la vielle garde de l’IRA, tente de rallier l’électorat
radical républicain afin de bloquer la montée en puissance des paramilitaires
dissidents, comme « Continuity IRA » et surtout « Real IRA »
à la suite de l’éclatement, en 2005, de la hiérarchie véritable de l’armée
clandestine originelle. Depuis, cette nébuleuse de nucléides autonomes s’obstine
à rejeter l’armistice des icônes républicaines, comme Gerry Adams, visé le 13
juillet 2018 par une attaque à l’explosif à son domicile de Belfast. Rappelons
que l’IRA-Véritable menait l’attentat à la voiture piégée d’Omagh « Comté
de Tyrone » le 15 août 1998 faisant 28 victimes dont l’objectif de s’aborder
l’Accord du Vendredi Saint conclu 4 mois auparavant. Actuellement, d’autres
milices périphériques gravitent dans son orbite, comme la Nouvelle IRA créée en
2012, dont l’action Républicaine Contre les Drogues (Republican Action Against
Drugs) constitue le prête-nom caricatural et applique, depuis 2013, un nombre
croissant de punitions à l’encontre des membres de la communauté catholique (64
en 2013 contre 101 en 2017.
L’IRLANDE DU NORD ET LE BREXIT
En
quittant le comté de Donegal pour rejoindre celui de London Derry, rien ne
change le long de cette frontière invisible entre la république d’Irlande et L’Ulster
Britannique. Et pourtant, le 29 mars 2019, le Royaume-Unis se désolidarisera de
l’UE, deux ans après avoir invoqué l’article 50 du traité de Bruxelles,
entérinant le référendum du 23 juin
2016, lors du quel l’Irlande du Nord avait voté à 56% pour le maintien de la G.B
dans l’UE, assorti d’une période de transition qui prendra fin le 31 décembre 2020. Désormais, la gestion de
la frontière Irlandaise s’impose avec une acuité intrusive dans les négociations
du Brexit tel un Rubik’s Cube politique, que Londres manipule en tous sens, au
point d’envisager que l’Irlande du Nord puisse constituer une zone douanière
séparée du reste du Royaume, à l’instar du statut de Hong Kong, cette ancienne
colonie que Margaret Thatcher rendait en 1997 à la Chine, après 156 ans d’administration
Britannique. Concernant le Français Michel Barnier, négociateur de l’UE pour le
Brexit, préconisait-il, en attendant une solution définitive, d’accorder aux
comtés d’Irlande du Nord un statut spécial, en les intégrant dans l’union
douanière libre européenne et le marché unique, a contrario du reste de la
Grande Bretagne. Or, cette hypothèse soutenue par les milieux d’affaires
Londoniens, établirait, de Facto, une union économique avec la république d’Irlande,
qui ne manquerait pas d’être interprétée par le Sinn Féin, pro-européen malgré
ses critiques acerbes des politiques économiques d’austérité de Bruxelles,
comme un pas symbolique vers la réunification de l’ile. Car les Vingt-Huit
bénéficient d’une image positive de faiseurs de paix, comme en atteste le
financement du « Pont de la paix » de London Derry, reliant les
quartiers protestants et catholiques.
Conformément
aux termes de l’accord du Vendredi Saint, Londres et Dublin doivent rester
partenaires au sein de l’Union européenne. Ainsi, le Brexit relance la question
Nord/ Sud et, en filigrane, le débat passionné sur la partition de l’ile et son
éventuelle réunification. En somme, la page du conflit n’est pas prête de se
tourner en Ulster, Vingt ans après la cessation officielle des combats, tant
les Unionistes que les Républicains ne parviennent à se départir de l’écrasante
empreinte de leurs aînés impliqués dans la lutte armée.
MOHAMMED
CHERIF BOUHOUYA
Le clivage bipolaire DUP-Sinn Féin continue de se renforcer au détriment des formations traditionnelles modérées, comme le SDLP, L'UUP, le Parti de l'Alliance AP ou les Verts. Contre toute attente, L'accord du Vendredi Saint a érigé une tribune exclusive à ces partis radicaux ayant renoncé à prôner l'action violente, mais qui continuent manifestement de soutenir leurs anciens paramilitaires. Plus grave, ils participent de la paralysie de l’exécutif Nord-Irlandais depuis 2017, lorsque Martin McGuines, alors vice-premier ministre, quittait le gouvernement dévolutif d'union nationale de Stormont pour protester contre le détournement d'énergies renouvelables d'un montant de 500 millions de livres, impliquant le Premier ministre Arlene Foster, qui démissionnait concomitamment.
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