vendredi 6 janvier 2017

GÉOPOLITIQUE/ L’EGLISE ORTHODOXE RUSSE, ET LE VATICAN : UNE THÉO-GÉOPOLITIQUE AU SERVICE DE HÉGÉMONIE


Sur le plan diplomatique, le Vatican et Moscou partagent une vision du monde très proche. Alors que les relations sont distendues avec les pays d’Europe occidentale et les Etats-Unis, pour des raisons de désaccord de fond sur les ingérences militaires, le Saint-Siège et la Russie ont su asseoir leurs influences contre l’évangélisme américain et l’Islam. Pourtant les deux églises sont séparés depuis 1000 ans.





L’orthodoxie est une réalité géopolitique à part entière. La fusion entre le divin et le temporel semble consommée. Comme d’autres religions dans le monde, elle est devenue un ferment culturel, voire civilisationnel.  Pour le Kremlin, le fait religieux devient un facteur fondamental de la construction politique des pays traditionnellement orthodoxes. A ce titre, l’église orthodoxe russe cristallise trois attributs de puissance fondant sa maîtrise de l’espace : l’identité, la juridiction et la diaspora. Depuis des siècles, elle est non seulement un facteur de cloisonnement identitaire, mais également elle reste au cœur de la définition cultuelle et culturelle russe. Porté par une église ressuscité, signe d’une résistance farouche à l’oppression communiste athée, elle apparait comme un facteur d’influence dans la production d’un discours éthique, notamment sur la famille, qui fait de l’opposition à la sécularisation et au libéralisme un enjeu de civilisation.

L’APOCALYPSE RUSSE ET LA DOMINATION DU MONDE ORTHODOXE

Héritière du maillage politique impérial, l’orthodoxie russe possède une juridiction canonique sur un espace territorial comprenant  16 pays.  Or dans l’orthodoxie russe contemporaine, Poutine a était confronté à la crise Ukrainienne. Non seulement aux tensions entre la Russie et les pays occidentaux, mais elle a aussi mis en lumière la fracture confessionnelle de la société ukrainienne « orthodoxie et catholique ». Le souverain pontife se met au service d’un projet européen  et les avancées de la politique étrangère vaticane, afin de stopper l’orthodoxie russe. La politique vaticane joue un rôle d’influence à l’égard de l’Est européen. Vu la place du catholicisme en Russie et l’église grecque catholique. Or Poutine, soutient le Patriarcat de Moscou, qui demeure dans le monde orthodoxe, le plus hostile à Rome, et se présente comme protecteur des chrétiens d’Orient contre l’avancée du sunnisme salafiste.

LE VATICAN, LES ETATS-UNIS ET L’IRAN


Confrontée à la percée des évangéliques, l’église catholique se dresse comme un rempart contre l’offensive évangélique dans ses prés carrés sud-américains et africains. Né à partir du XVI siècle dans le sillage de la réforme raciale, le protestantisme évangélique se caractérise par l’accent sur la convention individuelle, la centralité de la Bible et du Christ. Il se caractérise également par une dynamique militante fondée sur le primat d’assemblées locales reliées en réseaux souples, sans institution faîtière. A l’inverse, le catholicisme privilège l’inscription dans une tradition séculaire, l’encadrement institutionnel, territorial, et la centralité du Magistère et du pape de Rome. Les 620 millions d’évangéliques qui peuplent actuellement la planète, soit un chrétien sur quatre représentent, pour le Vatican, un défi potentiel. Les réseaux évangéliques, développent aujourd’hui des dynamiques d’influences de taille. En Amérique du Nord, vivier démographique protestant, riche et puissant, il regroupe environ 97 millions de fidèles, dont 93 millions aux Etats-Unis. Prés d’un quart de la population ne se rattache plus à l’église Romaine. Des statistiques révèlent que les secondes générations des latinos se tournent en masse vers l’évangélisme, dont 22% se considèrent comme protestants. Par sa sociabilité fervente et solidaire, il tient la corde, puissant dans les viviers catholiques, notamment en Amérique du Sud, du Mexique à la Patagonie, en passant par le Brésil, s’est par dizaines de millions que les fidèles ont quitté les bancs de la messe pour rejoindre les cultes évangéliques. La progression évangélique est bien plus spectaculaire encore dans de nombreux pays comme la Chine 60 millions, le Nigéria 56 millions, le Brésil 48 millions, l’Argentine 4 millions, l’Europe 24 millions,  le Kenya 30 millions, sans oublier le continent Africains qui ne peut échapper à cette lame de fond, notamment la Kabylie en Algérie. Comment expliquer cette montée fulgurante qui rogne des parts de marché au catholicisme et des millions d’ex-catholiques Africains ou Asiatiques ont rejoint massivement l’évangélisme ?  Le pape François a compris que l’identification à une personne est plus payante que l’adhésion à une institution ? Les évangélistes ont pris le relais au menu des priorités vaticanes. Même si la diversité extrême de ce christianisation déroute la culture Romaine, habituée à la centralisation, le Vatican et depuis 50 ans  se bat à contre courant dans des espaces d’échange, et le défi évangélique s’accentue. Le pape François, se tourne vers la Chine dans un contexte de risque schismatique et rapprochement diplomatique. La république Chinoise et le Vatican n’entretiennent pas de relations diplomatiques officielles, même si les contacts officieux sont nombreux. Historiquement, le dogme catholique en Chine date depuis 1844 avec le traité de Huangpu. Entre le Royaume de France et la Chine, grâce auquel l’Eglise en Chine, ses missionnaires et les catholiques chinois, passèrent sous la protection des forces coloniales de la Royauté, puis du second empire. Ces privilèges étaient obtenus à la suite de persécutions exercées par la population et par les magistrats chinois à l’encontre des missionnaires et des catholiques chinois. Les 120 martyres canonisés par le pape Jean Paul II en 2000 ont provoqué l’ire de Pékin. Sachant qu’en 1856, le prêtre Rochelais Auguste Chapdelaine, des missions étrangères de Paris, a ainsi été martyrisé en compagnie de catholique chinois. Après avoir été torturé, il fut décapité et sa tète exposée fut lapidée par des enfants, puis dévorée par des chiens, son cœur, aurait été frit dans de la graisse de porc et consommé. Le cas du père Chapdelaine continue d’être controversé, les cruautés qu’il a subies ne peuvent étire justifiées par aucune morale humaine. Ce crime fut un des éléments qui entraînèrent la France aux cotés des Britanniques dans la seconde guerre de l’opium, au cours de laquelle les deux pays mirent à sec le palais d’Eté. Du coté Chinois, la mémoire de cet épisode est fortement entretenue pour justifier la montée en puissance militaire et économique de la Chine contemporaine. Le pape François cherche un accord avec la Chine qui serait historique. Mais le but ultime du Saint-Siège est de restaurer la pleine communion de l’église en chine avec l’Eglise universel, tandis que celui de Pékin est à l’inverse de siniser l’Eglise et le dogme catholiques en Chine.

CONSPIRATIONNISME DE L’EGLISE ORTHODOXE CONTRE L’ISLAM

L’orthodoxie demeure une réalité géopolitique à part entière. Sa mainmise sur la diaspora rejoint les intérêts diplomatiques russes structurant les populations orthodoxes russophones. Les projets de construction des centres spirituels orthodoxes russe dans plusieurs pays, ne témoigne pas uniquement d’une stratégie d’influence auprès des  Etats, mais elle est également l’expression d’une dynamique expansionniste revendiquée tant par l’Etat que par l’église. Depuis plus de trois décennies, l’orthodoxie russe est retournée sur le devant de la scène de l’histoire. Elle participe à l’émergence de solidarité transnationale qui nous permet de penser la complexité d’une diplomatie orthodoxe dont le patriarche Cyrille I serait le principal artisan. L’enjeu de l’ouverture du patriarcat de Moscou, ne lui permettra pas uniquement d’appréhender la liberté à la diffusion de son message universel, mais pire encore, c’est de nourrir l’hégémonie russe sur le plan internationale «  le Syrie, la Tchétchénie, ».

L’ORTHODOXIE, LE BABISME ET LE BAHAISME CHIITE

Les Tsars ont fait de l’église orthodoxe un organe de l’Etat par l’imposition du système synodale. Ses derniers ont élaborés une théorie de l’affrontement des civilisations. En 1844 en Iran,  Ahmed El-Ihsaii fonde le cheikhisme un chiisme duodécimain, son disciple Kadhim El-Rochdi durant ça mort donne les signes et les apparences de l’imam et le Mehdi attendu. Quelques temps après, Mirza Ali Mohamed el-Chirazi « 1844-1850 » est désigné comme le Mehdi, le Bahaïsme est né annonçant la venue d’un grand prophète et le début d’un cycle nouveau commençant par « el-Bâb ou la porte ». Mirza Ali, était le fils d’un Imam d’origine juif, ce qui faciliterait la conversion de 5000 juifs au Babisme et au Bahaïsme. Mirza était soutenue par les missionnaires orthodoxes venues spécialement de Russie afin de le soutenir. Après avoir écrit un livre intitulé «  el-Bayen », qui rejette totalement « le Saint Coran » comme le livre divin sacré des musulmans, il met en place le chiffre 19 comme sacré ( le chiffre 19 désigne 17 disciples plus une femme plus el-Bâb). En 1850, le charlatan des orthodoxes fut fusillé sur ordre du Chah avec nombre de ses disciples.  Hussein Ali Nourri El-Zemendarani et son frère Sobhi El-Azel, qui sont parmi les 19, se disputent pour le nom sacré de Baha Alla. Finalement, c’est Sobhi qui prend le nom de Baha à partir de 1863 et rallie tous les Babis à sa nouvelle religion. Pendant la décennie qui suit, les deux frères sont expulsés vers l’Irak et la Turquie, plus tard, le fils de Hussein, Abd- El-Baha Abbas diffuse ça nouvelle secte durant 29 ans. Il proposera un corps de doctrine cohérent du Bahaïsme et fondera à Haïfa en Israël la maison de la justice universelle en 1957. Cette secte rayonne sur plus de 150 assemblées spirituelles nationales et plus de 15 000 locales. Dispersé en diaspora en Europe et aux  Etats-Unis, mais très organisé, le Bahaïsme compte aujourd’hui environ 5 millions de fidèles, notamment en Irak et en Inde dont ont trouve parmi eux des juifs, des chrétiens, des bouddhistes et des musulmans chiites. Les bahaï font trois prières par jour au lieu de cinq, et ont un calendrier de 19 mois de 19 jours, ils jeûnent pendant l’un de ces mois, et croient que le jour de la résurrection seuls les âmes seront responsables devant Dieu. Persécutés par le monde sunnite, rejetés par les musulmans et même les chiites, ils sont considérés comme des apostats en reconnaissant Baha Allah comme prophète et « non  Mohammed ». Considérés comme suspects, du fait que le centre de leur secte se trouve depuis 1948 à Haïfa, en Israël. Dans ce contexte certains spécialistes voient la main du sionisme à travers leurs nouvelles religions.

LES AHMADIYA UNE CRÉATION DE L’EMPIRE BRITANNIQUE

Le soufisme a exercé et continue d’exercer une réelle séduction aussi bien à l’intérieur qu’a l’extérieur de l’islam, mais li a été contesté et ses pratiques ont alimenté de nombreuses polémiques. Cela tient avant tout au fait qu’il se présente comme une réalité humaine et comme l’expression d’une spiritualité portée par des individus dont certains furent élevés au rang de prophètes, catégorie suspecte à une rigoureuse orthodoxie.

QUI SONT LES AHMADI

Au XIX siècle dans l’Inde Britannique une autre tendance très particulière de l’islam, la Ahmadiya, qui compte encore des fidèles aujourd’hui. Ce mouvement ne sort pas du chiisme comme le bahaïsme, elle met en effet en avant la mission particulière d’un homme contemporain, sa construction doctrinale syncrétique et elle fut, elle aussi, combattue par les sunnites. Vers 1880, l’histoire de l’Ahmadiya commence avec la publication d’un ouvrage intitulé « Preuves de l’Ahmadiya », rédigé par Mirza Ghoulam Ahmed « 1839-1908 » né dans le Penjab. Son œuvre qui restitue l’ensemble de ses réflexions spirituelles, lui vaut un grand nombre de fidèles, auxquels il affirme, en 1889, que Dieu l’a autorisé à exiger des musulmans un serment de totale allégeance. Deux ans plus tard, il déclare être à la fois le Mahdi attendu des musulmans et le Messie des chrétiens, ce qui provoque une vive polémique. Son message spirituel et sa doctrine mêlent le mysticisme à une exigence de progrès social des masses, réprimant les fondements du Coran et de la sunna. Sa vision politique est qualifiée de non violente, puisqu’il réprouve la guerre sainte «  le djihad » et prône des fondements pacifiques pour les musulmans. Mirza ou l’agent des Britanniques meurt en 1908, remplacé à la tète de sa communauté par Mawlawi Nour al-Din. A la mort de se dernier en 1914, les Ahmadi se divisent en deux tendances. La première est celle des gens de Kadiyani, qui pensent que Mirza Ghoulem Ahmed est un prophète et que le véritable islam a été prêché par ses soins «  la révélation ». La seconde tendance est celle des gens de Lahore, qui tiennent le fondateur de la Ahmadiya pour un simple rénovateur. Ses derniers ont récusé les positions non violentes de Mirza pour donner la priorité à la lutte anticoloniale. Ils s’installèrent dans la ville de Rabwa et nommèrent leur mouvement «  Ahmadiya movement in islam », avec pour théoricien Mirza Mahmoud Ahmed. En 1947, après l’indépendance et la partition de l’Inde, les Ahmadi se trouvèrent dans le nouvel Etat du Pakistan. Dans les années soixante-dix, le président Ali Bhuto, cédant à la demande des Oulémas, exclut les Kadiyani de toutes leurs fonctions et furent excommuniés par les docteurs de la loi sunnites. Au fil du temps, Les Ahmadi des deux  branches n’ont jamais enterré définitivement leurs activités de propagande, une bonne part de leurs ouvrages fondateurs ont été écrits en anglais et le reste traduit en plusieurs langues. Ils sont implantés au Kenya depuis 1934, et ils ont traduit le Coran en Swahili « falsifié ». Ils se trouvent également au Nigéria, ou ils ont contribués dans l’islamisation des tribus Yorouba. A partir de 1920, ils envahissent le Ghana avec leur direction à Saltpond, Koumasi et Wa. Ils ont aussi essaimé en Côte-D’ivoire, le Burkina Faso et d’autres pays en Afrique noire, au totale, ils se trouvent actuellement dans 206 pays dans le monde.  En Afrique du Nord, notamment en Algérie cette secte a était infiltrée par les services Marocains. Sachant que la monarchie alaouite diffuse à travers ses instituts de soufisme et de mysticisme toutes les doctrines confrériques a travers tous le continent. 


D’autre part, la junte militaire des généraux ont mis en place la créativité doctrinale des différents courants de l’islam afin de programmer un conflit confessionnel à long terme. Ses théories complotistes sont le produit des généraux de la France, dont la matière grise est le générale El-Arbi Belkhir. L’Etat nation Algérienne qui se définit comme Malékite sunnite, un des quatre grandes écoles de jurisprudence en islam.  S’oriente ouvertement dans le monde confrérique, réalité mystique mais aussi politique et sociale, objet, lui aussi de multiples débats. Actuellement, à travers le monde musulman, les oppositions violentes entre musulmans se situent maintenant ailleurs, dans les clivages qui traversent aussi le sunnisme et le chiisme que le kharidjisme.           


MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA

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