Sur le
plan diplomatique, le Vatican et Moscou partagent une vision du monde très
proche. Alors que les relations sont distendues avec les pays d’Europe
occidentale et les Etats-Unis, pour des raisons de désaccord de fond sur les
ingérences militaires, le Saint-Siège et la Russie ont su asseoir leurs
influences contre l’évangélisme américain et l’Islam. Pourtant les deux églises
sont séparés depuis 1000 ans.
L’orthodoxie
est une réalité géopolitique à part entière. La fusion entre le divin et le
temporel semble consommée. Comme d’autres religions dans le monde, elle est
devenue un ferment culturel, voire civilisationnel. Pour le Kremlin, le fait religieux devient un
facteur fondamental de la construction politique des pays traditionnellement
orthodoxes. A ce titre, l’église orthodoxe russe cristallise trois attributs de
puissance fondant sa maîtrise de l’espace : l’identité, la juridiction et
la diaspora. Depuis des siècles, elle est non seulement un facteur de
cloisonnement identitaire, mais également elle reste au cœur de la définition
cultuelle et culturelle russe. Porté par une église ressuscité, signe d’une
résistance farouche à l’oppression communiste athée, elle apparait comme un facteur
d’influence dans la production d’un discours éthique, notamment sur la famille,
qui fait de l’opposition à la sécularisation et au libéralisme un enjeu de
civilisation.
L’APOCALYPSE
RUSSE ET LA DOMINATION DU MONDE ORTHODOXE
Héritière
du maillage politique impérial, l’orthodoxie russe possède une juridiction
canonique sur un espace territorial comprenant
16 pays. Or dans l’orthodoxie
russe contemporaine, Poutine a était confronté à la crise Ukrainienne. Non
seulement aux tensions entre la Russie et les pays occidentaux, mais elle a
aussi mis en lumière la fracture confessionnelle de la société ukrainienne
« orthodoxie et catholique ». Le souverain pontife se met au service
d’un projet européen et les avancées de
la politique étrangère vaticane, afin de stopper l’orthodoxie russe. La
politique vaticane joue un rôle d’influence à l’égard de l’Est européen. Vu la
place du catholicisme en Russie et l’église grecque catholique. Or Poutine,
soutient le Patriarcat de Moscou, qui demeure dans le monde orthodoxe, le plus
hostile à Rome, et se présente comme protecteur des chrétiens d’Orient contre
l’avancée du sunnisme salafiste.
LE
VATICAN, LES ETATS-UNIS ET L’IRAN
Confrontée
à la percée des évangéliques, l’église catholique se dresse comme un rempart
contre l’offensive évangélique dans ses prés carrés sud-américains et
africains. Né à partir du XVI siècle dans le sillage de la réforme raciale, le
protestantisme évangélique se caractérise par l’accent sur la convention
individuelle, la centralité de la Bible et du Christ. Il se caractérise
également par une dynamique militante fondée sur le primat d’assemblées locales
reliées en réseaux souples, sans institution faîtière. A l’inverse, le
catholicisme privilège l’inscription dans une tradition séculaire, l’encadrement
institutionnel, territorial, et la centralité du Magistère et du pape de Rome. Les
620 millions d’évangéliques qui peuplent actuellement la planète, soit un
chrétien sur quatre représentent, pour le Vatican, un défi potentiel. Les
réseaux évangéliques, développent aujourd’hui des dynamiques d’influences de
taille. En Amérique du Nord, vivier démographique protestant, riche et
puissant, il regroupe environ 97 millions de fidèles, dont 93 millions aux
Etats-Unis. Prés d’un quart de la population ne se rattache plus à l’église
Romaine. Des statistiques révèlent que les secondes générations des latinos se
tournent en masse vers l’évangélisme, dont 22% se considèrent comme
protestants. Par sa sociabilité fervente et solidaire, il tient la corde,
puissant dans les viviers catholiques, notamment en Amérique du Sud, du Mexique
à la Patagonie, en passant par le Brésil, s’est par dizaines de millions que
les fidèles ont quitté les bancs de la messe pour rejoindre les cultes évangéliques.
La progression évangélique est bien plus spectaculaire encore dans de nombreux
pays comme la Chine 60 millions, le Nigéria 56 millions, le Brésil 48 millions,
l’Argentine 4 millions, l’Europe 24 millions, le Kenya 30 millions, sans oublier le
continent Africains qui ne peut échapper à cette lame de fond, notamment la
Kabylie en Algérie. Comment expliquer cette montée fulgurante qui rogne des
parts de marché au catholicisme et des millions d’ex-catholiques Africains ou
Asiatiques ont rejoint massivement l’évangélisme ? Le pape François a compris que
l’identification à une personne est plus payante que l’adhésion à une
institution ? Les évangélistes ont pris le relais au menu des priorités
vaticanes. Même si la diversité extrême de ce christianisation déroute la
culture Romaine, habituée à la centralisation, le Vatican et depuis 50 ans se bat à contre courant dans des espaces
d’échange, et le défi évangélique s’accentue. Le pape François, se tourne vers
la Chine dans un contexte de risque schismatique et rapprochement diplomatique.
La république Chinoise et le Vatican n’entretiennent pas de relations
diplomatiques officielles, même si les contacts officieux sont nombreux. Historiquement,
le dogme catholique en Chine date depuis 1844 avec le traité de Huangpu. Entre
le Royaume de France et la Chine, grâce auquel l’Eglise en Chine, ses
missionnaires et les catholiques chinois, passèrent sous la protection des
forces coloniales de la Royauté, puis du second empire. Ces privilèges étaient
obtenus à la suite de persécutions exercées par la population et par les magistrats
chinois à l’encontre des missionnaires et des catholiques chinois. Les 120
martyres canonisés par le pape Jean Paul II en 2000 ont provoqué l’ire de
Pékin. Sachant qu’en 1856, le prêtre Rochelais Auguste Chapdelaine, des
missions étrangères de Paris, a ainsi été martyrisé en compagnie de catholique
chinois. Après avoir été torturé, il fut décapité et sa tète exposée fut
lapidée par des enfants, puis dévorée par des chiens, son cœur, aurait été frit
dans de la graisse de porc et consommé. Le cas du père Chapdelaine continue
d’être controversé, les cruautés qu’il a subies ne peuvent étire justifiées par
aucune morale humaine. Ce crime fut un des éléments qui entraînèrent la France
aux cotés des Britanniques dans la seconde guerre de l’opium, au cours de
laquelle les deux pays mirent à sec le palais d’Eté. Du coté Chinois, la
mémoire de cet épisode est fortement entretenue pour justifier la montée en
puissance militaire et économique de la Chine contemporaine. Le pape François
cherche un accord avec la Chine qui serait historique. Mais le but ultime du
Saint-Siège est de restaurer la pleine communion de l’église en chine avec
l’Eglise universel, tandis que celui de Pékin est à l’inverse de siniser
l’Eglise et le dogme catholiques en Chine.
CONSPIRATIONNISME DE L’EGLISE ORTHODOXE CONTRE
L’ISLAM
L’orthodoxie
demeure une réalité géopolitique à part entière. Sa mainmise sur la diaspora
rejoint les intérêts diplomatiques russes structurant les populations
orthodoxes russophones. Les projets de construction des centres spirituels
orthodoxes russe dans plusieurs pays, ne témoigne pas uniquement d’une
stratégie d’influence auprès des Etats,
mais elle est également l’expression d’une dynamique expansionniste revendiquée
tant par l’Etat que par l’église. Depuis plus de trois décennies, l’orthodoxie
russe est retournée sur le devant de la scène de l’histoire. Elle participe à
l’émergence de solidarité transnationale qui nous permet de penser la complexité
d’une diplomatie orthodoxe dont le patriarche Cyrille I serait le principal
artisan. L’enjeu de l’ouverture du patriarcat de Moscou, ne lui permettra pas
uniquement d’appréhender la liberté à la diffusion de son message universel,
mais pire encore, c’est de nourrir l’hégémonie russe sur le plan internationale
« le Syrie, la Tchétchénie, ».
L’ORTHODOXIE,
LE BABISME ET LE BAHAISME CHIITE
Les Tsars
ont fait de l’église orthodoxe un organe de l’Etat par l’imposition du système
synodale. Ses derniers ont élaborés une théorie de l’affrontement des civilisations.
En 1844 en Iran, Ahmed El-Ihsaii fonde
le cheikhisme un chiisme duodécimain, son disciple Kadhim El-Rochdi durant ça mort donne les signes et les apparences de l’imam et le Mehdi attendu. Quelques
temps après, Mirza Ali Mohamed el-Chirazi « 1844-1850 » est désigné
comme le Mehdi, le Bahaïsme est né annonçant la venue d’un grand prophète et le
début d’un cycle nouveau commençant par « el-Bâb ou la porte ». Mirza
Ali, était le fils d’un Imam d’origine juif, ce qui faciliterait la conversion
de 5000 juifs au Babisme et au Bahaïsme. Mirza était soutenue par les missionnaires orthodoxes venues spécialement de Russie afin de le soutenir. Après
avoir écrit un livre intitulé « el-Bayen », qui rejette totalement
« le Saint Coran » comme le livre divin sacré des musulmans, il
met en place le chiffre 19 comme sacré ( le chiffre 19 désigne 17 disciples
plus une femme plus el-Bâb). En 1850, le charlatan des orthodoxes fut fusillé
sur ordre du Chah avec nombre de ses disciples. Hussein Ali Nourri El-Zemendarani et son frère
Sobhi El-Azel, qui sont parmi les 19, se disputent pour le nom sacré de Baha
Alla. Finalement, c’est Sobhi qui prend le nom de Baha à partir de 1863 et
rallie tous les Babis à sa nouvelle religion. Pendant la décennie qui suit, les
deux frères sont expulsés vers l’Irak et la Turquie, plus tard, le fils de Hussein,
Abd- El-Baha Abbas diffuse ça nouvelle secte durant 29 ans. Il proposera un
corps de doctrine cohérent du Bahaïsme et fondera à Haïfa en Israël la maison
de la justice universelle en 1957. Cette secte rayonne sur plus de 150
assemblées spirituelles nationales et plus de 15 000 locales. Dispersé en
diaspora en Europe et aux Etats-Unis,
mais très organisé, le Bahaïsme compte aujourd’hui environ 5 millions de fidèles,
notamment en Irak et en Inde dont ont trouve parmi eux des juifs, des
chrétiens, des bouddhistes et des musulmans chiites. Les bahaï font trois
prières par jour au lieu de cinq, et ont un calendrier de 19 mois de 19 jours,
ils jeûnent pendant l’un de ces mois, et croient que le jour de la résurrection
seuls les âmes seront responsables devant Dieu. Persécutés par le monde
sunnite, rejetés par les musulmans et même les chiites, ils sont considérés
comme des apostats en reconnaissant Baha Allah comme prophète et « non Mohammed ».
Considérés comme suspects, du fait que le centre de leur secte se trouve depuis
1948 à Haïfa, en Israël. Dans ce contexte certains spécialistes voient la main
du sionisme à travers leurs nouvelles religions.
LES AHMADIYA UNE CRÉATION DE L’EMPIRE BRITANNIQUE
Le
soufisme a exercé et continue d’exercer une réelle séduction aussi bien à
l’intérieur qu’a l’extérieur de l’islam, mais li a été contesté et ses
pratiques ont alimenté de nombreuses polémiques. Cela tient avant tout au fait
qu’il se présente comme une réalité humaine et comme l’expression d’une
spiritualité portée par des individus dont certains furent élevés au rang de
prophètes, catégorie suspecte à une rigoureuse orthodoxie.
QUI SONT
LES AHMADI
Au XIX
siècle dans l’Inde Britannique une autre tendance très particulière de l’islam,
la Ahmadiya, qui compte encore des fidèles aujourd’hui. Ce mouvement ne sort
pas du chiisme comme le bahaïsme, elle met en effet en avant la mission
particulière d’un homme contemporain, sa construction doctrinale syncrétique et
elle fut, elle aussi, combattue par les sunnites. Vers 1880, l’histoire de
l’Ahmadiya commence avec la publication d’un ouvrage intitulé « Preuves de
l’Ahmadiya », rédigé par Mirza Ghoulam Ahmed « 1839-1908 » né
dans le Penjab. Son œuvre qui restitue l’ensemble de ses réflexions
spirituelles, lui vaut un grand nombre de fidèles, auxquels il affirme, en
1889, que Dieu l’a autorisé à exiger des musulmans un serment de totale
allégeance. Deux ans plus tard, il déclare être à la fois le Mahdi attendu des
musulmans et le Messie des chrétiens, ce qui provoque une vive polémique. Son
message spirituel et sa doctrine mêlent le mysticisme à une exigence de progrès
social des masses, réprimant les fondements du Coran et de la sunna. Sa vision
politique est qualifiée de non violente, puisqu’il réprouve la guerre sainte
« le djihad » et prône des fondements pacifiques pour les
musulmans. Mirza ou l’agent des Britanniques meurt en 1908, remplacé à la tète
de sa communauté par Mawlawi Nour al-Din. A la mort de se dernier en 1914, les
Ahmadi se divisent en deux tendances. La première est celle des gens de
Kadiyani, qui pensent que Mirza Ghoulem Ahmed est un prophète et que le
véritable islam a été prêché par ses soins « la révélation ». La
seconde tendance est celle des gens de Lahore, qui tiennent le fondateur de la
Ahmadiya pour un simple rénovateur. Ses derniers ont récusé les positions non
violentes de Mirza pour donner la priorité à la lutte anticoloniale. Ils
s’installèrent dans la ville de Rabwa et nommèrent leur mouvement «
Ahmadiya movement in islam », avec pour théoricien Mirza Mahmoud Ahmed. En
1947, après l’indépendance et la partition de l’Inde, les Ahmadi se trouvèrent
dans le nouvel Etat du Pakistan. Dans les années soixante-dix, le président Ali
Bhuto, cédant à la demande des Oulémas, exclut les Kadiyani de toutes leurs
fonctions et furent excommuniés par les docteurs de la loi sunnites. Au fil du
temps, Les Ahmadi des deux branches
n’ont jamais enterré définitivement leurs activités de propagande, une bonne
part de leurs ouvrages fondateurs ont été écrits en anglais et le reste traduit
en plusieurs langues. Ils sont implantés au Kenya depuis 1934, et ils ont
traduit le Coran en Swahili « falsifié ». Ils se trouvent également
au Nigéria, ou ils ont contribués dans l’islamisation des tribus Yorouba. A
partir de 1920, ils envahissent le Ghana avec leur direction à Saltpond,
Koumasi et Wa. Ils ont aussi essaimé en Côte-D’ivoire, le Burkina Faso et
d’autres pays en Afrique noire, au totale, ils se trouvent actuellement dans 206 pays dans le monde. En Afrique du Nord, notamment en Algérie cette
secte a était infiltrée par les services Marocains. Sachant que la monarchie
alaouite diffuse à travers ses instituts de soufisme et de mysticisme toutes
les doctrines confrériques a travers tous le continent.
D’autre part, la junte
militaire des généraux ont mis en place la créativité doctrinale des différents
courants de l’islam afin de programmer un conflit confessionnel à long terme.
Ses théories complotistes sont le produit des généraux de la France, dont la
matière grise est le générale El-Arbi Belkhir. L’Etat nation Algérienne qui se
définit comme Malékite sunnite, un des quatre grandes écoles de jurisprudence
en islam. S’oriente ouvertement dans le
monde confrérique, réalité mystique mais aussi politique et sociale, objet, lui
aussi de multiples débats. Actuellement, à travers le monde musulman, les
oppositions violentes entre musulmans se situent maintenant ailleurs, dans les
clivages qui traversent aussi le sunnisme et le chiisme que le kharidjisme.
MOHAMMED
CHERIF BOUHOUYA
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