mardi 30 novembre 2021

 DROITS DE L'HOMME/  INTERPOL REPASSE SOUS  LE JOUG D'UN BOURREAU

Ahmed Nasser Al-Raisi, un général émirati accusé de torture, élu président d'Interpol, visé par plusieurs plaintes en France et en Turquie. Sa candidature soulevait déjà un vent de fronde depuis plusieurs semaines. Accusé de torture, il a été élu président d'Interpol, jeudi 25 novembre, et il a obtenu la majorité des deux tiers ( 68,9%) au troisième tour du vote des Etats membres. Le président d'Interpol, désigné pour quatre ans, occupe ses fonctions à temps partiel, de façon bénévole, et conserve ses fonctions dans son pays d'origine. La fonction de président est essentiellement honorifique, le directeur effectif de l'organisation étant son secrétaire général, Jurgen Stock. Mais des organisations de défense des droits humains et des élus européens s'inquiètent déjà de l'arrivé de ce tortionnaire notoire connu par par des pratiques inhumaines, répressives, et criminels. Le général a la main de fer, est visé par plusieurs plaintes pour torture en France, où siège Interpol, et en Turquie, pays hôte de l'assemblée générale qui se tient à Istanbul depuis mardi. En se sens, le prince émiratis a dû ce déplacer a Ankara afin qu'Erdogan donne son feu vert en débloquant la somme de 10 milliards de dollars. Human Rights Watch, a, de son coté, déploré l'élection du représentant du gouvernement sans doute le plus autoritaire des monarchies Arabes à la présidence d'Interpol. En 2020, dix-neuf organisations ( ONG), dont HRW, s'inquiétaient déjà du choix du général émirati, "membre d'un appareil sécuritaire qui prend systématiquement pour cible l'opposition pacifique. Selon un rapport britannique publié en mars a conclu que les Emirats avaient détourné le système des notices rouges ( les avis de recherche internationaux diffusés par Interpol ) pour faire pression sur des opposants. D'autres pays dictatoriaux et despotiques sont également  accusés de faire de même. Dans l'une des plaintes déposées en France et en Turquie, l'ONG Gulf Center for Human Rights " GCHR" accuse le général d'actes de tortures et de répressions contre l'opposant Ahmed Mansour, détenu depuis 2017 dans une cellule de 4 mètres carrés, sans matelas ni protection contre le froid et privé d'accès à un médecin, à l'hygiène, à l'eau propre et aux installations sanitaires. Ces procédures n'ont, jusqu'ici, pas abouti, malgré la mobilisation des ONG. En France, cette élection controversée pourrait peser sur le maintien du siège d'Interpol à Lyon. En effet, deux élus régionaux de poids s'en étaient inquiétés dans un courrier adressé au ministre de l'intérieur Français, "Gérard Darmanin". Pour les élus, cette candidature entachée de sang poserait un vrai risque au fond et pourrait délégitimer l'institution et son accueil dans les fondements de la démocratie. 

LOBBYING ET CORRUPTION 


Les Emirats sont accusés d'avoir facilité la candidature de leur général via un don de 50 millions d'euros en 2017 à la Fondation d'Interpol. Dans un récent rapport de Sir David-Smith, l'ancien directeur des poursuites pénales du Royaume-Uni décrit ainsi cette fondation comme un canal par lequel acheminer l'argent de la monarchie vers Interpol. Un moyen de pression sur l'organisation internationale qui met en lumière les limites des institutions multilatérales, qui sont sous-fiancées et donc la proie des régimes autoritaires en quête d'influence sur la scène internationale. A travers cette élection, Interpol jouerait le jeu du despotisme monarchique Emiratis, qui depuis plusieurs années, dépensent des millions afin de s'acheter une image propre au yeux de l'opinion internationale tout en s'acharnant impitoyablement non seulement sur les dissidents Emiratis mais aussi sur tous les opposants des dictatures arabes et autres. La polémique sur la désignation du nouveau président d'Interpol ravive également le débat sur l'influence des Etats autocratiques sur Interpol pour déployer leur répression. Depuis plus d'une décennie, les détracteurs d'Interpol estiment que des régimes mafieux instrumentalisent Interpol pour traquer leurs opposants. Avec comme principe outil, les "notices rouges", ces avis de recherche internationaux émis par l'agence et diffusés dans 194 pays membres de l'organisation. A partir d'un simple contrôle, mais sans y être contraint, n'importe quelle police nationale peut alors procéder à l'arrestation abusives d'un suspect pour l'extrader vers le pays qui a émis la "notice rouge". Un scandale inacceptable qui va s'installer avec le nouveau président sous le silence assourdissant des Etats prodémocraties, et souveraines des valeurs universelles. Depuis le début des années 2000, le nombre de notice rouges a explosé. De quelques milliers au début du siècle, plus de 11 000 notices rouges ont été émises par Interpol en 2020. Plusieurs ONG dénoncent régulièrement leur utilisation abusive par plusieurs pays, comme la Russie, l'Arabie-Saoudite, les Emirats, le Bahreïn, la Jordanie, le Maroc, la Tunisie, la Mauritanie, le Tchad, le Congo RDC, la Biélorussie, le Birmanie, la Chine, la Syrie, l'Inde, l'Egypte,  l'Iran, le Tadjikistan, l'Azerbaïdjan, la Pologne, la Centrafrique, la Côte-d'Ivoire, le Brésil, l'Argentine, le Mexique, l'Estonie, la Lettonie, et autres. 



 Les monarques Emiratis, après avoir étaient impliqués dans des conflits via leurs propres mercenaires comme en Libye, en Syrie, au Yémen, au Mali et autres, A travers l'influence d'Interpol ils vont pouvoir étouffer toutes les voies d' un monde libre au détriment des Etats prédateurs. En se sens, pour aboutir à la d'escalade, le fermeté est la condition du dialogue. Sans fermeté, la d'escalade s'apparenterait à la soumission.

MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA 

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