lundi 17 septembre 2018

GÉOPOLITIQUE/ IRAN / ISRAËL / LE RISQUE D'UNE GUERRE SE DESSINE A L'HORIZON


La nouvelle doctrine américaine concernant Jérusalem engendre un sésame explicatif accolé à l'image de Trump. L'Etat Hébreu peut surpayer sur de solides relais au sein de l'administration présidentielle, qui ont une vision idéologique du conflit israélo-iranien. En reconnaissant Jérusalem comme capitale Israël, Trump a offert une victoire diplomatique incontestable à Israël. De plus, le gendre de Trump et son envoyé spécial pour le proche- Orient est un proche de la famille de l'actuel premier ministre israélien, Netanyahou. 


La maison blanche cède beaucoup aux israéliens,  c'est qu'elle perçoit l'avenir proche de la région comme divisé en deux blocs antagonistes. La première analyse se joue aux intérêts stratégiques américains, israéliens et saoudiens qui s'opposeraient à ceux de l'Iran et de ses partenaires, El-Assad et les formations chiites. Dans cette configuration régionale, il n'est pas anodin que la monarchie Saoudienne ait abandonné ses orientations historiques en matière de politique étrangère et de soutien aux revendications nationales Palestiniennes. Déjà,depuis 2002, Riyad soumettait à la Ligue Arabe une initiative de paix, fondée sur la reconnaissance d’Israël par les pays membres de la Ligue en échange d'un retrait israélien des territoires occupés. Depuis l'élection de Trump, les priorités Saoudiennes sont ailleurs, et le revirement est total. Les visions Israéliennes et Saoudiennes des rapports de force régionaux convergent de manière ostentatoire. Au nom de la lutte contre l'Iran, Riyad s'accommode désormais d'une politique Américaine acceptant la logique du fait accompli colonial. Derrière la reconnaissance Américaine de Jérusalem comme capital d’Israël, c'est la perspective d'un Etat Palestinien souverain qui est désormais enterrée. La nouvelle politique Saoudienne est unilatérale, et s'accompagne de sanctions contre un acteur Palestinien vulnérable. Dans ce grand jeu géopolitique régional, ni la France, ni l’Angleterre, ni les Russes, ni la Chine ne veulent clairement faire contrepoids aux décisions américaines. Dans un contexte de colonisation extensive, l'autorité palestienne continue à exister. Soutenue financièrement à bout de bras par une partie de la communauté internationale, mais sans aucune perspective de souveraineté sur les territoires occupés,  mais cette option prépare à moyen terme un brasier ultérieurs. 

LES RISQUES D'UNE ESCALADE ENTRE L'IRAN ET ISRAËL

Alors que se dessine en Syrie une victoire des forces de Bachar, la perspective d'un affrontement entre Israël et l'Iran se fait plus menaçante. La région  risque d'assistée à une nouvelle guerre et une autre page de l'histoire qui va s'ouvrir. Une escalade a été lancée par l'armée israélienne, grainant que la Syrie se transforme en une base Iranienne pérenne. Désormais, une guerre entre les deux pays est à la portée d'une simple provocation. Depuis la guerre en 2011, Israël a mené plus de 100 frappes aériennes en territoire Syrien, notamment contre des basses des transports d'armes du Hezbollah et ceux des Iraniens. L'autre ligne rouge de Natanyahou, consiste à empêcher Téhéran d'approvisionner le Hezbollah en missiles au sud-Liban, et à interdire à ce dernier et aux Iraniens de s'incrustés a la frontière que représente la ligne d'armistice acceptée en 1947 par Israël et la Syrie, qui sépare le Golan occupé du sud-ouest syrien. Pour les stratèges Israéliens, le retrait des américains du terrain Syrien, a permis aux vainqueurs de la guerre ( Damas et l'Iran), de s'enhardir. L'Etat Hébreu, qui dispose de bases sur la moitié du plateau du Golan, entend interdire à l'Iran d'établir en Syrie un aéroport, un port et une base militaire permanente, ainsi qu'un site de fabrication de missiles de haute précision. Au delà de cet objectif conjoncturel, Israël veut non seulement empêcher ses adversaires iraniens de consolider une présence militaire perpétuelle en Syrie, mais également elle fait parvenir aux rebelles un accroissement des livraisons d'armes et de logistique. A la conférence de Munich sur la sécurité en 2018, Netanyahou a menacé d'agir contre l'Iran. Toutefois, Israël n'est pas capable d'imposer sa volonté à Téhéran en Syrie, sans l'implication de son lobby aux Etats-Unis ( l'American-Israël Public Affairs Committee "AIPAC.")

LA RUSSIE ET ISRAËL/ DES INTÉRÊTS COMMUNS

Après l'intervention russe en Syrie en 2015, Moscou et Tel-Aviv étaient parvenus à un accord latent: Israël laissait la Russie sauver le régime de Bachar et l'aider à récupérer du territoire, et celle-ci fermait les yeux sur les bombardement israéliens de forces Iraniennes. Pour la Russie cet accord ne tient plus, car Poutine ne veut pas contenir les Iraniens. Pour les renseignements israéliens, ils croient que Poutine finira par vouloir limiter la liberté d'opération israélienne dans le ciel Syrien, obligeant Israël à faire des choix difficiles entre rester inactif pendant que l'Iran et le Hezbollah construisent leurs avant-postes ou se confronter aussi avec la Russie. Autre hypothèse avancée, Poutine sait qu’Israël a les moyens de remettre en cause ses succès en Syrie et de menacer le régime de Bachar, et qu'il optera pour refréner les Iraniens. La plupart des analystes Israéliens penchent dans le sens de la première option, et si Israël élève trop le niveau de sa réponse militaire contre les Iraniens en Syrie, Israël pourrait se retrouver seul, l'Etat-major et les services sont bien conscients. Si les Israéliens et les Iraniens s'affrontaient dans une sorte de guerre par procuration en Syrie, on voit mal comment les Européens oseraient tourner le dos à Israël et promouvoir la mise en oeuvre de l'accord sur le nucléaire signé en 2015. Pour la diplomatie Française, afin d'éviter cet affrontement, la Russie de Poutine reste le seul acteur de taille en capacité d'arbitrer entre les deux parties,  tout en affichant le génocide silencieux commis contre les civils Syriens. 

La doctrine de Trump sur Jérusalem peut certes séduire une partie de l'opinion israélien radicalisée à droite. L'Etat Hébreu reste optimiste et sur de lui même, puisque il est aussi soutenu pour sa cause par l'Arabie Saoudite et les Emirats-Arabes Unies. Cette atmosphère insurrectionnelle, fragilise considérablement la position américaine au Moyen-Orient, et expose Israël à un vent nouveau de la part de l'Iran et ses alliés dans toute la région, surtout aprés les déclarations de Mohamed Ben Salmane représentant son pays comme l'indispensable allié d’Israël.

MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA


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