GEOPOLITIQUE/ LE XINJIANG UN CARREFOUR
STRATEGIQUE POUR PEKIN
Du fait de sa position géographique, le Xinjiang constitue une interface logistique clé dans la stratégie de projection des intérêts chinois en Asie centrale et plus largement en Eurasie. La construction de pipelines dans les années 2000 permettant via le Xinjiang d'exporter le gaz et le pétrole centrasiatiques vers la Chine en fait un véritable boom énergétique. La région est aussi au cœur des lignes ferroviaires et réseaux routiers de la ( Belt and Road initiative BRI). Grande comme trois fois la France, la Région autonome des Ouighours de Xinjiang assure environ un sixième de la production chinoise de pétrole, environ un quart de celle de gaz naturel et dispose de prés du quart des réserves d'hydrocarbures du pays. Ont comprend mieux que l'hégémonie existante contre cette minorité musulmane, n'est pas l'affrontement entre deux idéologie différentes, mais plutôt des enjeux stratégiques, géopolitiques et géoéconomiques.
Elle abrite par ailleurs d'importante réserves de charbon, hydrocarbures " 25%" , premier gisement d'uranium, mais aussi du deuxième potentiel national dans l'éolien et le solaire dans un pays où la transition vers les énergies renouvelables est une des priorités nationales. Identifiée par Pékin comme une des provinces-clés de la BRI, la région est le point d'émergence de trois des six corridors terrestre de l'initiative, le premier se dirigeant vers la Russie et l'Europe, le second vers l'Iran et la Turquie et le dernier vers le Pakistan. L'ensemble des projets d'infrastructures de la BRI doivent renforcer son attractivité pour les investisseurs nationaux et étrangers et stimule a la fois son commerce extérieur en faisant baisser les coûts et les temps de transport.
OSTRACISME ET PRATIQUE HEGEMONIQUE
La lutte sans merci menée par le régime chinois dépasse la lutte contre la violence politique et se focalise désormais autour de la lutte contre " l'extrémisme" afin d'apaiser l'opinion international; mais aussi, une notion appréhendée d'une manière très extensive. Ceci permet de faire basculer cette minorité non seulement dans le désarroi et les inégalité, mais également à pathologiser toute pensée alternative à celle du parti communiste. A partir de 2016, Xinjiang , les contestations sont réprimés dans le sang tout en misant sur un contrôle de la société et une répression des expressions critiques qui débordaient sur la scène publique tout en jouant la carte du développement économique afin de tenter de rallier les populations Ouighours au modèle de modernisation chinois. Avec l'arrivée au pouvoir de Chen Quanguo, le curseur est mis sur l'éradication de toute forme de contestation ou de défiance jusque dans la sphère privée, quitte à sacrifier cette minorité à l'internement massif à des fins de lavage de cerveau et des pratiques d'endoctrinement communiste; sans parler des assassinats collectifs au sein des camps d'internements. Alors que Xi Jinping posait les cadres de la BRI, le Xinjiang faisait face à une montée des tensions et de la résistance. Depuis la multiplication des attentats à l'explosif, au véhicule bélier et les attaques à l'arme blanche se multipliaient dans un cadre de guérilla bien organisée, Xi jinping accéléra la réorganisation de l'appareil sécuritaire tout en privilégiant le recours au fameux département du Front Uni pour contrôler les activités religieuses ainsi que les minorités nationales. Certes, le contrôle sur les Ouighours avait déjà été renforcé depuis 1990, mais suite à la flambée de violence de 2014, le Xinjiang avait alors connu une nouvelle campagne ( extermination de tous les activistes terroristes violents ).
LE XINJIANG ENTRE ENJEUX STRATEGIQUES ET
REPRESSION SECURITAIRE
Cet univers de l'ulracontrole a fait exploser les budgets alloués à la sécurité. Le recrutement au sein de la police atteignent des niveaux jusque-là inconnus, alors que des postes de police doivent ouvrir dans chaque village ou même les hameau les plus éloignés. Au fil du temps, le Xinjiang devient plus que jamais un vaste terrain d'expérimentation pour l'Etat et les fleurons de la surveillance " high-tech et du big data sécuritaire". La majorité des Ouighours se voient privés de leur passeport, et l'intensité des contrôles d'identité s'intensifiât, les smartphones sont vérifiés à tout moment et le vaste système de vidéosurveillance avec reconnaissance faciale déployé au cours de la dernière décennie est croisé grâce aux vastes fichiers ADN , d'empreintes digitales, vocales, faciales répertoriant chaque individu. l'enchainement de ses pratiques de Xi Jinping, s'appuient aussi sur les nouvelles technologies et le croisement de fichiers afin d'évaluer en permanence les citoyens et leur loyauté au régime communiste. Au Xinjiang, les dispositifs vont plus loin, puisqu'il s'agit d'aller au-delà de la surveillance de la société et de la sanction de ceux qui fauteraient. La collecte de données via la plateforme d'opération jointe intégrée conjuguée à l'étude de comportements inhabituels doit permettre d'anticiper et de classer les personnes en fonction de leur degré de loyauté et du risque sécuritaire qu'ils font peser. Ainsi, le fait d'avoir de la famille à l'étranger, les séjours à l'étranger, d'échanges avec des étrangers ou des personnes ayant séjourné à l'étrangers, d'avoir téléchargé l'application de WhatsApp, de porter la barbe, de ne pas boire d'alcool, de ne pas fumer, de manger halal, de faire le Ramadan et la prière, de ne pas manger du porc, ou encore donner à ses enfants des prénoms musulmans jugés subversifs ( tel celui du Prophète Mohammed, font partie de la multitude de critères permettant d'identifier un potentiel basculement vers "l'extrémisme" ou vers toute exposition à des idées pouvant nourrir la défiance face au régime. En France, le candidat aux présidentielles Éric Zemmour, s'inspire de cette servitude esclavagiste venue d'un autre temps de la répression Chinoise face aux minorités musulmanes vivants en France et persiste et signe au nom de l'extrême droite rampante, du racisme, l'islamophobie, et la discrimination. Bref, au fil des dernières années, le programme (faire famille) a été généralisé. Néanmoins, la communauté Ouighours vivant à l'étranger, depuis 2010, connait des pressions croissante des services secrets chinois. Pour certains ils sont obligés de livrer des informations diverses sur leur communauté, afin de pouvoir rentrer au Xinjiang sous peine de mettre en danger leur enfants en danger. Malgré les dénégations du régime, les Etats-Unis, la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni, ont mis en évidence, à travers l'étude de données satellites, l'existence d'un vaste système de rééducation extrajudiciaire susceptible d'interner environ 15% de la population turcophone du Xinjiang, soit environ deux million d'individus. Pour autant, les témoignages des familles ou d'anciens détenus, la fuite de documents officiels et les divers rapports et informations communiqués par les organisations diasporitiques Ouïghours ou de de défense des droits de l'homme ont fini par sensibiliser l'ensemble des gouvernements Occidentaux. Pékin, pour faire face à l'opinion international, a mobilisé ses soutiens à l'ONU face à la vingtaine de pays qui ont demandé la fin des détentions arbitraires au Xinjiang ; la Chine a pu compter sur plusieurs déclarations de soutien à l'ONU, obtenant la signature d'une cinquantaine d'Etats principalement du continent Africain, du monde arabe, d'Asie du Sud et du Sud-Est. Parmi ses pays ont trouve: Angola, Bahreïn, Biélorussie, Bolivie, Burkina-Faso, Burundi, Cambodge, Cameroun, Comores, Cuba, RDC, Egypte, Erythrée, Gabon, Koweït, Laos, Birmanie, Nigéria, Corée du Nord, Oman, Pakistan, Philippines, Qatar, Brazzaville, Russie, Arabie-Saoudite, Somalie, Soudan, Soudan du Sud, Syrie, Tadjikistan, Togo, Turkménistan, Emirats-Arabes-Unis, Venezuela, le Zimbabwe et autres.
LE CREDIT SOCIAL EN QUESTION
Le système de crédit social ressemble plus à un système administrative et bureaucratique. Par-ailleurs, il n'y a pas un crédit social, mais plusieurs. Ce dispositif est mis en place de manière décentralisée, au niveau de la municipalité et au niveau de certaines administrations sectorielles. C'est le cas par exemple du système judicaire. Si les personnes ou les entités jugées n'ont pas réalisé les sentences pour lesquelles elles étaient condamnées, comme payer une amende, ou effectuer une peine de prison ou corriger un comportement, elles sont inscrites sur une liste noire. Au sein de ce système de point, le citoyen devient un chiffre et non un humain a part entière. C'est à partir de ce moment que se déclenchent un certain nombre de sanctions, dont l'impossibilité d'accéder à des emplois publics ou d'effectuer des dépenses somptuaires. On part du principe que si vous ne pouvez pas payé votre amende, vous ne pouvez donc pas faire de dépenses. A ce titre, les voyages ne peuvent ainsi se faire qu'en seconde classe ou en bus, mais non en avion. Quant aux municipalités, chacune décide de la manière dont elle veut mettre en place le ( crédit social) à son échelle. Certaines publient leurs barèmes, avec en général, une liste d'action qui fait gagner des points et une autre qui en fait perdre. L'ordre de grandeur se situe souvent entre 800 et 1000 points de départ. En Afrique, la Chine se veut leader dans le domaine technologique. Or, la récolte de données dans les pays africains pourrait permettre d'améliorer les systèmes de reconnaissance faciale en ajoutant des visages africains aux bases de données chinoises. En ce sens, ont parle des présidents, des ministres, des généraux, des responsables des services secrets, des oligarques, et des hommes d'affaires.
Pour autant, la Chine n'a pas cédé et pose désormais son modèle sécuritaire en modèle alternatif au modèle Occidental. à ce titre, du soutien croissant de pays dictatoriaux ou despotiques, qui rejettent la démocratie libérale, la situation du Xinjiang est ainsi révélatrice d'une doctrine sécuritaire qui dépasse de loin la simple question Ouïghoures. Au sein de ce pays qui cherche a devenir la première puissance mondiale, l'être-humain est passé de statut de citoyen a un nombre de chiffre limité.
MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA
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