GEOPOLITIQUE/ JAPON - COREE DU SUD - CHINE
En 2021, le premier ministre japonais était le premier dirigeant étranger à être reçu à la maison blanche par le nouveau président américain. Alors que la Chine occupait une place importante des discussions entre les deux dirigeants, ces derniers ont pris l'engagement d'œuvrer ensemble face aux défis de la Chine et sur des sujets comme la mer de Chine orientale, de même que la Corée du Nord, afin de garantir un avenir de liberté et d'ouverture dans la zone indo-pacifique. La même année, c'est le Premier ministre sud-coréen qui était reçu à Washington pour souligner la force extraordinaire de l'alliance avec l'espoir que Séoul se rapproche du "Quad" et se montre plus ferme vis-à-vis de Pékin.
L'affirmation de la puissance Chinoise pose aujourd'hui des défis à Tokyo et Séoul. Les deux pays sont confrontés à la présence d'un grand voisin encombrant depuis aussi longtemps que les relations internationales existent. Néanmoins, le Japon a toujours eu raison de ne pas se placer en situation d'Etat vassal, à la différence des royaumes de la péninsule coréenne. Ils connaissent également des incursions territoriales chinoises de bâtiments militaires, sous-marins ou destroyers croisant vers le Pacifique. L'hégémonisme chinois se manifeste aussi par la voie aérienne ou maritimes en contradiction avec le droit international. Le Japon conteste en particulier que les incursions durent un nombre consécutif de jours de plus en plus élevé dans la zone contiguë ( droit maritime) des Senkaku, archipel d'îlots sur laquelle la Chine reconnaissait la souveraineté Japonaise avant qu'une commission des Nations-Unies, en 1986, ne leur prête des richesses en hydrocarbures. Le Japon s'efforce depuis de maintenir le statu quo sans céder de terrain politiquement. La Corée du Sud revendique pour limite de son territoire maritime la ligne médiane, à égale distance des côtes de part et d'autres, tandis que la Chine s'approprie, au nom d'arguments supposément historiques ou économiques, une surface bien supérieure. Paradoxalement, la Chine reste le premier partenaire commercial du Japon comme de la Corée du Sud. Les chaînes de production régionales, renforcées par la signature récente de l'accord de libre-échange régional ( RCEP) auquel sont parties les trois Etats, ainsi que la Nouvelle Zélande et l'Australie, impliquent étroitement la Chine. Le récent sommet ( Suga-Biden) vise précisément la création de chaînes de production indépendantes de la Chine pour les composants sensibles. Les deux pays ont ainsi développé et déployé en lien avec les Etats-Unis des systèmes de défense anti-missile pour la Corée du Sud. Lors du sommet du G7, le Japon s'est abstenu de s'associer à la déclaration des ( Five Eyes) alliance du renseignement regroupant Royaume-Uni, Canada, Etats-Unis, Australie, et Nouvelle Zélande, laquelle a opté pour une déclaration séparée, ou aux sanctions votées par l'Union-européenne contre les violations des droits de l'homme au Xinjiang, Hong-Kong et Taiwan.
COREE DU NORD - ETATS-UNIS : DEUX ACTEURS CLES
Séoul voit dans la Corée du Nord une menace mais ne parvient pas à renoncer au rêve de la réunification ou, à défaut, de la coopération pacifique. La diplomatie nord-coréenne pour sa part est plutôt gouverné par Washington. Par-contre, la Corée du Sud joue sur la rivalité de la Russie et de la Chine afin de se positionner. De ce fait, face à la Chine comme face à la Corée du Nord, Tokyo a adopté une politique plus active que la Corée du Sud, déployant une diplomatie dans le domaine de la défense au-delà de l'alliance nippo-américaine, pour en prolonger l'efficacité par un réseau de relation avec des partenaires privilégiés. Cette stratégie se manifeste par la vision pour un océan Indo-Pacifique libre et ouvert, qui se veut inclusive et non hostile à la Chine, mais traduit la volonté d'apporter aux pays en voie de développement des solutions alternatives aux routes de la soie. Le Japon est par ailleurs un membre actif du "Quad", coopération entre inde, Australie, Etats-Unis et Japon, qui progressivement se structure et passe du champ des exercices militaires au champ politique, comme en attestent les dialogues entre chefs des diplomaties et chefs d'Etats. L'alliance nippo-américaine demeure fondamentale pour le Japon, et les Etats-Unis qui lui a reconnu le mérite d'attirer l'attention sur le défi chinois. Pour sa part, lors du sommet du 16 avril 2021, Joe Biden a bien saisi la subtilité japonaise de ne pas s'associer aux sanctions contre la Chine et l'engagement néanmoins infaillible sur la préoccupation commune entre Tokyo et Taiwan. Les points de tensions entre les américains et la chine sont nombreux: mer de Chine du Sud, Taiwan, Hong-Kong, Xinjiang. La Chine considère illégitime toute position américaine sur ces enjeux, comme elle considère illégitime la présence militaire américaine en Asie au sens large. Du coté américain, l'administration Joe Ben perçoit la Chine comme la première des menaces. Elle n'a pas levé les sanctions commerciales et technologiques mises en place au cours des années précédentes, et affiche sans ambiguïtés ses divergences de vues vis-à-vis de la Chine, que ce soit aux niveaux bilatéral comme multilatéral.
En somme, si l'affrontement idéologique serait aujourd'hui inexistant ou incomparable à celui de la guerre froide est tout a fait erroné. Le renouveau idéologique est réel depuis l'arrivée de Xi Jinping au pouvoir, façonnant fortement les orientations de politiques intérieure et extérieure du pays. En particulier, le ressentiment anti-occidental, héritage du maoïsme, est solidement ancré au sein de l'élite du parti communiste.
MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA
NB/ du point de vue du Parti communiste, le conflit idéologique existe et doit être mené jusqu'au bout. Il faut donc les combattre, nom seulement sur le territoire chinois, mais aussi au-delà des frontières, en soulignant les faiblesses présumées des démocraties occidentales et en glorifiants les forces présumées du système chinois. Xi Jinping considère que le système de gouvernance chinois doit devenir une référence pour le monde. Nous en sommes loin, mais l'ambition est réelle. Dans ce cas, une troisième guerre mondiale sera inéluctable.
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