GEOPOLITIQUE/ GEOSTRATEGIE : EMMANUEL MACRON ET LA SOUVERAINETE DE DEFENSE DE L'UNION-EUROPEENNE
Au cours des trois décennies écoulées, les conflits interétatiques de haute intensité font leur retour, avec des rapports de force fortement tendues et un cycle instable de décomposition fortifiés par des nouveaux espaces de batailles acharnés. Sur la scène internationale, un monde multipolaire constitue un progrès réel en termes de la militarisation de l'espace, les cyberaffontements ou la guerre cognitive qui impose ces propres défis. La France est-elle préparée aux conflits de demain sans l'appui de l'OTAN ? Ou encore quel avenir pour la souveraineté de défense Européenne face a un monde hégémonique ?
En 2018, les forces militaires Britanniques ont conduit un exercice de taille, ce qui a permis d'annoncer publiquement que 30 000 robots pourraient opérer aux cotés des soldats d'ici 2030. De l'autre coté de l'Atlantique, l'armée américaine développe des armes laser très sophistiqués. En 2021, la Chine a réussi le lancement d'un missile hypersonique à capacité nucléaire qui a fait le tour de la terre en orbite avant de toucher sa cible. Concernant la France, elle a mis en orbite le satellite militaire de dernière génération ( Syracuse S4) en octobre 2021, conçu pour résister aux brouillages comme aux agressions cinétiques venues de la terre ou de l'espace. Dans le domaine militaire spatial, elle a fournit un effort considérable en investissant 2 milliards d'euros annuellement. Sachant qu'elle a perdu une partie de sa souveraineté juridique avec l'instauration par les Etats-Unis du (Patriot Act en 2021) puis du ( Cloud Act en 2018), qui contraignent les entreprises françaises du monde entier à se soumettre au droit américain. Selon le directeur du renseignement et de la Sécurité de la Défense ( DRSD), " ces lois sont souvent utilisées comme de véritables armes de guerre économique". Un modèle également suivi par Pékin, qui a mis en place en 2020 une réglementation similaire, multipliant ainsi les risques d'ingérences étrangères et d'amendes records pour les entreprises françaises et européennes. Dans ce contexte, la Chine est à 10 milliards et les Etats-Unis à 50 milliards. Ces chiffres colossaux posent déjà la question de la souveraineté de recherche et du développement des nouvelles technologies militaires et la suprématie des puissances. Dans le domaine de l'intelligence artificielle " IA"1" qui ouvre des perspectives vertigineuses en termes de systèmes d'armes, d'analyse et de décision, l'Europe, même prise dans son ensemble est largement distancée par les deux puissances la Chine et les Etats-Unis. C'est au nom de cet impératif que le président Emmanuel Macron défend le principe d'une autonomie stratégique étendue à l'ensemble de l'Union européenne. Or, dans ce combat, elle ce confronte à deux adversaires de tailles, les américains et les chinois. Pour les Américains, sous couvert d'intégration et d'interopérabilité au sein de l'OTAN, Washington n'hésite pas à utiliser tous les moyens de pression à sa disposition pour décourager toutes les perspectives technologiques et militaires européennes et pourvoir ses propres équipements. Pour les américains, une Europe puissante serait également une concurrente dans la course à la puissance au sein de la scène internationale. A mon avis, les prochaines décennies seront celles de l'intensification entre Paris, l'Union-Européenne et Washington sur la question de l'autonomie stratégique. Cette rivalité peut ce traduire par du nouveau contexte international, ou les alliances inconditionnelles sont fortement dépassées. Sur l'échiquier des puissances, l'illusion du commerce a remplacer la réalité des guerres économiques, où les armes financières, commerciales et normatives visent à remporter des marchée ou à dégrader le tissu industriel de l'adversaire. Chapeautant l'Union-Européenne depuis le premier janvier 2022, Emmanuel Macron est parfaitement conscient que les organisations supranationales voient se déchainer "le Lawfare", la guerre du droit. Les idées mêmes sont redevenues des forces et les modèles autoritaires, progressistes ou démocratiques se heurtent dans la redéfinition des critères de légitimité de notre ère. Les grandes démocraties sont contestées jusque dans le domaine des valeurs, où elles se croyaient totalement irréprochables. Au fil des conflits, les Etats compétiteurs ont donné une dimension nouvelle des guerres couvertes et indirectes mais d'une violence extrême. Le but poursuivi est l'annihilation de la cible en tant que corps collectif, en tant qu'identité capable d'exprimer une volonté stratégique. Nous vivons une époque ou aucun domaine ne peut plus être isolé du contexte de compétition permanente et des guerres systématiques, militaires ou non, d'où l'hégémonie du puissant devient la règle. La force militaire demeure un instrument de puissance majeur. Avec un PIB inférieur à celui de la Corée du Sud, la Russie de Poutine ne fait pas le poids sur la scène internationale sans ses 13 000 véhicules blindés et 6500 ogives nucléaires. Avec 30 000 hommes déployés, la France est la deuxième contributeur mondiale de troupes en posture opérationnelle, derrière les Américains. A l'avenir, les forces françaises devraient privilégier des opérations coup de point et un accompagnement des armées régionales. En revanche, la guerre du Haut-Karabagh, en 2020, a marqué le retour décomplexé à la force armée afin de dénouer un contentieux entre Etats aux portes de l'Europe. Pour le président Macron, la guerre de haute intensité, a fait son retour, tout en soulignant la faiblesse militaire européenne. En Ukraine, si l'Occident tente de faire pression concernant les progrès sur les engagements des accords de Minsk, son influence est limitée. Berlin et Paris, qui se voient médiateurs dans le conflit, ont encore moins d'emprise sur la Russie, avec laquelle ils sont liés par de nombreux intérêts commerciaux, par les investissements directs étrangers en Russie ou encore par le projet ( Nord Stream 2) . En 2020, la Turquie n'a pas hésité à renouer avec la politique de la force directe. Ses incursions dans les eaux territoriales grecques ont nécessité le déploiement de navires et de chasseurs Français afin de respecter la souveraineté grecque. Cette grise a révélé l'obsolescence des principes de sécurité collective du XX siècle. L'OTAN s'est montré incapable de résoudre la crise entre Etats-membres et les Américains ont été aux abonnés absents. Depuis quelques temps, ont constate avec effroi que la stratégie privilégie l'occupation préemptive d'espace stratégique. C'est la tactique de la Russie en Crimée ou de la Chine dans les archipels contestés des Spartleys ou des Paracels allant jusqu'à créer des ilots artificiels qu'elle occupe militairement.
LES HYPERFORTERESSE FACE A LA MENACE DES ARMES HYPERVELOCES
Lorsque l'hypervélocité devient la vitesse de croisière, les capacités humaines sont obsolètes, seule l'intelligence artificielle peut s'accommoder d'une telle célérité. Selon les experts des années 2040, cette temporalité, créée par les ruptures technologiques, se reflète sur le champ de bataille via un phénomène de triple instantanéité. L'instantanéité de l'action offensive expliquée par l'utilisation des missiles hypervéloces et l'omniprésence des drones; l'instantanéité dans la défense, puisqu'il faut réduire proportionnellement le temps de réponse aux attaques; et l'instantanéité de l'analyse et du traitement de données provenant du terrain. les experts militaires évoquent aussi un réseau de forteresse géantes. L'hyperforteresses est conçue pour identifier et intercepter les menaces dans un rayon de 150 kilomètres. Le dispositif s'appuie sur un bouclier spatial chargé de l'observation et composé de satellites en orbites, eux-mêmes protégés par des drones de protection. Depuis 2015, la pratique du Wargaming a connu un regain d'intérêt en France dans le monde de la défense car elle permet d'explorer des scénarios prospectifs qui paraissaient jusque-là très probables. Ce succès s'explique aussi par la dimension pédagogique des wargames qui permettent de stimuler l'agilité intellectuelle des participants en les forçant à prendre des décisions et à réfléchir comme leurs adversaires potentiels.
De toute façon, science-fiction ou réalité technologique futuriste très poussés, celui qui maîtrisera l'intelligence artificielle dominera le monde et sans partage.
MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA
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