GEOPOLITIQUE DE L' AFRIQUE / UN FUTUR INCERTAIN
L'émiettement ethnique provoqué par la géographie coloniale, sa gouvernance et son savoir ethnologique a conduit les différents groupes partageant le même pays à affiner leurs identités, réelles ou fictives, dans la concurrence et la compétition, mettant en avant leurs attaches primaires. Viennent par exemple à l'esprit, les Somalis répartis entre le Kenya, la Somalie, l'Ethiopie et Djibouti ; les Bakongo, entre les deux Congo et l'Angola; les Soninké, entre le Mali, la Mauritanie et le Sénégal; les Touareg, entre le Niger, le Mali, le Burkina Faso, l'Algérie et la Libye. Seuls trois Etats, la Somalie, le Rwanda et le Burundi sont monolingues, et un seul est ethniquement homogène, la Somalie.
Les alignements identitaires ont pris des tournures irrédentistes ( les Somalis et les Bakongo), voire sécessionnistes ( au Katanga de 1960-1963, en Erythrée de 1962-1993, au Biafra, de 1967-1970, à Anjouan en 1997, au Soudan du Sud de 1983-2011 et en Casamance depuis 1982). Les leaders africains ont pu contenir les sécessions du Katanga et du Biafra. En revanche, l'Erythrée " 1993" et le Soudan du Sud " 2011" ont accédé à l'indépendance. L'exemple le plus illustratif est la guerre civile à dimension politico-ethnique au Soudan du Sud. Tout aussi notables sont les conflits impliquant différentes ethnies au Rwanda, au Burundi, en Ethiopie, au Libéria, en Guinée, au Mali, et au Niger. L'état des lieux démasque les acteurs, les identités mobilisées et les apparences qui alimentent les conflits. Ces derniers signalent l'échec de l'aspiration qui a porté les luttes nationalistes et la construction de l'Etat-nation. Elle promettait la libération et l'égalité déclinées dans les valeurs civiques et l'action collective pour le bien commun, par-dessus les attaches primaires. Etaient célébrées la nation et le territoire national, et voués aux gémonies, l'ethnicité et le tribalisme. Pour contenir la diversité religieuse, la laïcité était promue. L'ambition nourrie était de faire émerger du chaos ethnique, religieux et linguistique. Non seulement la citoyenneté n'a pas exclu les autres formes d'association, mais elle se trouve en concurrence avec elles, enchainées par des confrontations identitaires.
UNE CITOYENNETE CONFISQUEE
La première génération de l'élite politique avait une pleine conscience de périls de la cartographie coloniale. En 1964, à la conférence du Caire, l'Organisation de l'unité africaine ( déclare solennellement que tous les Etas membres s'engagent à respecter les frontières existant au moment où ils ont accédé à l'indépendance). Le principe de l'intangibilité des frontières départage les partisans du maintien des frontières coloniales ( groupe de Monrovia: Niger, Sénégal, Cameroun, Liberia, Haute-Volta, Cote d'Ivoire, Sierra Leone, Togo, Dahomey, Tchad, Niger, Madagascar, République populaire du Congo, Gabon, République centrafricaine, Ethiopie, Somalie, et la Tunisie ) et ceux qui militent pour le redécoupage ( groupe de Casablanca : Algérie, Egypte, Ghana, Guinée, Libye, Mali, et le Maroc ). Le principe était associé à la réalisation de l'unité de l'intégration économique africaines et de l'idéal panafricain. Une manière de mettre fin au chapitre colonial, néanmoins, certes ces Etats ont gagnés leur indépendances mais ils n'ont jamais connus la paix face aux puissances hégémoniques. Le défi qui animent la séquence postcoloniale africaine pour faire face à la composition pluriethnique des territoires sont demeurés les mêmes : s'accorder sur des formules susceptibles de fabriquer des communautés solidaires et en dialogue permanant. Cette fabrique d'une unité constamment renégociée pour faire tenir ensemble les fragments ethniques et religieux suppose la reconnaissance et le respect du pluralisme. Le projet postcolonial d'une unité politique rejetant les attaches primaires n'a eu pour résultat que de les rendre plus vives et meurtrières. Car elles alimentent les conflits, les génocides et les "pogroms", remettre l'ethnicité au centre de la construction nationale et du rêve panafricain est devenu vital. Au fil de l'histoire, ce n'est pas un hasard si la description des peuples d'Afrique est une obsession des théoriciens de l'apartheid, dont l'ambition consiste, dans sa version de ( grand apartheid), à réserver des espaces distincts où chaque individu sera ramené à son appartenance ethnique. Cette séparation ce traduit a notre époque par une autre invasion des puissances qui cherchent a confisqués l'essentiel des richesses Africaines. Ainsi, on pourrait multiplier les références à cette réalité immuable et inconditionnelle. L'Etat-nation reste-t-il un modèle? Quel avenir dessiner pour les peuples autochtones ? La mondialisation dissout-elle les peuples ? Et enfin, a qui profite les théories complotistes des minorités et le dépeçage des Etats et des peuples ?
MONARCHIES ARABES - ISRAEL
Entre ingérence ostentatoire et instrumentalisation, les monarchies du Golfe après leurs normalisations diplomatiques avec Israël, le Maroc a obtenu pour sa part la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara Occidental; y compris les monarchies du Golfe notamment l'Arabie-Saoudite, les Emirats Arabes Unies, et l'influence de l'Etat hébreu. L'euphorie diplomatique qui a suivi les "accords d'Abraham" signés avec les Emiratis et le Bahreïn s'est prolongé lorsque le Maroc et le Soudan leur ont respectivement emboité le pas en décembre 2020 et janvier 2021. D'un coté, la nouvelle donne est caractérisée par un décloisonnement diplomatique entre Israël et plusieurs Etats arabes, traditionnellement unis face au Tel Aviv et conditionnant toute ouverture au solutionnement du contentieux israélo-palestinien. L'acteur israélien a continué de se démarquer par sa supériorité dans le champ des technologies de défense durant ces années, mais il a également eu le reflexe stratégique de se rapprocher des monarchies arabes afin de mettre un pied solide dans le continent via le Maroc. Israël en ressort fort de six alliés arabes. Au-delà de la pleine reconnaissance de l'Etat d'Israël, le puissant acteur du Golfe a en effet multiplié les gestes d'ouverture concrets dans le domaine agricole, médical, universitaire, bancaire, touristique etc. Ceux-ci vont désormais jusqu'à se décliner dans le champ militaire, à travers un premier accord entre Israël Aerospace Industries et le groupe émiratis "EDGE" en vue de développer des drones. Dernier fait marquant en date : L'inédite participation du commandant de la force aérienne émiratie, le général-major Ibrahim Al-Alawi, au cinquième exercice aérien international "drapeau Bleu" organisé depuis le désert méridional du Néguev en octobre 2021. Cette entente affichée entre les deux forces armées respectives ouvre la porte à plusieurs scénarios nouvellement plausibles : parmi ceux-ci, la participation d'un escadron émirati lors d'une prochaine édition de l'exercice en Israël, avec les forces émiratis. Un véritable cauchemar pour Téhéran, qui se retrouverait soudainement avec les F-35 de Tel Aviv à quelques encablures de ses infrastructures nucléaires. Quoi qu'il en soit, les observateurs n'ont cessés, à ce stade, de scruter l'horizon pour y discerner les prochaines gouvernements arabes susceptibles de rejoindre ce nouveau club, par- contre, d'autres pays comme l'Algérie observent avec une très grande méfiance la présence d'Israël aux portes de ces frontières. Du coté Iranien, les années 2000 et 2010 n'ont cessé de voir la guerre dite" asymétrique" s'imposer par défaut, et donc les phénomènes miliciens proliférer. Téhéran, s'est imposée en learchip de ce type de conflit. Et son influence militaire se targue désormais d'avoir crée six "armées" en dehors d'Iran pour protéger le pays face à l'impérialisme américano-sioniste : le Hezbollah au Liban, les forces pro-gouvernementales en Syrie, le Hamas à Gaza, le Jihad Islamique en Cisjordanie, les Houtis au Yémen et les Forces de la mobilisation populaire ( al-Hashd al-Shaabi) en Irak. Dans un cas comme dans l'autre, elle rappelle que c'est bien l'Iran qui reste la bête noire actuelle d'Israël et les monarchies du Golfe. Si le Hezbollah Libanais reste le principal levier de proximité dont dispose Téhéran le long de son corridor terrestre ( ad Méditerranéen), le Corps des Gardiens de la révolution Islamique ( CGRI) aime rappeler qu'il est également en mesure de frapper là où Israël ne s'y attend pas. Cela s'exprime qu'Israël doit continuer de prendre en compte un scénario de coordination ennemie maximale qui l'exposerait à des tirs fournis et synchrones en prevenance des territoires palestiniens, du Liban, de Syrie, d'Irak, et du Yémen. Si l'acteur émiratis ressort, à ce stade, comme la pièce maîtresse de cet échiquier en reconfiguration, il n'est pas le seul atout dont Tel Aviv pourrait faire usage à moyen terme. Quoi qu'il en soit, l'Iran doit de plus en plus redouter de nouveaux scénarios de coordination ennemie ( monarchies du Golfe, Etats-Unis et Israël) qui pourrait permettre d'anéantir ses ambitions nucléaires, comme ce fut le cas pour l'Irak en 1981 et pour la Syrie en 2007. La polarisation régionale se poursuit donc, et c'est au Liban partenaire régulier des tempêtes régionales que se manifestent les premiers entrechocs alarmants.
ALGERIE - MAROC - ISRAEL : LES LIAISONS DANGEREUSES
Les autotriés algériennes ne perçoivent plus la monarchie Alaouite comme un pays rival mais comme un potentiel ennemi, qui aspire à déstabiliser un régime déjà affaibli par une économie mise à mal depuis la chute du pétrole et par une situation politique dangereuse depuis le l'émergence du Hirak en 2019. L'Algérie accuse également le Maroc de soutenir le (MAK) , un mouvement Kabyle, fondé en 2001, qui revendique l'autodétermination de cette région. Les dirigeants militaires ont lu, dans les propos de l'ambassadeur du Maroc aux Nations-Unies, la preuve qu'une énième tentative de déstabilisation de l'Algérie était à l'œuvre. En effet, lors d'une réunion virtuelle des pays non alignés, le 13 et 14 juillet 2021, l'ambassadeur du Maroc, en réaction aux propos de l'ambassadeur d'Algérie sur le peuple sahraoui, avait évoqué le droit du peuple Kabyle de jouir pleinement de son droit à l'autodétermination. Alger s'est alors indigné, rappelant son ambassadeur au Maroc. Cette crise autour du soutien à la Kabylie n'est pas nouvelle. En 2015, la délégation marocaine à l'ONU avait déjà soulevé la question du droit à l'autonomie de la Kabylie en réaction là aussi au soutien au droit du peuple sahraoui. En 2016, l'émergence d'un mouvement de contestation dans le Rif, une minorité berbérophone du Nord du Maroc qui revendique également l'autonomie du Rif et dont les opposants croupissent dans les prisons sans jugement et poursuivis aussi à l'étranger par les services secrets Marocains avait soulevé la problématique du droit à l'autodétermination des minorités Kabyle du Rif au sein de la monarchie.
LE MONDE BERBERE/ UN IRREDENTISME EN EFFERVESENCE
Le monde berbère est immense et différencie, notamment sur le plan des insertions géopolitiques. Cette diversité a été accentuée par leur fragmentation géographique depuis l'arabisation de l'Afrique du Nord à la suite de la conquête arabe et de l'islamisation des Berbères au début du XII éme siècle. Actuellement ils sont présents dans neuf pays de l'ensemble Afrique du Nord, Sahara-Sahel; de l'Egypte au Maroc, de la coté méditerranéenne algérienne ( petite et grande Kabylie) à la boucle du Niger ( Niger, Mali, Burkina Faso. ) L'évolution démographique des Berbères est difficile compte tenu de l'inexistence du recensement linguistique, ce qui constitue un véritable enjeu politique. Selon les chiffres existants, on peut admettre une proportion de 20% de la population algérienne, 40% pour le Maroc, 1% pour la Tunisie, 10% pour la Libye, sans oublier les 2 millions de Touaregs qui vivent entre l'Algérie, la Libye, le Niger, le Mali, le Nord du Burkina Faso, et la Mauritanie. Concernant la diaspora berbère issue des migrations économiques vers l'Europe, la France à elle seul compte 2 millions de personne d'origine berbérophone qui s' identifient comme hostile à l'Islam et surtout au pouvoir en place comme l'Algérie et le Maroc. Les régimes Maliens et Nigériens considèrent les Touaregs également berbérophones, comme un élément déstabilisateurs dans la région. Cette situation explique la révolte armée Touaregs qui dure depuis 1963 et qui a transformé cette zone en un terrain de conflit, qui au fil des années elle est devenue à une poudrière régionale touchant tous les pays voisins. Les berbères du Maghreb ( Algérie- Maroc) sont insérés dans un contexte arabo-musulman et dans des Etats-Nations marqués par un nationalisme arabe, reconnaissant la berbérité dans leurs constitutions réciproques. Au fil du temps, l'affirmation identitaires a d'abord concerné la Kabylie en Algérie, puis le Maroc où elle prend la forme d'une revendication posée a la monarchie. Depuis, le phénomène s'est consolidé tant à l'intérieur qu'a l'extérieur des deux pays. Face à ce réveil identitaire chronique, les deux Etats ont étaient contraints d'assouplir leur position, et sont passés de la défiance à la tolérance contrôlée. Désormais la berbérité y est reconnue comme une composante du patrimoine culturel au sein des deux pays. Paradoxalement, les leaders berbères, très actifs en France, en Espagne, se mobilisent sans répit afin que l'autonomie berbère prenne une dimension internationale; ce qui constitue un lobby de taille et un enjeu géopolitique dans la région du Maghreb ( Algérie-Maroc .) Ont constate également que depuis la christianisation de la Kabylie par des missionnaires catholiques et protestants, le pouvoir Algérien reste perplexe sur sur l'éventualité d'un conflit interreligieux a moyen terme, dont les conséquences peuvent conduire à une guerre civile en Algérie. De l'autre coté, les dissidents marocains installés à l'étrangers, considérant le monarque Mohammed 6 comme un dirigeant tyrannique s'appuyant sur les platitudes surannés des autres monarchies du Golfe. Misères, chômages endémiques, répressions policières, contrôles des médias, et l'incarcérations des opposants du Rif sans jugements à des peines allant jusqu'à la perpétuité. Ils accusent également le monarque de confisqué toute la richesse du pays notamment à l'étranger, laissant pour compte un peuple en otage et un pays en sursis. Depuis quelques années, les monarques du Golfe l'Arabie-Saoudite et les Emiratis, ont instrumentalisés la question berbère Algérienne en accueillant le leader du MAK à Dubaï, et le Mossad Israélien prendra le relais plus tard. Très convoité, le MAK prendra une vitesse exponentiel sur la scène internationale et défie même l'Etat Algérien. L'émergence du MAK avec le soutien d'autres pays de concrétiser pleinement son droit à l'autodétermination, n'est pas un cas isolé.
Si le Mak en Algérie prend des armes, la contagion se propagera aussi au Rif du Maroc et également aux tribus Touaregs. conséquences, c'est toute la région qui s'embrasse comme c'est le cas de la Syrie ou la Libye, avec notamment de nouveaux acteurs étrangers d'où des millions de migrants prendrons le chemin de l'exil surtout vers la France, l'Italie et l'Espagne. La question berbère va réveiller un génocide hors contrôle dans toute la région.
MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA
repères militaires
ALGERIE MAROC
Soldats / 470 000 ( 460 000 )
Réservistes / 150 000 ( 150 000 )
Forces paramilitaires / 190 000 ( 50 000 )
Avions de combat / 551 ( 249 )
Chasseurs / 102 ( 83 )
Hélicoptères / 268 ( 64 )
Hélicoptères d'attaque / 45 ( 0 )
Véhicules blindés / 7000 ( 8000 )
Chars / 2024 ( 3033 )
Navire de guerre / 201 ( 121 )
Sous-marins / 8 ( 0 )
Frégates / 8 ( 6 )
Corvettes / 10 ( 1 )
Patrouilles / 65 ( 22 )
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire