GEOPOLITIQUE DE L'ISLAM / DEPECAGE ET
HETERODOXISME
La monarchie des Saouds est le seul pays au monde qui porte le nom d'une famille, pour certains, ils n'ont aucune légitimité religieuse car elle n'appartient pas à la tribu du prophète. Le contrôle des deux lieux saints de l'Islam donne une légitimité politico-religieuse et un prestige sans égal que le Royaume cultive depuis sa création.
Et pourtant, ils étaient responsables de la propagation de l'intégrisme dans le monde musulman afin de contrer le communisme à la demande de leurs alliés Occidentaux et d'éviter que l'URSS peut asseoir sa doctrine au sein du monde arabo-musulman. Tout en exportant l'intégrismes et la création de partis fondamentalistes. L'intégrismes, sous leurs formes actuelles, ont été totalement fabriqués et que le monstre ainsi créé n'a pas encore échappé à tout contrôle et continue d'enflammer les conflits, la déstabilisation des Etats et le dilemme des peuples. Aux origines, en 1914, l'Empire Ottoman avait dépêchés des émissaires dans le Najd, afin de demander l'appui d'Abdelaziz, alors sultan de la province. Mais celui-ci se déroba, se prétextant incapable de tenir tète aux Anglais et promettant toutefois de ne pas empêcher les commerçants du Najd de fournir de la nourriture aux troupes turques. Ibn Saoud parviendra à louvoyer durant tout le conflit, ne menant des actions militaires qu'en fonction de ses intérêts propres. Quand s'effondre l'Empire Ottoman, cinq Etats indépendants se partagent la Péninsule : le Hedjaz, le Yémen, le Asir entre les deux, le Najd au centre et le Chammar dans Nord. Le Hedjaz était le plus prestigieux en raison de la présence des lieux saints de l'Islam (le Mecque et Médine ) et jouissait d'une certaine visibilité internationale du fait de la révolte arabe déclenchée par le chérif Hussein en 1916. En 1924, Mustafa Kamel juif d'origine, chapeauté par les Britanniques abolit le califat en Turquie. Interdisant la langue arabe, l'application de la charia ( Coran et Sunna), tout en s'attaquant aux exégètes et érudits de l'Islam, la laïcité remplace désormais le rythme des musulmans en Turquie. Hussein se proclame alors calife et reçoit l'appui des autorités religieuses du Hedjaz, de Palestine, de Transjordanie et d'Irak, de la seule famille Hachémite. Mais le reste du monde musulman et l'Angleterre s'y opposent. Abdelaziz Al -Saoud en profite pour organiser avec les ( Ikhwan) la campagne de conquête du Hedjaz. Le but final des Saouds est atteint avec la prise de la Mecque en 1924, au détriment du monarque légitime, le chérif Hussein de la Mecque, un Hachémite, descendant d'une famille liée au Prophète par le grand-père "cette reconnaissance à la famille du prophète n'est pas une légitimité historique" ( néanmoins, il est primordial de savoir que la succession au pouvoir "le califat" en Islam n'est pas héréditaire et abolit par la sunna du prophète.) Les Hachémites qui avaient collaboré lors de la guerre contre l'Empire ottoman, évincés de la Mecque, furent récompensés par les couronnes des Etats nés du dépeçage de l'Empire : ( Trans ) Jordanie, Irak et Syrie. Après la conquête de la Mecque, puis celle de Médine et Djeddah en 1925, toute l'Arabie actuelle passe alors sous le contrôle d'Ibn Saoud. En 1926, les Saouds ont dû se faire reconnaitre religieusement comme maîtres des lieux saints par les autres pays musulmans. Un congrès islamique s'est tenu alors à la Macque, avec 69 délégués venus du monde entier : Inde, Egypte, URSS, Java, Palestine, Liban, Syrie, Soudan, Najd, Hedjaz, Asir, Afghanistan, Yémen, Iran et autres. Certaines délégations se retirèrent, car ils considéraient que les trois lieux saints de l'Islam ( la Mecque, Médine et la mosquée de Palestine) appartiennent à tous les musulmans et ne doivent pas être confisquées par une famille propulser au pouvoir par les Anglais. Et celles qui choisirent de rester ne purent que lui reconnaitre le nouveau statut de (protecteur des Lieux Saints). L'acquisition du Hedjaz lui confère aussi des rentrées colossales pour son Trésor. En effet, "le hadj" ou le pèlerinage vers la Mecque génère des milliards de dollars par an. En 2016, l'Iran appelait les musulmans à réfléchir sérieusement à la gestion des lieux saints situés en Arabie. Une remise en cause du contrôle saoudien sur les lieux saints et le hadj est -elle réellement envisageable? Outre l'Iran, d'autres pays musulmans s'alignaient à la cause de l'axe chiite. En 1987, 150 000 pèlerins iraniens manifestent devant le Mont Arafat, contre le grand Satan ( les Etats-Unis). Bilan, 402 morts dont 275 Iraniens et 85 policiers saoudiens. Khomeiny lance alors l'anathème contre la famille saoudienne, incapable selon lui d'assurer la sécurité du pèlerinage. Les critiques dans le monde musulman sont plus concentrées sur la dynastie que sur le contrôle des lieux saints. L'Algérie, par exemple, considère que c'est la diffusion du salafisme soutenu par Riyad qui est responsable des dix années de guerre civile qu'a connu le pays, sans oublier les ingérences actuelles au Yémen, la Libye, la Syrie, l'Irak, le Soudan, le Burkina-Faso, le Mali et certains pays du Sahel. Notons que le chef des djihadistes au Mali, Mohamoud Dicko, qui dénonce la présence française dans le pays et qui a refusé de condamner l'attentat contre l'hôtel Radisson Blu de Bamako, en 2015, et dont il y'a eu 22 morts, était un ancien étudiant de l'Université de Médine propulsé par les services Saoudiens. Comme l'autorisation de conduire accordée aux femmes. La monarchie a était davantage critiqué et blâmée suite à l'horrible assassinat de Jamal Khashoggi qui pour rappel impliquaient 15 Saoudiens. Le nombre de condamnations à mort est trois fois supérieur à celui des Etats-Unis. Enfin, concernant les exécutions massifs en Egypte avec la bienveillance des Saoudiens et les Emiratis, et l'anéantissement de tout courant fustigeant les monarques du Golfe notamment les Al-Saouds; Le dictateur El-Sissi, a transformer le pays en une prison a ciel ouverte dont les interpellations, les tortures, les incarcérations et les peines capitales font le quotidien du peuple égyptien.
LES EMIRATS / VERS UN FRACTIONNISME OSTENTATOIRE
Depuis 2020, les monarques Emiratis ont adoptés plusieurs décrets-lois fédéraux modifiant les dispositions du Code du statut personnel, du Code civil, du Code pénal et du Code des procédures pénales. Les réformes du Code pénal ont commencé en 2019 avec le décret-loi N 4 qui protège les étrangers mariés avec des nationaux en supprimant la sanction de l'éloignement afin de préserver la famille. Les modifications apportées en 2020 sont allées plus loin en réformant ce qui est qualifié de crimes des frontières, c'est-à-dire les sept crimes les plus graves qui ont été décrits dans le droit musulman de manière détaillée avec des sanctions précises ( Ces crimes sont: la fornication, la calomnie, la consommation d'alcool, le vol, le banditisme, l'apostasie et la rébellion ) sans aucun pouvoir discrétionnaire accordé au juge. Il en est ainsi de l'interdiction de la consommation d'alcool ( Coran, S-5-V90-91) pour laquelle les savants musulmans avaient prévu une sanction allant de quarante à quatre-vingts coups de fouet pour ceux qui transgressent cette règle. Depuis les changements législatifs intervenus aux Emirats, l'alcool peut y être vendue avec une licence et consommé à partir d'un âge minimum fixé à 21 ans. Quand à la loi fédéral pénalisant la consommation et le commerce d'alcool, qui était en vigueur depuis 1972, elle est désormais abolie. Avec ces nouvelles dispositions, la réforme émirienne semble donc constituer une avancée que l'on peut qualifier d'historique, allant ouvertement à l'encontre de certaines dispositions de la loi islamique. Il est évident que l'ensemble des réformes annoncées en novembre 2020 et qui tendent à renvoyer une image plus occidentalisée des Emiratis, en libéralisant notamment la consommation d'alcool, le concubinage, la mixité des plages, les clubs, les sales de jeux, l'avortement, et enfin le changement du Week- end excluant le vendredi jour sacré de prière pour les musulmans . A la lumière de ces changements, ont comprend mieux a notre époque contemporaine l'éclosion de mouvements radicaux prêchant chacun des vues spécifiques, voire opposées, quant à l'emploi de la violence ou la délégitimation de certains régimes comme l'Arabie-Saoudite ou les Emirats.
Les Saoudiens représente d'ailleurs l'un des principaux maillons de la diffusion du salafisme depuis l'après 1945, autant qu'il figure aujourd'hui un pouvoir honni par les groupes jihadistes pour avoir rompu sa promesse originelle d'un soutien aux peuples musulmans opprimés ( Ouighours, Tchétchénie, Yémen, Somalie, Mali, Tunisie, Nigéria, Niger, Rohingyas et autres ) , au profil notamment d'une alliance avec des pays occidentaux qui lui vaut désormais d'être ciblé par des acteurs qu'il a pourtant largement participé à armer militairement et idéologiquement.
MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA
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