samedi 18 décembre 2021

 GEOPOLITIQUE/ LA TRANSCAUCASIE : ISRAEL ET LA TRIADE TURQUIE-IRAN ET LES ETATS-UNIS 

 Peuplé à 80% de chiites en partie intégrante de l'ancien Empire perse, l'Azerbaïdjan partage de fortes affinités ethnoculturelles avec l'Iran dont un quart de la population appartient à la minorité azérie. Après 70 ans de domination soviétique et d'athéisme d'Etat, c'est d'abord vers Téhéran que Bakou s'est tourné pour raviver ses racines et son identité confessionnelle. Au moment des indépendances, le régime Iranien a fondé de grands espoirs en Azerbaïdjan, y voyant un terrain fertile pour l'expansion de son influence régionale. 

 


Considérant l'Azerbaïdjan comme un pivot stratégique permettant d'endiguer à la fois la Russie et son allié iranien,  Washington entre en jeu transformant la Transcaucasie en  un échiquier international entre l'Iran et la triade Etats-Unis-Turquie-Israël. Dés la première guerre du Caucase ( 1988-1994), l'Iran s'est présenté comme le seul acteur suffisamment impartial pour arbitrer le diffèrent azéro-arménien. Néanmoins, l'Azerbaïdjan a rejeter les espoirs iranien en excluant les principes théocratiques des mollahs, tout en considérant avec suspicion la politique prosélyte du régime islamique, en se tournant vers un modèle néokémaliste et pro-occidental. Non seulement le lien irano-azéri s'est avéré être une source de soft power difficile à exploiter, mais il s'est vite présenté comme un danger potentiel a double tranchant. Chaque nouvelle crise au Nagorny-Karabagh ( 1993, 2006, 2016, 2020 ) a été l'occasion d'intenses fraternisation inter-azéries faisant planer un risque sur l'intégrité territoriale de l'Iran. Au cours de l'automne 2021, la méfiance de Téhéran à l'égard de Bakou devient inflexible à l'occasion d'exercices militaires menés conjointement par l'Azerbaïdjan et la Turquie dans la mer Caspienne. Outre les facteurs internes et les paramètres qui la conditionnent, la politique résolument pragmatique et prudente de l'Iran à l'égard de la Transcaucasie est très largement tributaire du grand jeu d'influence qui, sur l'échiquier régional, oppose les alliés russes et arméniens de Téhéran à ceux des Américains. Ces derniers, entretiennent avec Bakou une relation privilégiée qui contribue à antagoniser les relations irano-azerbaidjanaises. Bakou n'a cessé d'accroitre sa coopération militaire avec les Etats-Unis, notamment en Afghanistan et en Irak, tout en apportant son soutien au régime de sanction imposées contre le régime iranien dans le cadre de la stratégie de pression maximale de l'administration Trump. La politique des Etats-Unis et son interventionnisme accru dans le Caucase du Sud se sont traduit par une radicalisation de la relation irano-Turquie. La guerre de 2020 a été l'occasion de franchir une nouvelle étape puisqu'elle s'est accompagnée, pour la première fois, d'une militarisation de la politique régionale turque. Les analystes s'accordent en effet pour dire que c'est en facilitant la participation de mercenaires et en fournissant un support aérien que la Turquie a permis de faire pencher la balance en faveur de l'Azerbaïdjan. Autre fer de lance de la politique américaine au Caucase et la stratégie périphérique de l'Etat hébreu, un paramétré moins connu de l'équation est l'intense coopération stratégique qu'entretiennent ( Israël et l'Azerbaïdjan) dans les domaines tels que le renseignement, les ventes d'armes et les échanges économiques " 40% de la consommation israélienne de pétrole provient du Caucase". En 2020, au cours des affrontements Bakou a largement utilisé des drones israéliens et des engins Kamikazes pour percer les lignes de défense de l'Arménie et neutraliser ses chars, son artillerie et ses centres analyses n'ont pas manqué de noter que, sur fond de tensions croissante contre Téhéran et l'Azerbaïdjan, le secrétaire suprême de défense iranien, a mis en garde les pays voisins caucasiens de l'Iran contre l'influence étrangère dans un tweet publié en hébreu. Les manœuvres organisées à la frontière avec Bakou, du nom d'une bataille qui, en 628 de notre ère, avait mis aux prises les troupes musulmanes à celles des Hébreux, une menace à peine voilée à Israël. Cette propagande historique et totalement erronée et illégitime, car durant cette conquête, les musulmans combattaient sur deux fonds, les Romains a l'Est et les Perse a l'ouest; Et durant seulement une trentaine de mois, les deux empires ont étaient vaincus et la défaite des Perses n'a jamais pu se relever depuis. En outre, l'Iran se sens encercler par les alliés et fait craindre à Téhéran que le Caucase ne serve de base arrière à des activités de déstabilisation des Mollahs, surtout l'influence grandissante d'Israël au sein de la région. de manière générale, Téhéran voit dans la Russie le moyen le plus efficace de compenser ses propres faiblisses et de contenir l'influence de ses adversaires régionaux la Turquie et Israël et extrarégionaux les Etats-Unis et l'OTAN. Néanmoins, depuis la crise sur l'Ukraine et face aux défis permanant de Joe Biden, la Russie risque des conséquences très lourdes et par conséquent elle ne peut être  considérer comme un acteur de poids sur le plan géopolitique et géostratégique sur l'échiquier international. Compte tenu des inquiétudes concernant le activités anti-iraniennes sur son flanc nord, le lien qui unit Téhéran à Moscou ne représente plus, aux yeux des dirigeants iraniens, une sorte d'assurance-vie pour le régime islamique. Bien que l'Iran ait parfois tenté de légitimer ses actions et prises de positions en mettent le pédantisme sur la dimension idéologique, identitaire et religieuse de sa stratégie globale, sa politique transcaucasienne est demeurée gouverné par une logique aboulique. Conscient de ses prostrations et de ses limites, l'Iran a su s'appuyer sur l'Arménie et, surtout, sur la Russie afin de compenser ses nombreuses carences dans les domaines traditionnels de la puissance et pour contrebalancer l'influence de ses rivaux américain, turc et israélien. 

Affichant une position officielle de neutralité de façade et se présentant comme un médiateur naturel capable d'arbitrer le différent azéro-arménien, les Iraniens ont, jusqu'ici, été avant tout soucieux de préserver la stabilité de la Transcaucasie et d'affronter les acteurs extrarégionaux en tenant compte des contraintes imposées. 

MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA


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