dimanche 22 août 2021

GÉOSTRATÉGIE/ DÉFENSE : LA CHINE FACE A  L’OTAN

Loin de rester local et limité à la Chine et à Taiwan, tout conflit serait d’une ampleur bien plus globale. Il impliquerait au moins les Etats-Unis et potentiellement le Japon, ainsi que d’autres alliés conventionnels des américains dans la région. Depuis 2021, le budget militaire de la Chine dépasserait les 206, 48 milliards, encore plus loin des 700 milliards dépensés par les USA. Les dépenses militaires Chinoises ont été multipliées par douze et la marine chinoise a ajouté à sa flotte l’équivalant, en tonnage, des flottes Française et Italienne réunies.

 

En 2017, Xi Jinping à présenter l’objectif de compléter la défense nationale et la modernisation militaire d’ici 2035, capable de mener et de gagner des guerres à l’ère de la modernisation technologique. Le concept s’applique donc aux ambitions de l’armée chinoise d’utiliser la force tout en donnant la priorité à l’Asie de l’Est en raison des conflits de souveraineté non résolus, en particulier avec Taïwan, et du risque de conflit avec l’OTAN. Cette affirmation de puissance de classe mondiale d’ici 2049, met donc l’accent de l’effort de la modernisation des forces armées, entamé dans les années 1990, et ce dans trois dimensions : modernisation capacitaire, doctrinaire et enfin institutionnelle. La modernisation capacitaire repose en partie sur la hausse des dépenses militaires rendue possible par le boom économique chinois. Les dépenses militaires ont été multipliées par douze, passant de 21 milliards en 1999 à 260 milliards en 2019. Cela se traduit par une augmentation quantitative des équipements. La structure du commandement a été réformée afin de renforcer la prépondérance de la commission militaire dictée par Xi Jinping. La nouvelle structure de l’armée chinoise, comprend deux nouvelles armées, l’armée de Terre et l’armée des lanceurs, et deux nouvelles forces, la force de soutien stratégique en charge des capacités cyber et spéciales avec un soutien logistique interarmées. L’objectif est de normaliser une organisation institutionnelle dans laquelle le poids des forces terrestres vise d'accroître l’importance accordée aux forces armées en charge de l’arsenal balistique conventionnel et nucléaire, ou surtout de répondre au défi de l’interopérabilité. Depuis le début des années 2000, l’armée chinoise, tout comme les militaires Occidentaux, considèrent que la guerre est informatisée et, désormais, que la guerre de demain sera une bataille dans le domaine de l’intelligence technologique très poussée. Ce défi, permet inéluctablement le développement de capacités permettant accroître les réseaux du renseignement, la surveillance et la reconnaissance tout azimut, sans négliger la technologie de pointe. Nommé au titre de Commandant en chef à vie du centre de commandement interarmées des opérations octroyées à Xi Jinping en 2016, le fameux «  livre blanc » précise bien qu’il convient d’accélérer le développement de systèmes militaires intelligents, ainsi que l’intelligence artificielle, le calcul quantique « 1 », le big data, et internet. Craignant ainsi que la chine serait confronté à des risques de surprise technologique et d’écart générationnel croissant. Dans ce contexte, il est primordial de prendre conscience des efforts chinois afin accroître l’intégration civilo-militaire, un processus visant à combiner les bases industrielles et technologiques de défense. Le Président Chinois, après avoir promu l’intégralité civilo-militaire au rang de stratégie nationale en 2015, préside même une commission du Comité central pour son développement depuis 2017. L’enjeu pour les armées est de bénéficier des capacités d’innovation de nouveaux acteurs, civils et privés, y compris des start-up, dans un écosystème de défense qui écarte officieusement les conglomérats dans l’appareil de l’Etat. Ont comprend donc mieux le rôle des entreprises privées aux géants comme «  Tencent ou Alibaba, qui sont les plus innovants et mieux financées en ce qui concerne les technologies émergentes, notamment la robotique et l’intelligence artificielle. A travers ces modernisations de taille, les services secrets Occidentaux veillent à la loupe sur certaines natures de coopérations internationales qui, sous couvert des échanges dans le domaine civil, pourraient avoir une sorte d’espionnage technologique, notamment les Etats-Unis, la France, le Japon, le Royaume-Unis, la Russie,  l’Allemagne, Taiwan et Hong-Kong. Pour les services, il est impératif d’avoir conscience du risque d’espionnages liés aux coopérations scientifiques, au service de la captation de technologies étrangères, parfois dans des domaines hautement sensibles, au profit de la Chine.  

L’OTAN FACE AU  DÉFI DE LA MARINE CHINOISE

 Selon le Pentagone, la Chine possédait la plus grande marine au monde. Si la Chine ne cache pas ses ambitions de se doter de la première force maritime, les Etats-Unis conservent l’avantage dans le domaine technologique. Exposée à des menaces géopolitiques et géostratégiques perçues, notamment celui de l’OTAN, la Chine diversifie les acteurs dans ses mers périphérique afin d’avancer ses intérêts et encore renforcer son contrôle dans la région. Cette stratégie est le fruit des menaces continentales septentrionales à une autre menace maritime méridionale. Depuis 2015, les missions de la marine chinoise n’assurent non seulement pas la défense des eaux côtières, mais également elle a développé des capacités de protection en haute mer. Selon les statistiques, les capacités maritimes Chinoise comptaient 360 navires de surfaces, soit 60 de plus que la marine américaine. En vingt ans, elle commissionne des navires très sophistiqués, de tout type : porte-avions, destroyers, frégates, bâtiments de débarquement, SNLE, SNA, pétroliers-ravitailleurs, navires brise-glace et autres équipements qui restent secret défense. Au-delà de ces énormes capacités navales, la création d’une milice maritime contrôlée par la commission militaire et financée par l’Etat, elle se définit comme une organisation paramilitaire (irrégulière) conçue pour être clandestine et déstabilisante. Depuis leurs créations, ils ont intensifiés leurs opérations dans la zone : confrontation avec des navires Philippins, navires états-unien de surveillance océanique, blocus physique de l’îlot de Thitu par une centaine de navires, et menace à partir du lagon de Whitsun Reef avec un silence assourdissant de la communauté internationale. Paradoxalement, la Chine participe à des opérations de maintien de la paix depuis 1990 et a envoyé des troupes combattantes au Mali, conduit des opérations de lutte contre « la piraterie » dans le golfe d’Aden, multiplie des opérations d’évacuation de ses ressortissants comme en Libye, au Yémen, a Djibouti, au Tadjikistan, en Afghanistan, le Pakistan ou encore des opérations contre le terrorisme en Asie centrale, des défis et des enjeux troubles pour l’OTAN. Pour les nouvelles bases militaires, le secret reste total en dehors l’exemple du Cambodge et l’Antarctique

L’ARSENAL NUCLÉAIRE CHINOIS



En 2019, la Chine dévoile ses nouveaux missiles Dongfeng-17, furtifs capable de frapper une cible à 7000 km/h, qui selon le Pentagone constituent un exemple de l’avancée technologique de Pékin dans le domaine des armes hypersoniques. Washington,  s’inquiète de l’aggravation de la menace nucléaire chinoise qui a doubler son arsenal nucléaire pour une période de dix ans, de plus, la Chine développe de nouveaux missiles balistiques, ainsi que des avions de chasse équipés de missiles nucléaires. La Chine a donc besoin de ses capacités de pénétration de ses missiles et d’assurer ses forces nucléaires dans le cadre d’attaques surprises nucléaires afin de mieux ce protégé a une contre-attaque nucléaire de représailles. Pour le département américain de défense, l’arsenal nucléaire chinois est estimé à environ 200 armes opérationnelles et qui pourrait doubler au cours de la prochaine décennie. Avec la course de la modernisation des capacités nucléaires, et notamment l’accroissement des missiles balistiques intercontinentaux  à l’instar du DF-41, les éléments d’analyse sur la dissuasion nucléaire chinoise, sont de plus en plus inquiétantes. La Chine développe une nouvelle génération de SNLE- Type 096, équipée d’un nouveau SLBM (missile mer-sol balistique stratégique, le JL-3, dont la portée accrue pourrait permettre à la Chine de cibler des villes du Nord-Ouest des Etats-Unis à partir des mers périphériques ; la Chine a aussi officialisé que le H-6 N serait le premier bombardier capable de ravitaillement en vol à capacité nucléaire. Sachant que les derniers rapports dévoilées par les américains, la Chine poursuit le développement du bombardier stratégique furtif, le H-20, qui sera aussi à capacité nucléaire. Alors que la composante terrestre constitue le cœur de la dissuasion nucléaire chinoise depuis les années 1960, et ne testant son premier ICBM qu’en 1980, le pays en toute discrétion renforce les composantes océanique et aérienne malgré le poids de la guerre froide. En 2021, l’armée chinoise aurait considérablement augmenté le nombre de ses silos balistique dans une zone de Mongolie-Intérieure qui s’étendrait sur une superficie de 2090 km. En parallèle, elle aurait construit un immense réseau de tunnels sous le territoire chinois afin de transporter les armes nucléaires, à l’abri des satellites et pour répondre à une attaque nucléaire si ses centres de commandement étaient anéantis.  Concernant le conflit qui oppose la Chine à Taiwan (voire les analyses précédentes), tout conflit serait d’une ampleur plus globale. Il impliquerait au moins les américains et potentiellement le Japon, ainsi que d’autres alliés conventionnels  dans la région.

LA DOCTRINE DES TROIS GUERRES

En dehors de cette analyse sur l’avancée terrifiante de la Chine en matiére de technologie avancée, il faut aussi parler du modèle chinois des « trois guerres ».  Cette doctrine des trois guerres n’est qu’une infime partie de la pensée stratégique chinoise qui fait preuve, depuis des décennies. De nombreux travaux s’intéressent ainsi à ce que les Chinois nomment la lutte dans le domaine cognitif. Il s’agit d’opérations destinées à établir un pouvoir sur les cerveaux, autrement dit façonner et contrôler les capacités cognitifs de l’ennemi. Cette doctrine des trois guerres, est composée de la guerre de l’opinion publique, de la guerre psychologique et de la guerre du droit. Mais cette doctrine, n’est qu’une infime partie de la pensée stratégique chinoise qui fait preuve, depuis des décennies, d’une extrême vitalité. Une dernière notion mérite d’être évoquée : les mesures actives mises en œuvre par le Service A du KGB afin d’exercer une influence sur la politique du pays et encore celle mené  à l’étranger. Pire encore, saper sa volonté, semer la discorde ou attiser les tensions existantes. Même si les services chinois semblent employer cette notion en toute discrétion notamment en Afrique, le but est le maintien du monopole et la pérennisation du régime. La politique étrangère, comme la politique menées parmi les diasporas font ainsi partie de cette stratégie de préservation du pouvoir.  Elle prospère donc à l’étranger et accompagnent la montée en puissance de la chine. Ces opérations, prennent toutefois des formes variées : soutien financier à des hommes politiques prochinois, prise de contrôle des médias sinophones partout dans le monde, création de trolls sur les réseaux sociaux, création d’ONG internationales orientées contre les intérêts américains, sanctions économiques contre les entreprises et les Etats et les intimidations contre les chercheurs et les journalistes.  


Le retour historique sur les temps sino-africains, l’alignement chinois sur la diplomatie économique est révélateur d’une évolution des représentations officielles chinoises vis-à-vis des relations internationales, de la place qu’entend y prendre la Chine, et en Afrique, d’une relation asymétrique qui engendre inégalités et dépendances, voire même servitude et hégémonie totale.

MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA

 

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