GÉOPOLITIQUE/ CHINE : AFGHANISTAN : SOFT POWER ET PRAGMATISME
L’Afghanistan
est le sujet le plus préoccupant vu de Pékin : son instabilité reste un
danger pour l’Asie centrale et le Pakistan, deux zones essentielles pour les
nouvelles routes de la soie, et pour la sécurité du Xinjiang. C’est donc sur ce
problème que la Chine a été la plus active, plus qu’ailleurs dans le Grand
Moyen Orient. Elle a été capable de tisser des liens forts avec les principaux
acteurs du conflit : reconnaître l’Etat islamique des Talibans avec l’Afghanistan
et la Russie.
Après le
retrait des américains, il était improbable qu’une puissance puisse
concurrencer l’influence américaine dans la région. Depuis quelques décennies,
pourtant, cette domination sans partage s’effrite, en partie suite aux erreurs de
l’administration Bush, en Irak comme en Afghanistan, on constate que l’avenir
sécuritaire dans la région ne peut plus vraiment être pensé sans prendre en
compte la Chine et la Russie. Mais c’est surtout Pékin qui, par sa diplomatie
active, pourrait bien jouer le rôle de plus en plus important notamment dans
les conflits qui agitent la zone. Si on met de côté l’espace nord-africain, qui
a ses questions sécuritaires propres, le grand moyen orient est secoué
principalement par trois conflits : en Afghanistan, en Syrie, et au Yémen.
L’engagement Chinois est inégal selon les conflits, mais toujours
fondamentalement pragmatique. La logique chinoise face au conflit Afghan devant
permettre la reconnaissance de l’Etat islamique des Talibans et encore les
réalités des intérêts géopolitiques et géoéconomiques sur le terrain. L’expérience
chinoise post-2001 l’a montré, un investissement réel dans l’économie afghane dépendra
d’abord de la stabilité du pays, et cela ne sera possible que si les talibans
trouvent, en effet, un Etat légitime et un compromis politique face a l’opinion
international. L’expérience américaine sur ces vingt dernières années a bien
montré les limites, dans ce domaine, d’une grande puissance étrangère. La Chine
a donc d’abord œuvré, depuis des années, à renforcer ses capacités d’assurer sa
propre sécurité : ainsi, depuis 2016, une coopération militaire
antiterroriste a été institutionnalisée entre l’Afghanistan, le Pakistan, le
Tadjikistan, et la Chine. On savait qu’il y a bien une présence militaire
chinoise au Tadjikistan, proche des frontières chinoise et afghane. Dans le Gilgit-Baltistan, territoire pakistanais proche du corridor du Wakhan et de la frontière
sino-afghane, la Chine a renforcé les forces militaires locales en leur
fournissant de l’équipement. Et dans la même zone, cette fois en territoire
afghan même, dans la province du Badakhchan, elle aide Kaboul à établir une
base en zone montagneuse, et une brigade capable de mener la lutte
antiterroriste sur place. Mais, depuis la prise du pouvoir par les Talibans,
Pékin doit faire en sorte de sécuriser la zone géographique par laquelle le
chaos pourrait éventuellement déborder jusqu’au territoire chinois. Dans ce
conflit, la Chine a donc réussi à atteindre les deux objectifs les plus
importants pour une puissance étrangère : préserver ses intérêts sécuritaires,
et avoir la possibilité de dialoguer avec les nouveaux maîtres de l’Afghanistan.
Autre menace pour Pékin, la Syrie est une autre source d’inquiétude sécuritaire :
la présence de djihadistes Ouighours s’est vite confirmée au sein de l’opposition
anti-Assad. Des djihadistes Ouighours qui ont évoqué clairement leur désir de
revenir au Xinjiang pour y cibler la population « Han ». Leur nombre
a été débattu : les services secrets israéliens évoque 6000 combattants
Ouighours répartis dans différents groupes djihadistes ; et d’autres services américains, français,
allemands et autres, parlent de 10 000 à 20 000 Ouighours vivant en
Syrie, installés dans la région d’Idlib, sous la protection du Front Al-Nousra
( Al-Qaïda). Cette inquiétude légitime n’a pourtant pas entrainé une réaction
disproportionnée à Pékin. Il y aurait eu une tentation d’envoyer des troupes
pour combattre à Idlib. Mais l’idée a été abandonnée, par pragmatisme : un
assaut frontal contre ce bastion de l’opposition syrienne aurait pu entrainer
un nouvel exode migratoire, gênant pour le Turquie ; et si la Chine était
considérée comme responsable, cela ne pouvait que nourrir le sentiment pro-ouighours dans ce pays. Des informations de la CIA
évoquent une coopération entre Syriens et Pékin dans le domaine du renseignement,
et une présence de conseillers militaires chinois à partir de 2016. Mais rien
de commun avec l’appui Russe et Iranien, qui a permis à Bachar de rester au
pouvoir. Aujourd’hui, la Chine apparaît comme le seul pays capable de s’investir
dans la reconstruction économique du pays : la Russie et l’Iran n’en n’ont
pas les moyens ; les pays arabes et occidentaux opposés au régime ne
seront pas intéressés. Et l’accès aux ports syriens de Tartous et Lattaquie
pourrait être particulièrement tentant dans le cadre de la BRI : la
tentation pourrait donc être forte, pour la Chine, de s’impliquer bien plus
dans la Syrie d’après-guerre. Mais pour l’instant, comme en Afghanistan, la
Chine a d’abord atteint des objectifs d’ordre sécuritaire, en suivant une
diplomatie pragmatique, et réactive face au nouveau régime des Talibans. Pragmatisme,
reconnaissance des réalités locales, recherche de la défense des intérêts
sécuritaires et économiques du pays passent avant tout : c’est ce qui définit le
mieux la politique étrangère chinoise et sont soft power face aux conflits.
Une approche bien différente de celle des autres puissances, mais qui a un avantage certain : dans tous ces pays dévastés par la guerre, la Chine apparaît comme la seule ayant le capital économique et diplomatique pour aider à la reconstruction, à l’avenir. Ce qui pourrait l’amener, à moyen terme, à concurrencer les influences américaines, européenne et russe.
MOHAMMED
CHERIF BOUHOUYA
Historiquement, ni les Mongols, ni Alexandre le grand, ni les Romains, n'ont pu dominer la région de l'Afghanistan. Il s'agit d'abord d'une région montagneuse inaccessible et un climat très rude. La population dont les ethnies sont multiples, n'ont jamais dans l'histoire accepter toute soumission et ils ont développer au fil des siècles une impavidité sans égale. Seul, l'expansion islamique a pu convertir cette population sans aucune menace ni même des confrontations armées. Mais ont n'y ignore jusqu’à nos jours, les origines des ethnies qui ont peuplés l’Afghanistan.
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