Qui porte la responsabilité de la
crise financière et économique qui maintient le monde entier en haleine depuis
2008 ? Sont-ce les banquiers cupides ou les
États accro à l’endettement?. La cause de la crise est en effet bien plus
profonde. Les analystes du monde
entier se penchent sur l’énorme
gonflement des marchés financiers au cours des trois dernières décennies comme
une conséquence de la crise structurelle fondamentale du mode de production
capitaliste, dont l’origine remonte aux années 1970. La troisième révolution
industrielle qui se met en place alors entraîne une éviction accélérée de la
force de travail hors de la production, sapant ainsi les bases de la valorisation
du capital au sein de l’économie réelle.
La crise structurelle de la valorisation du capital n’a pu jusqu’ici être
ajournée qu’en ayant massivement recours, par le biais du crédit et de la
spéculation, à la capture anticipée de valeur future. Aujourd’hui,
l’accumulation de capital fictif trouve ses limites.
Les facteurs à l’origine de cette
crise sont rétrospectivement bien identifiés. Ils mettent en cause l’évolution
du modèle d’activité des banques, de plus en plus tournés vers des marchés spéculatives.
En cause également, des innovations financières mal maîtrisées, en particulier
celles introduisant de nouveaux instruments de transferts de risques qui ont
altérés les comportements face au risque, et celles permettant d’automatiser les
ordres boursiers. La stabilité de l’inflation et des taux d’intérêt a en effet
installé au début des années 2000 un climat d’apaisement, celui-là même dans
lequel germent paradoxalement les crises financières. Gouvernants et banques
centrales excessivement confiants, se sont crus capables de chevaucher le cycle
financier, sans jamais se soucier du fait qu’il pourrait être difficile d’en
descendre.
DES SYSTÈMES BANCAIRES REMISES EN
CAUSE
Au fil de l’histoire des crises
financières, la chute vertigineuse des cours déclaré « jeudi noir »,
marque le début de l’incontournable dépression,
la plus grande crise économique du XX siècle. Cette crise a refait surface et
comparée systématiquement à celle de 2007-2008. Certes, des accords ont été
signés entre les membres du Comité de « Bâle en 2010 », afin de
recommander plus d’exigences de fonds propres, en qualité et en quantité, améliorer la capacité de résistance des
banques en cas de rupture de liquidité, ajuster les exigences de fonds propres
au cycle financier en prévoyant un volant permettant de les renforcer en cas
d’emballement du crédit ou plus largement de l’endettement. Mais parvenir à un consensus au sein du Comité de Bâle « 1 » en 1988, Bâle « 2 » en 2004 à des seuils
minimalistes et à un calendrier accommodant, il fallait attendre décembre 2017
pour parvenir à un accord de finalisation inachevé. Celui-ci vise à réduire
l’avantage que les grandes banques tirent de l’usage de leurs modèles internes
de calcul de risque. En clair, l’accord de 2017 renforce légèrement les grandes
banques actives à l’international, et les préparer jusqu’à 2022, voire 2027.
L’UNION BANCAIRE EN ZONE EURO
Au sein de cette zone, il
suffirait d’une étincelle pour mettre le feu aux poudres. Celle-ci réorganise
la surveillance des grandes banques, la résolution de leurs difficultés et la
garantie des dépôts. Si le premier volet est opérationnel depuis fin 2014, le
second ne sera finalisé qu’en 2024, lestées par des montants de créances
douteuses et des membres de la zone euro qui refusent de se placer dans une logique
de transferts budgétaires, d’où le sentiment d’inachevé vient aussi du
caractère incomplet des réformes engagées. En dehors de la durée
d’implémentation des réformes, des grandes banques internationales dictent
leurs propres lois sur les marchés ou cherchent à rompre leurs connexions avec
des entités financières très preneuses de risques sur d’autres fonds
d’investissement alternatif. Rappelons
qu’au niveau mondial, les échanges sur les marchés d’actions s’élèvent à plus
de 100 000 milliards de dollars chaque année, ce qui équivaut à prés de
150% du PIB mondial. L’Union-Européenne
et son système de réforme observé depuis 2017, connait une large léthargie,
porté par le commissaire européen Michel Barnier début 2014, le projet de
séparation des activités bancaires avait déjà été mis dans les calendes
grecques voire enterré. Actuellement,
l’unique réforme européenne qui ait encore le vent en poupe porte sur l’Union des
marchés de capitaux, initialement présenté par son promoteur Jean-Claude
Juncker, président de la commission européenne, comme l’indispensable pendant
du plan de relance portant son nom. Elle réintroduit incidemment les deux
ingrédients majeurs de la demande de la dernière crise financière : la
dette dont l’Union des marchés de capitaux entend élargir l’accès aux
entreprises de taille petite et intermédiaire et la titrisation (consistant à
transformer les crédits accordés en titres négociables et supposée encourager
ainsi le crédit aux PME en suppléant à leurs éventuelles difficultés d’accès
aux marchés de titres). Pour certains
analystes fortement sceptiques, cette phase
de dérégulation financière qui est en passe de s’ouvrir, susceptible d’aboutir
à une nouvelle crise financière, que les banques centrales comme les Etats
seraient en peine de gérer.
VERS UN CONTEXTE GÉOPOLITIQUE TENDU ET LA DÉSTABILISATION DES ETATS
Depuis la crise dans les pays de
l’OCDE, les pays émergents d’Amérique
Latine et d’Asie ou en Chine malgré le développement financier le spectre de
l’endettement menace ses pays y compris les puissances économiques des BRICS
(Brésil, Russie, Chine, Inde et Afrique du Sud.) Au total, la dette globale des
secteurs public et privé est ainsi passée de 234 à 267% du PIB entre 2007 et
2017 dans les économies avancées et de 113 à 167% du PIB dans les pays émergents (selon le
rapport annuel 2018), qui les détaille par secteur au niveau mondial. La dette
des entreprises est ainsi passée, entre 2007 et 2017, de 77 à 92% du PIB
mondial (soit de 43 000 à 68 000 milliards de dollars), celle des
ménages de 57% à 59% du PIB mondial (de 34 000 à 44 000 milliards de
dollars), et celle du secteur financier de 80% à 86% du PIB mondial (de
53 000 à 58 000 milliards de dollars). Suite à ce tableau funeste, un
tel événement peut devenir au fil des années à venir le catalyseur de faillites
et déboucher sur des épisodes d’instabilité financière globale et des conflits
géopolitiques qui toucheront notamment
les pays les plus vulnérables. Concernant la banque centrale Européenne, elle projette d’éviter des chocs brutaux, en
normalisant sa politique monétaire afin de maintenir durablement les taux à un
niveau très bas, mais rien n’est encore acquis.
Les dettes, les intérêts font
parties intégrantes du système capitaliste actuel,elles reflètent aussi la façon ou s'opère le partage de la valeur ajoutée en son sein. le changé? quel modèle financier peut nous éviter le pire? Quel sera notre vision sur les révoltes futurs? peut-on prévenir les séquences
de la prochaine crise financière mondial ? Nul ne le sait. Tous les pays
se dirigent directement vers des zones de sismicité financières globales. L'affaiblissement des émergents, l'immensité des défis financiers, sociétaux, environnementaux, l'indécision européenne et l'imprévisibilité américaine nous plongent dans un avenir incertain dominé par un asservissement nouveau de la race humaine.
MOHAMMED CHÉRIF BOUHOUYA
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