vendredi 2 novembre 2018

GÉOPOLITIQUE/ GEOÉCONOMIQUE/ UN TSUNAMI FINANCIER MONDIAL SE PRÉPARE, EST--IL DÉJÀ PROGRAMME?


Qui porte la responsabilité de la crise financière et économique qui maintient le monde entier en haleine depuis 2008 ? Sont-ce les  banquiers cupides  ou les  États accro à l’endettement?. La cause de la crise est en effet bien plus profonde. Les analystes  du monde entier  se penchent sur l’énorme gonflement des marchés financiers au cours des trois dernières décennies comme une conséquence de la crise structurelle fondamentale du mode de production capitaliste, dont l’origine remonte aux années 1970. La troisième révolution industrielle qui se met en place alors entraîne une éviction accélérée de la force de travail hors de la production, sapant ainsi les bases de la valorisation du capital au sein de  l’économie réelle. La crise structurelle de la valorisation du capital n’a pu jusqu’ici être ajournée qu’en ayant massivement recours, par le biais du crédit et de la spéculation, à la capture anticipée de valeur future. Aujourd’hui, l’accumulation de capital fictif  trouve ses limites.



Les facteurs à l’origine de cette crise sont rétrospectivement bien identifiés. Ils mettent en cause l’évolution du modèle d’activité des banques, de plus en plus tournés vers des marchés spéculatives. En cause également, des innovations financières mal maîtrisées, en particulier celles introduisant de nouveaux instruments de transferts de risques qui ont altérés les comportements face au risque, et celles permettant d’automatiser les ordres boursiers. La stabilité de l’inflation et des taux d’intérêt a en effet installé au début des années 2000 un climat d’apaisement, celui-là même dans lequel germent paradoxalement les crises financières. Gouvernants et banques centrales excessivement confiants, se sont crus capables de chevaucher le cycle financier, sans jamais se soucier du fait qu’il pourrait être difficile d’en descendre.
DES SYSTÈMES BANCAIRES REMISES EN CAUSE

Au fil de l’histoire des crises financières, la chute vertigineuse des cours déclaré « jeudi noir », marque le début de l’incontournable  dépression, la plus grande crise économique du XX siècle. Cette crise a refait surface et comparée systématiquement à celle de 2007-2008. Certes, des accords ont été signés entre les membres du Comité de « Bâle en 2010 », afin de recommander plus d’exigences de fonds propres, en qualité et en quantité,  améliorer la capacité de résistance des banques en cas de rupture de liquidité, ajuster les exigences de fonds propres au cycle financier en prévoyant un volant permettant de les renforcer en cas d’emballement du crédit ou plus largement de l’endettement. Mais  parvenir à un consensus au sein du Comité de Bâle « 1 » en 1988, Bâle « 2 » en 2004 à des seuils minimalistes et à un calendrier accommodant, il fallait attendre décembre 2017 pour parvenir à un accord de finalisation inachevé. Celui-ci vise à réduire l’avantage que les grandes banques tirent de l’usage de leurs modèles internes de calcul de risque. En clair, l’accord de 2017 renforce légèrement les grandes banques actives à l’international, et les préparer jusqu’à 2022, voire 2027.
L’UNION BANCAIRE EN ZONE EURO

Au sein de cette zone, il suffirait d’une étincelle pour mettre le feu aux poudres. Celle-ci réorganise la surveillance des grandes banques, la résolution de leurs difficultés et la garantie des dépôts. Si le premier volet est opérationnel depuis fin 2014, le second ne sera finalisé qu’en 2024, lestées par des montants de créances douteuses et des membres de la zone euro qui refusent de se placer dans une logique de transferts budgétaires, d’où le sentiment d’inachevé vient aussi du caractère incomplet des réformes engagées. En dehors de la durée d’implémentation des réformes, des grandes banques internationales dictent leurs propres lois sur les marchés ou cherchent à rompre leurs connexions avec des entités financières très preneuses de risques sur d’autres fonds d’investissement alternatif.  Rappelons qu’au niveau mondial, les échanges sur les marchés d’actions s’élèvent à plus de 100 000 milliards de dollars chaque année, ce qui équivaut à prés de 150% du PIB mondial.  L’Union-Européenne et son système de réforme observé depuis 2017, connait une large léthargie, porté par le commissaire européen Michel Barnier début 2014, le projet de séparation des activités bancaires avait déjà été mis dans les calendes grecques voire enterré.  Actuellement, l’unique réforme européenne qui ait encore le vent en poupe porte sur l’Union des marchés de capitaux, initialement présenté par son promoteur Jean-Claude Juncker, président de la commission européenne, comme l’indispensable pendant du plan de relance portant son nom. Elle réintroduit incidemment les deux ingrédients majeurs de la demande de la dernière crise financière : la dette dont l’Union des marchés de capitaux entend élargir l’accès aux entreprises de taille petite et intermédiaire et la titrisation (consistant à transformer les crédits accordés en titres négociables et supposée encourager ainsi le crédit aux PME en suppléant à leurs éventuelles difficultés d’accès aux marchés de titres).  Pour certains analystes fortement sceptiques,  cette phase de dérégulation financière qui est en passe de s’ouvrir, susceptible d’aboutir à une nouvelle crise financière, que les banques centrales comme les Etats seraient en peine de gérer.
VERS UN  CONTEXTE GÉOPOLITIQUE TENDU ET LA DÉSTABILISATION DES ETATS


Depuis la crise dans les pays de l’OCDE,  les pays émergents d’Amérique Latine et d’Asie ou en Chine malgré le développement financier le spectre de l’endettement menace ses pays y compris les puissances économiques des BRICS (Brésil, Russie, Chine, Inde et Afrique du Sud.) Au total, la dette globale des secteurs public et privé est ainsi passée de 234 à 267% du PIB entre 2007 et 2017 dans les économies avancées et de 113 à 167%  du PIB dans les pays émergents (selon le rapport annuel 2018), qui les détaille par secteur au niveau mondial. La dette des entreprises est ainsi passée, entre 2007 et 2017, de 77 à 92% du PIB mondial (soit de 43 000 à 68 000 milliards de dollars), celle des ménages de 57% à 59% du PIB mondial (de 34 000 à 44 000 milliards de dollars), et celle du secteur financier de 80% à 86% du PIB mondial (de 53 000 à 58 000 milliards de dollars). Suite à ce tableau funeste, un tel événement peut devenir au fil des années à venir le catalyseur de faillites et déboucher sur des épisodes d’instabilité financière globale et des conflits géopolitiques  qui toucheront notamment les pays les plus vulnérables.  Concernant la banque centrale Européenne,  elle projette d’éviter des chocs brutaux, en normalisant sa politique monétaire afin de maintenir durablement les taux à un niveau très bas, mais rien n’est encore acquis. 

Les dettes, les intérêts font parties intégrantes du système capitaliste actuel,elles reflètent aussi la façon  ou s'opère le partage de la valeur ajoutée en son sein. le changé? quel modèle financier peut nous éviter le pire? Quel sera notre vision sur les révoltes futurs? peut-on  prévenir les séquences de la prochaine crise financière mondial ? Nul ne le sait. Tous les pays se dirigent directement vers des zones de sismicité financières globales. L'affaiblissement des émergents, l'immensité des défis financiers, sociétaux, environnementaux, l'indécision européenne et l'imprévisibilité américaine nous plongent dans un avenir incertain dominé par un asservissement nouveau de la race humaine. 
MOHAMMED CHÉRIF BOUHOUYA
    

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