mercredi 17 octobre 2018

GÉOPOLITIQUE/ UN NOUVEAU PARTENARIAT SINO-RUSSE DANS LE CONQUÊTE DE L'ARCTIQUE



En Asie centrale, la coopération sino-russe semble mieux s’organiser. Pour réconcilier leurs intérêts nationaux dans cette région, Moscou et Pékin ont décidé de combiner leurs stratégies avec l’initiative russe de l’Union économique eurasiatique (UEE.) Cette dernière qui regroupe la Russie, l’Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan et le Kirghizstan, est la plus récente des tentatives russes de promouvoir l’intégration économique entre la Russie et les anciennes républiques soviétiques.






L’un des résultats du rapprochement sino-russe est l’adhésion active de Moscou au projet (Belt and Road Initiative (BRI) qui vise à créer un réseau d’infrastructures terrestres et maritimes pour relier la Chine à l’Europe occidentale. Cet ambitieux programme économique devrait à terme assurer la circulation de biens, de capitaux et de personnes à travers l’Eurasie sous l’impulsion de Pékin. Depuis quelques années déjà, la Chine est devenue le principal partenaire commercial de tous les pays centre-asiatiques. Ce développement colossal, s’est fait au détriment de la Russie, qui ne possède pas de moyens financiers pour contrer l’augmentation de la présence Chinoise en Asie-centrale. Ce hard power chinois qui se dessine en silence, inquiète le Kremlin qui redoutait le déclin de son influence politique dans la région, considérée comme l’un des maillons du périmètre de sa sécurité nationale. En effet, la faiblisse économique de la Russie face au géant émergeant, le déséquilibre structurel du commerce bilatéral, la disparité démographique le long d’une frontière de plus de 3000 km, sont autant de préoccupations qui minent les perspectives de ce nouveau rapprochement. Toutefois, l’isolement croissant de la Russie sur la scène internationale a poussé Poutine à revoir sa position et à envisager malgré tous les dangers une coopération très étroite avec la Chine.

L’ARCTIQUE ET LES NOUVEAUX STRATÉGIES SINO-RUSSE




La Chine participe désormais depuis 2017 aux exploitations de gisements d’hydrocarbures arctiques non seulement comme une puissance économique, mais aussi comme fournisseur d’équipements technologiques. Le projet (Yamal LNG) en est une illustration de ce mégaprojet qui vise à  l’exploitation du gisement du gaz naturel de la péninsule du Yamal, située au-delà du cercle Arctique, ensuite l’exporter par les méthaniers, en Asie, en suivant le passage du Nord-Est qui longe la cote nord de la Russie jusqu’au détroit de Béring. Ce projet fut au départ envisager comme une initiative Franco-russe, dont Total et Novatek étaient les actionnaires majoritaires, après l’imposition de sanctions par les pays occidentaux qui ont ciblés aussi l’énergie, le Kremlin a du se tourner vers Pékin. Devenu le second actionnaire, la Chine contrôle avec 50,2% d’actions, reléguant ainsi le français Total avec 20% d’actions, ce projet pharaonique devrait produire 16 millions de tonnes par an à partir de 2019. Afin de rendre le site opérationnelle, il fallait construire un complexe industriel sur le permafrost avec un port, capable d’accueillir de grands méthaniers, brise-glace, un aéroport international, des routes,  des voies ferrées et des réservoirs géants pour stocker le CNL. Si les américains ayant bloqué l’accès de la Russie aux technologies, aux équipements, et aux crédits nécessaires pour finaliser ce projet, les compagnies Chinoises ont défiés les Etats-Unis dans cette région stratégique. La China Offshore Engineering Company a fabriqué 37 modules pour l’usine de gaz du site Yamal, tandis que la CNPC Offshore a conçu et produit les différents équipements pour les docks du port et les méthaniers, sans oublié les banques Export-Import qui ont accordés un crédit de 12 milliards de dollars. L’intérêt Chinois dans l’Arctique ne connait pas de limite, elle ambitionne avec force de participer à l’organisation du trafic commercial sur le passage du Nord-Est, qui est inclut dans le réseau maritime de la BRI. Cette voie polaire qui attise des convoitises multiples, la Chine vise également la construction de chemin de fer de Belkomur qui relierait Arkhangelsk à la Sibérie occidentale, et aussi la mise en valeur du gisement de gaz naturel sur la péninsule de Gydan, dans la mer de Kara, qui devrait à terme produire autant que Yamal LNG. Pour le président Poutine, la réalisation du projet Yamal LNG est glorifiée avant tout comme un atout national, et une victoire stratégique qui permettrait à Moscou de renforcer sa position sur le marché mondial du gaz et d’asseoir sa place d’acteur incontournable dans l’Arctique.

Le rapprochement géoéconomique de Moscou et Pékin semble trancher avec la désunion du G7 minée par les actions unilatérales des Etats-Unis en matière de coopération économique et diplomatiques avec ses alliés occidentaux. Ce partenariat sino-russe, parait désormais comme un défi au américains et aussi à l’Union –Européenne. En parallèle, le Kremlin à adopter une attitude très prudente envers la Chine et reste très sceptique sur le plan diplomatico-géopolitique de servir de modèle de coexistence harmonieuse aux pays majeurs et aux nations voisins.  

MOHAMMED CHÉRIF BOUHOUYA  


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