jeudi 11 octobre 2018

GÉOPOLITIQUE/ LA RUSSIE ET L'UNION-EUROPÉENNE/ LES NOUVEAUX DÉFIS



Depuis l’effondrement de l’URSS, l’espoir de voir une relation fondée sur le partage de valeurs Européennes définies depuis Bruxelles semble être devenu un objectif chimérique. Le désenchantement entre la Russie et l’Union-européenne sont au plus bas, la dégradation des relations montre l’installation d’une forme d’hostilité réciproque. Pire encore, les oscillations déstabilisantes des États-Unis favorisent un facteur durable de rapprochement sino-russe.




La Russie, dans ses stratégies géopolitiques et géostratégiques a déjà définie ses visions pour la Chine et l’Inde, son principal marché militaire. Elle revendique avec arrogance de participer à des alliances alternatives aux structures transatlantiques de son rôle au sein de l’Organisation de la Coopération de Shanghai en matière sécuritaire au regroupement économiques des «BRICS» ( Russie, Brésil, Inde, Chine et Afrique du Sud.) Dans un monde ou la mondialisation domine, le réalisme Russe implique de diversifier ses partenaires afin de peser sur la scène internationale. Dans ce contexte, les Européens prévoient de se doter d’une doctrine reposant sur une identification réaliste des réalités structurelles des deux ensembles géopolitiques. Si Bruxelles a tenté de développer une approche commune vis-à-vis de la Russie, les équilibres de forces ont évolués donnant naissance à un multipolarité Russe d’une part, et une Europe s’appuyant sur la défense des institutions multilatérales. Cette vision de l’Europe, préfigure une gouvernance mondiale qui ne serait pas centrée autour des grandes puissances qui dominent le monde. Dans un univers multipolaire, la Russie n’est pas encore en mesure de se constituer comme un pole autonome à l’égale des États-Unis et de la Chine, et l’Europe subit en silence la montée des puissances. Aux différences de vision du système international s’ajoutent une multitudes de griefs. Poutine s’est estimé menacé par l’élargissement de l’OTAN en Europe centrale et dans les pays Baltes, mais il reste dans le collimateur des Européens suite à la Géorgie en 2003, puis en Ukraine en 2004. Ces mouvements socio-politique ont été décrits par le Kremlin comme une vaste opérations musclés des services secrets américains favorisant le déclin des régimes pro-russe. Sur le plan diplomatique, Moscou prétend intervenir pour des raisons humanitaires, tout en s’affichant victorieuse comme dans le génocide Syrien, par-contre les Européens soulignent le principe de souveraineté. A l’heure des bilans, il faut dresser l’implication de la Russie dans les vagues de migrants et aux officines occultes du terrorisme grandissant en Europe. Dans un climat marqué par la défiance et la trahison, l’Europe se trouve confronté à une nouvelle guerre secrète dont de nombreux oligarques favorables au régime autoritaire Russe et des espions actifs sur tout les plans. Ses tensions qui ont commencé avec la Grande-Bretagne débouchant sur l’expulsion de 300 diplomates, 18 autres pays de l’Union ayant pris les mêmes mesures.

LA MONTÉE DES POPULISTES EN EUROPE ET L’INGÉRENCE DE LA RUSSIE

Considéré comme le responsable primordial du vote lors des élections présidentielles américaines, du Brexit, de la montée des partis dits populistes en Europe, ou encore de l’indépendance de la Catalogne. Poutine et sa politique étrangère déstabilisatrice en Europe sont devenus l’objet des débats intenses, notamment en Grande Bretagne, la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, la Suisse, la Hongrie, la Pologne, la Suède, le Danemark, la Norvège et la Finlande. Depuis déjà quelques années, au niveau des institutions Européennes, c’est à Saint-Pétersbourg, que sont définis les quatre espaces communs. Identifiés pour structurer leurs coopérations sectorielles en matière de commerce, de visa et de lutte contre la criminalité organisée, et de sécurité extérieure. Ce projet fortement soutenu par Bruxelles a constitué une rejet totale par la Russie. Depuis, l’Europe cherchent inlassablement une vision de long terme, étant de plus tributaires des divisions selon les États et les secteurs concernés. Si certains pays sont hostiles à la Russie et déclinent tout rapprochement, d’autres, comme la France, l’Allemagne, l’Italie ou l’Espagne souhaitent un partenariat stratégique et diplomatique durable. Arrimer la Russie à l’Europe fondé sur les valeurs Européennes, le fossé est déjà creusé suite aux succès des partis populistes en Italie, en Autriche ou en Hongrie. Ces mouvements se révèlent être directement liés aux positions Russes sur plusieurs points; ils sont favorable à la levée des sanctions contre la Russie, et redessiner une autre carte de l’Europe. A travers cette réalité paradoxale, les Européens sont entre un front anti-russe et une stratégie d’apaisement. Le triomphe électoral qui permis à Poutine de rester au pouvoir ouvre une phase d'incertitude pour le système qu'il a lui-même créé. Paradoxalement, il est actuellement prisonnier entre la pauvreté qui augmente à un rythme record, une démographie déclinante, la corruption endémique, les luttes internes au sommet du pouvoir et une sortie de crise en Syrie loin d’être acquise. La Russie reste faible économiquement et souffre de l'absence de diversification industrielle. Si la situation du pays s'est depuis stabilisée, les prévisions de croissance pour 2018 demeurent limitées à 1,8%. Cette stabilité économique, socle du contrat social Russe, a laisser la place à un nationalisme belliqueux, qui a trouvé son application en Géorgie, en Ukraine ou encore en Syrie. Les conséquences économiques de l'annexion de la Crimée, du fait des sanctions américaines et Européennes, a provoqué une forte récession entre 2016 et 2017, laquelle a contribué à croître la misère au sein de la population Russe. Celle-ci compte désormais entre 20 et 26 millions de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté. 


Cette précarité économique explique aussi le déclin démographique que traverse le pays depuis l'effondrement de l'URSS ( 141 millions d'habitants en 2017 contre 147 en 1991) et ce alors même que le pays connait de très fortes disparités en termes de natalité au profit quasi exclusif des populations non slaves. Dans moins de décennies, si les dynamiques économiques et démographiques qui, associées à d'impopulaires réformes à venir, comme celle envisagée par le peuple russe, ces dernières risquent de mettre à l'épreuve le consensus politique et même la stabilité du régime . 

MOHAMMED CHÉRIF BOUHOUYA



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