GEOPOLITIQUE/ GEOSTRATEGIE/ VERS UNE SOUVERAINETE EUROPEENNE FACE A LA CHINE ET LA RUSSIE
L'Europe de la defense, plus exctement la politique de sécurité et de défense commune ( PSDC ) , n'est pas la défense de l'Europe. En dépit de déclaration sur la mort cérébrale de l'OTAN, c'est dans le cadre de l'Alliance atlantique que la défense de l'Europe sorganise. En comparaison, la PSDC, valorisée dans l'ordre du discours, relevé de la subsidiarité et en l'absence d'un acteur étatique capable d'assumer le role de stabilisateur hégémonique comme celui des Etats-Unis au sein de l'OTAN, les opérations conduites par l'UE sont plus civilo-militaire que militaire.
Une défense européenne intégrée, émanation d'une souveraineté européenne, présuppose une autorité politique unifiée, une chaine de commandement opérationnel et des unités dans laquelles les forces des différentes nations seraient imbriquées. Un tel projet impliquerait la formation d'acteur géopolitique global européen. Cela impliquerait la constitution d'une fédération : les Etats-Unis d'Europe. L'idée directrice est de longue date déjà un projet de la France, le syntagme de souveraineté européenne remplacant celui d'Europe-puissance. l'institution d'une Coopération structurée permanante ( CSP), en réponse aux défis de la Russie, la Chine et bel et bien une avancée. Pourtant, la vision francaise d'un noyau dur d'Etats volontaires, prets à intervenir de vive force sous drapeau européen, n'a pas été concrétisée. Sur les vingt-sept Etats de l'Union hors Royaume-Uni, vint-cinq sont engagés dans cette CSP, sachant que le Denemark et la Pologne, n'en font pas partie. Meme la Pologne, pour le moins réservée, y participe. Quant à l'Allemagne, elle n'a pas voulu d'un noyau dur qui fragmenterait l'Europe. Le choix d'une CSP large et ouverte n'est donc pas tourné vers la préparation d'intervention extérieures, mais vers la mutualisation de programmes d'armements et de capacités militaires. Il s'agit en fait d'une Europe des capacités, appuyée par un Fond européen de la défense ( FED ) . Lancée par la France afin de compenser les insuffisances de la CSP, l'initiative européenne d'intervention ( IEI ) est tournée vers le champ opérationnel. Située hors de l'Union, cette coopération est strictement interétatique : Le Royaume-Uni ( post-Brexit) et le Denemark (hors PSDC ) y participent. Quant à la coalition de forces spéciales ( Takuba ) , déployée au Sahel, elle ne releve pas de l'UE. Il faut ne pas négliger par ailleurs que la reconfiguration du dispositif francais dans la région ait des effets sur les promesses d'engagement (L'opération Barkane). Parmi les opérations de l'UE on mentionnnera ( EUNAVFOR Irini ) , principalement chargée de surveiller la mise en oeuvre de l'embargo sur les armes à destination de la Libye : son objectif est de désigner les violations, non pas de les interdire. Dans le détroit d'Ormus, la mission européenne de surveillance maritime ( EMASOH ) a une portée réelle, mais limitée. De fait, quant les forces européennes parviennent à coordonner leur action dans la Méditerrané, c'est d'abord au sein de l'OTAN.
DES DEFIS STRUCTURELLES ENCORE A L'HORIZON
L'UE ne constitue pas un acteur géopolirtique globale, capable d'engagements forts. Son existance ne peut étre comprise indépendamment du grand espace occidental qui, à l'issue de deux guerres mondiales, a pris forme. La vision d'Emmanuel Macron, font plutot redouter qu'une action prétendant forcer du réel ait un effet inverse de l'objectif affiché. En d'autres termes, un projet de souveraineté européenne, sans points d'appui ni facteurs porteurs, pourrait amplifier les forces centrifuges qui menacent l'Union. Déjà, les propos présidentiels cassants sur l'OTAN, l'ouverture proclamée d'un dialogue avec la Russie et le front populiste ont braqué les esprits. S'il fallait donner une forme politique plus achevée à ce projet qu'est l'UE, ce devrait étre sur le modéle d'une confédération. Or, la définition meme du terme exclut un transfert de souvraineté ou une armée européenne. Selon les analystes de la souverainte européenne et d'autonomie stratégique seraient en fait des facons de parler, pour signifier le besion d'une capacité à agir ensemble. Ansi le projet d'Emmanuel Macron sur la dissuasion nucléaire francaise, ne contient aucune évolution doctrinale. Il reste que les réticences allemandes au projet francais ont sérieusement mis à mal l'idée d'un tandem Paris-Berlin qui impulserait la mécanique européenne. Lorsque le Président Francais leur administre une lecon d'européisme, les officiels allemends ont beau jeu d'appeler la France à européaniser son siége à l'ONU et sa force de frappe. En somme, les paradoxes éléatiques du couple fronco-allement sont toujours d'actuels. A vrai dire, le projet européiste de la France ne compromet-il pas son role propre et les intérets d'une Europe puissante, voire ce qui reste de l'hégémonie occidentale? Celle-ci ne repose pas sur les seules responsabilités des Etats-Unis, mais sur l'efficacité de plusieurs directoires : ( le P3 Washington, Londres et Paris, au sein du Conseil de sécurité; le Quad euro-atlantique de l'OTAN, le P3 + l'Allemagne; le G7, le Quad+ le Japon, le Canada et l'Italie.) C'est de cette maniére que les principales nations européennes, sous l'égide des Etats-Unis, ont pu se maintenir dans la politique mondiale. Il est à craindre que la dissolution de ces solidarités géopolitiques, loin de bénéficier à l'Europe, accélére son déclin. Devenue la péninsule d'une grande "Eurasie sino-russe", elle se diverserait. La France devrait privilégier ses relations avec le Royaume-Uni et les américains. A l'échelon continental, cela signifierait traiter des affaires internes à l'Europe avec l'Allemagne, mais privilégier le Royaume-Uni concernant les défis exterieures. on est conscient de la prétention de Pékin à annexer tout ou partie des méditerranées asiatiques, ( les mers de Chine du Sud et de l'Est ), par où transitent les échanges entre l'Europe et l'Asie. De sucrcroit, le programme des nouvelles routes de la soie qui projettent la domination du monde. Déjà, la flotte chinoise opére en Méditerranée, manoeuvre avec la flote russe sur les approches de l'Europe et affirme ses ambitions arctiques. Puissances possessionée dans l'Indo-Pacifique, dont 90% de son domaine maritime, la France est concernée au premier chef. En cas de menace sur son territoire, croit-elle possible d'en appeller à la défense européenne? La géopolitique de son outre-mer et les impératifs stratégiques exigent qu'elle se rapproche du Quadindo-pacifique, cette alliance informelle qui regroupe les Etats-Unis, l'Australie, le Japon et l'Inde. Au demeurant, le processus est engagé et, là encore, la souveraineté de defense européenne ont matiére à coopérer étroitement.
L'AUTONOMIE STRATEGIQUE EUROPEENNE
Sur mer comme sur terre, les atouts géopolitiques européennes, actuelement sous-utilisés, peuvent étre mobilisés pour mieux défendre les intérets des Européens dans le monde. Mais cela nécessite d'afficher des ambitions que les Européens peinent traditionnellement à formuler et à assurer. La montée des tensions géopolitiques actuelles s'exprime dans toutes les dimensions, terrestres, spatiales, numériques, mais est exacerbée, pour les Européens en mer. Le premier défi est économique et met en jeu l'autonomie stratégique des Européens dans les moyens de produire et de commercer. Dans leurs propres aux territoires et leurs ZEE, ils font face à plusieurss stratégies agressives. En Méditerranée orientale, la Turquie cherche à étendre ses zones de prospection et d'exploitation des hydrocarbures au large de Chypre et de la République héllénique. En Atlantique nord, en Arctique et dans la Baltique, la Russie méne des opérations sous-marines, notamment sur les cables qui assurent l'insertion de l'UE dans l'économie numérique. Dans les espaces caribéens, si les menaces sont d'origine criminelle et non étatique, la peche illicite, et non déclarée est depuis longtemps un défi pour la protection de la souveraineté européenne sur les ressources halieutiques. Enfin et surtout, plusieurs Etats membres de l'Union mettent sur pied des opérations visant à garantir la liberté de navigation dans des espaces contestés comme les espaces maritimes asiatiques au large de la Chine. Grace à la Marine Francaise, l'Union prennent place dans les tensions maritimes qui opposent la Chine à ses voisins comme le Philippines, Vietnam, Taiwan et, plus largement, à son rival géopolitique, les Etats-Unis. Le deuxiéme défi est régalien et concerne la maitrise des frontiéres et des espaces maritimes européens. Depuis une décennie, les migrations sont devenues massives, depuis la Syrie, l'Irak, la zone Afghanistan-Pakistan ainsi que l'Afrique subsaharienne. En raison de son attractivité, l'Union se trouve exposée dans tous ces espaces à des défis extérieurs ayant de fortes répercussions intérieures. Les flux de migrants servent en effet d'outils aux Etats voisins de l'Union comme la Turquie, la Libye, le Maroc pour exercer au mieux une pression, au pire un chantage, sur l' Union. L'affirmation de la puissance européenne ne peut se priver de sa dimension maritime. Les vulnérabilités et les atouts de l'Union sur mer sont trop grands pour que le sujet soit considéré comme mineur. La maitrise des océans et de leurs fonds est en effet un enjeu aussi bien géopolitique qu'intérieur pour le continent cotier qu'est l'Europe de l'Union. S'agissant du secteur de l'énergie, elle l'est d'autant plus que ce dernier est lui-meme à cheval, juridiquement parlant, entre les Etats de l'Union. En effet, l'énergie est une compétence partagée, où les instances comminautaires jouent un role limité, fondé avant tout sur l'hrmonisation, voir l'incitation pour certains enjeux spécifiques comme le développement des énérgies renouvlables ou l'éfficacité énergétique. Outre cette question centrale du rapport entre Etats et institutions communautaires, il importe également de considérer qu'une éventuelle souveraineté énrgetique européenne ne pourrait étre atteinte qu'avec un controle relativement ferme sur les ressources, aussi bien que sur la technologie de transformation de ces derniéres. La sacurité énrgétique demeure un objet compléxe à manier en Europe. Alors qu'au titre de la répartition des pouvoirs dans le domaine énégétique entre l'Union et les Etats membes, cette question apparait comme étant plutot du ressort de ces derniérs, les actions des instances communaitaires ont néaumoins eu des impacts majeurs depuis les années 1990. La volonté de libéralisation et de fin des monopoles étatiques a conduit progressivement à un affaiblissement de la sécurité énérgétique, d'autant plus dans le contexte d'une baisse de l'exploitation des ressources du continent. L'accroissement de la compétition internationale, avec les Etats-Unis et la Chine, la volonté de la Russie de renforcer son role dans les approvisionnements en hydrocarbures, la sortie du Royaume-Unis et l'apparition de nouveaux acteurs sont autant d'éléments qui s'avérent des défis potentielles pour l'Union. Face aux défis énérgétiques du XXI siécle, aux différences de vues entre Etats membres et à la compétition internationale, l'Union cherche encore sa place notamment face à la Chine et la Russie. L'Europe, continent trés faiblement doté en gaz et en pétrole, est par essence poussé vers ses voisins, avec en point de mire trois régions principales, la Russie, l'Afrique et le Moyen-Oriant. L'aspect le plus sacré de la souvrainté est la capacité de défendre la nation contre les menaces extérieures. Depuis la fin de la guerre froide, la plupart des Etats memebres de l'UE ne sont pas sentis réellement menacés à cet égard.
Réunis, ils comptaient parmi les Etats militaires les plus puissants du monde et s'abritaient derriére la protection des Etats-Unis. Mais avec la résurgence de la Russie en Ukraine et les menaces de la Chine sur Taiwan et Hong-Kong, et une multitude de menaces asymétriques émanant d'autres puissances et d'acteurs non étatiques, ils sont désormais confrontés à de nouvelles menaces en matiére de sécurité, contre lesquelles ils n'ont pas la capacité de se défendre seuls.
MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA
Les cinq défis de la souveraineté européenne sont
LA SOUVERAINETE SECURITAIRE/ ECONOMIQUE/ SANITAIRE/ NUMERIQUE/ ET CLIMATIQUE.
Pour mieux comprendre ces défis, il faut voire aussi les analyses précedentes sur la souveranté européenne déjà publiées.
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