GEOPOLITIQUE/ BIRAMNIE : LA FIN DE LA JUNTE MILITAIRE FACE A LA MONTEE EN PUISSANCE DES MINORITEES
Les Birmans, ont, dés le XI siècle, cherché à dominer les peuples minoritaires qui se trouvaient à l'intérieur des frontières qu'ils se constituaient. Entre le XVI et le XVIII siècles, ils cherchent à s'étendre aux dépens du Siam en Thaïlande. Le Siam, bien que sa capitale ait été par deux fois, parvient à contre-attaquer et à conserver sa souveraineté. La Grande-Bretagne occupe la Birmanie après plusieurs campagnes, mettant fin à la royauté en 1885, et l'incorpore dans l'empire des Indes.
Les minorités ethniques se dégagent de la domination birmane. A l'indépendance en 1947, elles acceptent mal de retourner sous l'autorité sans partage des Birmans. Les diverses rébellions des trente dernières années ( Kachin au nord, Karen et Moon au sud, Chin et Rakhine à l'ouest, Karennis Chan et Wa à l'est ) prennent le chemin non violent des manifestations, tandis que le pouvoir militaire veut créer un Etat centralisé en réduisant par la force ses minorités dont la plupart sont montagnardes. La Chine est très présente en Birmanie. Un gazoduc, de l'océan Indien via Mandaley, doit déboucher à Kunming en Chine. Le nationalisme est incarné dés les années 1930 par l'unique organisation ayant échappé à la répression : Le parti communiste. La Birmanie, dont l'ancienne capitale administrative Rangoun, premier centre urbain, financier, économique et culturel du pays et la plupart des centres urbains du pays connaissaient pareillement une mobilisation populaire prodémocratie. A l'occasion d'une journée "ville morte" ayant littéralement fait disparaitre les habitants des rues habituellement actives et bondées du pays, une initiative des manifestants anti-junte militaire. Ces dernies souhaitaient ainsi dénoncer le retour des généraux au pouvoir à la faveur du coup d'Etat du premier février 2021, lequel a institué un State Administrative Council ( SAC ) avec à sa tète le chef des armées birmanes, le dictateur Min Aung Hlaing, dont on ne présente plus la relation délétère avec Aung San Suu Kyi. Pour la 52è journée de désobéissance civile et de mobilisation contre les généraux, les manifestants prodémocratie étaient de retour en nombre dans les rues de Mandalay, de Taunggyi, de Khin-U, de Mohnyin, de Pyay et de Hpa-an ; une présence populaire déterminée à laquelle les forces antiémeutes de la junte ont répondu par la répression violente, avec un bilan humain très lourd. En huit semaines, elles ont déjà laissé dans leur sillage plusieurs centaines de victimes ( 600 ). L'examen post mortem fait apparaitre, pour nombre d'entre elles, des assassinats consécutifs à des tirs de balle dans la tète, pour la plupart exécutées sans avoir fait montrer de comportement hostile.
UN PAYS MARQUE PAR LA CORRUTION ET LA RECURRENCE DES COUPS D'ETAT
Les généraux conservent pareillement une aversion pour la règle démocratique, vouent aux gémonies ses défenseurs et sympathisants, emprisonnant ses leaders emblématiques, répriment dans une violence saisissante et répétée une population appelant pourtant de ses vœux, y compris de manière impitoyable dans les bureaux de vote. En Birmanie, la récurrence des coups d'Etat militaires, des répressions violentes de mouvements populaires prodémocratie, le déni de la démocratie, l'organisation de scrutins aux règles et aux décomptes douteux et la rédaction de Constitutions faisant la part belle aux hommes en uniformes et aux élites corrompus traditionnelles au détriment des forces démocratiques ne prennent plus l'opinion international par surprise. Pour ce qui est des répressions violentes en Birmanie, nous recensons les années 1974, 1988, 2007 et 2021. La junte militaire conserve de fort accent prétoriens, armée pléthorique, influente, tournée essentiellement sur la gestion des défis sécuritaires domestiques ( contre l'insurrection séparatiste musulmane dans les provinces malaises du Sud thaïlandais, contre la " noria" de groupes ethniques armés postés aux frontières thaïlandaises, chinoises et bangladaises en Birmanie.) S'ingérant en politique et pour le moins hostile aux idéaux démocratiques, ont plié dés les années 1950 aux insistances martiales des hommes en uniforme; sont actuellement pareillement confrontés à la résistance et à la résilience d'une génération déterminée à ne plus reculer face aux galons, canons, services secrets et autres intimidations. A faire prévaloir coûte que coûte ses aspirations démocratiques, ses velléités de liberté, de respect des droits de l'homme et de la dignité de l'individu. Le régime birman compte essentiellement sur le soutien automatique du chef de gouvernement thaïlandais, l'ombrageux Prayut Chan-ocha. Peu populaire auprès des défenseurs de la démocratie, cet ancien général tortionnaire est installé au pouvoir depuis un septennat à la faveur d'un coup d'Etat militaire perpétré en 2014 encouragé par le Palais royal. On s'étoufferait d'une pareille ineptie si la situation n'était si grave pour tant de populations, 69 millions de Thaïlandais et 56 millions de Birmans, soit 125 millions d'individus. Notons également que, depuis des décennies, les populations ethniques birmanes sous le feu des offensives de l'armée dans divers Etats du pays, les opposants à la dictature, les promoteurs d'une Birmanie post-junte ont trouvé en nombre accueil et soutien auprès d'âmes thaïlandaises bienveillantes dans les périmètres frontaliers du royaume. Une monarchie qui par ailleurs, dans ces confins birmano-thailandais, s'apprête à accueillir un nouveau flux de refugiés birmans battant en retraite devant la répression allant crescendo du SAC du général Min Aug Hlaing, guère intimidé ni ébranlé d'être l'objet de tant de sanction personnelles émanant des institutions internationales ( ONU, UE, Londres, Berlin Washington et les défenseurs des droits de l'homme. Parmi les entraves aux forces démocratiques en Birmanie, autres victimes collatérales récurrentes des velléités de pouvoir et d'influence, d'omnipotence, des hommes en uniforme : qu'il s'agisse de la ligue nationale pour la démocratie ( LND) d'Aung San Suu Kyi en Birmanie, des Thai Rak Thai et Pheu Thai Party de la famille Shinathorn en Thaïlande, ces acteurs centraux sont en permanence placés sous le couperet de la main de fer des militaires et de l'establishment et en proie aux sanctions, dissolutions, condamnations à répétition. Pour les leaders emblématiques de ces partis politiques, les peines de prison, les assassinats, l'exil et les cabales plus grossières les unes que les autres sont un quotidien auquel, à mesure que leur soutien populaire s'accroit, ils se trouvent tôt au tard exposés, sans abuser naturellement qui que ce soit sur la nature intrinsèquement politique de ces tourments ourdis par leurs adversaires. Comme ce fut le cas des 750 000 Rohingyas refugiés au Bengladesh, après avoir étaient exposés aux pires crimes par les Bouddhistes et la junte militaire; un génocide passé sous silence par l' Occident, notamment les Etats-Unis et l'Union-Européenne. Devenus apatrides, ils forment actuellement une résistance armée dans le maquis prés de la frontière birmane
In fine, la relative proximité des situations observées de part et d'autres n'interdit pas quelques différences notables, notamment pour ce qui concerne les possibilités de guerre civile à court ou moyen terme. Cette inquiétante question est évoquée du côté de Rangoun et de Naypydaw, à mesure que les groupes ethniques armés ( GEA) en froid avec l'armée régulière birmane se rangent avec certain d'entre eux, par exemple les trois GEA, TNLA, MNDAA aux côtés des défenseurs de la démocratie et des manifestants anti-junte.
MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA
LES GROUPES ETHNIQUES ARMES
les trois GEA formant l'Alliance de la fraternité : Arakan army, Armée de libération nationale des Ta'ang ( TNLA) et armée de l'alliance démocratique nationale du Myanmar ( MNDAA).
En 3013, la junte birmane a mené des raids aériens contre des places-fortes de l'Union Nationale Karen ( UNK) , mouvement ethnique rebelle ayant annoncé son soutien aux manifestants contre le régime. Ces bombardements ont poussé au moins 4000 Karen à fuir vers la Thaïlande, comme au temps de la guerre civile. La plupart auraient été reconduits à la frontière par les autorités thaïlandaises. Les ONG locales décomptaient plus de 800 morts civils depuis le coup d'Etat. Bruxelles accuse Pékin, Moscou et Israël de fournir la junte en armes et autres matérielles de guerre.
On compte une douzaine de coup d'Etat militaires réussis en Thaïlande depuis l'instauration de la monarchie constitutionnelle, voilà prés d'un siècle (1932) , dont le dernier en 2014; et trois ( 1962, 1988 et 2021 ) en Birmanie.
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