vendredi 3 décembre 2021

 GEOPOLITIQUE/ GEOSTRATEGIE: L'OCEANIE / CHINE

Comme dans d'autres régions, l'influence chinoise est contestée en Océanie, en particulier par l'Australie. La relation entre Pékin et Canberra s'est fortement dégradée; certains en parlent même comme étant de pragmatique, en particulier dans le domaine économique, la relation est devenue très tendue, les deux acteurs se regarde en chiens de faïence. La Chine du président Xi Jinping est dans une posture plus agressive et que tous les moyens sont bons pour déstabiliser les pays qui ne partageraient pas leur point de vue.



LE CHINE ET LES ILES DU PACIFIQUE

Les intérêts de la chine au sein des iles du Pacifique sont multiples et fortement agressives. Incontestablement, des intérêts économiques se manifestent par la volonté chinoise d'étendre les routes de la soie vers les iles. Pékin s'intéresse également aux réserves halieutiques, dans sa zone économique exclusive s'amenuisant fortement. En clair, l'intérêt de la région s'explique aussi pour ses potentielles réserves en matières premières dans les fonds marins, ce qui n'a pas échappé aux entreprises chinoises qui intensifie leur présence. Pékin est d'ailleurs devenue le second partenaire commercial de la région, après l'Australie. Les ambitions ne se limitent toutefois pas au domaine économique; elles touchent aussi les questions politiques et militaires. En effet, la Chine n'hésite pas, avec un certain succès, à recourir à la politique du chéquier dans sa lutte d'influence avec Taiwan, sans négligé les iles Salomon et les Kiribati. Cet archipel du Pacifique ( Kiribati), menacé par la montée des eaux. Alors que Pékin a proposé de financer la construction de digues et de surélever les iles qui accueillent des populations. Les Etats-Unis et l'Australie s'inquiètent de la décision de Pékin de chercher à remettre en service l'ancienne base américaine de l'atoll de Canton, qui bénéficie d'une piste d'atterrissage de 1900 m. A coup de promesses d'investissement dans les infrastructures et d'aide au développement, les chinois parviennent à convaincre les iles de la région d'abandonner (Taipei) à leur profit. Le danger pour ces iles est toutefois d'être victime à l'avenir du piège de la dette en raison de leur dépendance économique asymétrique, ce qui les mènerait dans une relation clientéliste avec un patron chinois. La Chine s'intéresserait à la région pour y installer des bases militaires. Ainsi, depuis 2017, de nombreux articles ont traité de la possible construction d'une base militaire à ( Vanuatu). Face à cette intensification de la présence chinoise, Washington et Paris s'inquiètent tout en prenant dans les coulisses des mesures hostiles. Les trois Etats se sont donc vus forcés de se réengager dans le région. En effet, une présence militaire chinoise dans la région pourrait menacer les territoires australien et américain, sans oublier les routes maritimes dans la région. Ce réengagement prend des formes a la fois multiples et agressives : du coté australien, l'initiative ( Pacific Step-up), l'aide au développement remonte a 1,4 milliard de dollars australien pour l'année 2020-2021. Du coté américain, il ont accru leur présence militaire sur l'archipel de Palau et les iles Marshall. La France quant a elle, renforcent sa présence dans la région indo-pacifique à travers l'aide au développement et des exercices militaires a Marara, la Croix du Sud, avec les iles Pacifique ou l'exercice la Pérouse avec les quatre membres du Quad. Concernant Paris, l'enjeu à court terme est le troisième référendum sur l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie qui se tiendra en septembre 2022. Les iles du Pacifique représentent un intérêt primordial :  d'abord les ressources maritimes et minières, un poids non négligeable dans les organisations internationales, le contrôle de routes maritimes, les sphères d'influence, y compris la question de bases militaires. A travers ce magma géopolitique intense, la Chine participe donc à la fois de la recherche de satisfaire des intérêts directs, mais aussi de son schéma stratégique plus global d'affaiblissement des intérêts occidentales. 

 CHINE / AUSTRALIE : VERS L'ESCALADE D'UN CONFLIT ALARMANT


En 2018, le rapport entre les deux pays se détériore quand l'Australie décide d'introduire une loi de non-ingérence dans ses affaires internes, visant implicitement la Chine ( Australia's Foreign interference and Espionage). pékin est accusée depuis de nombreuses années d'influencer le vie politique et intellectuelle australienne, en essayant de manipuler ces parlementaires, universitaires et autres. De nombreux scandales ont d'ailleurs éclaté depuis. Refusant que l'entreprise Huawei installe la G5 sur son territoire pour des raisons de sécurité nationale, la situation s'envenime en 2020. Les Australiens demandent une enquête indépendante sur l'origine de la Covid-19. Au cours des mois suivants, Canberra s'inquiète de la situation  politique à Hong Kong et du sort des Ouighours au Xinjiang. Face à ces décisions, la Chine adopte des mesures coercitives économiques tout en lançant des opérations d'influence dans l'environnement informationnel australien. Considérer comme le premier partenaire commercial bilatéral de Canberra, Pékin est destinataire d'un tiers des exportations australiennes, statut qui lui fournit un moyen de pression économique non négligeable. De l'interdiction d'importation du bœuf australien venant de quatre abattoirs ( 36%) des exportations de bœuf vers la Chine) en passant par l'imposition de droits de douane sur l'orge, une enquête anti- dumping sur le vin et une réduction des importations de matières premières. En représailles, la Chine s'accompagnent d'une campagne d'intrusions dans les cyberespace australien. On retient notamment les tentatives de piratage en 2020 puis en 2021 lors des élections de l'état d'Australie- Occidentale, pour lesquelles Canberra soupçonne directement la Chine. De leurs cotés, les services secrets chinois mènent des compagnes d'intox sur l'Australie en la calcifiant d'être le pantin à la solde des Etats-Unis. Cette politique menée envers l'Australie n'est pas une exception, mais elle devient au fil du temps la règle de son comportement international. Les services chinois appliquent alors la guerre sans restriction au moyen de tactiques hybrides. Pour les renseignements chinois, il s'agit d'un ensemble de tactiques utilisées, séparément ou en combinaison, consistant entre autres en la guérilla, le terrorisme, la pression économique, la guerre de l'information, les cyberattaques, et la para- militarisation. Sans négligé  la  Lawfare, ou la réinterprétation des normes et standards, tout en restant en-dessous du seuil de la guerre réelle afin de produire un effet stratégique tout en empêchant l'activation du droit de la guerre. Contrairement aux pays Occidentaux qui adoptent une approche cloisonnée et manichéenne de la paix et de la guerre, la Chine opte pour une  approche holistique, une vision intégrée, dans laquelle toutes ses actions sont liées pour atteindre son objectif politique de devenir la première puissance mondiale d'ici 2049. Ces pratiques politiques subversives chinoises ont amplifié la volonté australienne de diminuer sa dépendance économique et de prendre ses distances vis-à-vis de Pékin, en diversifiant ses exportations vers d'autres pays tiers tels le Vietnam, l'Inde, et le Corée du Sud. En 2020, le premier ministre Australien insiste sur le fait de vouloir un Indo-Pacifique ouvert et souverain, libre de toute hégémonie. Le document réaffirme trois lignes politiques du pays : façonner l'environnement stratégique de l'Australie; dissuader les actions contre les intérêts du pays; et répondre avec une force militaire crédible si nécessaire. Enfin, le document insiste sur la nécessité d'accroître les dépenses militaires au niveau capacitaire ( 270 milliards de dollars dans les dix ans à venir.) Cependant, les mesures prises par Canberra permettront d'être plus présente dans son arc d'instabilité y compris les iles du Pacifique Sud. Au niveau multilatéral, l'Australie renforce ses liens avec Washington en matière de défense et participe à la consolidation du "Quad", lequel recoupe, outre l'Australie, les Etats-Unis, le Japon, l'Inde et la France, dans l'hypothèse où les Etats-Unis décideraient de se désengager de la région. Enfin, la relation entre la Chine et la Nouvelle-Zélande apparait plus ambiguë. Cette dernière à d'ailleurs évité de prendre parti pour l'Australie dans son conflit avec la Chine, allant même jusqu'à critiquer son voisin en 2021 afin de garantir leur libre-échange avec la Chine. Toutefois, l'Australie et Wellington ont publié un communiqué conjoint affirmant leur soutien aux sanctions prises par l-Union-Européenne, le Canada et les Etats-Unis à l'égard d'officiels chinois en raison du génocide au Xinjiang. Alors que les tensions ne cessent de croitre entre Pékin et Canberra, l'Australie a déclaré en 2021 qu'elle pourrait revenir sur le bail de 99 ans attribué à une société chinoise pour le port de Darwin, situé sur la côte nord du pays; a proximité d'une base militaire américaine. De son coté, Pékin a annoncé la suspension d'une partie de sa coopération économique avec l'Australie même s'il n'y avait plus de discussion depuis 2017. Face à un régime chinois de plus en plus affirmé dans un contexte post-pandémie complexe, le partenariat transatlantique devient d'autant plus essentiel. 


Contrairement aux Etats-Unis, l'UE ne dispose pas d'un pouvoir de hard power capable de rivaliser avec une Chine qui étend son influence stratégique dans le Pacifique, l'Afrique et dans d'autres régions du monde. Sa puissance douce ou le soft power est pertinente, mais insuffisante. Ce que l'UE peut faire valoir, c'est la défense de ses valeurs démocratiques libérales et l'Etat de droit. Emmanuel Macron, a pris la dimension de ces défis en prenant le tète de l'UE ? a condition qu'il sera réélu, sinon ce projet rentrera à jamais dans les archives de l'histoire. 

MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA




 

 


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