GEOPOLITIQUE/GEOSTRATEGIE: LES DEFIS DE
L'UNION - EUROPEENNE
Dans un monde devenu très conflictuel et concurrentiel, l'Europe cherche désespérément à garantir sa souveraineté stratégique et à recalibrer son rôle dans ce nouvel environnement stratégique. La nouvelle compétition sur le plan géopolitique ressemble à une partie d'échecs entre les Etats qu'au monde que les fondateurs de l'UE avaient espéré fondés.
Les Européens continuent à défendre un ordre multilatéral basés sur des fondements tout en s'efforçant de trouver des solutions mondiales aux défis mondiaux. En clair, tout repli sur le protectionnisme irait à l'encontre de l'idéal recherché. Dans un monde très dangereux, il est très difficile d'isoler de la géopolitique les menaces des Européens. Les Etats-Unis, la Chine, et la Russie, renforcent les violations des normes internationales, et d'instrumentaliser leurs relations économiques et géostratégiques afin d'atteindre des cibles politiques ou de sécurité. Les 56 recommandations pour l'amélioration des capacités d'actions européennes et les changements institutionnels au niveau de l'UE et des Etats membres restent obsolètes aux défis actuels en matière de souveraineté. Pourtant, cette intégration est capitale, tant entre les Etats membres qu'au-delà des carcans politiques à Bruxelles pour mieux prendre en compte la dimension géopolitique dans la conception des politiques européennes. L'ECFR a chargé trois groupes de chercheurs dans les trois régions les plus importantes pour la sécurité de l'Europe: le voisinage oriental, méridional et l'Asie orientale. Chaque région comporte ses propres défis, mais la Chine, les Etats-Unis et, surtout, la lutte qui les opposent touchent l'ensemble de ces zones. Ces deux géants se livrent déjà une guerre d'un genre nouveau, en utilisant l'infrastructure de la mondialisation pour se faire concurrence. L'une des conséquences, a été de créer un espace où les puissances moyenne comme la Russie, la Turquie, peuvent s'affirmer et armer l'interdépendance à leur façon, ce qui a pour effet de miner l'ordre mondial, ainsi que la capacité des Etats membres de l'UE à maintenir leurs intérêts dans différentes régions du monde. Néanmoins, l'UE ne peut pas construire le monde qu'elle souhaite sans une relation forte avec les Etats-Unis. La majorité des Etats membres attachent une grande importance à leur relation bilatérale avec les américains tout en s'opposant, à la mise en péril de cette relation clé. Au fil du temps, Washington est devenu un allié abusive vue sa place centrale dans l'échiquier international et profite de la dépendance asymétrique de l'Europe à l'égard de ses systèmes militaires et financiers pour réaliser des atouts géopolitiques et géoéconomiques. Ces pratiques hégémoniques peuvent menacer l'équilibre entre l'UE et les américains, mais également l'ordre multilatéral que ses derniers ont tant contribué à construire. Les nouvelles luttes géopolitiques affectent tous les domaines de la vie moderne, mais l'Europe cherche une solution multiforme qui va au-delà de la politique de défense tout en négociant sur un pied d'égalité. En somme, l'UE doit accroître son autonomie et orienter ses stratégies en fonction de ses intérêts globaux. A cet égard, une telle autonomie ne doit pas être confondue avec un repli isolationniste ni protectionniste. Cette logique, est le fruit de presque tous les analystes de la géopolitique, notamment Français et étrangers.
LES DEFIS DE L'EUROPE: ENTRE VULNERABILITE ET SOUVERAINETE
Sur la scène internationale, la force et l'affirmation croissante de la Chine représente le plus grand défi de notre siècle. Sa diplomatie s'inscrit dans un schéma de manipulation d'Etats afin d'atteindre ses objectifs géopolitiques; c'est également le cas de la Russie, la Turquie, les Etats-Unis, l'Arabie-Saoudite , les Emirats-Arabes-Unies et l'Iran. Ses dérives ostentatoires, bafouent les fondements sur lesquels l'UE a été construite. Certes, l'UE est basé sur un système multilatéral et des règles économiques mondialisés, finalement elle se trouve isolé, cerné, et replié sur elle-même. Concernant toujours l'UE, l'objectif est de se doter des outils forts afin de négocier au sein d'un système interdépendant et des décisions efficaces pour garantir la souveraineté stratégique dans un contexte plus compétitif et dissuader d'autres acteurs dangereux. Cette situation a déjà ébranlé l'ordre international à un point tel qu'elle menace la capacité des Etats membres à fonctionner en tant qu'entités autonomes. En conséquence, Afin de mieux comprendre ces défis, l'ECFR a réalisé une étude portant sur six domaines dans lesquels les Européens doivent sauvegarder leur souveraineté stratégique: l'intelligence artificielle, la défense, les affaires multilatérales, les menaces hybrides, les sanctions secondaires et enfin la politique économique internationale. A travers ces thématiques, ont comprend mieux que l'ouverture de l'Europe et l'interdépendance qui en résulte sont l'essence même du projet d'intégration européenne. L'intérêt de la souveraineté stratégique est de soutenir cette option tout en augmentant la capacité des Européens à agir de manière indépendante et à façonner le monde dangereux qui les menacent. Diverses puissances instrumentalisent les interdépendances asymétriques dans les domaines de santé, des relations économiques, de la technologie, de la sécurité et des questions climatiques d'une manière qui réduit la capacité de l'Europe à agir de manière autonome et à protéger les intérêts et les valeurs de ses citoyens. En ce sens, la commission européenne a mis en œuvre cinq défis qui vise à atteindre la souveraineté Européenne: la souveraineté sanitaire, économique, sécuritaire, numérique et climatique.
LE DEFI SECURITAIRE
La plupart des Etats membres de l'UE comptent parmi les Etats militaires les plus puissants du monde et s'abritent derrière la protection des Etats-Unis. Mais avec l'affirmation de la Chine, la résurgence de la Russie, une Amérique qui se tourne davantage vers l'indo-pacifique, et d'autres menaces émanant d'autres puissances et d'acteurs non étatiques, ils sont confrontés à de nouvelles menaces sécuritaires, contre lesquelles ils n'ont pas la capacité de se défendre seuls. De même, les Européens continueront à vouloir l'assistance des Etats-Unis. Au-delà des fragilités existentielles, la Russie au point des moyens novateurs pour transformer l'interdépendance en vulnérabilités sécuritaires. Les efforts dits hybrides vont des cyberattaques contre les systèmes d'information critiques à l'interruption de services essentiels, tels que l'approvisionnement en énergie ou les services financiers, en passant par l'érosion de la confiance du public dans les institutions gouvernementales et l'approfondissement de divisions sociales. Les menaces hybrides visent des zones plus larges qu'un seul Etat membre et peuvent saper l'unité de l'UE ou déstabiliser son environnement, par la désinformation, l'ingérence dans les élections et l'utilisation de mandataires afin de diviser les sociétés. Le long débat sur la défense européenne et l'autonomie stratégique a débouché sur le processus de la boussole stratégique, qui vise à préciser les grandes priorités définies dans la stratégie globale de l'UE. Le projet pourrait contribuer au développement sécuritaire et à combler le fossé entre la réalité des défis. Si la volonté des gouvernements européens de voir naitre une défense européenne, les questions liées à cette dernière et à son autonomie stratégique ne font toujours pas l'unanimité au sein des membres de l'Union, en raison des contraintes politiques et structurelles, y compris pour la France. Sur les grandes routes maritimes qui la relient au golfe Arabo-Persique, à l'Asie et dans ce que l'on nomme la région Indo-Pacifique, on sait la prétention de Pékin à annexer tout ou partie des méditerranées Asiatique, les mers de Chine du Sud et de l'Est, par où transitent les échangent entre l'Europe et l'Asie. Le programme Chinois des nouvelles routes de la soie vise essentiellement la domination mondiale. De surcroit, la flotte chinoise opère en Méditerranée, manœuvre avec la flotte Russe sur les approches de l'Europe tout en affirmant ses ambitions au sein du continent Africain. La France est concernée au premier chef. Poutine a travers le groupe paramilitaire Wagner intervient sur tout les fronts pour les intérêts de la Russie. Après l'Ukraine et la Syrie, ils sont déployer au Soudan, en Tanzanie, en Libye, en Afghanistan, au Mali, et au Centre-Afrique. Niant catégoriquement l'existence de ses mercenaires, Poutine instrumentalise le complot comme outil de pouvoir au Sahel face à la présence de 19 pays de l'UE déjà sur place, sans oublier les Américains, les Turques et les Chinois. Autres menaces potentielle surgit de l'autre coté de l'Afrique du Nord, concernant le Sahara-Occidental et les menaces ciblés contre l'Algérie. Le 29 septembre, le site israélien spécialisé dans le secteur de l’énergie EnergiaNews a annoncé la conclusion, le 24 du même mois, d’un accord de prospection de pétrole entre la société israélienne Ratio Petroleum Partnership, via sa filiale Ratio Gibraltar, et l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM) marocain. Le contrat, dont Ratio Gibraltar détient 100% des droits pendant sa phase d’étude, porte sur l’exploration de ce qui est appelé le bloc Dakhla Atlanctic, au large des eaux adjacentes au territoire du Sahara occidental, sur la côte atlantique. Ce bloc a une superficie de 129.000 kilomètres carrés et une profondeur de 3.000 mètres. Selon le site marocain Yabiladi, le royaume chérifien, qui considère le territoire sahraoui comme étant sous sa souveraineté, "toucherait une redevance de 7% si le pétrole est découvert à plus de 200 mètres sous les eaux avec une production de plus de 500.000 tonnes, et pour le gaz naturel, 3,5% pour une production de plus de 500.000 mètres cubes". L'accord conclu par le Maroc et Israël est illégitime selon la légalité internationale. Depuis la proclamation unilatérale de Donald Trump reconnaissant la marocanité du Sahara occidental, en violation flagrante du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité de l’Onu, le Maroc profite du rétablissement de ses relations diplomatiques avec Israël pour se protéger politiquement, militairement et maintenant économiquement, contre toute pression internationale, afin de continuer à piller les ressources du peuple sahraoui". Un autre défi qui plane sur toute la région dont les conséquences seront dévastatrices entre le Maroc, l'Algérie et l'intervention militaire d'autres puissances dans la région. En clair, Israël et le Maroc ont jeter des braises sur la région et ils attendent qu'elle s'enflamme. En d'autres termes, un conflit armé serait inévitable a moyen terme entre le Maroc et l'Algérie dans cette région fortement conflictuelle.
LE DEFI NUMERIQUE
La question de savoir qui possède la technologie de l'avenir, qui les produit, et qui fixe les normes et réglemente leur utilisation est devenue centrale dans la compétition géopolitique mondiale. Tous les nations du monde entier tentent de façonner l'évolution des nouvelles technologies et de s'approprier les avantages, tant géoéconomique que géopolitique. Pour l'UE, il restent beaucoup de zone d'ombre et plusieurs défis a relever. Certes, des pays membres de l'UE possèdent des entreprises de classe mondiale, et une grande capacité de recherche et de développement, mais ceux-là ont eu de mal à transformer ces atouts en influences géopolitiques et géoéconomiques, car elle se trouve prise en étau entre la Chine, Etats-Unis, et la Russie. La Chine par exemple, elle n'a pas hésiter à se rapprocher de la Corée du Sud, dont elle partage avec cette dernière 50% d'échange, tout en maintenant ces rapports diplomatiques avec la Corée du Nord. En ce sens, l'UE a besoin d'une stratégie afin de rivaliser avec les puissants de ce monde. Mais la question qui se pose existe-t-il une position européenne sur la question de souveraineté numérique? ou même la plupart des Etats membres en souhaitent une?
Ces défis de souveraineté représentent un énorme fardeau pour l'UE et ses Etats membres. Ils y a donc urgence de récupérer la souveraineté stratégique et de repenser l'ensemble du modèle de mondialisation qui a secoué la politique étrangère européenne au cours des dernières décennies. Sachant, que la mondialisation à entrainé des dépendances asymétriques à l'égard de nombreux pays. La Chine pour les équipements de base, les Etats-Unis pour l'accès aux marchés financiers en dollars et la Russie pour l'énergie tout en les exploitant à des fins géopolitiques insurmontables, vue le rapport de force qui les éloignent. Comme l'UE cherche a reconstruire sa souveraineté face à un monde dangereux et impitoyable, plusieurs aspects ont étaient évoqués au sein de l'UE: les européens doivent prendre en compte le programme de souveraineté proactif capable de projeter la puissance de l'UE et d'évaluer ces équilibres et de s'en protéger. Renforcer les institutions internationales afin de maintenir des marchés ouverts et préservant la capacité de se défendre contre la coercition économique. Considérer sa capacité normative comme un outil géopolitique qui afin de prémunir contre les vulnérabilités créées par la mondialisation. les décideurs de l'UE nagent à contre courant aux évènements qui se produisent dans d'autres pays du globe, ce qui doit renforcer davantage encore la souveraineté stratégique européenne. Enfin, l'UE peut-elle se montrer à la hauteur de ses valeurs en gelant les avoirs des élites des pays autoritaires? l'UE devraient-elle traiter différemment la Russie des autres régimes autoritaires ou dictatoriaux avec lesquels ils maintiennent leurs relations? De plus, quel intérêt les démocraties occidentales ou les paradis fiscaux trouveraient-ils à se passer des fonds issus de la corruption qui sont soumis à l'imposition sur leur territoire et profitent à leur économie? les sanctions prises contre la Russie ou la Biélorussie n'ayant pas vraiment mené à des changements politiques? en ce sens, la corruption et l'évasion fiscale internationale ont bien un coût, selon des statistiques fiables, ont estime à prés de 10% du PIB mondial, soit environ 8700 milliards de dollars proviennent de ses deux fléaux. On doit garder à l'idée que des régimes tels que la Moldavie, l'Arménie, le Kirghizstan, l'Azerbaïdjan, le Kazakhstan, le Venezuela , le Pakistan, sans oublier le scandale mondial des pondéra paypers qui a secoué l'ensemble des dirigeants arabes et autres. Ces pays y compris la Russie, voient leur popularité s'éroder à mesure que les revenus des ménages diminuent. Ils doivent donc davantage manipuler l'information et multiplier les mesures de répression, tout en imposant les propagandes, la peur et la prospérité économique. Pour autant, un cercle vicieux qui se met en place, plus la population sera sensible aux enjeux de corruption ou à la baisse de son niveau de vie, plus les régimes deviennent impitoyables. Pour les médias, la censure reste donc capitale pour que ces éléments ne soient pas connus de la population, sans oublier les assassinats ciblés contre les journalistes et les lanceurs d'alertes.
L'ENJEU STRATEGIQUE DE L'ENERGIE ET L'INGERENCE DE LA RUSSIE
Si un certain nombre d'Etats européens ont pu se reposer sur leur ressources nationales comme la Norvège, les Pays-Bas et le Royaume-Unis, les autres ont dû adopter une vision de la sécurité énergétique fondée sur la sécurité des approvisionnements, avec des orientations stratégiques privilégiant le marché mondial ou la conclusion d'accords préférentiels avec des Etats pétroliers, pour la plupart nouvellement décolonisés. L'Europe, continent très faiblement doté en gaz et en pétrole, est par essence poussé vers ses voisins, avec en point de mire trois régions principales ( la Russie, l'Afrique et le Moyen-Orient) se dessine alors une géopolitique des ressources avec des orientations géopolitiques contrastées. Face à cette dépendance, l'UE dispose en théorie d'une capacité politique pour assurer la sécurité des approvisionnements de ses Etats membres. Cependant, la sécurité énergétique demeure un objet complexe à manier au sein de l'Europe. La volonté de libération et de fin des monopoles étatiques a conduit à un affaiblissement de la sécurité énergétique, d'autant plus dans le contexte d'une baisse de l'exploitation des ressources du continent. L'accroissement de la compétition internationale, avec les Etats-Unis et la Chine, la volonté de la Russie de renforcer son rôle dans les approvisionnements en hydrocarbures, et l'apparition de nouveaux acteurs sont autant d'éléments qui s'avèrent des défis potentiels pour l'UE.
Si l'Union Européenne a sa raison d'être sur le plan géoéconomique, elle n'est pas en mesure de se poser en acteur géopolitique global et d'influencer la configuration diplomatique et stratégique de la région Indo-Pacifique ni en Afrique. Autrement dit, dans l'ordre métapolitique, le géonyme d'Europe renvoie à un lieu prétendument neutre, au dépassement des conflits.
MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA
Le retour à une nécessaire souveraineté européenne continue de provoquer de remous sur le vieux continent. Dans ce débat, la France semble inévitablement prêcher dans le désert, sa volonté d'édification d'une Europe de la défense et de l'armement se heurtant notamment à l'atlantisme d'une large partie des Etats-membres de l'Union-Européenne. Il est très difficile d'imaginer un avenir durable pour l'UE sans des directives communes à Bruxelles ainsi que dans les capitales européennes.
RépondreSupprimer