Dans les
décennies à venir, les Balkans occidentaux auront d’importantes conséquences
sur les équilibres politiques du continent. Ses derniers restent un espace
stratégique ou les rapports de force et les lobbies d’influences
internationaux continuent à se nouer. La
Russie, les Etats-Unis, l’Allemagne, la Turquie, l’Union Européenne et les Etats
musulmans auront un impact fort sur l’équilibre régional.
Sur le
plan international, la question de l’élargissement de l’OTAN dans les Balkans révèle
les rapports de force et les luttes d’influences en cours dans la région avec,
en toile de fond, la rivalité entre un camp euro-atlantique et Russe. Chacun
des acteurs optent pour une légitimation
internationale de son action, vu les conflits qu’engendrent cette région. Ce
clivage international rejaillit directement sur les positionnements de chacun
des acteurs vis-à-vis de l’élargissement de l’OTAN. Dans les discours officiels
russes, Poutine, développe une sémantique quasi guerrière en évoquant
l’Alliance atlantique. Ce qui semble se tramer dans la région, laissent
transparaitre un réel affrontement entre deux camps ennemis, ou les
protagonistes fixent leurs propres stratégies afin d’affirmer leurs influences
régionales. Une telle vision, permettrait de mieux comprendre la nécessité pour
la Russie de s’affirmer via des projets énergétiques, hier « South Stream,
aujourd’hui Turkish Stream ». Dans cette optique, la fonction réelle et de
maintenir des marges de négociations diplomatiques avec les Etats de la région.
Concernant le positionnement des Etats membres européens, l’élargissement de
l’OTAN aux Balkans reste un échiquier géopolitique très controversé. Les enjeux
de ce processus remettent en cause les équilibres internes de l’OTAN.
Toutefois, le contexte actuel pèse en faveur d’un soutien européen pour un
élargissement accéléré de l’OTAN dans la région, pour plusieurs raisons : terrorisme,
contrôle des flux migratoires, crise économique, humanitaire avec les réfugiés,
stabilisation régionale et la division sur le Brexit. Dans une Europe qui reste
vulnérable, après les deux crises Géorgienne et Ukrainienne, l’OTAN reste
l’unique levier crédible afin d’assurer la sécurité régionale, mais à quel
pris ? Certes, cette dynamique
d’élargissement et le contexte spécifique des Balkans occidentaux sont l’ultime
recours de repenser la relation OTAN/ Union-Européenne. Pour certains
analystes, avec les pro-OTAN d’un coté, et les pro-Europe de la défense de
l’autre, cette opposition semble actuellement tombé en désuétude. L’extension
programmée de l’OTAN à l’ensemble des Balkans occidentaux – la Croatie et
l’Albanie en sont déjà membres depuis 2009, et déjà au cœur de divers
conflits à différentes échelles, qui menacent même de diviser toute la région.
L’EUROPE
ET LA RUSSIE/ LE SPECTRE D'UNE GÉOPOLITIQUE VIOLENTE
Depuis la
chute de l’URSS, l’Europe a été confronté à la violence armée comme instrument
du rapport de force interétatique. Les conflits en Moldavie, les guerres des
Balkans, la guerre du haut Karabagh, la guerre de Géorgie, l’annexion de la
Crimée par la Russie et la guerre de l’Ukraine, tous ses conflits ruinent les
principes de l’Acte final d’Helsinki et contreviennent à la charte des
Nations-Unis. Toutes ses violences armées dictés par le nouvel empire Russe, a
conduit à rogner la souveraineté des Etats, à en faire émerger d’autres et a
redessiner d’autres frontières a l’horizon. Même si la reconnaissance des
nouveaux Etats est garantie par la communauté internationale comme la Croatie, la Slovénie et le
Monténégro, certaines réticences restent a envisagés. Sur le plan juridique de
ces nouvelles entités, les sources des tensions durables se sont dresser au
premier plan sur la paix et le droit Européens. L’Europe a voulu à toute force
bannir le conflit armé de son territoire et de son fonctionnement. Par-delà ses
tensions et ses crises, l’Europe de l’après-guerre s’est bâtie comme le
continent de la paix même entre l’Europe occidentale et le bloc de l’Est. Elle
a même interposé des mécanismes afin d’exclure le recours à la violence létale
comme moyen de régler les conflits. Paradoxalement, les deux superpuissances
Américaine et Soviétique ont rendus la paix impossible, notamment avec la
terreur nucléaire, qui plane à notre époque sur l’ensemble de la race humaine.
De nos jours, l’idéal d’une Europe pacifiste aux frontières intangibles ou
modifiables uniquement par la négociation et le droit international dans le
cadre de la charte des NU se fissure sous les coups de la réalité des relations
internationales controversés. La Grèce s’est opposée à la reconnaissance de la
Macédoine en raison du nom du nouvel Etat. Les indépendances du Kosovo et de
l’Ossétie du Sud, sont encore des sujets de désaccord entre la Russie de Poutine et l’Union-Européenne. Pour la
Russie et la Serbie, l’indépendance du Kosovo est illégitime, concernant
l’Union-Européenne, c’est l’indépendance de l’Ossétie du Sud qui est illégale au
droit. Et au fil du temps, même la situation juridique issue des opérations
militaires est devenue source de conflits diplomatique à sans unique. Les crises
Ukrainiennes déclenchées en 2013, annoncées par l’hégémonisme Russe sur
l’énergie, constituent un moment décisif et incarnant assurément le retour de
la guerre en Europe.
L’EUROPE
/ VERS DES CONFLITS RÉELS
L’Europe
doit se résoudre à l’évidence, que les conflits armées font partie intégrante
de son futur proche. Plusieurs zones de conflictualité se réveillent, ainsi, le
conflit gelé entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan depuis 2016 est en net regain,
les deux Etats se sont livrés la guerre de Quatre jours faisant plus de 400
morts. Plusieurs conflits potentiels prennent corps, la zone de la Baltique
reste le théâtre de tensions entre la Russie, l’Union-Européenne et l’OTAN. Sous
les pressions massives de la Russie, les anciennes républiques Soviétiques
baltes réclament un soutien militaire et une option stratégique de la part de
l’OTAN et de l’Union-Européenne. De même, les Etats neutres de la zone, Suède
et Finlande, s’interrogent sur leurs neutralités au vu des incursions
maritimes, aériennes et terrestres de la Russie au sein de leurs territoires
respectifs. La série répétitive de manœuvres militaires d’ampleur dans cette
région en 2016 dénote le retour de la vocation continentale de l’OTAN. Cette
montée des tensions a été soulignée par le sommet de Varsovie en
« 2016 », dont il a entériné
la décision des Alliés de déployer des forces dans les Etats baltes, ainsi que
le déploiement du bouclier antimissile en Pologne, en Romanie, en République
Tchèque et le Monténégro. Pour la Russie, ces décisions contreviennent aux
assurances données sur la non-extension de l’OTAN à l’Est et menaçant sa
capacité de dissuasion nucléaire. Ainsi, en 2016, la Russie a consacré 44,6 milliards
de dollars et pour la modernisation de ses forces elle ajouté 69,326 milliards
de dollars portant ainsi l’effort de défense à 5,4 du PIB en 2016. Quant aux
Etats Européens, les Pays-Bas ont de nouveau augmenté leurs dépenses
militaires, de 8,7 milliards de dollars en 2015 à 9,3 milliards en 2016,
notamment dans le programme naval et aérien. L’Allemagne à interrompu ses
baisses de dépenses de défense en « 2013-2014 », année au cours le
minimum de 39,9 milliards avait été atteint, pour porter son budget à 42
milliards en 2016. Sur le plan économique, l’UE reste le premier partenaire
commercial de la Russie. En 2016, le volume total des échanges s’est établi à
192 milliards d’euro. Dans le domaine des hydrocarbures, l’UE importe pour une
valeur de 79 milliards. La Russie, a adopté une série d’embargos, notamment sur
les produits agricoles, et a développé des sources d’approvisionnement de substitution.
Ainsi, entre 2012 et 2017, les importations de l’UE depuis la Russie sont
passées de 216,13 milliards d’euros à 119,67 milliards. De même, les
exportations de l’UE vers la Russie sont passées à un peu moins de 72,43
milliards. Ses étroites relations économiques entre l’UE et la Russie,
dépondent de plusieurs facteurs : développement agricole hors l’UE, cours
bas des hydrocarbures, faiblisse de la croissance Russe, priorité accordé par
la Russie à l’accord douanier entre la Russie, le Kazakhstan, le Belarus et
l’Arménie. Tous ses facteurs laissent augurer une régression des échanges
économiques et l’évidence des conflits armés. Les Américains, dans leur
échiquier géopolitique et géostratégique, ont adopté des séries de nouvelles
sanctions contre la Russie en 2017. Mais l’économie Européenne et en marche
vers un champ d’affrontements.
L’Europe
prend conscience qu’elle ne peut éradiquer la guerre en son sein. La France de
son coté, accélère cette prise de conscience, en insistant dans les enceintes
Européennes, de consacré à la défense un effort budgétaire plus important. Le
conseil OTAN-Russie reste suspendu et l’OSCE, destiné à assurer la réduction
des armements et la prévention des conflits en Europe reste aussi bloquée.
MOHAMMED CHÉRIF BOUHOUYA
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