L’appui
feutré apporté par la France au Maroc sur la question du Sahara occidental
empoisonne les relations entre Alger et Paris. Pour Alger, la France pèse
lourdement dans ce conflit vu ça position entant que membre du conseil de
sécurité des Nations-Unis. Au-delà de cette accusation qui a pour objectif
d’équilibrer le positionnement de la France vis-à-vis de ce conflit, le nouvel
échiquier géopolitique régional, ne permet plus d’afficher une préférence
Marocaine.
L’Algérie,
acteur de premier plan dans la lutte contre le terrorisme, a pu avoir un rôle
capital dans la région et aussi sur le continent Africain compte tenu de sont influence au sein de l’Union
Africaine. L’armée Algérienne a mis en place la capacité Africaine de réponse
immédiate aux crises, et s’est impliquée également dans la recherche d’une
résolution Libyenne et a apporté son soutien au voisin Tunisien en matière d’aides
financières et aussi dans le domaine de renseignement. Par ailleurs, ce qu’on
appelle le printemps arabe, a reconfiguré l’environnement du Maghreb. Les
enjeux géostratégiques nouveaux, conduisent la France à ne plus avoir un allié
privilégié (ni le Maroc ni l’Algérie) dans cette poudrière régionale qui
s’intensifie de plus en plus. Au Mali, mais aussi au Maghreb, la France a
besoin de puissances qui dictent les politiques régionales et internationales,
mais surtout les pressions sociales portées par les opinions publiques. Cette
réalité aura des effets imminents sur la relation entre la France et les pays
du Maghreb, dont elles ne peuvent plus être exclusivement fondées sur les liens
entre Etats. Force est de constater que la France a délaissé les études du
Maghreb (sur le sujet, ont pourra consulter : Pierre Vermeren, Misère de
l’historiographie du Maghreb post-colonial). Cette carence en matière de
connaissance académique approfondie de ces pays n’est pas extérieure aux
jugements et aux décisions prises au plus haut niveau en matière de gestion de
la politique maghrébine de la France. Cette dernière, qui a perdu des parts de
marché, a aussi perdu une partie de son influence dans ces pays avec lesquels
elle a eu une histoire commune et conflictuelle, dont une partie de la diaspora
est installée sur sont sol et avec lesquels elle partage des liens culturels
forts. Pourtant, elle pourrait y être plus influente, en s’appuyant sur la francophonie
et les binationaux qui pourraient constituer des ponts entre les deux rives de
la Méditerranée occidentale.
L’HISTOIRE
ET LA MÉMOIRE RESTENT EN SUSPENS
Les trois
pays du Maghreb central (Algérie, Maroc et Tunisie) ont accédé à leur
indépendance en s’appuyant sur une lutte nationaliste menée dans chacun des
pays. Néanmoins, les indépendances des anciens protectorats en 1956
« Tunisie et Maroc » ont laissé moins de séquelles que la guerre qui
a opposé la France à l’Algérie « 1954-1962 ». Ce conflit a dans les
deux pays donné naissance à une culture politique encore vivace, ou chacun des
deux pays a écrit son histoire officielle sur cette tragique période. Après
l’indépendance, les relations diplomatiques entre les deux frères ennemis, ont
étaient soumissent à des crises récurrentes jusqu’à nos jours, malgré une
coopération économique très importante. Durant la décennie noire, Paris prendra
ses distances à cause de l’interruption du processus électoral, et ferme les
yeux sur les crimes des généraux contre le peuple Algériens. Du coté Marocain,
les relations entre Paris et Rabat constituent une source de tensions entre la
France et l’Algérie. Le contentieux entre Alger et Rabat porte initialement sur
le tracé des frontières entre les deux pays et aussi sur la question du Sahara
Occidental. En 1963, au lendemain de l’indépendance de l’Algérie encore
fragilisée par les séquelles de la guerre, le Maroc déclare la guerre dite des
sables et s’est cristallisé depuis 1975 sur la question du Sahara Occidentale.
Pour le régime Algérien de l’époque, la réponse du feu président Boumédiene
était immédiate. Faire du Sahara occidental
un « point de fixation »,
pour le Maroc, la question des frontières sera mise aux calendes grecques. Au nom des droits historiques qu’entretenaient la monarchie Alaouite,
avec les populations de cette ancienne colonie Espagnole « 1884-
1976 », Rabat revendique la récupération de ce territoire, mais Alger
appuie les indépendantistes Sahraouis dans leur revendication d’un Etat au nom
du droit des peuples à s’autodéterminer. Dans ce conflit vieux de plus de
quartes décennies, la France a soutenu la monarchie de manière
inconditionnelle, alors que l’ONU le considère comme un territoire non
autonome. Sur le plan historique, la France a joué un rôle capital dans la
délimitation des frontières. Selon les archives, elle a donné un immense
Sahara à l’Algérie, pensant qu’elle pouvait le conserver, comme elle a œuvré à
la création de la Mauritanie en 1960, contraignant le Maroc à en reconnaître l’existence dix ans après. Sur le plan diplomatique, Paris soutient le Maroc
dans sa demande de faire reconnaître sa souveraineté sur le Sahara, mais Alger
riposte et multiplient ses voies diplomatiques. En dehors des crises
d’importances inégales qui ont émaillé une relation dense avec la France, les
relations entre les deux pays sont excellentes. Une forte communauté marocaine
est installée sur le sol Français, et plus de 50 000 Français vivent au
Maroc. La coopération culturelle, scientifique et technique est très importante
et s’inscrit dans le cadre d’une convention de partenariat signée en 2007. Sur
le plan économique, la France est le premier investisseur étranger. Plus de 760
filiales d’entreprises sont installées au Maroc, pays qui est le premier
bénéficiaire des actions d’intervention de l’agence française de développement
(AFD : prés de 600 millions d’euros entre 2014-2016) afin de soutenir les
opérateurs marocains en Afrique subsaharienne.
La
situation actuelle au Sahara occidental, reste bloquée par les deux
protagonistes, et la France se trouve dans une impasse puisqu’elle soutient le
Maroc. Même si elle affiche une certaine neutralité, elle s’appuie actuellement
sur les Nations-Unis pour une solution équitable et durable du conflit. Sur le
plan géopolitique, la France qui est engagée dans la région, souhaite une
sortie de crise pour la stabilité du royaume, qui reste intimement liée à
d’autres acteurs au règlement de ce conflit.
MOHAMMED CHÉRIF BOUHOUYA
Afin de mieux comprendre les enjeux du conflit du Sahara
occidental, il faut lire également (Sahara occidental : un peuple en otage)
Et
l’autre analyse « Algérie-Maroc : le spectre d’un conflit armée ».
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