lundi 30 octobre 2017

GÉOPOLITIQUE/ LA NOUVELLE DIPLOMATIE FRANÇAISE ET LES PAYS DU MAGHREB: DES RELATIONS TENDUS


L’appui feutré apporté par la France au Maroc sur la question du Sahara occidental empoisonne les relations entre Alger et Paris. Pour Alger, la France pèse lourdement dans ce conflit vu ça position entant que membre du conseil de sécurité des Nations-Unis. Au-delà de cette accusation qui a pour objectif d’équilibrer le positionnement de la France vis-à-vis de ce conflit, le nouvel échiquier géopolitique régional, ne permet plus d’afficher une préférence Marocaine.





L’Algérie, acteur de premier plan dans la lutte contre le terrorisme, a pu avoir un rôle capital dans la région et aussi sur le continent Africain compte tenu  de sont influence au sein de l’Union Africaine. L’armée Algérienne a mis en place la capacité Africaine de réponse immédiate aux crises, et s’est impliquée également dans la recherche d’une résolution Libyenne et a apporté son soutien au voisin Tunisien en matière d’aides financières et aussi dans le domaine de renseignement. Par ailleurs, ce qu’on appelle le printemps arabe, a reconfiguré l’environnement du Maghreb. Les enjeux géostratégiques nouveaux, conduisent la France à ne plus avoir un allié privilégié (ni le Maroc ni l’Algérie) dans cette poudrière régionale qui s’intensifie de plus en plus. Au Mali, mais aussi au Maghreb, la France a besoin de puissances qui dictent les politiques régionales et internationales, mais surtout les pressions sociales portées par les opinions publiques. Cette réalité aura des effets imminents sur la relation entre la France et les pays du Maghreb, dont elles ne peuvent plus être exclusivement fondées sur les liens entre Etats. Force est de constater que la France a délaissé les études du Maghreb (sur le sujet, ont pourra consulter : Pierre Vermeren, Misère de l’historiographie du Maghreb post-colonial). Cette carence en matière de connaissance académique approfondie de ces pays n’est pas extérieure aux jugements et aux décisions prises au plus haut niveau en matière de gestion de la politique maghrébine de la France. Cette dernière, qui a perdu des parts de marché, a aussi perdu une partie de son influence dans ces pays avec lesquels elle a eu une histoire commune et conflictuelle, dont une partie de la diaspora est installée sur sont sol et avec lesquels elle partage des liens culturels forts. Pourtant, elle pourrait y être plus influente, en s’appuyant sur la francophonie et les binationaux qui pourraient constituer des ponts entre les deux rives de la Méditerranée occidentale.


L’HISTOIRE ET LA MÉMOIRE RESTENT EN SUSPENS

Les trois pays du Maghreb central (Algérie, Maroc et Tunisie) ont accédé à leur indépendance en s’appuyant sur une lutte nationaliste menée dans chacun des pays. Néanmoins, les indépendances des anciens protectorats en 1956 « Tunisie et Maroc » ont laissé moins de séquelles que la guerre qui a opposé la France à l’Algérie «  1954-1962 ». Ce conflit a dans les deux pays donné naissance à une culture politique encore vivace, ou chacun des deux pays a écrit son histoire officielle sur cette tragique période. Après l’indépendance, les relations diplomatiques entre les deux frères ennemis, ont étaient soumissent à des crises récurrentes jusqu’à nos jours, malgré une coopération économique très importante. Durant la décennie noire, Paris prendra ses distances à cause de l’interruption du processus électoral, et ferme les yeux sur les crimes des généraux contre le peuple Algériens. Du coté Marocain, les relations entre Paris et Rabat constituent une source de tensions entre la France et l’Algérie. Le contentieux entre Alger et Rabat porte initialement sur le tracé des frontières entre les deux pays et aussi sur la question du Sahara Occidental. En 1963, au lendemain de l’indépendance de l’Algérie encore fragilisée par les séquelles de la guerre, le Maroc déclare la guerre dite des sables et s’est cristallisé depuis 1975 sur la question du Sahara Occidentale. Pour le régime Algérien de l’époque, la réponse du feu président Boumédiene était immédiate.  Faire du Sahara occidental un «  point de fixation »,  pour le Maroc, la question des frontières sera mise aux calendes grecques. Au nom des droits historiques qu’entretenaient la monarchie Alaouite, avec les populations de cette ancienne colonie Espagnole «  1884- 1976 », Rabat revendique la récupération de ce territoire, mais Alger appuie les indépendantistes Sahraouis dans leur revendication d’un Etat au nom du droit des peuples à s’autodéterminer. Dans ce conflit vieux de plus de quartes décennies, la France a soutenu la monarchie de manière inconditionnelle, alors que l’ONU le considère comme un territoire non autonome. Sur le plan historique, la France a joué un rôle capital dans la délimitation des frontières. Selon les archives, elle a donné un immense Sahara à l’Algérie, pensant qu’elle pouvait le conserver, comme elle a œuvré à la création de la Mauritanie en 1960, contraignant le Maroc à en reconnaître l’existence dix ans après. Sur le plan diplomatique, Paris soutient le Maroc dans sa demande de faire reconnaître sa souveraineté sur le Sahara, mais Alger riposte et multiplient ses voies diplomatiques. En dehors des crises d’importances inégales qui ont émaillé une relation dense avec la France, les relations entre les deux pays sont excellentes. Une forte communauté marocaine est installée sur le sol Français, et plus de 50 000 Français vivent au Maroc. La coopération culturelle, scientifique et technique est très importante et s’inscrit dans le cadre d’une convention de partenariat signée en 2007. Sur le plan économique, la France est le premier investisseur étranger. Plus de 760 filiales d’entreprises sont installées au Maroc, pays qui est le premier bénéficiaire des actions d’intervention de l’agence française de développement (AFD : prés de 600 millions d’euros entre 2014-2016) afin de soutenir les opérateurs marocains en Afrique subsaharienne.


La situation actuelle au Sahara occidental, reste bloquée par les deux protagonistes, et la France se trouve dans une impasse puisqu’elle soutient le Maroc. Même si elle affiche une certaine neutralité, elle s’appuie actuellement sur les Nations-Unis pour une solution équitable et durable du conflit. Sur le plan géopolitique, la France qui est engagée dans la région, souhaite une sortie de crise pour la stabilité du royaume, qui reste intimement liée à d’autres acteurs au règlement de ce conflit.

MOHAMMED CHÉRIF BOUHOUYA

Afin de mieux comprendre les enjeux du conflit du Sahara occidental, il faut lire également (Sahara occidental : un peuple en otage)
   Et l’autre analyse « Algérie-Maroc : le spectre d’un conflit         armée ».
    
  



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