Au-delà
des avions de chasse, le marché de l’armement au Moyen-Orient est plus que
jamais déterminant pour les entreprises Françaises du secteur. Les relations privilégiées
de la France avec les monarchies arabes permettent à l’industrie Française à la
concurrence, plusieurs facteurs géopolitiques et géostratégiques expliquent
cette tendance. D'Abord un enjeu géopolitique de taille affirmée au Moyen-Orient et les pays du Golfe
sont en effet le principal moteur des prises des commandes. Néanmoins, il est primordial
de s’interroger sur la fin d’une alliance américaine et la prédominance Française
dans la région ?
Outre l’implantation
d’une base militaire aux Emirats arabes unis, ces relations se traduisent par
une intensification des partenariats militaires et par une envolée des contrats
d’armement. Les succès à l’international de l’avion de chasse « Rafale »
illustrent cette tendance. En dépit de multiples campagnes à l’exportation,
Dassault a été évincé de nombreux marchés depuis plus de deux décennies par une
forte concurrence, en particulier américaine. L’envolée des exportations d’armement
de la France, s’est transformée lorsque l’Egypte a choisi de se doter de 24
appareils en 2015 et d’une frégate multimission pour un total de 5,2 milliards
d’euros. Ouvrant la voie au Qatar à une
livraison de 25 appareils pour un contrat de 6,3 milliards d’euros. La même
année, le Liban s’est engagé à investir pour 2,2 milliards d’euros, et le Koweït
pour un montant d’un milliard d’euros concernant 24 hélicoptères lourds et une autre commande Indienne pour 36
appareils. Les années 2010 ont été aussi marquées par la multiplication des contrats
majeurs supérieurs à 200 millions d’euros. Le plus important client de l’industrie
d’armement demeure sans conteste l’Arabie-Saoudite, suivi par le Koweït et les
Emirats arabes unis. Outre un poids important dans leur carnet de commandes, ce
marché permet de confirmer l’intérêt des équipements conçus en France pour les
clients internationaux en dehors de cette région. Depuis le début des années
2000, l’intervention Française se révèle plus affirmée de manière générale au
Moyen-Orient tant sur le plan militaire que géopolitique ( la France s’est
engagée au sein de la coalition international contre l’EI en Irak et en Syrie
avec l’opération Chammal ». Sur le plan géostratégique, le Moyen-Orient
demeure une des régions ou les dépenses militaires sont parmi les plus élevées
au monde en part du PIB de l’ordre de 210 milliards de dollars. Selon l’institut
international de recherche sur la paix de Stockholm « SIPRI », les
dépenses militaires mondiales sont en forte hausse estimées à 1676 milliards. Outre
l’émergence de mouvances radicales, d’autres foyers de tensions suscitent le
besoin des Etats de la région de mieux s’armer. La guerre hégémonique au Yémen
impliquant des forces armées d’une coalition de dix Etats dont huit arabes (Arabie-Saoudite,
Bahreïn, Egypte, Emirats arabes unis, Jordanie, Maroc, Koweït, et le Qatar), la
crainte de la déstabilisation du Liban, le retour de l’Iran comme la Turquie
dans la géopolitique de la région. Ses facteurs fortement bouleversants incitent
ses pays à l’achat de matériel militaire Français. Si la diplomatie Française est jugée parfois
hésitante sur certaines visions géostratégiques, elle a tenu une ligne directrice
ferme face à l’Iran dans le contexte de l’accord de Vienne de 2015 sur le
programme nucléaire. Cette stratégie a été appréciée par les monarques du Golfe
qui tient la république des Mollahs comme son principal rival. Cette manœuvre de rapprochement avec ses pays s’inscrit dans la continuité depuis les années
2000 et le nouveau président Emmanuel Macron affiche une grande volonté d’entretenir
des relations à long terme de politique arabe, excluant toute fois la
prédominance de Washington dans la région. Outre la qualité de ses équipements
militaires, la France a profité durant cette période des effets négatifs des
changements de la politique américaine dans la région. La guerre d’Irak de 2003
a dégradé les relations avec les pétromonarchies, qui se sont senties
abandonnées par l’annonce en 2011 d’un recentrage des forces américaines vers l’Asie.
Voir menacées par l’autonomie énergétique des Etats-Unis avec le développement
de la production d’hydrocarbures non conventionnels en Amérique du Nord. Enfin,
les américains ont été perçus comme des alliés non fiables alors que les pays
du Golfe se sont engagés contre le régime Syrien depuis 2011. Selon le SIPRI,
sur la période 2012-2016, le Moyen-Orient est la deuxième au monde, après l’Asie,
pour les importations mondiales d’armement avec 28% des livraisons. Son poids s’est
accru sur ce marché, sur les cinq dernières années, la valeur annuelle moyenne
des importations des pays du Golfe est 86% plus élevée que sur la période
2007-2011. Cette région est devenue le premier marché pour les pays
exportateurs d’armement puisque les ventes mondiales n’ont augmenté que de 8,5%
entre ces deux périodes.
LES
NOUVEAUX ENJEUX GÉOPOLITIQUES ET LES RISQUES DES CONFLITS
Les
relations avec les monarques du Golfe ne sauraient se limiter à des contrats,
car ces pays attendent plus de la France
afin d’assurer leur sécurité, voir de concrétiser leurs hégémonies
internationales. Certes, ces ventes à l’exportation constituent un second
souffle pour Emmanuel Macron pour préserver l’autonomie stratégique de la France
en pérennisant son outil de défense. Cependant, la concentration des commandes
risque de crée une dépendance économique qui pourrait s’avérer périlleuse. En
effet, plus de la moitié du chiffre d’affaires de l’industrie pourrait être
dépendante des exportations et les trois quarts des livraisons seraient
concentrés sur cette région bien particulière. Cela exposerait l’industrie française
à tout risque de retournement des marchés du Moyen-Orient et les dangers
prendront des dimensions multidimensionnelles. En clair, ces pays sont très dépendant
des hydrocarbures et avec l’effondrement actuel du cours du pétrole qui menace même la
stabilité intérieure de ses pays et autres comme l’Algérie, entraînerait une
corrélation indéniable entre la chute du baril et leur niveau de dépenses
militaires. Faute de pouvoir se doter d’armements américains et ne pouvant se
tourner vers la Russie qui soutient leurs adversaires, ces pays se sont trouvés
contraints de se rapprochés de la France et ses partenaires Européens. Le
retour en force des américains sur les marchés d’exportation est déjà perceptible
du fait de moindres commandes du Pentagone, une tendance qui s’accentue de plus
en plus dans les prochaines années. Cette conjoncture géopolitique qui se
désigne déjà à l’horizon, peut freiner les ambitions de la France, face au rouleau
compresseur américain. Les Etats-Unis à travers l’histoire, ont laissés leurs empreintes
d’agressivités quand il s’agit de préserver leurs intérêts à travers le monde.
CRISES ET
CONFLITS
L’effondrement
de certains Etats comme l’Irak et la Syrie, a permis l’émergence de mouvements
radicaux, mais ce n’est qu’un facteur mineur permettant d’expliquer l’explosion
des dépenses militaires des pays arabes et les importations d’armements qui l’accompagne.
Les rivalités entre pays voisins ont été réactivés du fait de ces crises
régionales, que se soit au Moyen-Orient ou même en Algérie, la Libye, le Maroc,
l’Ethiopie, le Liban, la Turquie, la
Jordanie, le Yémen, le Qatar, l’Arabie-Saoudite, l’Egypte, Israël le Mali, et dans
d’autres foyers de crises. Le retrait
américain après avoir déstabiliser toute la région, à permis à des différents
de resurgir, en particulier entre sunnites, chiites, Kurdes et bientôt les chrétientés
coptes, qui revendiquent un Etat indépendant au Sinaï d’Egypte. Si les
monarchies du Golfe, restent un risque croissant d’agression, la France pourrait
être entraînée dans des tensions de lourdes conséquences.
A court
ou à long terme, si le Golfe s’embrase, la France pourrait devoir intervenir auprès
de ses alliés, comme l’Egypte, le Qatar, l’Arabie-Saoudite et les Emirats
arabes unis. La vente d’armes pose des enjeux économiques mais surtout
politiques, comme la Libye ou le Mali, considéré comme zone d’ambigüité, voir
de risque potentiel. Pour Emmanuel Macron, Une approche globale est capitale
pour ne pas placer la France dans une position de dépendance comme les
pétromonarchies, ce qui est antinomique avec le but recherché, s’est l’autonomie
stratégique de la France.
MOHAMMED CHÉRIF BOUHOUYA
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