vendredi 13 février 2015

ALGERIE : LE NAUFRAGE D’UN ETAT : DE LA JUNTE DES GENERAUX A LA MAFIA POLITICO- FINANCIERE



Malgré la mainmise du président Bouteflika sur l’institution militaire et le déclin des généraux qui ont gérés le pays depuis 1962 jusqu’à 2004 avec une main de fer, l’unité du pays n’est pas encore réalisée et l’héritage du passé entrave la longue marche vers la voie de l’apaisement. Ce constat révèle le profond fossé séparant le pouvoir d’une population asservie.





Avec plus de 97% de ses exportations issues des hydrocarbures, l’Algérie est très dépendante de ses ressources naturelles. Alors que 70% du budget de l’Etat provient de cette rente et que les réserves de changes dépassent les 190 milliards de dollars, le pays affiche un lourd déficit d’infrastructures et ses industries. Le chômage atteint 11% de la population et le PIB par habitant est de 7300 dollars. Pour pallier ça balance économique, elle a signé un accord d’association avec l’UE, le texte prévoyait un abaissement progressif des droits de douane jusqu’en 2017, avec ce partenariat, elle emboîtait la pas à ses voisins maghrébins. Afin d’atteindre ces objectifs, l’UE a signé plusieurs accords prévoyant une coopération dans le domaine politique, économique, financier, culturel et social. Les deux partenaires se sont entendus pour ajourner à 2020 la mise en place de la zone de libre-échange, soufrant par la faiblisse de ses PME, Alger a obtenu le gel des taux de droits de douane pour 11000 lignes tarifaires dans les filières agricoles et ses débouchés. Exclu de l’OMC, le pays découvre les revers de la libéralisation de son marché. Le revirement algérien est soumis à une forte pression extérieure, avec un bénéfice  de sa balance commerciale de 9,17 milliards d’euros avec l’UE, auxquelles vient s’ajouter une conjoncture politique défavorable. Certes la tyrannie des généraux est complètement déclinée du paysage politique et financier algérien, mais on assiste à une montée dévastatrice d’une mafia politico-financière d’homme d’affaires qui défient même l’équilibre de l’Etat. Pour cette année, les révélations sur le blanchiment d’argent au sein des banques étrangères, s’élèvent à 1 milliards d’euros, sans oublier d’autres milliards dans les banques de HSBC et les banques suisses. Ses sommes détournés sont le fruit des rentes pétrolières de 2000 à 2010 qui avoisinent plus de 900 milliards. Malgré l’installation des attachés commerciaux aux seins des ambassades afin de mieux contrôler ce phénomène, l’impunité reste de mise. L’Ambassadeur en poste à Paris n’est accessible que par les hommes d’affaires, la diaspora algérienne exige un bilan moral et financier sur l’ensemble des ambassadeurs et les consules qui échappent à tout contrôle. Le ministère des affaires étrangères chapeauté par « Lamamra », est soumis au clientélisme, au favoritisme, laissant aux calandres grecques les compétences des élites qui sont aptes pour gérer la tumultueuse diplomatie algérienne.

LES SCÉNARIOS DU PIRE POUR L’ALGERIE

Le pouvoir central essaye d’intégrer la population Touaregs et anticiper les conséquences de la guerre en Libye, mais l’équilibre des forces reste fragile. La préoccupation primordial de l’Algérie demeure dans la cohésion de son territoire peuplé par les Touaregs qui revendiquent un Etat autonome. Depuis 1992, l’Algérie a fait de la non-ingérence militaire sur son territoire un principe constitutionnel. L’intervention militaire Française au Mali n’était guère admise dans la stratégie Algérienne ses derniers, ont tenté de s’y opposer en mettant en avant à l’ONU et sur la scène diplomatique internationale un scénario qui, privilégiait une solution politique négociée. Partenaire de tous les accords de fin de conflit entre les Touaregs et le Mali depuis 1991, Alger mène séparément des pourparlers avec les protagonistes, quitte à s’entretenir avec le groupe Ansar-Eddine, allié à Al-Qaïda au Maghreb et au Mujao. Le but recherché est la division ce qui a abouti à mieux contrôlé la nébuleuse islamiste dans la région. Le président Bouteflika est encore considéré comme l’homme providentiel qui a rétabli la stabilité après les années noires au fait, il s’agit d’une réconciliation à la «  Chilienne » afin d’apaisé les tensions sociales, mais le mécontentement du peuple est toujours palpable. La classe d’hommes d’affaires qui profite encore du développement économique, est entachée de corruption et d’énormes scandales, touchant toutes les institutions de l’Etat notamment la Sonatrach et la chaîne judiciaire. La libération politique demeure une façade, et les alternatives du FLN seront limitées après Bouteflika ainsi que la faiblisse des partis d’oppositions, absence d’infrastructures et d’emploi, police et justice faible et corrompue.


Les disparités régionales sont très importantes, notamment dans le secteur de la santé et l’éducation. A tous cela s’ajoute la menace terroriste qui frappe aux portes des frontières du pays. L’Algérie de demain aura de nombreux défis, voire un printemps arabe dévastateur,cette mafia politico-financière
 émergente imposera ça propre dictature économique, sociale et culturelle. 

MOHAMMED CHÉRIF BOUHOUIA

      

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