vendredi 23 janvier 2015

LE YEMEN, LES MONARCHIES DU GOLFE ET L’EXPANSIONNISME IRANIEN



Ayant une peur croissante de l’émergence au Liban, en Iran, en Irak, en Syrie, et au Yémen d’un camp chiite unifié, les monarchies du golfe se sont alignées sur les positions des partenaires du CCG. Préoccupés de limiter la déstabilisation à l’intérieur  de leur propres systèmes politiques par des communautés chiites, cette solidarité est devenue évidente suite au renversement du régime au Yémen par les milices chiites.






Le Yémen figure parmi les Etats faillis comme la Somalie et l’Afghanistan dans un Moyen-Orient bouleversé par les soulèvements populaires. Cette république du sud de la péninsule Arabique ne fait plus figure d’exception, elle est soumise au nouveau régime des houthistes chiites soutenues par l’Iran. Depuis plus de trois décennies, ont-a compris que l’alliance Irano-Syrienne s’est toujours révélée géostratégique plus que confessionnelle, l’accord sécuritaire entre Damas et Téhéran, consiste à l’envoi de cadres militaires et d’armements, et surtout l’activisme diplomatique afin de conserver des soutiens internationaux au régime baasiste alaouite chiite.  La Syrie permet à l’Iran de peser dans le conflit israélo-palestinien, principalement à travers les escadrons de la mort du  Hezbollah libanais. Au Yémen l’Iran se trouve en position de force comme acteur politique et militaire de plein exercice dans un conflit régionalisé et se positionne comme un ennemi potentiel par-rapport aux monarchies du golfe. Malgré les sanctions internationales, le dossier nucléaire est dans l’impasse, et l’Iran se trouve fortement impliqué dans la région. Vis-à-vis de l’Occident ont remarquent une grande souplesse notamment de Washington et l’Union Européenne pour des raisons géoéconomiques, géopolitiques et géostratégiques, et un grand soutien de la Russie. Toutefois, les dossiers stratégiques restent entre les mains du Guide suprême Ali Khamenei, au pouvoir depuis 1989, et des Gardiens de la révolution, noyaux durs d’un système verrouillé. Le Yémen est l’un des pays les plus pauvres de la planète, miné par la corruption et l’autoritarisme, sunnites comme chiites ils sont exclus de l’aide des pétromonarchies (CCG), ce qui a favorisé la monté des chiites au pouvoir. A cette instabilité territoriale s’ajoute la montée en force de l’activité d’Al-Qaïda dans la péninsule Arabique et bien entendu il faut s’attendre à une fracture sunnite-chiite qui embrasera toute la région, un véritable paradoxe géopolitique dans le Golfe. Les rebelles Zaidistes ont lancé une insurrection contre le gouvernement en 2004 et en 2011, ils bénéficient de l’ex président Abdallah Salah qui garde une forte influence et des réseaux qu’il a soigneusement tissés dans l’armée et parmi les tribus durant ses 33 ans de règne. Ce groupe se réclame du Zaydisme, une minorité chiite qui représente un tiers de la population confiné dans le Nord du pays. Fondé par Hussein al- Houthi mort au combat ils militent pour un retour de l’imamat, un régime monarchique et théocratique dans lequel le pouvoir spirituel et politique est dicté par les imams chiites, et qui remplacerait l’actuelle république qu’ils accusent d’être inféodée aux Etats-Unis et Israël. Al-Qaïda, qui est un mouvement d’inspiration sunnite fondamentaliste, lutte pour le contrôle des mêmes territoires appuyé principalement par le Qatar et l’Arabie Saoudite. Ses désaccords tendent ainsi à se transformés en une lutte confessionnelle, laissant présager une guerre civil interminable entre les deux camps.

LES MONARCHIES FACE A UN IRAN EXPANSIONNISTE

La vague contestataire et révolutionnaire du monde arabe a provoqué une réaction immédiate des monarchies du Golfe, qui ont accordé à la population certaines concessions économiques et sociales, et ont limité tous les foyers d’opposition, surtout au sien des minorités chiites. La situation est complexe vu l’activisme chiite, ce qui entraîne des orientations géopolitiques différenciées, la question sécuritaire et les conséquences d’une éventuelle déstabilisation au sein des pétromonarchies provoqué par l’Iran reste imminente. Sur le plan confessionnelle la rive Arabe du Golfe persique, les populations chiites sont présentes en Arabie-Saoudite entre 15 et 18%, au Bahreïn 70%, aux Emirats arabes unis 20%, au Koweït 30%, et au Qatar 20%. Pour Téhéran, cette minorité chiite constitue l’opportunité de déstabiliser ses éternels rivaux, conscientes du danger Iranien qui est redevenu actif et militant, les monarchies conservatrices du CCG serrent les rangs. Les tensions sont d’ordre idéologique, la polarisation entre un front sunnite constitué par l’Arabie saoudite, la Turquie, le Qatar et l’Egypte, et un autre chiite formé par l’Iran, l’Irak, le Hezbollah et bientôt le Yémen de nature militaire.



Sur l’architecture géopolitique, la réaffirmation des Emirats arabes unis de leur droit sur (les îles Grand Tonb, et Abou Moussa) le CCG et l’appui des puissances occidentales visent de contrecarrer la stratégie de possession définitive de ces territoires que l’Iran a adopté son objectif étant de le maintenir comme moyen de contrôle «  d’Ormuz », un détroit stratégique menacé.

MOHAMMED CHÉRIF BOUHOUIA         

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