Ayant une peur croissante de l’émergence
au Liban, en Iran, en Irak, en Syrie, et au Yémen d’un camp chiite unifié, les
monarchies du golfe se sont alignées sur les positions des partenaires du CCG.
Préoccupés de limiter la déstabilisation à l’intérieur de leur propres systèmes politiques par des
communautés chiites, cette solidarité est devenue évidente suite au
renversement du régime au Yémen par les milices chiites.
Le Yémen figure parmi les Etats
faillis comme la Somalie et l’Afghanistan dans un Moyen-Orient bouleversé par
les soulèvements populaires. Cette république du sud de la péninsule Arabique
ne fait plus figure d’exception, elle est soumise au nouveau régime des
houthistes chiites soutenues par l’Iran. Depuis plus de trois décennies, ont-a
compris que l’alliance Irano-Syrienne s’est toujours révélée géostratégique
plus que confessionnelle, l’accord sécuritaire entre Damas et Téhéran, consiste
à l’envoi de cadres militaires et d’armements, et surtout l’activisme
diplomatique afin de conserver des soutiens internationaux au régime baasiste
alaouite chiite. La Syrie permet à
l’Iran de peser dans le conflit israélo-palestinien, principalement à travers
les escadrons de la mort du Hezbollah
libanais. Au Yémen l’Iran se trouve en position de force comme acteur politique
et militaire de plein exercice dans un conflit régionalisé et se positionne
comme un ennemi potentiel par-rapport aux monarchies du golfe. Malgré les
sanctions internationales, le dossier nucléaire est dans l’impasse, et l’Iran
se trouve fortement impliqué dans la région. Vis-à-vis de l’Occident ont
remarquent une grande souplesse notamment de Washington et l’Union Européenne
pour des raisons géoéconomiques, géopolitiques et géostratégiques, et un grand
soutien de la Russie. Toutefois, les dossiers stratégiques restent entre les
mains du Guide suprême Ali Khamenei, au pouvoir depuis 1989, et des Gardiens de
la révolution, noyaux durs d’un système verrouillé. Le Yémen est l’un des pays
les plus pauvres de la planète, miné par la corruption et l’autoritarisme,
sunnites comme chiites ils sont exclus de l’aide des pétromonarchies (CCG), ce
qui a favorisé la monté des chiites au pouvoir. A cette instabilité
territoriale s’ajoute la montée en force de l’activité d’Al-Qaïda dans la
péninsule Arabique et bien entendu il faut s’attendre à une fracture
sunnite-chiite qui embrasera toute la région, un véritable paradoxe
géopolitique dans le Golfe. Les rebelles Zaidistes ont lancé une insurrection
contre le gouvernement en 2004 et en 2011, ils bénéficient de l’ex président
Abdallah Salah qui garde une forte influence et des réseaux qu’il a soigneusement
tissés dans l’armée et parmi les tribus durant ses 33 ans de règne. Ce groupe
se réclame du Zaydisme, une minorité chiite qui représente un tiers de la
population confiné dans le Nord du pays. Fondé par Hussein al- Houthi mort au
combat ils militent pour un retour de l’imamat, un régime monarchique et
théocratique dans lequel le pouvoir spirituel et politique est dicté par les
imams chiites, et qui remplacerait l’actuelle république qu’ils accusent d’être
inféodée aux Etats-Unis et Israël. Al-Qaïda, qui est un mouvement d’inspiration
sunnite fondamentaliste, lutte pour le contrôle des mêmes territoires appuyé principalement
par le Qatar et l’Arabie Saoudite. Ses désaccords tendent ainsi à se
transformés en une lutte confessionnelle, laissant présager une guerre civil
interminable entre les deux camps.
LES MONARCHIES FACE A UN IRAN
EXPANSIONNISTE
La vague contestataire et
révolutionnaire du monde arabe a provoqué une réaction immédiate des monarchies
du Golfe, qui ont accordé à la population certaines concessions économiques et
sociales, et ont limité tous les foyers d’opposition, surtout au sien des minorités
chiites. La situation est complexe vu l’activisme chiite, ce qui entraîne des
orientations géopolitiques différenciées, la question sécuritaire et les
conséquences d’une éventuelle déstabilisation au sein des pétromonarchies provoqué
par l’Iran reste imminente. Sur le plan confessionnelle la rive Arabe du Golfe persique,
les populations chiites sont présentes en Arabie-Saoudite entre 15 et 18%, au Bahreïn
70%, aux Emirats arabes unis 20%, au Koweït 30%, et au Qatar 20%. Pour Téhéran,
cette minorité chiite constitue l’opportunité de déstabiliser ses éternels
rivaux, conscientes du danger Iranien qui est redevenu actif et militant, les
monarchies conservatrices du CCG serrent les rangs. Les tensions sont d’ordre
idéologique, la polarisation entre un front sunnite constitué par l’Arabie
saoudite, la Turquie, le Qatar et l’Egypte, et un autre chiite formé par l’Iran,
l’Irak, le Hezbollah et bientôt le Yémen de nature militaire.
Sur l’architecture géopolitique, la réaffirmation
des Emirats arabes unis de leur droit sur (les îles Grand Tonb, et Abou
Moussa) le CCG et l’appui des puissances occidentales visent de contrecarrer la
stratégie de possession définitive de ces territoires que l’Iran a adopté son
objectif étant de le maintenir comme moyen de contrôle « d’Ormuz »,
un détroit stratégique menacé.
MOHAMMED CHÉRIF BOUHOUIA
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire