GÉOPOLITIQUE/ LES SERVICES SECRETS CHINOIS: ENTRE DÉFIS GEOECONOMIQUES MONDIALE ET LE SOFT POWER D’UNE HÉGÉMONIE GLOBALE
Après les soupçons d’ingérence étrangère
dans le processus entourant l’élection de Trump à la présidence et les
nouvelles publications de WikiLeaks sur les cybertechniques de la CIA, jettent
une lumière crue sur les pratiques du monde du renseignement. S’ajoutent un
climat de guerre froide entre la Chine et les américains dans le domaine de
l’apport des nouvelles technologies au service de l’intelligence géoéconomique,
géopolitique et géostratégique. A travers cette analyse, j’essaye de
démystifier le renseignement Chinois et offrir un panorama le plus exhaustif
possible de la réalité des services secrets Chinois.
Alors que l’expansionnisme Chinois, dans les
mers de chine orientale et du Sud, se heurte aux résistances du Japon, des
Philippines, de la Malaisie et du Vietnam, le pivot a concrétisé le soutien
apporté à ces derniers par l’adversaire principal de Pékin : les
Etats-Unis et son empire du renseignement. Le parti communiste doit lutter les
fronts extérieur notamment contre les services américains, mettent en place des
stratégies dans lesquelles les services de renseignement chinois ont une place
déterminante. La propagande chinoise, diffuse l’intox de l’existence d’un plan
chinois devant conduire au remplacement des américains par la chine comme
superpuissance mondiale. Afin d’éviter un affrontement direct qui lui serait
défavorable, l’empire du milieu privilégie des stratégies indirect mises en
œuvre dans un espace non circonscrit ou la guerre hors limites. Dans cette optique,
les opérations menées par les moyens déployés dans les quatre espaces réels, aériens,
terrestres, maritimes et extra-atmosphériques sont coordonnées par les deux
espaces virtuels : électronique et réseaux, donnant ainsi une dimension
stratégique à la guerre de l’information. L’efficacité de la guerre hors
limites suppose que des opérations soient menées conjointement dans ces
différents espace, dans les quelles le rôle capital revient aux services
secrets.
STRATÉGIES ET MISES EN ŒUVRE DE LA GUERRE DES RÉSEAUX
Cette guerre de l’ombre a pour objectif la
neutralisation par intrusion dans les systèmes de communication et de
transmission d’ordres de l’adversaire, et inversement, la sécurisation de ses
propres systèmes face aux tentatives d’intrusion adverse. Créée en 2015, cette
stratégie est conduite par la force de soutien stratégique chinois FSS. Le
général Gao Jin, jusqu’alors directeur de l’Académie des Sciences militaires,
fut dés janvier 2016, promu commandant de la FSS, assurant ainsi l’élaboration
de la guerre des réseaux. Les trois services de renseignement militaires de
l’APL (Académie des sciences militaires de l’armée populaire de libération),
sont répartis en plusieurs départements.
Parmi eux ont trouve le département D2 qui s’occupe de l’analyse des
publications étrangères contenant des renseignements de nature militaire,
l’affectation d’officiers de renseignement
dans les services des attachés militaires de toute les représentations
diplomatiques chinoises à l’étranger ; le recrutement d’agents extérieurs
de renseignement et l’organisation des opérations clandestines. La Cyberforce
ou département des systèmes des réseaux,
regroupe les hackers en charge de l’espionnage des réseaux adverse, ainsi que
l’attaque et la défense informatique. La force spatiale, chargée de la reconnaissance
et de la navigation, gère les sites de lancement des satellites, et leur
pistage. Quant a la force électronique, elle a pour mission d’encombrer et perturber les communications des radars ennemis.
L’ESPIONNAGE ET LA DOCTRINE DE DÉFENSE ACTIVE
Alors que la Chine a fait du renseignement
une arme au service de son développement économique, Pékin a mis en place dés
la fin des années 1960, au sein de la communauté étudiante chinoise expatriée à
l’étranger et les chefs d’entreprises un
réseau d’espionnage dans le but de recueillir des informations de pointe
classifiées. Il consiste à pénétrer les réseaux de l’adversaire afin d’en
détecter les points vulnérables. C’est notamment le département « 3 »
qui serait, selon le rapport très médiatisé de la firme américaine de
cybersécurité Mandiant, responsable de la plupart des attaques informatiques
chinoises ciblant les Etats-Unis. En cas de conflit avec les Etats-Unis en mer
de chine, deux unités de la Force électronique, basées dans l’ile de Hainan,
auront une mission de brouillage des informations satellitaires aux bâtiments
de la VII Flotte américaine. Lancé en 1983, le plan 863 a pour objectif
d’accélérer la modernisation des secteurs clés de la défense par recours aux
données étrangères acquises en sources ouvertes ou par espionnage. La chine a
d’ailleurs été accusée par les services américains de fournir par le biais de
ce plan des fonds aux agents impliqués dans l’exportation illégale de données à
partir de son territoire. L’ouvrage « Chinese Industrial Espionage »
citait notamment 31 cas dans les quelles les coupables ont, entre 2007 et 2011,
été déférés en justice et condamnés. Pour Pékin, le renseignement est à la fois
les yeux, les oreilles et le fer de lance de la stratégie globale de la chine.
DÉFIS ET MENACES DU RENSEIGNEMENT CHINOIS
Si le parti communiste doit lutter sur le
front extérieur avec le soutien du FSS,
sur le plan intérieure la légitimité du parti apparaît très vulnérable. La
corruption endémique qui gangrène les hauts responsables du parti et qui se
sont transformés au fil du temps en véritable capitalistes au détriment du
peuple ; constitue la cause principale de cet affaissement et de la
moindre pertinence idéologique de leur discours. Depuis 2010, ont observent de prés le passage du taux de
croissance annuel du PIB sous la barre des 10%, dont le budget annuel destiné à
la sécurité intérieure a dépassé celui destiné à la défense extérieure. En
2013, afin d’assurer la pérennité des dirigeants du parti communiste, le comité
central a, institué une commission de la Sécurité d’Etat (CSE) inspirée du (Directorate of National
Intelligence américain (DNI), afin de trouver les moyens d’une virulente
campagne anticorruption, mais sans succès. Sur la scène internationale, la
guerre est déclarée depuis longtemps, entre les services Américains et Chinois
sur fond de tensions liées à des accusations espionnage. Les deux pays
s’accusent mutuellement d’arrestations pour espionnage jugées abusives
d’Américains d’origine chinoise ou d’entrepreneurs et de scientifique chinois. Parallèlement,
Washington aurait haussé le ton au sujet de l’opération chinoise( Fox Hunt),
qui consiste à faire traquer et intimider aux Etats-Unis, par des agents
chinois munis de visas de tourisme, des fugitifs économiques ou des
fonctionnaires corrompus chinois, afin de les forcer à rentrer au bercail. Présidée par Xi Jinping, le FSS
comme la CSE regroupe l’ensemble des services de police, renseignement,
sécurité et judiciaires, et dispose de l’autorité nécessaire à la centralisation
des informations et à la coordination de tous ces services, au premier rang desquelles
les ministères civils de la sécurité d’Etat (MSE) et de la sécurité publique
(MSP).
SERVICES CHINOISES/ UN ETAT DANS UN ETAT
Bien que le MSP n’ait pas vocation au renseignement, trois de ses 37 services y contribuent :
Le bureau 610 : s’occupe des «
dissidences religieuses » qui a pour mission l’infiltration et la traque,
a savoir les sympathisants de la réincarnation du futur Dalai Lama et surtout
les minorités musulmanes (1 million de musulmans chinois croupissent
actuellement dans des camps, sans oublier les exécutions impitoyable du régime
au sein de cette minorité. (Rapport des Nations-Unis concernant les droits de
l’homme).
Le bureau du contre terrorisme : il
cible notamment les djihadistes « Ouighours »
Le bureau de supervision du réseau : il
supervise 18 services parmi lesquels : les B2, B3, qui sont affectés au
renseignement à l’étranger. Le fameux B2 se consacre au recueil de
renseignements internationaux collectés sur les décisions à caractère
stratégique des gouvernements étrangers en envoyant des agents clandestins sous
couverture (banques, sociétés commerciales, compagnies aériennes, assurances,
navigation, ambassade et consulats, journalistes, étudiants et scientifiques à l’étranger, et la diaspora
chinoise.) Il sert aussi à accroitre son influence principalement en Occident
et surtout en Afrique, l’Asie et en Amérique
Latine.
Le B3 : s’occupe quant à lui sur le
renseignement économique et technologique à l’étranger.
Le B7 et B8, se focalise à l’espionnage et
au contre-espionnage sur le sol chinois.
Le B18 : il reste attaché au
contre-terrorisme
Le B12 : supervise la surveillance de
l’opinion publique et surtout les intellectuels.
LA CORÉE DU NORD ET LES PAYS MEMBRES DES BRICS, SOURCES DE RENSEIGNEMENTS ET D’HEGEMONIE PLANÉTAIRE
L’enjeu est d’abord d’ordre géopolitique,
géostratégique et géoéconomique. Il est estimé dans un nouveau rapport que le
poids des BRICS dans la croissance mondiale passera de 20% EN 2004 à 40% en 2025. Alors qu’en 2016, les pays composant les
BRICS représentaient déjà pour la plupart les plus grandes puissances
économiques du monde, ils devraient être amenés, à gagner encore plus de poids
sur la scène internationale dans les décennies à venir. Ensemble, les BRICS
pèsent 45% de la population mondiale,
prés du quart de sa richesse et les deux tiers de sa croissance. Les BRICS,
seraient à l’origine de plus de 50% de la croissance économique mondiale au
cours des dix dernières années. Quatre des cinq BRICS font partie des dix premières
puissances économiques, à savoir : le Brésil, la Chine, la Russie, l’Inde
et l’Afrique du Sud. Selon la banque HSBC, sur l’état de classement des pays
qui devraient dominer l’économie mondiale en 2050. Ainsi, les Etats-Unis seront définitivement
déchus de leur titre de première
puissance mondiale. De même, le PIB de l’Inde devrait dépasser les 8 000
milliards soit plus celui de la France et l’Allemagne cumulé. Le Brésil
conservera sa place de 7 puissance économique, avec un PIB de 2960 milliards,
soit plus que le PIB actuel du Royaume-Unis. En parité de pouvoir d’achat, la
Russie devra devancer d’ici au milieu du siècle, la puissance économique de
l’Allemagne, de la France et de la Grande-Bretagne pour se rapprocher du Japon.
Quand à la Corée du Nord, nucléarisée, donc sanctuarisée elle demeure un
élément clé de la stratégie de défense chinoise. Elle dispose de réseaux
d’espionnage en Corée du Sud et aussi au Japon. Sachant que même les pays
membres du BRICS, collaborent conjointement ensemble dans le domaine du
renseignement planétaire.
Malgré ses capacités, ses liens étroits avec
d’autres pays, le renseignement chinois demeure en quête d’efficacité,
par-rapport aux services Français, Allemand, et surtout celui des américains. L’acuité
de la menace économique mondiale actuelle provoque une polarisation excessive
entre les puissances. Sachant que, quelle que soit la méthode d’approche, la
recherche du renseignement auprès de l’Union-Européenne ou au Etats-Unis, les
efforts chinois restent jalonnés de risque.
MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA
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